Une chaleur envoûtante.

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-Ha...

J'avais chaud, tellement chaud... Qu'est-ce qui se passait ? Je me tournai vers le radio-réveil qui m'indiqua qu'il n'était que 3 heures du matin. Bien trop tôt pour me réveiller, le corps bouillonnant et... J'étais dur ?! Avais-je fait un rêve érotique ? Je ne m'en souvenais pas... Des frissons me traversèrent soudainement, me faisant gémir. Mais qu'est-ce qui m'arrivait ? Je me sentais parfaitement bien hier soir !

La température de mon corps montait, je n'en pouvais plus, il fallait que je me déshabille. Je retirai donc prestement mon t-shirt et me rallongeai, passant sans tarder ma main sous mon sous-vêtement. Si je voulais dormir, il fallait que je me soulage. Autant ne pas tarder, je travaillais demain !

Alors que je me caressais, une image s'imprima sous mes paupières fermées sans que je ne le décide. Celle d'une silhouette imposante aux cheveux bruns et aux yeux clairs... Je n'arrivai plus penser à autre chose qu'à lui pendant que le plaisir montait, ma main imprimant un rythme rapide sur mon sexe. John... Sa voix grave et profonde.... Sa barbe naissante et rugueuse qui lui donnait un air terriblement sexy... Ses baisers qui me rendaient fou de désir...

-John... gémis-je en venant dans ma main.

Je mis du temps à reprendre mon souffle. J'espérais que « Monsieur ours » ne m'avait pas entendu gémir son prénom... Il jubilerait sûrement s'il le savait ! Cette situation était plus que gênante... Franchement, je n'étais plus un adolescent soumis à ses changements corporels ! Qu'est-ce que ça voulait dire de se réveiller de cette manière, comme un animal en chaleur ?! En chaleur ? Attendez... Les paroles de John me revinrent en tête : Ton corps va me réclamer. Tu saisis ce que ça veut dire, Lucas ? Le moment arrivera où le lien se manifestera afin que nous le scellions. À ce moment-là, ton désir pour moi sera si fort qu'il te rendra malade, et tu m'appelleras à toi, me suppliant de te prendre.

Ho non ! NON, NON, NON ! L'enfoiré, l'enfoiré, l'enfoiré ! L'enfoiré ! L'ENFOIRÉ !! Il m'avait dit que ça pourrait prendre du temps avant que mon corps se décide à sceller le lien ! Est-ce que la vitesse à laquelle cela arrivait était due à son âge ? Mais pourquoi était-il si vieux, aussi ?!

-Ha...

Un nouveau frisson me parcourut et je redevins dur. Non mais c'est pas vrai ! Qu'est-ce que j'allais faire ? Est-ce que ça allait se calmer tout seul et revenir sans doute plus tard ? Ou... Est-ce que j'allais rester comme ça jusqu'à ce que je finisse par lui céder ? NON ! PAS QUESTION ! Je me redressai et allumai ma lampe de chevet. Ça me rassura de voir que j'étais seul. Ma porte de chambre était seulement un peu entre-baillée, sans doute par Pattoune qui était sorti. Pas de John à l'horizon !

Allez ! Ressaisis-toi ! Une idée me vint en tête. Après tout, aux grands maux les grands remèdes ! On était en décembre, les nuits étaient plus que froides et j'avais besoin de cette fraîcheur ! Véritablement un besoin urgent !

Seulement vêtu de mon pantalon de pyjama, je sortis de ma chambre aussi silencieusement que possible. Il ne fallait pas que j'attire l'attention du vampire qui dormait sous mon toit ! Il serait capable de profiter de la situation ! Ou... Ne serait-ce pas moi qui serais incapable de me retenir de lui sauter dessus ? Je préférais ne pas le savoir et d'un pas décidé, je descendis les escaliers et marchai jusqu'à la porte qui donnait sur ma petite cour arrière. Le froid me glaça durement sur place mais me fit aussi énormément de bien sur le moment. Cependant... Je me sentais toujours bouillant à l'intérieur, comme si un incendie me dévorait tout entier. Et mon érection, qui avait perdu de sa vigueur, redevint aussi dure que précédemment.

-Non...

