Merci
Maman,
Je tiens à te dire que cette lettre n'est en aucun cas une liste de reproches inutiles... Je n'ai pas, par ces mots, l'intention de te blesser.
Tu as toujours été là pour moi. Pendant longtemps tu fus la seule personne à savoir panser mes blessures avant que je n'apprenne à le faire par moi-même.
Tu as toujours su m'arrêter lorsque mes émotions m'emmenaient trop loin.
Juste une fois je me suis laissé emporter avec elles pour cette personne... Mais tu ne l'as pas compris. Cela a brisé quelque chose entre nous. Tu ne me reconnaissais plus, je ne te trouvais plus... J'ai dû fuir. Je ne pouvais supporter ces tensions entre nous... J'ai même voulu mourir. Tout autour de moi était si étrange. C'était un peu comme si le monde était devenu un capharnaüm de paradoxes à mes yeux. Je ne savais plus qui croire, plus vers qui je pouvais raisonnablement me tourner. Je cherchais des réponses mais on ne m'apportait que plus de questions.
Je l'ai aimé tu sais... Comme jamais je n'ai et je ne pourrais aimé personne désormais. Tu m'as toujours dit, en voyant tout ces parents nocifs pour leurs enfants, qu'ils avaient sans doute leur façon d'aimer. Tu avais ta vision de maman, tu savais sans doute mieux que moi ce dont il était question. J'ai toujours essayé de comprendre cela sans jamais trop y croire. Mais quand moi, je me suis mis à l'aimer à en perdre la raison, à m'en couper le souffle, à n'en plus vouloir vivre. L'aimer au-delà de ce qui était raisonnable. Car c'est là, MA façon d'aimer : me donner corps et âme pour que l'autre trouve la manière de se transcender, qu'il soit heureux quitte à ce que je m'y perde... Mais ça tu n'as pas voulu le comprendre... Je pensais pourtant que tu essaierais au moins. A la limite que tu ferais presque semblant mais au lieu de cela tu l'as jugé, tu as présumé de mes sentiments outrepassant tes devoirs de mère... Croyant qu'en me dictant ma conduite, qu'en cherchant un quelconque moyen de pression j'allais céder. Eh bien pas cette fois ! Je n'aurais pas pu me permettre de vivre sachant qu'il descendait un peu plus bas chaque jour, chaque heure pendant que mon âme se torturait jour et nuit cherchant à savoir où il était.
Mais tout cela, je l'ai compris. Tu as eu peur. Tu m'as tellement aimé que tu en as eu peur. Tu as eu peur pour moi, tu as eu peur de moi.
Je sais que j'ai pris beaucoup de décisions stupides mais elles m'ont faites grandir plus vite que je n'aurais pu l'espérer et même s,i aujourd'hui encore je porte les séquelles de cette ardente jeunesse qui veut vivre plus vite que le temps lui-même, je suis sereine.
j'ai longtemps cherché, par la suite, quelqu'un qui comme toi saurait rafraîchir mon âme, une personne unique qui me comprendrait qui saurait m'aider à composer avec mon passé un avenir brillant. Mais je ne l'ai pas trouvé... J'ai dû alors me résigner à faire de mes blessures une carapace, laissant faire le temps. J'ai dû me résigner à mettre tant bien que mal mes sentiments de côté pour que ma raison me guide et me rassure. Ce fût douloureux mais j'y suis parvenu.
C'est pourquoi....
Je te remercie, maman, d'avoir voulu mon bonheur même maladroitement.
Je te remercie d'avoir fait de chacun de mes maux un combats en plus à gagner.
Je te remercie d'avoir offert ta vie pour la mienne.
Je te remercie d'avoir oublier tes fêlures pour réparer les miennes.
Je m'excuse, maman, de ne pas avoir toujours su te comprendre.
Je m'excuse d'avoir agis parfois égoïstement.
Je m'excuse de ne pas t'avoir serrer dans mes bras lorsque je le pouvais encore.
Je m'excuse de ne pas être venu te trouver avec tous ces mots plus tôt.
Je ne sais pas si après la mort il y a quelque chose. Je ne sais plus que croire... Je sais juste que s'il y a une vie après la mort, si tu es là quelque part, tu liras cette lettre et alors mon geste aura un sens. Je sais que tu me comprendras, peut-être ne l'accepteras tu pas mais je ne veux même pas de ton accord, je n'avais juste pas envie de te laisser partir sans avoir mis les choses au clair et sans t'avoir dit une dernière fois : je t'aime.
Je sais pourtant que du plus profond du shéol tu ne peux m'entendre mais j'ose croire que mes mots sauront te cueillir quand même... Qu'il reste une part de toi qui veille continuellement sur moi et que tes yeux sont parmi les étoiles à me regarder avec bienveillance et tendresse la nuit lorsque le sommeil me fuit.
S'il y a quelque paradis j'espère que tu te réveilleras dans l'un d'eux avec cette lettre et avec cette paix que je ressens à présent à t'écrire ces quelques mots.
Je t'aime Maman...
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