Un rendez-vous inattendu

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C’est avec le cœur rempli d’émotions que je rentre chez-moi. Je m'assois directement sur le canapé, et me refais le film de la journée. Mon nouveau travail, mes nouvelles rencontres… Et lui. Monsieur James. Je n’arrive pas à comprendre comment j’ai pu perdre autant mes moyens face à lui. Alors certes, il est vraiment attirant physiquement, mais quand même ! Quelque chose chez lui m’a profondément déroutée.

Je suis épuisée. Je me lève en direction de la salle de bain, me déshabille, et me douche. Je la prends chaude cette fois-ci, après une journée riche en émotions, elle me fera du bien. Je laisse l’eau glisser sur mon visage, les yeux fermés. Je repense à mon ex, aux coups réguliers qu'il m'infligeait … à cette idée, je croise les bras contre ma poitrine. La violence de ses poings contre mon corps... quelques larmes finissent par couler de mes yeux. Je me demande comment cette histoire se serait terminée si je n’avais pas fui.

Je reste un long moment pensive. Je ne peux définitivement plus m’attacher. Après un grand moment de réflexion, je coupe l’eau, saisis une serviette, et me sèche. Je me place ensuite devant le miroir et j'observe mon visage. Il y a encore quelques mois, il était couvert de bleus et de sang. Physiquement, à part une cicatrice sous l’œil je n’ai plus rien d’apparent, mais les blessures existent toujours, au fond de mon âme. Je me sèche les cheveux avec la serviette, me coiffe, et enfile une tenue décontractée. Je ne veux pas regarder mon visage plus longtemps, il m'est devenu insupportable.

Je marche lentement vers la cuisine et me réchauffe un plat préparé, puis prends mon ordinateur. En regardant les actualités du jours, je tombe sur un article qui parle du PDG de mon entreprise. Curieuse, je décide alors de le lire. Je tombe sur sa photo et en défilant plus bas, je me rends compte que c’est une interview concernant sa succession dans la boîte. Le journaliste lui pose beaucoup de questions concernant l’état de santé de son père, qui semble être atteint de troubles de la mémoire. Il en parle avec beaucoup de respect et d’admiration. Il a l’air très proche de sa famille et je trouve ça admirable. Depuis la fin de ma relation avec mon ex, j’ai perdu tout contact avec mes proches. Ils ne m’ont jamais crue concernant les violences conjugales que je vivais au quotidien. Ils me traitaient de folle, ou de paranoïaque. C’est vrai qu’il savait bien cacher son jeu, on ne peut pas le nier. Après une énième agression, j’ai décidé de tirer un trait sur tout ça, et de tout recommencer à zéro. Je suis donc partie dans une nouvelle ville, avec l’idée de me reconstruire. Mais c’est plus dur que prévu. Ma famille me manque, même si une partie de moi lui en veut terriblement. Je repense souvent aux moments que nous passions ensemble, aux repas de famille qui s’éternisaient jusque tard dans l’après-midi, à se remémorer des souvenirs d’enfance, à se raconter des blagues… Je les ai tellement aimés…

Les larmes me montant aux yeux, je décide d’éteindre mon ordinateur. Mon plat m’attend dans le micro-onde, mais je pense que ce soir je n’aurai pas d’appétit. C’est donc le ventre vide et les idées noires que je décide d’aller me coucher. Je règle le réveil et m’endors péniblement.

                    ***

Mon réveil sonne depuis quelques minutes. Je peine à ouvrir les yeux. Je l’attrape et l’éteins avec difficulté. J’ai encore sommeil. J’ai passé une bonne partie de la nuit à pleurer, et je constate devant mon miroir que mes yeux sont rouges et gonflés. J’espère ne pas croiser trop de monde aujourd’hui au bureau, qu'on ne remarque pas la mauvaise mine que j’ai. Je me prépare rapidement, en faisant l’impasse sur mon café. Je le prendrai en arrivant, je n’ai plus de temps à perdre.

Je sors de mon appartement et refais le même trajet que la veille, pour arriver à destination. Je reprends mon souffle, et entre dans le hall. Je passe devant l’accueil. Une voix de femme résonne alors :

- Bonjour Kimi ! Comment tu vas aujourd’hui ?