En le sentant, je me laissai tomber à genoux sur l'herbe fraîche et humide, avant de m'écrouler, dos au sol. Malgré le froid ambiant, je sentais de la sueur couler sur ma nuque et dans mon dos. Des frissons me parcouraient toujours et je savais que ce n'était pas dû au froid, ce n'était pas désagréable, chacun d'entre eux allumait un incendie dans mon corps.

GGGRRRR

On aurait dit un grognement animal ! Je me sentais de plus en plus faible, mais me sachant en danger, je me forçai à tourner la tête sur le côté. Deux yeux... Deux yeux dorés se distinguaient au sein de l'obscurité et me fixaient. Deux orbes d'un jaune étincelant... Ils commencèrent à approcher, et je ne pouvais pas bouger, complètement hypnotisé. Allongé sur l'herbe, seulement vêtu de mon pantalon de pyjama rouge, j'avais conscience de ressembler à une offrande, mais j'étais incapable de bouger pour essayer de rentrer dans ma maison, en sécurité. Non... J'étais totalement offert au prédateur qui me regardait. Allais-je être dévoré ? J'avais cette impression de ressembler au Petit Chaperon rouge et que le loup se rapprochait afin de faire de moi son prochain repas. Ce fut la seule pensée qui me traversa, pris dans une sorte de délire, d'ivresse qui envahissait mon esprit après mon corps, alors que les yeux dorés se rapprochaient encore et qu'une silhouette commençait à se détacher dans la nuit. Une silhouette qui devint de plus en plus imposante, se dessinant plus précisément alors que nos regards restaient fixés l'un à l'autre. Un visage familier aux beaux traits virils apparut enfin et je me sentis bizarrement soulagé en le reconnaissant. Pourtant, je savais que je devais me méfier plus que tout de lui dans pareille situation !

-John... gémis-je.

Il était seulement vêtu de son pantalon noir et pieds nus. Cet homme déroutant... Tellement beau... Il continua de s'approcher et ne s'arrêta qu'à quelques centimètres de mon corps inerte. Ses yeux me parcoururent, me brûlant sur leur passage et se stoppant un instant sur mon érection visible, me faisant déglutir. Ils remontèrent ensuite jusqu'aux miens. Le désir que j'y lus accéléra encore les battements de mon cœur. Il se pencha et passa un bras sous mon dos et l'autre sous mes genoux avant de me soulever, me serrant contre lui. Sentir sa peau contre la mienne me fit soupirer de plaisir malgré sa chaleur. Était-ce encore un rêve ? Je n'arrivais plus à distinguer la réalité du monde onirique, et c'était effrayant.

Je ne dis rien et le laissai m'emmener à l'intérieur de ma maison. La porte se referma derrière nous dans un claquement qui ne me sortit même pas de ma torpeur. Je sentis plus que je ne le vis que l'on montait les escaliers, et je finis par me retrouver dans la chambre de John. Il ne tarda pas à me déposer délicatement sur le lit.

-Il est temps, mon calice. Il est temps de sceller le lien.

Quoi ?

-Non...

Un nouveau frisson plus puissant que les précédents me traversa et s'arrêta dans mon sexe, me faisant gémir de nouveau. Un peu plus et j'en jouissais... Je sentis le lit ployer et me tournai pour découvrir que John venait de s'asseoir à côté de moi.

-Tu es si têtu... Lucas, tu es déjà en chaleur. Je ne pensais pas que ça arriverait si vite, mais comme je te l'ai expliqué, tout est plus intense parce que je suis plus âgé que les autres vampires qui rencontrent leur calice pour la première fois. Et apparemment, tout est aussi plus rapide... me dit-il en effleurant ma joue brûlante du bout des doigts.

-Ne le fais pas... John... Ne le fais pas... Ha...

Comme s'il ne m'écoutait pas, sa main descendit de ma joue pour partir effleurer la peau sensible de mon cou et ne s'arrêta que sur mon bouton de chair fièrement dressé vers lui. Il n'y résista pas. Sa bouche vint le capturer, me torturant voluptueusement. Quant à sa main, elle ne tarda pas à descendre encore plus bas sur mon corps, se faufilant d'un geste sûr entre mes jambes, sous le tissu de mon pantalon, m'emportant dans un tourbillon de plaisir qui me fit perdre l'esprit et murmurer le nom de ce vampire si agaçant, comme une douce litanie. J'avais l'impression d'être plus sensible. C'était étrange. L’odeur de John envahit mes sens, et je vins rapidement dans sa main, confirmant mes pensées. Je n'avais tenu que quelques secondes...

