"Anastasia chérie, je t'aime mais quand vas-tu enfin appeler Harry ? Le pauvre, tu fais la morte depuis plus de deux mois, c'est pas sympathique du tout de ta part après la déclaration qu'il t'a faite! C'est un jeune homme tout à fait charmant et respectable qui ne mérite pas un tel comportement, surtout venant de toi, c'est décevant ma fille, nous ne t'avons pas éduquée ainsi avec ton père."

Encore une remarque venant de sa mère. Depuis la soirée qui s'était mal terminée pour Anastasia, les remarques ne cessaient de fuser.

Elle ne répondit pas, il était inutile de se disputer encore une fois pour cette histoire. Elle savait que sa mère avait raison, mais elle avait peur et ne savait pas comment faire pour s'expliquer, s'excuser de son comportement envers Harry. Bien qu'au départ, il l'avait déçue et trahie.

"Met ta stupide fierté de côté Ana, bon sang tu ne vas pas passer toute ta vie à te plaindre qu’on t’imposes un mari, alors que tu ne trouves personne par toi-même et que tu tournes le dos aux gens qui t'aiment réellement, pour des broutilles en plus! Tu as intérêt à te bouger parce que tu sais que c'est rare que je te pousse vers un garçon. Le fils de Kévin est gentil et saura s'occuper de toi comme il se doit, il est bien élevé et tout à fait capable de représenter le gendre que je souhaite avoir."

Anastasia soupira puis sortit de table. Elle monta dans sa chambre puis se posa sur le lit, le téléphone à côté de ses mains. Elle savait que ses parents avaient raison et qu’elle avait eu un comportement méchant envers Harry, mais les excuses étaient difficiles pour elle et elle hésitait à l'appeler.

Au bout de 10 minutes, elle prit son courage à deux mains et valida le bouton d'appel.

Il répondit quelques tonalités après.

"Oh tu t'es souvenue que j'existe encore. Que veux-tu Anastasia?"

Sa voix, mon dieu, sa voix m'a tellement manqué !

"J'aimerais qu'on puisse se voir, j'ai des excuses à te faire.

-C'est pas trop tôt ! Je suis au parc cet après-midi, viens quand tu veux."

Il lui raccrocha au nez, sans attendre de réponse. Plus froid comme appel, ça n'existe pas. Super, ça s'annonce bien..

Elle prit son téléphone, descendit au salon prévenir ses parents, puis sortit de la maison, en direction du parc, stressant à l'idée de lui parler, de s'excuser. Et s'il ne voulait plus de moi? Et s'il s'en fichait totalement? Et s'il avait déjà trouvé une fille mieux pour lui?

Elle arriva dans le parc et se dirigea par instinct vers un jardin, où ils passaient habituellement leur temps libre.

Comme elle l'avait espéré, il était là, mais il avait l'air plutôt occupé avec une fille. Il était appuyé nonchalamment contre un tronc d'arbre et souriait à ce que la fille lui disait. Anastasia pensait déjà qu'il était trop tard. Il était tellement magnifique et gentil que ce n’était pas difficile pour lui d'avoir n'importe qui sous son charme.

Je ne sais pas si c'est le fait de ne pas l'avoir vu depuis un moment ou si je me rends seulement compte de la personne que je perds, mais je ne l'ai jamais trouvé aussi attrayant. Là, calé contre cet arbre, avec ses cheveux qui ont un peu repoussé et qui lui donnent de nouveau son air irrésistible, sa veste que j'ai toujours aimé, elle est de la même couleur que ses yeux, son éternel t-shirt blanc mais qui laisse assez de transparence pour qu'on puisse voir qu'il a des tatouages et sa petite barbe de quelques jours qui m'a toujours fait craquer. Bon sang, on dirait une psychopathe à détailler sa future victime, il faut que j'arrête, j'ai juste l'air stupide, plantée au milieu du parc et fixer les gens sans rien faire.

Il tourna la tête, sûrement ayant senti le regard insistant de l’adolescente. Son sourire s'évanouit en la voyant et elle sentit son cœur se serrer. Avant, c'était elle qui le faisait sourire et maintenant, c'est elle qui le rendait malheureux. Quelle abrutie je suis.

