Chapitre 3

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Myrddin s’attela à sa tâche. Il commença par lui apprendre les bases du langage des Anglais. On dit que tout débuta par l’apprentissage d’une histoire, celle de Beowulf. Pour cela l’homme de la forêt écrivit une page après l’autre en terminant la première partie de l’histoire au bout de dix jours. Après il resta silencieux dans un recoin de la pièce et laissa Arthur se débrouiller. Cet Alphabet lui était inconnu pourtant il persévéra dans l’espoir de comprendre. Il relut ces pages des centaines de fois avant de pouvoir saisir l’essence de la langue. Selon Myrddin, une langue s’apprend par ces histoires d’antan qu’on prend aujourd’hui comme un mythe. A cette époque, elles furent considérées légendaires par les bardes et les ménestrels. Puis tombèrent dans l’oubli, il fut du devoir des anciens de transmettre aux générations futures mais certains pervertirent son sens original pour le faire correspondre à leurs croyances. Le jeune homme, ayant tout perdu s’accrocha à ce nouveau savoir et une étincèle était née. Curieux, il s’extasia et questionna Myrddin d’un anglais approximatif à l’aube de la deuxième semaine :

— Toi ! Beowulf, pourquoi violence ?

— Pourquoi est-il violent ? Son monde l’était et celui-ci l’est toujours. Dans ma longue existence, j’ai pu observer que la violence va et vient, tout comme les dynasties et les invasions. Rien n’est éternel. Il s’est levé contre le mal représenté par Grendel et sa mère. Grâce à cela, il a créé sa propre lumière dans l’obscurité. Beowulf est effectivement un guerrier fier et adroit en quête de puissance mais a aidé le Roi Hrothgar contre Grendel. Héros de l’ancien temps, il a protégé les Danois malgré les dangers. En cela, il m’évoque mon vieil ami Arthur. Lui aussi s’est battu pour son peuple jusqu’à son dernier souffle.

— Dernier souffle ? murmura Arthur

— Oui, je n’ai pas écrit la suite mais il se retrouva face à un dragon malgré son âge avancé et leva son épée une dernière fois pour la gloire.

Alice s’excusa de les interrompre et fit remarquer que cette histoire ne pouvait pas exister, c’était une juste fable pour faire rêver les crédules et permettant aux rois d’asservir leur domination. Elle clama :

— Arthur ! Arthur ! Vous n’avez que ce nom à la bouche, qui-est-il ?

— Il était celui qui devait ramener la paix en terre de Bretagne contre les envahisseurs mais il a échoué. Les cendres de ce monde ont servi à construire le suivant… -Reprit son souffle - Je vois que le nom d’Arthur commence à être oublié, lui qui a tant fait pour son peuple. Le printemps de ce monde s’efface donc lentement.

— Il était un Roi ? Et vous étiez son serviteur. Pourquoi s’accrocher à un mort ? Que vous lui devez-t-il ? Votre loyauté ? Je pense que l’homme est mauvais par nature. Pour lui, vous n’étiez qu’un pion. Votre mort n’est rien, les feuilles continuent à tomber, les glands grandissent alors que le chêne millénaire meurt : Le monde n’a pas besoin de vous. Notre impact est aussi grand que celui d’une feuille.

— En vérité, il n’était qu’un objet de mes lubies. J’ai toujours dansé manipulant les fils et regardant les humains avec déception.

Ils continuèrent à débattre comme un vieux couple marié. Pendant ce temps, Arthur progressait de jour en jour. Pourtant par sa compassion Alice mit son conflit de côté et lui apprit à marcher. Dans un premier temps, il marchait comme un nouveau-né s’appuyant sur le bâton de myrddin. Cependant, après des semaines il avait toujours du mal à marcher, Alice faisait tout son possible mais la situation peinait à évoluer. Les premiers bourgeons commençaient à se montrer : Le défi était terminé !

Alice s’avoua vaincue et Myrddin avait gagné le pari. Il s’apprêta alors à partir puisque son heure était venue. Il déclara ceci :

— Je ne suis qu’un vagabond, votre demeure n’est qu’une étape sur ma route. Je suis reconnaissant de votre hospitalité mais je me dois de reprendre mon chemin – se pencha vers Arthur- Prends soin de toi et survie.

— Non, non, non s’exclama Arthur. Je veux découvrir ce monde plein de vie. Je pars avec toi fit-il s’agrippant à Myrddin.

Derrière, Alice souhaitait sortir de son ermitage et passer outre ses différences avec Myrddin. Le monde lui manquait et voulait se séparer d’eux une fois la civilisation atteinte.

— Très bien ! Je suppose qu’une fois de plus me fera pas de mal. L’endroit où je vais est dangereux, soyez sur vos gardes.

Alice prit avec elle de la nourriture et des remèdes. Songeuse, elle regarda sa demeure une dernière fois avec nostalgie. Tout d’un coup, Myrddin se rendit compte que son ami ne passerait pas inaperçu. Il lui donna son capuchon, recouvrant à présent son corps. Ils marchèrent dans cette forêt durant plusieurs heures avant d’atteindre la lisière. A l’aube, dans un brouillard matinal, ils virent un village. Au loin, ils pouvaient vaguement apercevoir les chaumières dont certaines qui crachaient de la fumée.

Le temps d’une pause, ils profitèrent de la brise et du silence régnant sur la plaine. Arthur était émerveillé par le lever du soleil, il grava cet instant à jamais dans sa mémoire. Pour lui, c’était la chose la plus belle au monde. Les compagnons repartirent en direction du village. Quand ils franchirent les premières habitations, le soleil était déjà haut dans le ciel. Le silence avait laissé place au bruit du marché. En provenance de la route du sud, il y avait des réfugiés : estropiés, aveugles et tous victimes d’une toux. Arthur cachait son visage par peur du soleil et se dirigèrent vers un cordonnier ambulant.

Myrddin demanda une tunique au vieillard en désignant Arthur. Le marchand s’exécuta et l’extraterrestre s’habilla à l’abri des regards. L’aventurier donna deux pièces de cuivres. Avant de repartir, le mage était curieux de connaitre la raison de la catastrophe qu’ont subis ces gens. Le vieil homme rigola et répondit :

— Vous ne savez pas ? Cet hiver, une région a été attaquée par une sorcière, enfin par son familier. On dit qu’il ressemble à un gros dragon, ça c’est un travail de chevalier je vous dis ! Ils ont attendus la fin du gel et ont attrapés la sorcière, apparemment elle flottait et a été mise au bûcher. Dans les flammes, elle murmurait des choses étranges. Je pensais que cette histoire de dragon serait finie avec sa mort mais la bête a survécu. Son pacte avec elle devait être puissant. Restez ici et attendez l’intervention du Roi et ses chevaliers.

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