Chapitre 2 - Partie 2

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Partie 2 :

La foule, devant l’Oeil de la vallée, scandait en cœur un chant de guerre.

Hexa, assassin ! Hexa, escroc !

Hexa, pantin ! Hexa, salaud !”

Lavande les observait, sur un banc, las. Ces pauvres gens s'abîmaient la gorge chaque semaine devant le siège de la NVP, sans se poser la question de l’utilité de leurs actions. S’ils avaient la décence de vouloir faire réellement bouger les choses, ils iraient se plaindre directement à la tour Hexasoft… Mais la milice sur place n’a pas la même patience que la police.

L’approche d’élections, surtout celles de la mairie de NV, avait son lot de protestations, de fidèles aux politiques, ceux qui avaient encore une naïveté suffisante pour croire aux belles paroles de leurs gourous. Même les sans-contacts comme O’Sullivan n’était, pour Lavande, que d’excellents escrocs, arpentant les notes du populisme pour gagner en popularité chez les bas du front.

Le vrai éveil restait d’être en dehors de cela, de savoir que peu importe la volonté et l’attachement qu’aura le nouveau maire à la ville, celui-ci se verrait de toute manière contraint d’abandonner toute idéologie pour se pencher devant les corporations, à quatre pattes, ouvrir la bouche et tousser bien fort.

— Ne fait pas attention à eux, il est seize heures, ils ne vont pas tarder, il ne faudrait pas rater le match de l’hexaligue.

Tony vint s'asseoir au côté de Lavande, ce flic d’expérience était son entremetteur, celui qui remettait de manière non officielle les petits boulots à la stipendiaire qu’elle était. Il n’avait aucun implant visible, ce qui avait toujours étonnée la jeune femme. Un policier non amélioré à une époque où tout criminel était mortellement équipé… Relevait d’une démence certaine, ou d’une foi sans faille en l’humain.

— J’ai pu me rendre chez O’Sullivan.

— Alors ?

Lavande eut un haussement d’épaule incontrôlable, elle était nerveuse, quasiment énervée. Sa langue passa entre ses dents, histoire de se calmer, de réfléchir avant de parler.

— Rien du tout. Normal. Des corporations doivent juste avoir l’envie de le faire couler. C’est un sans-contact après tout.

— Ce n’est pas aussi simple Lavande.

Cette dernière grimaça, elle avait horreur qu’un employeur utilise son patronyme, bien qu’elle fut proche de Tony fut un temps. Ce dernier répondit par un sourire penaud.

— Désolé, la stip’... Je voulais dire que non, tout est nuancé, il n’y a pas les méchantes corporations et les gentils petits sans-contact… Si tu crois vraiment en ça, tu n’as qu’à aller pousser la gueulante avec les manifestants là bas.

— Non, le verre est à moitié vide chez moi.

— Je me souvenais d’une tout autre 278 personnellement… Presque candide la petite.

D’un geste vif, sec, elle plaça sa main sous le nez de Tony, puis l’ouvrit, sa MV était au creux de sa paume.

— T’as qu’à regarder par toi-même. J’ai fait ma stip’, maintenant aboule les coins.

Le vieux flic poussa un long soupir, il attrapa la MV, la plaça dans un lecteur puis, pendant que la machine s’occupait d’enregistrer la séquence, prit une puce dans son pantalon pour la remettre dans la main toujours ouverte de Lavande.

— Contente toi de faire ton travail, 278, ne réfléchit pas à ce qu’on te demande. Sinon tu finiras par y perdre la boule.

Sans un mot, elle se leva.

Bientôt, elle disparut du champ de vision du flic.

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