Elle
"Son visage, c'était le tien armé de rides,
C'était le mien aussi, tout couronné d'argent.
Il surgissait pour moi dans les heures arides,
Illuminé d'yeux clairs, et d'un sourire franc.
Elle venait au car, tous les matins ou presque
Te porter des gâteaux, et puis quelques bonbons ;
Embrasser tes deux joues roses comme des pêches
Et cueillir à tes yeux les joies de la saison.
Ton esprit oublieux en a gommé la page...
Pardonnons à l'enfance ingrate qui retient
Plus volontiers les maux que les calmes adages
Qu'au cœur tranquille souffle un heureux quotidien.
Elle sait que tu as sur ton cœur sa médaille,
Elle sait que tu penses à elle plus souvent.
Elle est venue panser la plaie de ta bataille
L'hiver dernier, un soir où tout était si blanc.
Son œil de biche a dit "ça ira désormais";
Elle veillait sur nous, du haut d'un paradis ;
Et je me tiens près d'elle, entre ses mains de paix
Depuis que ce printemps, j'y suis venue aussi."
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