Chapitre 27

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Le lendemain matin, alors que j’avais prévenu tôt que je comptais faire mon allocution publique, Emma m’aida à me préparer pour mon discours de dix heures. Je mis une longue robe rouge avec de la dentelle. Emma boucla mes cheveux et les laissa détacher. Quand dix heures arrivèrent, je me rendis dans la grande salle. Les journalistes étaient déjà en place.


— Elena ! m’intercepta Emma

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— Tu viens de recevoir trois lettres et elles viennent de nos trois voisins.

— Ils ont tous répondu ? C’est génial, merci, Emma.


Elle me tendit les lettres que je pris avant d’aller faire mon discours. Une fois en direct, j’informais les habitants de mon projet d’ouvrir les frontières et expliquais en quoi cela serait bénéfique pour tous. Une fois mon discours fini, je retournais dans ma chambre pour lire les lettres. Tous étaient heureux de pouvoir ouvrir leurs frontières avec les nôtres et de mettre en place des relations commerciales. Je lus ensuite celle de la Reine Stephania.


« Votre Majesté, ce fut un honneur de recevoir votre lettre.

C’est vrai que nos deux territoires n’ont jamais eu de très bonnes relations, mais vous avez raison, il faut bien commencer un jour et j’en serais ravie. Si vous le souhaitez, nous pourrions chacune envoyer une délégation afin de faciliter nos échanges.

Concernant votre demande particulière, je serais ravie de pouvoir vous conseiller. Je dois vous avouer que pour moi aussi, ce n’est pas facile de régner seule et j’ai eu quelques difficultés à mes débuts. J’ai entendu de nombreuses choses concernant votre mère, mais le simple fait que vous m’ayez envoyé cette lettre me donne envie de vous faire confiance.

Si vous avez besoin d’une amie, de conseils ou simplement l’envie de parler, n’hésitez pas à me contacter. Sous cette lettre, je vous joins mon numéro de téléphone si vous avez besoin. Le peu de personnes qui l’ont, font partie d’un cercle très restreint et privilégié, ne le donnez donc pas à n’importe qui. Je vous fais confiance, Votre Majesté.

Avec tout mon respect et mon amitié,

La reine Stephania de Carandis. »


Heureuse d’avoir obtenu la réponse escomptée, j’attrapais mon téléphone et enregistrais le numéro de la Reine Stephania. Je voulus lui envoyer un message, mais je ne réussis pas à aligner le moindre mot. Je décidais finalement d’attendre la venue d’Océane, cet après-midi pour en parler avec elle. J’étais à la fois impatiente de la revoir, mais aussi d’entrer en contact avec la Reine Stephania.


— À mon avis, tu devais commencer par lui dire que tu as bien reçu sa lettre, proposa Océane.

— Je ne vais pas lui envoyer un message juste pour ça ! Elle doit être aussi occupée que moi.

— Dans ce cas, tu pourrais lui parler de tes inquiétudes. Tu es devenue Impératrice sans même savoir ce qu’impliquait ce titre et tu n’as personne pour réellement t’aider. Personne hormis elle.

— C’est une bonne idée. Merci Océane.

— Mais de rien.


Elle me sourit et je me mis immédiatement à rougit. Plus je la côtoyais, plus mes sentiments pour elle se développaient au point que j’ai de plus en plus de mal à les cacher. Océane sembla le remarquer et vint poser sa main sur ma joue, augmentant toujours plus mon rougissement et mon rythme cardiaque. Hypnotisé par son regarde, je ne parvins pas à m’en détacher.


— Qu’est-ce qui t’arrive, ma belle ?

— Heu… rien t’inquiète. Enfin… non, non c’est bon.

— Qu’est-ce que tu n’arrives pas à me dire ?

— C’est compliqué, Océ. J’aimerais pouvoir t’en parler, mais… j’ai peur.

— Tu peux tout me dire.

— Non, pas ça.

— Je ne te jugerais pas, Elena. Tu peux me faire confiance.

— Pourquoi c’est si compliqué ? Pourquoi a-t-il fallu que je… que tu… pourquoi je n’y arrive pas ?

— Tout ne peut pas être aussi simple. Mais si tu n’arrives pas à m’en parler, pourquoi tu n’essaierais pas auprès de la Reine de Carandis ? Peut-être qu’elle pourrait t’aider.

— Mais c’est à toi que je veux en parler, pas à elle.

— Je suis sûr que ça viendra. Prends ton temps et j’attendrais. Envoie-lui un message.


J’attrapais mon téléphone et m’assis en tailleur sur le lit. Sous le regard insistant d’Océane, je commençais à rédiger mon message pour la Reine.


« Votre Majesté, votre lettre me touche énormément. Je suis navrée de vous faire parvenir un problème dès notre premier échange, mais mon amie insiste. Cette même amie à qui je n’arrive pas à parler, à lui dire toute la vérité. Ma demande peut vous paraitre étrange, mais est-ce que vous vous y connaissez en amour ? Mon cœur ne cesse de battre pour cette femme sans que je parvienne à l’en informer. J’ai toujours vécu sans amour, à cause de ma mère et je suis aujourd’hui perdue. Si vous pouviez m’aider, de n’importe quelle manière, je vous en serais éternellement reconnaissante.

