Chapitre 39

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Le bal approchait à grands pas et je n’étais pas très rassuré. Les invités commençaient à arriver et Emma travaillait toujours sur ma coiffure.

— Arrête de gesticuler Elena, tu vas les faire attendre sinon.

— J’ai peur de faire le moindre faux pas et d’être jugé.

— Tu y arriveras très bien. Quand il venait pour ta mère, ils étaient tous sur leurs gardes, aucun ne s’amusait. Là, avec toi, ils vont s’amuser.

— Tu as raison, ce bal a lieu pour oublier toutes les pressions et s’amuser.

Emma termina de me coiffer et je pus enfin rejoindre mes invités dans la Salle de bal. Vêtue d’une longue robe de bal rouge à manche courte, mes cheveux étaient attachés dans une coiffure complexe et ma couronne reposait sur ma tête. Huit mois que je la portais et elle ne me paraissait plus aussi lourde. Aujourd’hui, j’en étais fière. J’étais fière d’être l’Impératrice d’un grand Empire qui renaissait de ses cendres étape par étape. Les habitants me faisaient confiance et Camille ne parvenait plus à me décrédibiliser, quoi qu’elle tente. La preuve, toutes les personnes présentes sur ma liste étaient venues et ils souriaient tous. Même Stephania était venue et accompagnée d’un charmant jeune homme.

— Majesté, vous resplendissez, me commenta-t-elle.

— Vous aussi.

Elle portait une magnifique robe bleue, longue elle aussi. Ses magnifiques cheveux roses étaient toujours bouclés et détachés. L’homme qui l’accompagnait ne cessait de glisser son regard dans son décolleté.

— Ce que vous avez fait depuis notre rencontre, c’est incroyable Elena.

— Merci. Je m’efforce de faire le maximum.

— Et avec votre amie ?

— C’est compliqué, mais ça avance. Et vous ?

Elle donna une tape sur le bras de son accompagnateur qui me regarda alors dans les yeux en redressant les épaules.

— Je vous présente Élio, mon fiancé.

— Félicitation Majesté.

— Lui aussi vient du peuple, j’ai pris exemple sur vous.

— Tant que vous vous aimez, c’est tout ce qui compte.

— Et c’est le cas.

— Elena ? m’interpella Emma à ma droite

— Excusez-moi. Qu’est-ce qu’il y a ? lui demandais-je après m’être éloigné.

— Ils sont arrivés. Juste à côté de la porte.

— Merci de m’avoir prévenu, tu me le surveilles, s’il te plaît.

— Bien sûr.

Je partis ensuite à la rencontre de mes autres invités. La plupart me félicitèrent pour tous ce que j’avais accompli pour le royaume, d’autres me présentaient leur fils, à peine plus âgé que moi. Quand le repas fut enfin servi, je m’assis à la table qui m’était réservée, au côté de Stephania.

— C’est lui son petit-ami ? me demanda-t-elle alors que je fixais le concerné

— Oui, c’est lui. C’est pour ça que je le surveille.

— Est-ce qu’il a recommencé ?

— Malheureusement oui et j’étais là.

— Je suis désolée. Vous avez l’air de beaucoup tenir à elle.

— C’est le cas.

Je bus ma coupe de champagne d’une traite et l’alcool monta aussitôt dans mon cerveau.

— Rends-le jaloux, s’il te frappe, tu pourras l’éliminer de la vie de la femme que tu aimes, dis une voix à côté de mon oreille alors qu’il n’y avait personne.

— J’ai une idée. Stupide, mais j’ai une idée.

— Qu’est-ce que vous comptez faire ?

— Je ne saurais vous expliquer, ça dépendra de ce qu’il va se passer.

Je vidai à nouveau ma coupe de champagne, la quatrième depuis le début de la soirée, me levai et rejoignis Julien.

— Est-ce que Monsieur accepterez une danse avec moi.

— Juste une amie tu disais, dit-il à Océane en me reconnaissant.

— J’attends.

— Elena, est-ce tu as bu.

— Non juste à peine chérie.

— Tu viens de dire quoi là ? s’énerva Julien en se levant. Il était bien plus grand que moi, mais ne faisait pas peur.

— Elena, arrête !

— Bon alors, tu viens dansez où je dois venir te chercher ?

Alors qu’il n’y avait personne sur la piste de danse, je me mis à danser seule, attendant une réaction de la part de Julien. Pourtant Océane le retenait.

— À quoi tu joues Elena ? m’interrogea Emma

— Si je ne peux rien contre un homme qui bat sa petite amie, je peux faire arrêter un homme qui frappe l’Impératrice.

— Tu as trop bu Elena, il faut que tu arrêtes ça, maintenant.

Je me débarrassai d’Emma et partis finalement chercher Océane puisque Julien ne voulait pas venir.

— Tu as bu combien de verre Elena ? me demanda Océane inquiète.

— Juste quatre coupes de champagne.

— Quatre ? Tu es complètement bourrée en fait.