Je m’arrête, et me retourne. Il s’agit de Zoé, qui me regarde, toujours aussi ravissante, grand sourire aux lèvres. Les autres hôtesses sont occupées à renseigner des personnes, mais elles me font tout de même un signe de la main pour me saluer, ce que je rends immédiatement avec un sourire qui, je l’espère, paraît naturel. Je réponds alors à Zoé :

- Bonjour Zoé ! Je vais bien, et toi ?

Elle se rapproche de moi :

- Je vais très bien, merci ! Mais… tu as une petite mine ! Tu n’as pas bien dormi ? Me dit-elle, les sourcils froncés

Merde. Je prends un air détendu et lui dis d’un ton joyeux :

- J’ai bien dormi, ne t’en fais pas, je n’ai juste pas eu le temps de boire mon café.

- Mince… Tu peux te rendre au troisième étage, il y a la salle de pause avec une cafetière ! Lilia en a fait couler en arrivant, n’hésite pas à prendre une tasse et à te servir ! Tu peux en prendre une sur l’évier sans problème.

- Merci beaucoup Zoé, c’est gentil.

Elle me sourit gentiment puis retourne à son poste. Je continue mon chemin, prends l’ascenseur, et appuie sur le bouton pour monter au sixième étage, afin de poser mes affaires dans mon bureau.

Arrivée dans le hall, je marche doucement et passe devant la porte de monsieur James. A cette vue, mon cœur se met à palpiter de plus en plus rapidement. Je ne m’arrête pas, et ouvre rapidement la porte de mon bureau. Pourquoi est-ce-que ça me reprend ?! Je décide de stopper ma pensée et d’ôter ma veste, puis je m’installe derrière mon ordinateur. Je l’allume et consulte ma messagerie. J’ouvre le premier mail quand quelqu’un frappe à la porte. Je sens mes joues rougir. Et si c’était monsieur James ? Je fais une prière rapide et dis à la personne d’entrer. La porte s’ouvre, mon regard est figé, craignant de le voir apparaître.

- Bonjour mademoiselle Leroy ! Comment allez-vous ? Comment s'est passée votre première journée parmi nous hier ?

Je souffle. Monsieur Garcia se tient devant moi, tout sourire. Je suis soulagée de le voir.

- Bonjour ! Je vais bien, j’espère que vous aussi ? La journée d’hier s’est bien déroulée, j’espère prendre mes marques rapidement.

- Parfait ! Bon… Je vous ai apporté quelques documents à traiter pour aujourd’hui. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous savez où me trouver !

- Oui, merci !

A ces mots, il pose sur mon bureau les documents puis referme la porte doucement derrière lui. Je les saisis, et commence à les lire. Après quelques minutes, je décide d’aller me chercher un café pour me réveiller un peu, sentant mes yeux vaciller.

Je vais donc en direction de l’ascenseur, passe devant le bureau du PDG, le cœur palpitant. Si je n’arrive pas à me contrôler, je pense que ça va poser des problèmes pour mon travail… je dois me ressaisir !

J’arrive au troisième étage, et découvre une grande salle lumineuse, avec une télévision, des livres, des distributeurs de nourriture et boissons, et la fameuse machine à café. Je remarque un homme en train de se servir de la cafetière. Timidement, je m’approche de lui, afin d’attendre mon tour. Quand il se retourne, il sursaute, et en renverse par terre.

- Fait chier ! Dit-il en haussant le ton.

- Excusez-moi ! Je ne voulais pas vous faire peur, je voulais juste me servir un café… Dis-je, en allant saisir un essuie-tout pour nettoyer les tâches.

L’homme me regarde, se calme instantanément, et me répond avec un rire gêné :

- Non, ne vous excusez pas ! J’aurais dû faire plus attention ! Je vais nettoyer ça, ne vous en faîtes-pas !

Il attrape mon poignet, et saisit le papier de ma main. Nos regards se croisent, et il s’empresse de nettoyer le sol. Je le regarde faire, gênée par cette situation. L’homme qui se tient devant moi doit avoir dans les vingt-cinq ans je dirais. Il a une belle apparence physique, des cheveux blonds décolorés, et un visage doux. Il se relève et me regarde :

- Je m’appelle Eden, je suis en formation pour devenir journaliste. On peut peut-être se tutoyer ? On a l’air d’avoir à peu près le même âge !

