Chapitre 1

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  Je n'en croyais pas mes yeux, j'avais réussi, je l'avais anéanti. J'avais vaincu l'impossible. Cependant, je me sentais dépérir, j'avais l'impression d'avoir perdu un bout de mon âme. Tous mes choix étaient pourtant les bons. Ce monde n’était pas détruit. Alors comment était-ce possible de se sentir si vide ? En regardant autour de moi, je ne voyais que la mort, c'était censé être le renouveau. J'étais la prophétie de la renaissance ! J'essayais de crier son nom, en vain. Où était-il ?

-Jay ! Jay réponds moi !
Un frisson me parcourut le corps. Je l'avais perdu de vue durant la bataille. Je n'osais pas penser à l'impossible.. serait-il mort ?

-Mademoiselle Patterfield ! Je vous dois la vie, et notre peuple est désormais en paix, longue vie à vous !

 Elle me paraissait tellement épuisée à cause du combat. C'était une personne de leur communauté qui avait combattu à mes côtés, enfin, une personne était un bien grand mot. elle faisait partie d'un groupe qui s’autoproclamait appeler le Peuple de Lumière, ceux qui étaient nés sous la lumière du soleil, et par principe, le bon. Elle ressemblait à une humaine de la Terre. Le teint luminescent, le visage fin avec de beaux yeux violets, elle avait de longs cheveux roux, faits de nattes et d'un chignon relevé, elle était d'une beauté à couper le souffle. Ici, on les appelait les Dryades, des nymphes des forêts. Elles ne vivaient que pour protéger la nature.

La première fois que j'en avais croisé une, c'était dans mon petit village de Mousehole dans le comté du Cornwall, en Angleterre. Pour y vivre, j'avais dû faire un caprice à mes parents, mais ça, c'était encore une autre histoire. J'étais près de la rivière qui la traverse, quand un enfant essaya de grimper dans un arbre. Cette femme, dont les mouvements étaient particulièrement fluides, s’était approchée et lui avait touché l’épaule. Il ne paraissait pas avoir peur d’elle, j’avais même l’impression qu’il ne la remarquait pas. C’est alors qu’il fit demi-tour, sans un mot. Je le suivais des yeux quand je ressentis le regard de cette dryade sur moi, elle admirait ma chevelure et mes yeux.

 Décidée à aller à la rencontre de cette jeune femme unique, je me levai et commençai à marcher dans sa direction. Quand elle comprit que je l’avais remarqué, elle disparut dans un nuage de fumée. Ce jour-là, je n’avais pas compris que cela aurait des répercussions sur mon futur.

En revenant à la réalité, je me rendis compte qu'il fallait que je le cherche, je ne pouvais pas croire que Jayden était mort. À chaque pas, je voyais toutes les victimes qu'Elle avait faite, pour qu'Elle puisse régner sur ce monde, pour qu’il soit soumis à son esclavage. En passant derrière une Goule, j'aperçus des chaussures de l’uniforme de la Garde Royale. Je retins mon souffle, mais c’était lui, il était là, respirant assez péniblement. Jay devait avoir reçu la raclée de sa vie face à cette goule, mais il avait donné le coup de grâce car elle ne respirait visiblement plus.

- Jay, j'ai cru que tu étais mort, ne me refais plus jamais ça !

- Tu as toujours peur pour moi, il faudrait que ça cesse un jour tu sais, me lança-t-il avec un sourire narquois.

-On verra quand tu sauras te battre contre une jeune goule.

 Après l’avoir entendu rire, je le pris dans mes bras pour l’aider à se lever. Il avait une fracture du bras, de gros bleus sur le ventre et la cheville droite foulée. Ça ne prendrait que quelques heures pénibles de guérison, rien de très grave.

- On a gagné ? Dis moi que la bataille est terminée et que nous avons gagné, je t'en supplie, je vois trop de morts pour que tu me dises que c'est juste l'entracte..

- Oui, je l'ai détruit grâce à l'épée de Bracerk, d'ailleurs, elle aussi a disparu avec elle, je ne pourrais pas remettre cette relique en place, Vinra va vouloir me couper la tête.

- Ne t'inquiète pas, ce n'est pas un monstre, il va juste vouloir que tu lui donnes un doigt, rien de plus, s'esclaffa Jay.