Mes yeux étaient clos, j'essayais de me reprendre, de comprendre ce qui se passait et surtout de reprendre assez le contrôle de mon corps afin de pouvoir m'enfuir de cette chambre, lorsque je sentis encore une fois le lit bouger. Je me forçai à rouvrir les yeux et je vis John retirer son pantalon. Non... La peur s'empara de moi. Il avait l'air décidé à profiter de la situation.

-John...

Il se stoppa, les mains sur son sous-vêtement qu'il n'avait pas encore baissé, avant de me regarder.

-Je ne t'écouterai pas, Lucas. Pas cette fois-ci. Pourquoi lutter ? dit-il en revenant vers moi.

Il vint me recouvrir de son corps et sa peau brûlante entra en contact avec la mienne. C'était si bon mais il m'en fallait plus ! Tellement plus...

-À quoi bon retarder l'inévitable ? Qu'est-ce que cela t'apporte, à part de la souffrance ? Tu finiras par m'appartenir. Aujourd'hui ou demain. Mais n'en doute pas. Ne doute pas de notre destin, mon calice.

-Je ne suis pas prêt... Ne fais pas ça...

Je vis de la colère passer dans ses yeux. Il sembla hésiter un moment, ce qui me redonna de l'espoir, mais son visage finit par se figer, redevenant impassible et effrayant. Je savais ce que ça voulait dire... Il allait profiter de moi... Comme pour illustrer mes pensées, il me retira mon pantalon et mon sous-vêtement en un seul geste. Je me retrouvais nu et vulnérable devant lui et je ne pouvais toujours pas bouger... Mon cœur s'accéléra. La peur me submergea et j'étais sûr qu'il pouvait la lire dans mes yeux. Pourtant, il avait l'air toujours aussi déterminé.

Ses mains se posèrent sur ma peau, m'effleurant, me caressant. Ses gestes étaient plus appuyés à certains endroits et devenaient un léger effleurement à d'autres. Je gémissais, incapable de me contenir. Mon corps avait soif de son toucher, le calice en moi en avait terriblement besoin et se sentait soulagé que son vampire le caresse. J'en éprouvais même un certain apaisement, comme si cela était dans l'ordre des choses que nos peaux se touchent, que nous nous appartenions. Mais à l'intérieur, l'humain en moi ressentait de la colère contre lui ainsi que de la peur...

-John... gémis-je alors que sa bouche embrassait tendrement mon nombril.

-Tu sens si bon... Ton odeur va me rendre fou... chuchota-t-il presque contre ma peau.

Suite à ses paroles, ses mains attrapèrent mes hanches plus rudement, et je sentis qu'il promenait son nez sur mon torse. Il me reniflait, il respirait mon odeur... Vraiment bizarre mais aussi, limite excitant... pensai-je. Il se figea subitement.

-John ? l'appelai-je doucement.

Il releva alors la tête. Mon cœur rata un battement. John... Son visage... Il était effrayant... Ses yeux étaient toujours dorés et leur expression avait revêtu une lueur dangereuse. Sa bouche était ouverte, découvrant ses canines longues et pointues. Le vampire en lui avait dû prendre le dessus. Et... il me fixait comme s'il s'apprêtait à me dévorer.

-Tu me fais peur...

Loin de le freiner, ma crainte dévoilée déclencha ses actions... Il grogna comme un animal avant de planter ses dents dans mon cou plus violemment que d'habitude, me faisant hurler de peur plus que de douleur. Il aspira mon sang si rapidement que je jouis de nouveau en quelques secondes. Je n'en pouvais plus... Les yeux fermés, au bord de l'inconscience, je le sentis extirper ses canines.

-John... Reprends-toi, je t'en supplie... murmurai-je faiblement.

Un autre grognement fit écho à mes paroles. La réalité me frappa alors de plein fouet. C'était foutu. Il n'était plus lui-même. Des larmes commencèrent à couler sur mes joues, j'en sentis la chaude humidité. Ma peur avait décuplé. J'avais peur de sa violence potentielle. J'avais peur qu'il me viole. J'avais peur qu'il scelle le lien pour lequel je n'étais pas prêt. Et j'avais peur pour ma vie... Allais-je survivre à cette nuit ? Rien n'était moins sûr, désormais.

