Programme Dynamo

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Je n'ai aucun souvenir de ce qui s'est passé et de comment nous sommes arrivés ici.

Tout ce dont je me rappelle, c'est de m'être réveillé le souffle coupé, l'impression d'avoir reçu un horrible coup sur la tête, dans une cage immense où j'étais enfermé avec d'autres hommes et d'autres femmes.

J'étais aveuglé par la lumière qui provenait du plafond et qui se projetait dans l'habitacle.

Je n'aurais su dire où nous nous trouvions. Nous avions beaucoup de place et tout ce qu'il fallait pour vivre mis à disposition. De l'eau, des végétaux et de quoi faire du feu.

Au début, nous étions paniqués. La cage était fermée et de grandes vitres nous faisaient face. À de multiples reprises, nous avions essayé de briser le verre avec divers objets mais sans succès. Ceux qui nous avaient enfermés ici avaient tout prévu, tout anticipé. Et nous ne savions pas qui étaient nos ravisseurs.

Pendant longtemps, nous étions restés dans le flou, dans l'ignorance la plus totale, alors qu'aucun d'entre nous ne se rappelait notre vie d'avant ni comment nous étions arrivés ici. Si nous avions tenté de nous enfuir par tous les moyens pendant un certain temps, certains avaient finalement décidé de renoncer et s'adaptaient à la vie dans cette cage dorée quand d'autres refusaient d'admettre cette réalité et ces terribles conditions.

Très rapidement, au bout de plusieurs jours, des tensions étaient apparus dans le groupe, comme dans une famille. Des bagarres avaient éclaté et avaient fait naître des rapports de domination entre les individus. Une hiérarchie s'était mise en place et certains étaient devenus chefs, décidant pour l'entiereté du clan, quand bien même tout le monde n'était pas d'accord. Mais ils régnaient par la peur et personne n'aurait osé s'opposer à eux.

Les jours passèrent, la nourriture et l'eau se firent rares. Puis, des armes furent mises à disposition du clan, mais nous constations rapidement qu'il n'y en avait pas assez pour tout le monde. Ceux qui s'étaient autoproclamés chefs s'en emparèrent et les gardèrent pour eux.

Le gibier se faisait rare et très vite, ceux qui avaient qui avaient les armes les retournèrent contre tous ceux qui représentaient une éventuelle menace à leur position, à savoir les jeunes adultes. Ces derniers tentèrent de s'opposer mais furent tués, démunis face à leurs adversaires.

Cette situation devint encore plus compliquée lorsque, sous le coup de la faim, les membres du clan finirent par se nourir des cadavres en décomposition de leurs anciens compagnons. Les chefs ne s'y opposèrent pas, tant qu'ils régnaient en maîtres.

Mais ils n'étaient plus aussi forts qu'avant. Face à la tournure des événements, des groupes avaient commencé à se constituer au sein du clan et à conspirer. Une nuit qui restera pour toujours dans ma mémoire, des membres du clan se soulevèrent et tuèrent les chefs avec leurs propres armes. Mais cette fois, il fut décidé que nous mettrions en place un système égalitaire, démocratique dans lequel chacun aurait sa voix et déciderait pour l'ensemble du groupe. Ainsi les décisions seraient prises en majorité.

Il fut ainsi décidé que nous allions nous laisser mourir de faim et d'eau (même si nous n'avions pas vraiment le choix) pour tester ceux qui nous avaient enfermés. Nous étions persuadés qu'ils ne nous laisseraient pas succomber et que nos vies leur importaient trop. Du moins, nous l'espérions...

Les heures passèrent qui parurent être des jours puis, quand la nuit tomba enfin, quand les lumières de la voûte s'éteignirent, c'est là que l'inattendu se produit. Les vitres jusqu'alors sombres qui reverbéraient nos silhouettes tels des miroirs s'éclaircirent et révélèrent en face de nous des étranges créatures à la forme humanoïde. Elles possédaient quatre tentacules à la place des bras, de grandes pattes de reptiles et une dizaine d'yeux.

Elles nous regardaient avec un air curieux et interrogateur, tel des scientifiques manipulant des souris de laboratoires. L'un de s'approcha assez près de nous et nous fit face à quelques mètres. Nous étions tous terrifés à cet instant et personne n'osait parler. Alors, je m'approchai de lui.

- Qui êtes-vous ? demandai-je, à la fois intéressé et effrayé. Que nous voulez-vous ?

La créature me regarda plusieurs secondes, se retourna vers ses congénères puis me fit à nouveau face, prenant la parole dans la même langue que la mienne.

- Vous êtes les derniers représentants de l'humanité et nous vous avons sauvé de l'extinction. Nous sommes une espèce extrateresstre qui vit à plusieurs millions d'années-lumière d'ici. Nous vous avons enfermé pour vous tester et savoir si vous méritiez une seconde chance.

- Une seconde chance ?

La créature s'arrêta quelques instants et me dévisagea. Bizarement, je n'avais pas l'impression que nous étions très différents et je n'aurais su dire pourquoi.

- L'humanité a succombé il y a plusieurs années maintenant, me dit-elle, dévoilant une large rangée de dents.

- Comment ? Comment est-ce possible ? Vous vous moquez de moi, c'est ça ? dis-je, terrifié à l'idée que cette nouvelle soit vraie.

- Je ne vous mens pas, je vous l'assure, et j'aurais pourtant aimé. L'humanité a disparu à cause de ses excès. Pollution, guerres, famine, catastrophes climatiques... L'humanité a creusé sa propre tombe au fur et à mesure du temps, avant d'enclencher la solution finale...

- La bombe nucléaire...

- Exactement. Je vois que vous commencez à recouvrir la mémoire. Nous vous avons observé longtemps, espérant que vos dirigeants éviteraient le cataclysme mais ils ont échoué. Et l'humanité en a payé le prix fort. Mais pas seulement. Par votre arrogance et votre mépris, vous avez condamné toute forme de vie sur Terre. Par chance, des membres de notre société ont décidé d'épargner une poignée d'individus pour vous donner une seconde chance ici.

- Où sommes-nous ?

- Qu'importe. Tout ce qui compte, c'est que vous faites partie d'une expérience appelée le Programme Dynamo. Vous deviez survivre, apprendre à collaborer mais regardez le résultat avant que nous y parveniez, des morts inutiles et une tendance inquiétante au cannibalisme. Vous avez encore échoué.

- C'était pour ça toute cette mascarade ?

- Ce n'est pas une mascarade, c'est un test. Ne faisiez-vous pas pareil autrefois avec des concepts que vous appeliez "zoos" ? Et vous n'avez pas réussi. Nous allons devoir vous effacer à nouveau la mémoire et procéder à de nouvelles expérimentations.

La créature appuya soudain sur un bouton et je perdis à nouveau connaissance. La dernière chose que j'entendis fut "Les humains sont vraiment fascinants".

FIN

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