-Très drôle, je te rappelle que toi aussi tu lui as promis. D’ailleurs, nous devons retourner au Palais pour enfin dire au peuple que tout est terminé. Il faudra aussi leur trouver un roi ou une reine avant mon départ. Tu peux marcher ? Il acquiesça. Alors c'est parti !

 Vinra était un chérubin d'assez mauvais caractère quand on voulait emprunter une relique dans le temple des Rois. Bien sûr, j'avais eu les mots juste pour avoir en ma possession cette épée, mais surtout je lui avais promis qu'elle retournerait dans le temple à sa place dès la fin de la bataille. Quelle misère, il allait me passer un sacré savon.

 En commençant à marcher, le Peuple de Lumière me suivait sur le champs de bataille. Ceux que nous combattions quelques instants plus tôt, le Peuple de Nuit, rejoignait aussi les rangs. Comme tout le monde peut le comprendre, c'est le peuple né sous la lumière de la Lune qui avait la particularité d'être appelé le peuple mauvais. La Goule qu’avait tué Jay était une créature du Peuple de Nuit qui se nourrissait exclusivement de viande fraîche et crue, et de sang frais, ce qui donnait la nausée à plus d’un humain.

 Le palais représentait le pouvoir mais aussi la bonté. Chaque roi était juste, alors les citoyens, pour l’amour de leur roi, on construit un monument aussi imposant que majestueux. Le monument était toujours debout, ce qui tenait du miracle. Alors que nous passions les portes, une foule nous acclama en hurlant et frappant des mains. J'entendais parfois quelqu'un crier mon nom.

- Ana, vive Ana ! Elle nous a sauvé, acclamons là !

 C'était Krayev qui venait de parler. Elle m'avait aidé lors de cette aventure. Personne ne la remarquait car elle était de nature timide puisque c'était une fée des livres, elle était là pour prendre soin des ouvrages qui appartenaient à la famille qui l'avait adopté. Les fées étaient de petites créatures qui ne pouvaient vivre seules. Elles naissaient d'abord dans une famille qui était dans l'obligation de les garder jusqu'à leur âge de puberté, vers 2 mois, leur espérance de vie ne dépassait que très rarement 2 ans. Elles étaient donc envoyées dans une autre famille afin de prendre soin des livres. Krayev avait 6 mois quand je l'ai rencontré, elle allait se faire renvoyer de son foyer car elle était incapable de prendre soin d'un bout de papier, elle avait deux pieds gauche et était bien trop timide pour faire fuir les insectes ou tous autres êtres vivants.

 Je savais qu'en arrivant près du trône, je devrais leur apprendre des nouvelles effroyables, mais que malgré les pertes considérables, nous avions remporté cette guerre. Je me demandais encore comment j'avais pu en arriver là. Il y a peine un an, je fêtais mes 18 ans sous la neige. Mon père venait de m'apprendre que j'allais être grande sœur, et mon seul problème ètait mon manque d'imagination sur ma peinture en cours. Qui aurait pu prédire que ma vie deviendrait aussi chaotique. Le moment était venu, il fallait que je prenne la parole.

- Peuple de Lumière, Peuple de Nuit, voici la fin d'un monde de chaos. Malgré la perte de vos proches, veillez au bien de votre entourage. Priez Chloris, Éros, Gaïa, Hécate, Hélios, Héra, Hestia, et tous les dieux et déesses qui forment votre foyer. Soyez Heureux pour vos frères et sœurs partis trop tôt. Que votre vie soit bonne. Merci !

J'entendis en chœur leur réponse qui, avant aujourd'hui, me paraissait totalement déplacée :

- Et que la guerre soit brève !

 Puis je me sentis partir en arrière, tout mon corps était devenu aussi léger qu'une plume. J'étais libre, légère. J'avais l'impression que quelqu'un criait mon nom, ou bien était-ce un rêve ? Peu m'importait. En face de moi, je vis mon père. Je pris conscience que j'étais entrain de mourir. Au fond de ma gorge, je sentais l’air qui voulait s’échapper. Je voulais alors me battre pour vivre. Je ne pouvais pas mourir ainsi alors que je venais de gagner cette guerre. Comment se pouvait-il que je sois entrain d’agoniser face à cette foule qui m’acclamait il y a quelques minutes ? Je devais me battre, il le fallait, il fallait que je venge la mort de tous ceux qui ne sont pas revenus du combat car cette femme n’était sûrement que le début de ce présage. Mais le seul moyen de vivre est de vous raconter mon histoire pour trouver la cause de mon agonie et qu’ils puissent me sauver.

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