Avec tout mon respect, l’Impératrice Elena. »


Après avoir rédigé mon message, je respirais un grand coup et fermais les yeux en envoyant mon message. Je cachais ensuite mon téléphone pour être certaine qu’Océane ne puisse le lire.


— Ce n’était pas si compliqué que ça.

— Bien plus que tu ne l’imagines, soupirais-je.

— Cesse de te torturer pour rien, ma belle.

— Il y a tellement de choses que je ne sais pas et ça m’angoisse. Ce que je n’arrive pas à te dire, ma mère…

— Qu’est-ce qu’il se passe avec ta mère ?

— Tu n’étais pas là quand elle est partie, mais… elle est partie si soudainement après… elle m’a dit qu’elle m’aimait, qu’elle regrettait et…

— Elle te manque ?

— Je ne devrais pas dire ça, mais oui. Enfin celle que tu n’as pas connue. Celle qui m’a invité au restaurant, qui m’a offert des bijoux… la mère que j’aurais toujours voulu avoir.

— Je ne comprends pas, Elena.

— Tu te souviens, quand elle nous a sorties du cachot, elle s’est excusée ? Depuis ce moment-là, elle n’était plus elle-même. Pendant une journée complète, elle s’est comportée comme une vraie mère. C’est ça qui me manque.

— Je pense que tu aurais apprécié ma mère. Elle aussi, t’aurait bien aimé. Elle t’aurait surement mieux comprise que moi. Dis-toi que désormais, c’est le passé et que tu ne peux rien faire pour le changer. Concentre-toi sur le présent, sur l’avenir, sur ce que tu veux.

— Je vais essayer. Merci d’être là, encore à me réconforter.

— C’est ça d’être amies.


Je voulus dire à Océane à quel point j’avais peur de la perdre, mais j’en fus empêché par la sonnerie de mon téléphone. La Reine Stephania m’avait répondu. Océane compris que j’allais discuter un moment avec elle. Elle m’embrassa sur la joie, récupéra ses affaires et rentra chez elle. Une fois seule, j’ouvris le message et commençais à le lire.


« Parler d’amour dès nos premiers échanges ? Original comme entrée en matière. Ce que je peux vous dire, c’est que l’amour, c’est compliqué. Même pour quelqu’un qui a vécu dans l’amour de ses parents. Peut-être pourrions-nous en discuter de vive voix ? Je serais ravie de faire votre rencontre. Nous pourrions, par la même occasion, commencer à établir les nouvelles règles de circulation entre nos territoires. Ce serait aussi l’occasion pour moi d’en apprendre plus sur vous et votre Empire, mais surtout de vous conseiller plus facilement. Si vous acceptez évidemment. »


Je lui répondis positivement avant d’aller informer l’ensemble des domestiques de la venue de la délégation Carandiénne dans cinq jours. C’était la première fois en trente ans qu’un dirigeant étranger venait en Eryenne. Il fallait faire les choses correctement.


— Sérieux ? Une reine va venir ici ? s’exclama Emma.

— Exact. Elle a vingt ans et elle a accepté de me conseiller.

— C’est super ça. Tu ne pourras que t’améliorer à ses côtés.

— C’est le but et elle pourra m’aider pour Océane.

— Comment ça ? Il y a un problème ? s’inquiéta-t-elle

— Et bien, je lui ai dit pour Océane. Pour mes sentiments pour elle que je n’arrivais pas à lui dire.

— Et moi dans tout ça ?

— Ne rends pas les choses plus difficiles qu’elles ne le sont, s’il te plait.

— Bon d’accord, je te laisse faire. Tu veux que je prépare quoi pour la délégation Carandiénne ?

— Des spécialités locales ce seraient pas mal. Elle n’est jamais venue en Eryenne.

— Logique si elle a vingt ans. Je te préparerais un menu avec les cuisinières pour que tu me donnes ton avis.

— C’est parfait. Merci Emma.


Une fois ceci fait, je retrouvais le Général Fauster dans son bureau afin de l’avertir. Il devrait mettre en place un protocole de protection, et ce dès que la délégation de la Reine Stephania aurait passé la frontière.


— Votre Majesté, il y a de fortes chances qu’ils prennent l’avion.

— L’avion ?

— C’est le moyen le plus rapide. En partant de leur capital à sept heures, ils arriveront à l’aéroport de Glenharm à dix-neuf heures. Ils prendront ensuite une voiture et devraient arriver au château vers vingt heures environ.

— Une journée de voyage ? Devrais-je aller les accueillir directement à l’aéroport ?

— Moi oui, vous non.

— Très bien, merci, Commandant.


La venue d’une délégation étrangère allait me donner beaucoup de travail. En plus de devoir préparer des accords d’échange, j’allais devoir chercher dans mes livres que je n’avais pas ouverts depuis mes quinze ans, les protocoles liés à la venue d’un dirigeant étranger. Pourtant, même en cherchant pendant une heure, je n’en trouvai aucun. Ma mère les avait-elle volontairement supprimés suite à la fermeture des frontières ?

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