Festin de sexe

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Josué s’en est allé...

Son esprit sort de l’enveloppe charnelle pour se hisser au-dessus de son corps délaissé. Il est confus et embrouillé. Le voilà qui se contemple en miroir et considère sa dépouille sans réaliser vraiment qu’il s’agit de lui : « Ça peut pas être moi... J’peux pas être mort ? J’refuse d’être mort. Probable que j’ai juste fait un p’tit malaise. J’vais me relever dare-dare... Et si finalement, c’était moi ? Et si j’avais passé l’arme à gauche ? »

Josué s’examine un long moment avant de revenir sur ses pensées initiales et changer d’opinion. Pas le temps de philosopher ! À la seconde où il fait le rapprochement entre lui et ce corps sans vie, il est propulsé dans l’atmosphère puis aspiré dans le ventre d’un cyclone. Au cœur du tourbillon, ça brasse et ça secoue. Josué n’est au contrôle de rien. Après avoir subi de vigoureux tours d’essoreuse, il est recraché dans les airs, puis catapulté sur une montagne noire aux flancs acérés et aussi tranchants que les pointes d’un silex. Le jeune garçon fait un atterrissage brutal sur un sol dur. Quelque peu étourdi, il se relève et entend ses vertèbres qui craquent. Il masse sa carcasse douloureuse, puis envisage le lieu. Première constatation, il est sur un chemin escarpé au bord d’une falaise abrupte et mutilée. Deuxième constatation, nul lieu sur Terre n’est similaire à cet immense piton rocheux dont la crête est enrobée par un nuage de cendres grises.

En surplomb de cette montagne, des centaines de terrasses non engendrées par l’érosion naturelle, mais comme taillées à la hache. Ces paniers analogues à des plaques de sédiments balafrent les versants de la structure, et grouillent d’hommes et de femmes aux yeux bandés, aux pieds ligotés, reliés les uns aux autres par des cordages et encerclés de hautes flammes. D’après ce qu’il voit au plus près, Josué devine que les autres corniches en saillie sont elles aussi occupées. Il ne s’y intéresse pourtant pas. Seul ce qui se passe sur la strate où il se trouve, capte son attention.

Libertinage et turpitude sont les mamelles annonciatrices d’une décadence annoncée !

Aux premières loges, Josué assiste à des scènes d’une rare lubricité. À courte distance, il est témoin d’une populace pleine de vices qui s’accouple et s’enivre jusqu’à la lie dans le stupre orgasmique. Ils sont tellement nombreux ces impudiques qui se vautrent sans retenue dans une fange boueuse, ces dépravés qui croquent avec vigueur dans le fruit défendu, qu'il ne peut les compter. Fornicateurs enragés, ils sont cernés par une armée d’anges déchus missionnés pour les stimuler dans leurs ébats sexuels. Dans ce lupanar en altitude, les gardiens de l’immoral œuvrent d’arrache-pied. Motivés par leur tâche, ils ne laissent aucun répit à ces sybarites boulimiques de sexe dont ils fouettent jusqu’au sang les chairs mises à nu. De petite taille, les traits grossiers et le teint vermillon, les matons ont tout l’air de gnomes primaires. Sans discontinuer, ils frappent les prisonniers à la libido débridée qui s’ébattent dans le bourbier. Amarrés aux chaînes de concupiscence et de luxure, le corps rougi par les lanières de cuir, ces maniacoboulilubriques s’offrent aux plus offrants.

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