- Oui, si tu veux ! Je m’appelle Kimi, je suis la nouvelle correctrice. Je suis là depuis hier.

- Oh d’accord ! Tu dois travailler au sixième étage alors, à côté du bureau de Manoé !

Je plisse les yeux un instant, et reprends :

- Manoé ? Qui est cette personne ?

Eden sourit :

- Le grand patron. Monsieur James si tu préfères !

Mon cœur s’emballe de nouveau. Manoé ? Il s’appelle donc comme ça… Je ne réponds pas sur l’instant. Il prend mon poignet et glisse dans ma main sa tasse de café. Je le regarde, surprise. A la vue de mon visage perplexe, il se met à rire, puis dit :

- Je suppose que tu n’as pas de tasse… Ne t’en fais pas ! Je n’ai pas bu dedans si ça peu te rassurer ! J’en ai une autre, tu n’auras qu'à me la rendre quand tu n’en auras plus besoin. Tu me trouveras au quatrième étage, pas loin du bureau de monsieur Garcia, si tu vois qui il est bien-sûr…

Je lui souris, puis lui répond gentiment :

- Merci beaucoup, c’est vraiment sympa de ta part. Je te la rapporterai sans faute !

Il m’adresse un dernier sourire, puis quitte la salle de pause.

Je le regarde s’en aller. Une question me vient alors en tête, comment se fait-il qu’il connaisse son prénom ? Je pensais que Monsieur James ne parlait à personne…

Je retourne à mon bureau, quand je croise monsieur James dans le couloir. Il me regarde, sans un mot. Je baisse les yeux vers le sol pour camoufler mon visage cerné. Je marque une pause devant lui, le salue rapidement par un mouvement de tête, puis reprends ma route immédiatement.

- Kimi ?

Je sursaute et me tourne aussitôt dans sa direction :

- O… Oui ?

Il s’avance vers moi d’un pas lent, son regard toujours plongé dans le mien puis s’arrête. Il fixe la tasse que je tiens dans les mains.

- D’où… tenez-vous cette tasse ? Dit-il, les sourcils légèrement froncés, sur un ton glacial.

Je lui réponds timidement :

- Je suis allée en salle de pause me prendre un café, un jeune homme me l’a prêtée.

Il me coupe la parole et dit:

- J’ai besoin de vous aujourd’hui. Je voudrais que vous m’accompagniez. Je vous attends dans dix minutes dans le hall d’entrée. Et…

Il me saisit la tasse que j’ai entre les mains. Mes joues rougissent immédiatement.

- Et… je vais prendre ça.

Il me regarde un instant, puis descend en direction du hall.

Je ne comprends pas cette réaction. Pourquoi m’avoir pris la tasse qu’Eden m’avait prêtée ? Et aussi pourquoi dois-je l’accompagner ?!

Le cœur battant à tout rompre, je regagne mon bureau et range mes affaires les mains tremblantes. Je peine à reprendre mon souffle mais je me dépêche de le rejoindre dans le hall.

J’arrive en bas, et aperçois Manoé. J’accélère le rythme pour le rejoindre, quand je remarque Eden, qui le fixe de loin. Monsieur James fait de même. L’atmosphère est étrangement pesante. Je les regarde un instant, puis me rends à ses côtés. Il prend mon bras fermement et me regarde quelques secondes. J’ai comme l’impression que son visage c’est assombri. Que se passe-t-il ? Il y a un problème entre Eden et Manoé ? Je n’ai pas le temps de réfléchir plus que ça à la situation, qu'il m’entraine rapidement vers la sortie.

Une voiture luxueuse de couleur noire nous attend. Me tenant toujours par le bras, il m’entraîne vers la portière arrière, puis me regarde avec intensité. C’est seulement à cet instant que je réalise qu’il me touche. Mon cœur se met à battre rapidement, mes joues sont pourpres. Il me lâche soudainement, se rendant compte de la situation. Le chauffeur vient à nous, et ouvre la porte.

Je le regarde, puis il dit :

- Vous pouvez vous assoir.

