Chapitre 4 - Partie 2

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D’abord ce fut l’odeur de l’acier, synonyme du sang. Ensuite les percussions de l’Adonis revinrent lui bousiller les tympans. Tony n’était plus avec elle, la prise du cachet de reset avait automatiquement réinitialisé toute fonction cybérologique, dont l’appel.

Lavande se releva, elle vit l’homme à la cervelle explosée devant elle. Elle se tint le thorax, par réflexe, elle n’avait plus de douleur. Après vérification, deux heures s’étaient passées. Tony ne viendrait pas la chercher, il était formellement interdit à la NVP d’aller secourir un stip’. De toute manière, elle était de nouveau sur pied, elle terminerait toute seule.

Lavande déverrouilla la porte de la boîte, il n’y avait heureusement pas de caméras dans ces lieux infernaux, elle avait quelques minutes avant que quelqu’un ne se rende compte du meurtre, peu importe, elle serait déjà loin, puis ils devaient bien en avoir l’habitude dans ces lieux.

Fonctions neurologiques… Ok.

Armements cybérol’... Ok, merde mon ongle… Elle ramassa ce dernier et le remit en place sur son majeur.

Fonctions oculaires… J’ai vu pire…

Le tour de ce que l’on nommait “squelette cybérologique” terminé, elle se rendit de nouveau dans ce milieu hostile à ses narines. Cette fois elle sortit un mouchoir de sa poche pour se couvrir les fonctions respiratoires. Elle ne se souvenait pas de ce qui s’était déroulé avant son entrée dans cette boîte àcul, mais elle avait visiblement monté un étage :

l’Adonis avait cette grande piste de danse, la cabine de DJ, des bars, des danseuses… tout ça au rez-de-chaussée, un escalier permettait de se rendre sur un balcon qui entourait le club. De là, il était possible d’accéder à plusieurs endroits, tels que les boîtes à culs à droite de l’étage et les salons VIP du côté opposé. C’était là-bas que Lavande souhaitait se rendre, par chance elle n’avait plus à passer par les zombies qui dansaient en bas, un profond soulagement…

Ils ne cessent jamais de s’extasier devant les bruits infects que projettent des enceintes aux circuits cramés par des ampères bien trop élevés pour des condensateurs dignes de ce nom. Tu leur retires la drogue et l’alcool, ils arrêteraient immédiatement leur déchéance pour rejoindre leurs familles… s’ils en ont une.

Lavande tenait en horreur les lieux semblables à celui-ci. Pour elle, ils canalisaient la totalité des problèmes de cette société malade. L’état de l’Adonis, sa crasse, son flirt avec le crime, ses lumières et sons sans queue ni tête juste balancés pour un max de sensations… le taux de dopamine qui s’excitait à la moindre note de cyberolowave chez les dégénérés… tout cet ensemble décrivait New Valley avec subtilité.

Elle pensa un instant à Tony, pendant qu’elle rejoignait le salon VIP où elle pensait trouver O’Sullivan. Il devait se faire un sang d’encre, sans doute même était-il en train d’essayer de convaincre son supérieur de dépêcher une équipe, en vain. Tony faisait partie de ces gens dont l’espoir ravivait la foi, pas en une quelconque religion non -elles n’étaient plus que de simples sectes-, mais en un avenir qui pouvait être meilleur. Il en rêvait, pour sa fille… Elle se souvint de ce soir-là, quand Bowen l’avait massacré en sortant du trou. Il n’avait pas attendu deux jours avant de se venger de Tony, il s’était introduit chez lui pendant la nuit, l’avait ligoté et devant ses yeux s’était occupé de lui démontrer à quel point il pouvait être naïf d’encore croire au mot justice. Pourtant il n’avait jamais cessé de lutter, parfois elle eut l’impression qu’il avait renversé son instinct paternel sur elle…

Salon VIP, ne pas entrer sans autorisation, ne pas déranger.

Lavande fracassa sa main contre la porte, trois à quatre fois, pour que quelqu’un daigne vérifier ce qui se passe. Cela ne manqua pas : une armoire à glace vint lui ouvrir, la tronche ahurie. D’une vitesse telle qu’il n’eut le temps de comprendre, elle attrapa le flingue qui était attaché à sa ceinture pour le retourner contre lui. Sans aucun état d’âme, elle appuya sur la détente, le sang se projeta derrière, elle entendit des femmes hurler. Elle attrapa le désormais cadavre pour s’en servir de bouclier, elle fit bien car une riposte de coups de feu fut immédiatement mise en place. Pendant que son protecteur se faisait trouer de tous les côtés, elle en profita pour repérer le nombre de cracheurs, ainsi que leurs positions.

52° à gauche, 67° à droite… Cadence semi-automatique, les deux, 9 mm parabellum… 30 cartouches… Rechargement, maintenant !

Lavande jeta soudainement l’homme-gruyère sur le côté et de sa main gauche munie du pistolet tira sur le premier garde, dans un même temps elle tira de son canon au majeur droit sur le deuxième. Les deux s’étalèrent à terre, le front troué.

La pièce était maculée d’un rouge auburn. Lavande se trouvait devant une meute de prostituées, terrifiées, avachies sur leur gardien. Elle avait encore les bras levés, à droite et à gauche, en croix. La lueur des néons derrière elle donnait à son arrivée une aura divine.

Cependant elle ouvrit la bouche, non pas pour parler, mais parce que sa mâchoire venait de se décrocher sous la surprise de l’homme qui se tenait devant elle. Ce n’était pas O’Sullivan, mais un autre candidat à la mairie.

— Peraldo ?!

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