Les rires de la nuit

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Ce soir-là, seuls les néons des bars, derniers vestiges de la nuit, me guidaient. La froide chaleur du crépuscule m'engourdissait tout entier, me perdait.

Haletant, éreinté, je courais au hasard des ruelles de Venise, véritable labyrinthe à cheval entre la terre et l'eau.

Mais ce soir-là, je n'étais pas seul.

Alors que la classe moyenne s'était retirée, je sentais les pulsations de mon coeur, toujours plus rapides, les tremblements de mes mains, les frissons de mon dos, en un tout ce qu'on appelle la peur. J'étais en danger, et ce depuis que cet homme - ou cette femme - avait commencé à me suivre.

Peu à peu, sa silhouette sombre se raprochait et je m'épuisais inutilement. Tôt ou tard, il me rattraperait. Dans la pénombre, le silence de mort n'était brisé que par le bruit de mes pas, foulant les pavés d'un bruit sec et répétitif. Des yeux, je cherchais un abri, un refuge, et mon regard se tourna naturellement vers la lumière.

Celle d'une lanterne, accrochée sur la proue d'une gondole.

Jamais je n'avais lu de polar ou le héros échappait au tueur en série en se cachant dans une gondole, encore moins si c'est le seul endroit à la lumière. Malgré ce que mes jambes demandaient, je me suis remis à courir, mais pourquoi me poursuivait-il ?

Soudain, tandis que je jetais un regard paniqué derrière moi, je trébuchais sur une planche du ponton que j'empruntais. Impossible de défaire mon pied. J'ai pleuré de rage, d'incompréhension. De déséspoir aussi. Je ne pouvais pas mourir maintenant. Inexorablement, le cauchemar qui avait pris vie pour mettre fin à la mienne se rapprochait. Toujours d'un pas lent mais assuré, il avait réussi à me rattraper.

A présent, il empruntait le ponton qui m'avait piégé. Même à moins de deux mètres de lui, je ne parvenais pas à distinguer son visage, ses mains, ni rien d'autre d'humain. Il n'était qu'ombre et obscurité. Sans doute ais-je essayé de balbutier quelque chose, ais-je prié, sans doute était-ce un miracle.
Mon pied, soudain, s'extirpa de sa prison noueuse et l'espoir, enfin, me fit courir loin de ce mauvais rêve. Bien vite, la réalité reprit le dessus et dans ma course folle, j'entendais son rire.

Noir comme la nuit, noir comme lui.

D'où venait-il ?

Cependant, il semblait que je l'avais enfin semé. Il n'y avait plus rien, seulement moi au milieu d'une entité entièrement noire. La lumière, capricieuse, fit doucement son apparition et me fit me réveiller chez moi, par terre. Encore un mauvais rêve... Péniblement, je me relevais en m'appuyant sur la table basse. A peine debout, je m'écroulais. Mon pied me faisait atrocement mal, ma cheville était en sang. Un frisson me parcourut l'échine et, jetant un regard empli d'effroi vers la porte, je le vis entrer.

Et j'entendis son rire.

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