Je m’exécute aussitôt. Le chauffeur ferme derrière moi, puis Manoé s’assoit de l’autre côté de la banquette. Je sens à cet instant une vague de chaleur m’envahir. Il est si proche de moi… J’ai un mouvement de recul, je dois retrouver mon calme. Je ne dois pas oublier que tout ceci est professionnel. La voiture démarre, puis, nous partons.

Il n’y a pas un bruit. Je ne sais toujours pas où nous allons. Je jette des coups d’œil de temps en temps à monsieur James. Il consulte son téléphone. Je décide de briser ce silence pesant :

- Excusez-moi… Lui dis-je timidement

Il me regarde, je cherche mes mots, puis reprends :

- Où allons-nous ? Et surtout… en quoi puis-je vous être utile ?

- Je dois me rendre à un rendez-vous avec un journaliste. Il a écrit quelques chroniques et je voudrais avoir votre avis.

Je le regarde, perplexe :

- Mon avis ? Mais… je n’ai aucune expérience dans ce domaine, je corrige simplement les écrits…

Il me coupe alors la parole :

- J’ai pris connaissance de votre CV hier soir, et il me semble que vous avez une passion pour l’écriture, donc comme vous aimez ça et que vous êtes nouvelle ici, je voudrais avoir un œil nouveau. Je pense que ça pourrait être bénéfique pour le journal.

- Mais je pense quand même que…

- Ne vous inquiétez pas. Vous serez payée en conséquence.

Il reprend son téléphone, et coupe court à la discussion. Moi ? Pourquoi moi ? Un énorme stress m’envahit l’esprit. Il est vrai que j’aime lire, mais de là à avoir mon avis sur une chronique… je me demande comment il peut me donner sa confiance en si peu de temps. Moi qui ai perdu toute confiance en moi… mais il ne semble pas me laisser le choix. Si je refuse, je vais sans doute passer pour une incompétente. Peut-être qu’il souhaite tester ma motivation ?

Quelques minutes plus tard, nous arrivons devant un grand restaurant étoilé. Je suis surprise. Il ne va quand même pas m’inviter à manger ?! A cette idée, mon cœur manque un battement. La voiture s’arrête, puis le chauffeur m’ouvre la portière. Je descends, le cœur battant à toute allure. Manoé descend à son tour et me fixe.

- Bien. Allons-y. Dit-il

Il marche en direction du restaurant. Je le suis, nerveuse.

Nous entrons et à cet instant, un serveur nous place à une table. Je me retrouve en face de mon patron, autour d’une table luxueuse. Je sens l’émotion me submerger. Je n’ose pas le regarder, croise les bras et attends qu’il brise le silence.

- Prenez la carte en face de vous, et choisissez ce que vous voulez. Dit-il.

- Da… D’accord… merci.

Je prends la carte et choisis le plat le moins onéreux. Le serveur arrive, et prend nos commandes. Il regarde sa montre puis me dit :

- Il ne devrait pas tarder à arriver.

Je le regarde sortir à nouveau son téléphone, puis nous restons là, à attendre. Le serveur nous amène nos plats, et nous commençons à manger, silencieusement. Quelques minutes plus tard, son téléphone sonne.

- Je reviens, un instant , dit-il, se levant.

Je le regarde s’éloigner. Je pose mes mains sur mes joues, et constate qu’elles sont brûlantes. Vivement que le journalise arrive, je ne suis vraiment pas à l’aise. Je balaye la salle du regard comme pour trouver une issue pour m’enfuir. Un instant plus tard, Manoé refait son apparition. Son visage est tendu. Il s’assoit devant moi nerveusement :

- Le journaliste ne viendra pas, il a un empêchement de dernière minute…

A ces mots, je manque de m’étouffer avec ma viande. Je tourne la tête et tousse plusieurs fois. J’ai envie de courir vers la sortie. Mon cœur s’emballe. Donc le rendez-vous professionnel tourne en rendez-vous en tête à tête ?!

- Tout va bien ? Dit-il en me tapotant l’épaule, l’air inquiet.

- Oui, merci…

Il me sourit alors. Son sourire me transperce le cœur. Je n’arrive plus à contrôler mes émotions. Les battements que je ressens sont de plus en plus intenses. Il reprend alors :

- Bon… comme nous sommes là, nous devrions finir notre repas et faire connaissance.