— Non, à peine.

Je mis à danser comme je ne l’avais jamais fait, draguant Océane au même moment. Je voulais rendre Julien jaloux. Voyant qu’il ne réagissait toujours pas, je décidai de passer à la vitesse supérieure. J’attrapai la tête d’Océane entre mes deux mains et l’embrassa. Du coin de l’œil, je vis Julien, rouge de colère, s’avancer rapidement vers nous. Je repoussai Océane juste à temps. Le poing de Julien fila entre nous deux. D’un geste tout aussi rapide, je l’attrapai avec ma main gauche, envoya un coup de coude droit dans sa gorge. Tout en maintenant son poing, je vis le tour de lui pour enchaîner avec une clé de bras et un croche-pied pour le bloquer à terre, comme j’avais vu les gardes le faire tant de fois.

— La prochaine fois que tu lèveras la main sur Océane, je te fais exécuter sur le champ. C’est suffisamment clair pour toi ?

— Tu es comme ta mère, complètement folle.

J’attrapai ses cheveux et claqua son nez sur le parquet avant de le lâcher. Je serrai mes poings jusqu’à ce que mes ongles entrassent dans mes paumes. Il se releva le nez en sang. Autour de moi, d’une voix lointaine, Emma et Océane essayaient de me retenir. Je les entendais, mais ma colère envers Julien était trop grande.

— Répète ça pour voir !

— J’ai dit que tu étais aussi folle que ta mère.

— Vas-y Elena, frappe-le, cet enfoiré le mérite, raisonna encore la voix, dans ma tête cette fois-ci.

À nouveau, mon poing fila droit sur son nez. Le choc se répercuta jusque dans mon épaule, mais la douleur disparut aussitôt, emporter par la rage. Je le poussai jusqu’au mur et frappa à nouveau, contre le mur cette fois-ci.

— Je ne suis pas comme ma mère !

— Et pourtant tu agis exactement comme elle !

Comme la dernière fois que j’avais été submergé par mes émotions, cette phrase me ramena à la réalité. Je reculai et observai tout le monde, en particulier Océane et Emma. Mon poignet m’élança et je compris que j’avais encore déraillé. Des gardes attrapèrent Julien et le sortir du château.

— Qu’est-ce que j’ai fait ?

— Tu as trop bu Elena, tu devrais aller te coucher.

Embrumé par l’alcool, je n’arrivais plus à réfléchir correctement. Mon poignet me faisait mal, ma tête tournait et quand Emma s’approcha de moi, mes jambes cédèrent et je m’écroulai dans ses bras.

— Qu’est-ce que j’ai fait ?

— C’est fini Elena, c’est fini. Fais-moi voir ton poignet.

Quand elle le prit dans sa main et essaya de le bouger, un choc électrique se répondit jusque dans mon épaule.

— C’est vous sa servante ? demanda un des invités à Emma

— C’est moi.

— Vous devriez lui faire voir un médecin. Je serais prêt à parier qu’elle est bipolaire.

— Vous êtes médecin ?

— Non, mais…

— Alors je me passerais de votre diagnostic. Au revoir Monsieur.

Suivant les traces de ce prétendu médecin, les autres invités quittèrent le château.

— Je ne pense pas qu’Elena soit bipolaire, intervint alors Stephania. Ma tante l’était et ça n’avait rien à voir à ce qu’il venait de se passer.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé alors ? Vous étiez là la dernière fois que c’est arrivé.

— Pendant l’orage électromagnétique, je m’en souviens oui.

Elles continuaient de discuter et pourtant leu voix s’éloignaient.

— Tu as très bien réagit Elena, repris la voix dans ma tête. Mais tu aurais dû le tuer. Ce mec frappe sa petite amie et il a essayé de faire pareil avec toi.

— Non, je ne tuerais personne, répondis-je à voix haute.

— Cet homme est une ordure, il mérite de mourir. Comme tous ceux qui ne sont pas venus à ton aide se soir. Emma, Stephania, Océane, aucune d’elle ne veut ton bien. Elles ne veulent pas t’aider, Elena, elles veulent ton trône !

— Arrêter ! Ce n’est pas vrai !

— Il n’y a qu’à moi que tu peux faire confiance Elena. À moi seule, parce que je suis toi. Je suis celle que tu refoules depuis toutes ces années, celle que ta mère a essayé de faire de toi.

— Arrêtez ! Arrêtez ! Laissez-moi tranquille !

Je plaquai mes mains contre mes oreilles, malgré mon poignet essayant de ne plus entendre cette voix qui disait n’importe quoi. Je ramenai mes genoux contre mes genoux. Pourquoi j’entendais cette voix, alors qu’Emma me tenant dans ses bras ? Pourquoi je n’entendais qu’elle alors qu’en fond, il y avait celle d’Emma, de Stephania et surtout celle d’Océane ? Quand la voix arrêta enfin de dire n’importe quoi, la fatigue et l’alcool prirent le dessus et je finis par m’endormir.

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