Ils ne s'étaient pas vu depuis quelques mois. Trois mois, pour être exact.

Il était en première au lycée et elle en troisième au collège.

Ils s'étaient rencontrés au conservatoire. Elle avait accompagné une amie et pendant que celle-ci avait son cours de piano, elle s'était installée dans une salle un peu plus loin. Une envie soudaine de chanter l'avait prise et c'est ainsi qu'il l'avait trouvé, attiré par sa voix. Il était resté devant la porte en l'observant jusqu'à ce qu'elle le remarque. Mais il n'y avait aucune lueur de moquerie dans son regard, ce qui l'avait immédiatement mise en confiance. Une profonde affection s'était tissé entre eux dès le premier jour et il lui avait proposé, peu après, de devenir la chanteuse de son groupe.

Elle qui se croyait sans talent, se révéla avoir une magnifique voix de soprano. Il l'aida comme il put avec les conseils que ses anciens professeurs de chant lui avaient donné.

Il n'y avait rien entre eux.

Alors pourquoi avait-elle l'impression, en le revoyant, qu'on venait d'allumer un immense incendie en elle qui dévastait tout et la vidait de son énergie. L'attirance qu'elle ressentait pour lui la décontenançait.

Tout la séduisait chez lui: son humanité en particulier. Le fait qu'il prenne le temps de l'écouter, un sourire quand il l'encourageait à lâcher prise, à être soi-même. Des paroles si simples mais qui la réchauffait de l'intérieur. C'était la seule personne en dehors de sa famille à la voir telle qu'elle était, et non comme ce qu'elle essayait de paraître aux yeux des autres.

Un soir, alors les autres membres du groupe partis, il se rapprocha d'elle après avoir posé sa guitare sur son étui.

- On peut en parler?

Sa voix était devenue un doux murmure. Elle se figea, comprit et rougit en baissant les yeux. Il lui prit délicatement le menton pour que leurs regards se croisent. Son sourire fit ressortir ses fossettes.

- Tu n'es pas très douée pour cacher tes sentiments...

- Je n'y peux rien. Je comprends si...

- Chut... Je t'aime, lui avoua-t-il.

Il y eut un instant de flottement avant que leurs lèvres ne se trouvent en silence. Elle qui croyait que l'amour qu'elle portait pour lui, son brasier intérieur, se calmerait, découvrit qu'il s'intensifiait à chaques baisers et caresses sensuelles.

- Je t'aime, lui chuchota-t-elle en retour.