Soudainement, il me retourna sur le lit afin que je sois dos à lui. Mes larmes devinrent des petits sanglots. Il semblait tellement parti, tellement enragé, que j'avais l'impression qu'il ne voyait ni n'entendait mes pleurs. Ou bien... Est-ce qu'il s'en foutait ? Après tout, il allait enfin obtenir ce qu'il désirait ! Et toute ma vie, je le haïrai pour ça ! Cet enfoiré voulait un compagnon, un calice aimant ? Il n'obtiendra que de la haine de ma part, de la colère, une vie épuisante émotionnellement ! Je me vengerai pour ça ! Il pouvait en être sûr !

Je sentis ses mains parcourir mon dos comme dans le rêve que j'avais fait la nuit précédente. Ça se répétait. Sauf que cette fois-ci, tout était bien réel... Sa bouche chaude se posa sur ma peau, léchant, embrassant sur son passage, suivant l'arrondi de ma fesse avant de s'arrêter sur ma cuisse. Sa bouche me quitta un instant pour revenir durement planter ses dents dans ma chair. Je criai de nouveau. Même si le plaisir était là, je ne ressentais pas ce bien-être habituel lorsqu'il se nourrissait de moi. J'avais si peur... Et ses morsures étaient plus violentes ! Je réalisai que lorsqu'il me mordait les autres fois, il cherchait à être doux, sans doute dans le but de me procurer du plaisir... John... Il n'exprimait pas par des paroles ce qu'il ressentait, mais par des gestes, des attitudes maladroites, et il n'en était que plus dur à comprendre.

Je me sentais mal, il s'était trop nourri de moi cette nuit et mes orgasmes m'avaient affaibli. Je sentais que j'allais finir par sombrer dans l'inconscience et j'en étais soulagé, c'était ce qu'il y avait de mieux. Je ne cherchais absolument pas à lutter. Ainsi, je ne le sentirai pas me violer, ni sceller le lien. Lorsque je me réveillerai, si je me réveillais, tout sera fini et je le détesterai pour toujours...

GGGRRRR

Quoi ? Un nouveau grognement vint remplir la pièce, mais ce n'était pas celui de John, il était différent, plus dur ! Je sentis que le vampire retirait ses dents de moi et se redressait brusquement, ce qui confirma mes pensées. Je rassemblai le restant de force que je possédais encore et me forçai à ouvrir les yeux.

ÉRIC ?! Bizarrement, mes larmes redoublèrent en le voyant. Je me sentais si soulagé ! Il était le vampire de Sébastian, et je savais qu'il était d'une grande douceur et gentillesse avec mon meilleur ami, alors je lui faisais confiance ! C'était quand même triste de ne pouvoir faire confiance à son vampire, son destiné, mais de le pouvoir avec celui d'un autre ! Ce constat me laissa amer...

Sous la lumière artificielle de la lampe, je pus remarquer qu'Éric semblait mal en point. Son visage était marqué, ses beaux cheveux noirs étaient en bataille et tombaient en partie sur son front, sa peau brillait de sueur… Mais malgré ces signes que quelque chose n'allait pas, son attitude paraissait féroce puisque ses yeux étaient dorés et exprimaient une grande colère, et ses canines étaient sorties. Je pus également noter que ses yeux de vampire étaient plus sombres que ceux de John, sans doute à cause de leur couleur humaine si différente. Au moins, j'arrivais encore à raisonner, et c'était rassurant !

Je réalisai aussi à quel point ma relation avec John était spéciale et peu saine, car cette vision vampirique d'Éric ne me sembla pas aussi effrayante que celle de John. Et rien que pour ça, il allait falloir que l'ours grincheux qui faisait partie de ma vie, que je le veuille ou non, fasse des efforts ! BEAUCOUP d'efforts ! Surtout après ce qui venait de se passer et qui n'était peut-être pas encore terminé...

Je sentis ce dernier sortir du lit. Il se leva tout en se mettant à grogner pour faire face à son adversaire. On aurait dit deux bêtes qui s'apprêtaient à combattre. John était-il tellement parti qu'il ne reconnaissait même pas son ami de toujours, un membre de sa famille et celui à qui il avait sauvé la vie en lui en offrant une nouvelle ?

Dans un même mouvement, je les vis courir l'un vers l'autre et mon cri de détresse se perdit dans le bruit que provoquèrent leurs corps qui s'entrechoquaient...

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