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La porte s'ouvre dans un grincement, offrant à Ombeline un gouffre noir béant. La petite cherche du bout des doigts l'interrupteur avant de se rappeler l'absence d'éclairage. Elle attend quelques instants, le temps que ses yeux hagards s'habituent au noir. La lueur de la lune filtre à travers les fenêtres à vitraux, éclairant faiblement la pièce, mais suffisamment pour qu'Ombeline se dirige au milieu des meubles gisant ça et là sous leur linceul poussièreux.

Alors qu'elle avance lentement au cœur de ces ténèbres, sa hanche cogne le pied d'un vieux bureau faisant vaciller un carton qui finit par tomber sur le parquet dans un bruit funèbre. Un instant circonspecte, Ombeline finit par s'agenouiller pour ramasser les objets esseulés. Ses mains effleurent des formes et des textures variées avant de se figer sur une boite en bois sculpté. La faible clarté ne permet pas à la petite de distinguer les motifs taillés, pourtant ses doigts continuent de parcourir les arabesques qui ornent cette pièce de bois précieuse. Soudain, son index trouve une infime ouverture qu'Ombeline assimile aussitôt à une serrure. Intriguée par cette mystérieuse trouvaille, elle replonge les mains dans le carton à la recherche d'une clé. Une fois l'objet récupéré, Ombeline l'insère dans l'ouverture qui émet alors un cliquetis discret, puis elle soulève le pan de la boite qui libère aussitôt un faisceau de lumière aveuglante.

Alors que la lueur provenant de la boite s'évanouit, des flocons dorés s'allument un à un au milieu du grenier plongeant la pièce dans un ciel étoilé d'une splendeur inouïe. Subjuguée par ce spectacle lumineux, Ombeline reporte son regard vers l'étui mystérieux. Une musique, que l'enfant reconnaît comme celle du Lac des Cygnes, se met à murmurer son opus divin faisant danser l'oiseau éponyme qui trône au milieu de l'écrin. La petite contemple les yeux brillants ce trésor qui fait onduler ses pensées dans une douce ronde colorée. Puis les dernières notes s'échappent de l'objet avant que ne résonne l'écho d'un silence prolongé.

Tandis qu'Ombeline cherche le mécanisme permettant de réactionner la mélodie, la boite se met à trembler. Les plumes immaculées du cygne argenté se déploient et l'oiseau se met à tournoyer, s'étirant dans l'air dans une ondulation vaporeuse. Au terme de cette variation cotonneuse, les plumes recroquevillées sur l'oiseau majestueux s'ouvrent et s'évanouissent en poudre d'étoile dévoilant une silhouette humaine surmontée d'un visage laiteux qu'auréolent des boucles de la couleur du feu.

Dans un sourire angélique, l'apparition tend une main gracile vers Ombeline. Les souvenirs opaques de la petite tourbillonnent à toute vitesse dans son esprit puis les contours de ces images spirituelles se superposent pour se figer sur le même visage qui lui fait face.

  • Maman ?

La femme à la chevelure cuivrée sourit tendrement tandis qu'Ombeline libère ses larmes, silencieusement. Adélia s'approche et enveloppe son enfant tout en la berçant. Le cœur d'Ombeline tinte au rythme des battements qu'elle entend sous la peau soyeuse de sa maman. Alors doucement, elle ferme les paupières dans un soupir de soulagement.

**************

  • Ombeline !

La voix de Marta résonne dans sa tête. Ombeline ouvre les paupières.

  • Mais que fais-tu ici ?

Désorientée, la petite regarde de part et d'autre de la pièce.

Des draps blancs.

Mais nulle trace de sa maman.

Ombeline reporte son regard vers Marta, un regard brillant de désespoir qui fend le cœur de la vieille gouvernante. Dans des gestes mécaniques, Ombeline se prépare et revêt une robe magnifique. Puis ses pas la mènent au pied du sapin.

De multiples cadeaux ornent le pied de l'arbre décoré tandis qu'un vide immense aspire le cœur flétri de la petite revenue à la réalité. Après avoir ouvert les présents sous le regard bienveillant de Marta, Ombeline aperçoit Gabriel. Elle n'a pas la force de le remercier pour tous ces cadeaux qu'il n'a pas achetés ni l'énergie de le gratifier d'un sourire amusé.

Alors Gabriel s'approche, s'agenouille tout près d'elle et lui tend un dernier présent. Ombeline le dévisage, pantoise, puis dénoue le ruban et fait glisser le papier. Une boite dorée en bois sculpté git au creux de ses mains. Elle la pose délicatement sur le parquet de la salle à manger et tourne la fine clé qui émet un cliquetis discret. Elle soulève le pan de la boite qui libère aussitôt un faisceau de lumière aveuglante...

Dehors, la neige s'est remise à tomber.

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