Chapitre 4

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Je ne sais pourquoi, je décidai de faire des photos de toutes les ecchymoses que j'avais sur le corps devant le miroir de la salle de bain. Pendant trois jours. Je pensais sûrement que personne ne me croirait si je racontais ce qu’il venait de se passer.

Tous les soirs suivants nous étions invités à un repas, d'abord pour l’anniversaire de mon cousin Lucas. J’étais assise dans mon coin et ne parlais à personne. Laurence, sa compagne de l'époque, vint me voir, elle posa ses mains sur mes jambes pour me dire de ne pas faire la timide, et me dit de discuter avec les autres invités. Son geste, qui se voulait affectueux, accentuait les douleurs.

— Laurence, voulus-je crier, mes jambes me brûlent ! Arrête !

Mais je me mordis les lèvres, et aucun son ne sortit de ma bouche. Je pleurais à l’intérieur et m’efforçai de sourire. Je la rejoins dans la cuisine plus tard, j'aurais tant voulu tout lui raconter mais Michaël ne me quittait pas des yeux. Je savais que si nous étions parties discuter toutes les deux dans une autre pièce, il nous aurait suivi et il me questionnerait sans cesse sur le chemin du retour sur le sujet de la conversation. 

Le lendemain soir avant de partir chez nos hôtes, Michaël me dit :

— Si c’est pour faire la gueule comme hier soir c’est pas la peine de venir !

Je remis une tonne de maquillage sur la figure, et je ne prononçais pas un mot de la soirée. Je me forçais à sourire aux blagues des autres invités, comme à mon habitude.

Un jour alors que j’étais seule à la maison, mon téléphone sonna. C’était Angelina, ma sœur aînée, qui, à peine je décrochais me dit :

— Rose, qu’est-ce qu'il se passe ? Je ne sais pas, je sens qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Dis-moi ce que c’est !

Peut-être avez-vous aussi des frères et sœurs, c'est un lien fort, mais comment elle a pu ressentir mon mal-être à six cent kilomètres de distance, je ne saurai vous l’expliquer. Je m’effondrai en larmes et lui racontait ma journée du vingt six décembre. Je ne sais pas si elle comprit un mot de mon récit tant je sanglotais. Après m'avoir écouté déblatéré des mots dans tous les sens, mon discours ne devait pas être très cohérent, elle me dit de prendre quelques affaires et de quitter pendant quelques jours ma maison. Je lui envoyai également les photos que j'avais pris dans la salle de bain.

— Les choses vont empirer si tu restes, avait-elle dit.

Cependant je n’écoutais pas son conseil et elle eut malheureusement raison.

Puis pour aller où ? Chez mon amie Ana ? Non, elle venait de se séparer, et n'avait pas encore trouvé de logement pour elle et son fils. La situation était compliquée pour eux aussi de vivre encore sous le toit de son compagnon, je ne voulais pas lui rajouter des problèmes supplémentaires, d'autant plus que son compagnon et mon mari étaient amis. D'ailleurs je pense que si j'avais été chez elle, Michaël ne m'aurait pas laissé tranquille. Il serait venu toquer à la porte tous les soirs.

En cachette quelque part ? Non, impossible. N'importe où j'allais, il le savait.

À ce propos, je voudrais ouvrir une parenthèse pour parler d'un autre procédé des manipulateurs. Ils connaissent vos moindres faits et gestes, ils vous suivent et ont souvent des « espions » pour leur dire à quel endroit vous vous trouvez. Bien sûr, je n'ai appris tout ça que beaucoup plus tard. Je me rappelle qu'un soir j'étais sortie boire un verre avec Angelina et une de ses amies la dernière fois qu'elle était venue en vacances. Lorsque je suis rentrée à la maison, Michaël me dit en riant :

— Vous étiez à tel endroit toutes les trois, et ensuite à tel endroit. Je ne peux même pas passer une soirée tranquille à la maison sans qu'on vienne me dire qu'on t'a vu. Tu te rends compte, on vient me déranger pour ça.

Ils aiment bien utiliser ce pronom, mais ne cherchez pas, vous ne saurez jamais qui est ce mystérieux « On ».

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