Il dit quelque chose à la fille puis ils se firent la bise avant qu’elle ne parte. Bon vent !

"Tu comptes rester plantée là sans rien faire ou tu viens ?"

Anastasia ne répondit rien, vu la froideur d’Harry, elle n’avait pas envie de se disputer de nouveau avec lui. Elle était intimidée, comme au tout début, mais elle s’avança tout de même jusqu’à lui. Il avait tellement de charisme que quiconque pourrait se sentir intimidé par sa présence, même en le connaissant.

"Je t'écoute."

Elle prit une grande inspiration pour se donner du courage.

"Je suis désolée du comportement que j'ai eu avec toi. J'ai été méchante et blessante, alors que tu venais de faire preuve de beaucoup de sincérité, publiquement qui plus est, et je sais que ça n'a sûrement pas été facile pour toi de te dévoiler ainsi. Mais j'étais tellement choquée et en colère que tu m'aies menti pendant plus d'un an que je voulais rien savoir d'autre. Je sais que c'est pas une justification à ma méchanceté et je ne pourrai jamais assez m'excuser d'avoir remué la douleur que tu ressens chaque jour pour ta maman. Je m'excuse aussi d'avoir disparu pendant si longtemps, j'ai vraiment agi comme une égoïste et si mes parents ne m'avaient pas poussée pour m'excuser, je sais que j'aurais attendu par peur."

Elle s'arrêta de parler quelques secondes, pour reprendre son souffle et le laisser assimiler ses paroles.

"Je me suis rendue compte que ta présence me manquait, et que je n'avais plus personne pour écouter mes délires supers bizarres, j'ai voulu tellement de fois partager avec toi des choses et je me rappelais que tu n'étais plus là, uniquement par ma faute et mon fichu caractère."

Sa voix se mit à trembler par l'émotion et les larmes lui montèrent aux yeux. Elle ressentait maintenant tout le poids de ce qu’elle avait voulu nier ces derniers mois.

"Tu me manques. J'aimerais de nouveau être à tes côtés comme avant, même si je sais que j'ai tout foutu en l'air, et que tu peux aussi ne plus vouloir de moi."

Une larme coula sur sa joue.

"Tu avais raison sur toute la ligne, je suis égoïste, je juge trop facilement, j'ai des manières de princesse prétentieuse par moment et je me plains toujours alors que tout ce dont j'ai besoin est devant moi."

Elle leva enfin les yeux jusqu'à son visage. Jusque là, elle n’avait pas eu la force de lui parler les yeux dans les yeux, alors elle s’était contentée de regarder son t-shirt et ça devait être comique à voir.

Elle avait pensé qu'il aurait toujours son air froid sur le visage mais étonnement il sourit et ça lui fit un bien fou de revoir son si beau sourire.

Encore plus étonnant, il ne dit rien mais ouvrit en grand ses bras, comme il le faisait avant pour la réconforter.

Elle hésita quelques secondes, mais en voyant qu'il attendait qu’elle le rejoigne, elle se précipita au creux de ses bras, qui lui avaient, eux aussi, tant manqué. Elle se sentit de nouveau en sécurité, dans sa zone de confort et elle regrettait de ne pas s'être rendue compte plus tôt qu'il était ce dont elle rêvait. Elle avait de la chance qu'il veuille encore d’elle, parce que beaucoup de personnes n'auraient pas pardonné un tel comportement.

"Je ne suis pas rancunier, j'attendais juste des excuses, mais c'est vrai que tu as été longue et je commençais à désespérer. Je suis bien content que tu aies aussi réfléchi à mes paroles. Nous avons tous les deux fauté mais le principal c'est que nous nous soyons excusés.

-Je t'aime beaucoup Harry.

-C'est réciproque, mais tu le sais."

Ils rirent puis passèrent le reste de la journée à tenter de rattraper le temps perdu. Peut-être qu'un jour, elle avouera qu’elle l’aimait, et qu’elle osera lui demander un peu plus que de l'amitié, en attendant, elle profitait de l'avoir de nouveau à ses côtés.