Mon regard est figé sur lui. Il veut faire connaissance avec moi ?! Mes joues sont en feu. Je baisse alors mon visage pour essayer de les camoufler un peu.

- Que… que voulez-vous savoir de moi ? Lui dis-je, d’une voix tremblante.

- Ce que vous voudrez. Je suppose qu’étant votre supérieur vous n’allez pas me raconter votre vie…

Il marque une pause, puis continue :

- Comme je vous l’ai dit, j’ai regardé attentivement votre CV donc je connais le minimum de vous. Mais si vous voulez m’en dire d’avantage, je vous écoute…

Mes yeux s’ouvrent en grand.

- D’avantage ? Que… que voulez-vous dire ?

Son regard vient se plonger dans le mien, il rit un court instant :

- Je ne voulais pas vous mettre mal à l’aise. Je peux commencer à parler de moi si vous voulez, ensuite ce sera votre tour, qu’en dites-vous ? Si je le fais en premier, vous serez sans doute plus à l’aise.

Mon cœur s'emballe. J’acquiesce d’un léger signe de tête, et plante ma fourchette dans mon plat de viande. Je dois me dépêcher de finir pour écourter cette discussion. Je n’aime pas la tournure que prend ce rendez-vous professionnel. Je suis en train de perdre mes moyens, et surtout, je déteste parler de moi. Que quelqu’un me sauve, je veux rentrer !

- Vous m’avez dit votre prénom, alors je vais en faire de même. Je m’appelle Manoé. J’ai repris la direction de l’entreprise à la suite d’un problème de santé de mon père, mais je pense que vous en avez déjà entendu parler. Il y a un article qui est paru il n’y a pas longtemps sur ma succession. Il faut dire que depuis que je suis à ce poste, c’est devenu difficile de garder un certain anonymat. Le plus dur c’est de devoir toujours faire attention à ce qu’on fait et dit…

Je l’écoute comme une enfant à qui l'on apprend la vie. Il parle calmement et ne cherche pas ses mots. J’ai comme l’impression que parler lui fait du bien:

- Il y a des tas de gens qui pense que je suis une personne froide. Sans sentiments pour les autres, qui ne pense qu’à son entreprise et son argent. C’est sans doute ce qu’on vous a raconté sur moi au journal… mais je pourrais vous surprendre…

Son regard devient pétillant. Je suis bloquée sur son visage. Il s’arrête un instant de parler, comme pour attendre une réponse, mais j’ai envie de continuer à entendre sa voix. Elle est si agréable… Me voyant rester sans un mot, il continue :

- Vous avez l’air réservée. Je me trompe ?

Le visage rouge, je lui réponds :

- Réservée ? Je… vous donne cette impression ?

Il sourit :

- Votre visage change souvent de couleur, et vous ne me regardez pas souvent dans les yeux… pourquoi ?

Mon cœur s’emballe… il a remarqué qu’il m’impressionne… lèvres tremblantes, je peine à répondre :

- Mon… mon visage ? Heu… je… je ne me rends pas compte…

Il me coupe :

- Néanmoins, ça vous rend attirante et j’ai envie d’en savoir plus sur vous.

Je suis pétrifiée. Ais-je bien entendu ? Il se lève :

- Nous en reparlerons. Je pense que ça suffit pour aujourd’hui.

Il me regarde avec insistance, et je comprends que le rendez-vous se termine. Dieu merci. Je me lève, et nous regagnons la voiture.

Nous sommes assis l’un à côté de l’autre, le calme s’installe jusqu’à ce que nous arrivions à destination. Quand la voiture s’arrête, je me hâte de saisir la poignée pour sortir, quand il me tient immédiatement le bras pour me stopper.

Je tourne la tête vers lui, il plonge intensément son regard dans le mien. Des frissons viennent me parcourir le corps.

- Permettez-moi de vous revoir. Un rendez-vous en oubliant que je suis votre supérieur, où nous pourrons parler d’égal à égal.

Aucun son ne sort de mes lèvres. S’en est trop, il faut que je sorte. N’ayant aucune réponse, il me lâche, et je bondis hors de la voiture, le cœur hors de contrôle.

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