Chapitre 7 - Partie 1

3 minutes de lecture

De retour dans l’hyperloop. Ma vie est une putain de boucle.

Mais cette fois-ci, elle ne quittait pas New Valley avec l’optimisme Candide, plutôt avec la boule au ventre. Les paroles de Lazarus résonnaient dans son crâne, ne voulaient pas sortir, il mentait, elle ne pouvait pas y croire, Espoir survivait quelque part, elle en était sûr.

D’ici quelques heures elle ralliera Wangchao Cheng. La navette suivait son chemin à travers son tube. Guidée par un mécanisme aimanté, elle n’était soumise à aucun frottement, elle lévitait dans son tunnel à une allure impressionnante. Quand les navettes survolaient les mégalopoles, elles ne dépassaient pas les soixante km/h, quand elles les quittaient… elles atteignaient les 1200 km/h.

Il était difficile d’apercevoir le moindre paysage de ce fait. De plus, la région de Baffin, reliant les deux villes, n’était constituée que de vastes étendues de sables, sans aucune vie, ni végétale, ni animale… alors de nuit qu’y avait-il à voir ? La désolation ?

Dans son wagon, pas grand monde, peu de personnes pouvaient se permettre d’acheter un billet vers Wangchao. Ceux qui avaient les moyens se contentaient plutôt de prendre l’Archange la journée. Qui d’autres que les louches pour l’emprunter de nuit ? Un peu comme ce type à l’air soucieux à quelques sièges de Lavande. Depuis le début du trajet il ne cessait de se gratter, de défaire et refaire son col, de vérifier la totalité de ses bagages. La stip’ ne mit pas longtemps avant de comprendre qu’il était en fuite,

sans doute un pecno de Junt Acre qui a décidé de tout plaquer pour se lancer dans la vente de neurosensors, ces putains de puces à joies.

Elle n’y avait jamais touché, c’était des saloperies, des nids à hexaneurodégénérescence une fois que les neurones subissent l’accoutumance. Autrement nommé l’HDG, ce virus avait la particularité d’être le seul à pouvoir toucher le cyberol’ et le corporel en même temps. Pendant que tes amélio’ se mettent en vrac, ton cerveau s’atrophie.

La cause était inconnue, par ailleurs le terme de virus était souvent discuté par les spécialistes, le consensus s’accordait plutôt sur une sorte de maladie auto-immunitaire. L’hypothèse préférée était celle des anticorps finissant par confondre le cerveau avec les cybérol’. Mais bon, Lavande n’y comprenait pas grand chose à ces conneries. Tout ce qu’elle sait c’est que ses foutus yeux lui procuraient un mal de chien.

Elle se souvient de ce médecin chez les Ming, il lui avait prédit une HDG si elle continuait à utiliser son Yǎnjīng défectueux…

le même connard de docteur qui me l’a implanté.

C’est cela la cause de son licenciement : pour sa protection. Ils n’avaient rien trouvé de mieux. Ses pertes de mémoire ? Précurseur de l’HDG, tout sur le dos de l’HDG, toujours comme réponse : l’HDG.

Lavande attrapa son sac au-dessus de sa tête, elle en sortit un mini flacon grisâtre. Elle le secoua et en plaça quelques goûttes dans ses yeux. Elle ne verrait plus rien pendant une bonne heure… c’était bien le seul moyen d’éviter la douleur.

Une figure d’un lointain souvenir… qui était-ce ? Petite, brune, yeux noisettes… si proche d’elle. Rhae, elle se souvint, Rhae… mais qui était elle ? Elle était si petite, voilà, une amie d’enfance.

Sa bouille apparaissait, elle l’aimait beaucoup, elles jouaient toutes les deux dans un petit endroit tout gris. C’était leur maison, toutes deux, elles y avaient même emmené leurs poupées : celle de Lavande était toute grise, faite de papier toilette et d’aluminium, elle lui avait dessinée des cheveux et des yeux. Celle de Rhae était toute rose… elle n’avait pas pris soin d’y mettre de l’aluminium.

Beaucoup d’aventures, les PQ ambulants étaient commissaires, puis grandes mafieuses, puis princesse de l’ex-Monde, parfois même aventurière au-delà de NV…

Elle riait beaucoup Rhea, c’était sa meilleure amie.

Mais un jour Rhea n’était pas revenue.

Tony était venu à la maison le même jour, il pleurait beaucoup.

On m’a expliqué, je n’avais pas compris… puis Tony m’a pris dans ses bras, j’ai bien cru que j’allais m'étouffer.

Lavande sursauta, la navette ralentissait, signe d’arrivée sous peu de temps à Wangchao. Une fois étirée, elle attrapa machinalement toutes ses affaires, ainsi que son chapeau. Mais elle ne le mit pas de suite, elle attrapa plutôt l’image à l’intérieur.

Tony, moi et…

Les deux petites filles, se ressemblant comme deux face d’un miroir, portaient chacune une poupée, l’une rose, l’une grise.

Une goûtte tomba sur le papier.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire C.K Renault ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0