Une visite réconfortante

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Je ferme la porte, et ne bouge plus. Je suis sous le choc de sa réaction. J'ai imaginé toutes les réactions possibles, qu'il aurait pu avoir, mais je n'aurai jamais pensé qu'il réagisse de la sorte... là, il m'a vraiment expédiée.

Alors voilà, je n'ai été qu'une passade. Juste un joujou en attendant qu'il passe la bague au doigt de sa fiancée... je me sens vraiment trahie, et salie.

Je m'assieds derrière mon bureau, et pose la tête entre mes bras. Luca avait raison... je suis vraiment conne. Comment j'ai pu réellement croire qu'il s’intéressait à moi ? Nous venons de deux mondes différents, et il est clair que je ne fais pas partie des femmes avec qui il peut envisager une véritable relation... Eden m'avait prévenue, mais j'ai décidé de foncer dans le mur, en oubliant à qui j'avais affaire... Je reste un moment immobile. Je n'arrive même plus à pleurer...

Je suis fatiguée de toutes ces histoires... et vraiment, je commence à en avoir marre d'avancer, et de chuter à chaque fois. Peut-être que si j'en finissais, là, tout de suite, je trouverais enfin la paix...

Je relève mon visage, et me mets au travail, sans prendre de pause. Je suis au plus bas, et la seule raison que j'avais d'avancer viens de me rejeter. Si Luca veut me supprimer, qu'il le fasse, et vite. Je ne me débattrai plus.

Je ne regarde pas les heures passer, je travaille sans pouvoir m'arrêter. Au moins, quand je suis plongée dans mes lectures, je ne pense plus, et ne réfléchis plus.

Tout-à-coup, ma porte s'ouvre. Eden se trouve face à moi, et me fixe. Je le regarde un instant, puis continue à travailler. Il avance vers moi, et pose sa main sur la mienne, pour me stopper. Je retire ma main brutalement, et continue à écrire.

 - Kimi... arrête-toi... il est tard...

Je ne réponds pas, et l'ignore complètement. Je ne veux entendre personne, je veux simplement qu'on me laisse tranquille. Il ferme alors brusquement mon ordinateur. Je prends mon visage dans mes mains, et ne bouge plus.

 - Kimi... Zoé m'a dit que tu devais avoir une discussion avec Manoé, ça ne s'est pas bien passé ?

Je prends une grande inspiration, et me lève, pour prendre ma veste. Eden me prend la main, pour m'arrêter. Je me tourne vers lui, les larmes aux yeux :

 - Eden... laisse-moi tranquille. Je suis fatiguée, j'en ai vraiment marre.

Il me regarde, avec un air vraiment triste, mais très doux en même temps. Je passe mes mains sur mes yeux, pour essuyer les larmes qui commencent à couler. Je me retourne, reprends ma respiration, puis commence à ranger mes affaires. Eden m'aide, sans dire un mot. J'enfile ma veste, éteins la lumière, et nous sortons.

Nous passons devant le bureau de Manoé, et à cette vue, je m'arrête. Eden me prend par la main, et me caresse doucement le bras, pour me réconforter. Je ne m'attarde pas d'avantage, et reprends mes pas en direction de l'ascenseur.

Une fois arrivés en bas, nous marchons lentement en direction de la sortie.

 - Kimi... je te ramène ? Je n'ai pas vraiment envie de te laisser seule dans cet état...

Je me tourne vers lui :

 - Ça ira... ne t'en fais pas.

 - Je suis là pour toi... tu le sais, n'est-ce pas ?

Je lui fais un petit sourire :

 - Je sais... merci, Eden, pour tout ce que tu fais pour moi... mais là... il faut vraiment que je passe un moment seule...

Il me caresse tendrement les cheveux, et me sourit :

 - D'accord... je t'enverrai un message, répond-moi au moins pour me dire que tu es bien rentrée, sinon... j'aurai du mal à dormir...

 - D'accord, promis...

Il me caresse à nouveau le bras, et me laisse marcher seule, en direction de l'arrêt de bus. Je m'assieds sur le banc, totalement épuisée. Je pose la tête contre la vitre, et ferme les yeux. Je voudrais vraiment ne plus éprouver ces sentiments, qui sont devenus un fardeau.

Après quelques minutes, le bus arrive, je me lève alors pour y monter. Je m'assieds à une place, et mets mon baladeur en route. Je ne veux entendre personne. J'ai juste envie de rentrer, et de me couper de ce foutu monde.

Une fois arrivée à mon arrêt, je descends du bus, et marche doucement jusqu'à mon appartement. Quand j'arrive en bas de mon immeuble, je m'arrête, et me mets à pleurer. Je repense constamment à la façon dont Manoé m'a rejetée.

Je pose mes mains sur mes yeux, et ne bouge plus.

 - Tiens, tiens... qui voilà...

Je baisse mes mains brusquement de mon visage, et vois Luca, en face de moi, avec un large sourire, sûrement heureux de me voir dans cet état.

 - Bah alors... t'es triste ?

Il passe son pouce sous mes yeux, très lentement. Mon cœur s'arrête littéralement. Je ne peux plus bouger.

 - Tu veux que je te réconforte ?

J'ai un mouvement de recul, mais il attrape violemment mon poignet. Il me colle contre lui, et plonge son regard dans le mien :

 - Je peux aussi rajouter quelques larmes, si tu veux... je fais quoi, alors ?

Il passe une main derrière ma nuque, et me tient fermement. Mon corps est en train de trembler. Soudain, il se met à rire:

 - Non... c'est pas encore le moment... je préfère quand tu retombes de ton nuage, c'est bien plus drôle à voir...

Il me lâche, me fixe un moment, puis fait demi-tour. Je reste là, seule, complètement sonnée.

Je peine à reprendre mes pas, ayant les jambes qui tremblent, et ma respiration coupée. Ma vision est trouble, et je n'arrive pas trop à distinguer mon chemin.

Je m'assieds alors par terre, quelques minutes, pour retrouver un peu mes esprits.

Après un bon moment, je me relève, et vais enfin retrouver mon appartement. J'ouvre la porte, pose mes affaires au sol, et vais en direction de ma chambre.

Je me laisse tomber sur mon lit, et me mets à pleurer, sans pouvoir m'arrêter. J'ai l'impression que je vais vider mon corps. Impossible de me stopper. Je ne sais pas combien de temps je passe à pleurer, mais ça me paraît être une éternité.

Après un bon moment, j'entends quelqu'un frapper à ma porte. Je ne réagis pas, je n'ai vraiment pas la force de me lever. Quelques minutes passent puis, la sonnette retentit. Je passe alors une main sur mes joues pour essuyer mes larmes, et vais en direction de la porte d'entrée, pour ouvrir.

J'ouvre doucement la porte, et vois Eden. Je le fixe, sans rien dire :

 - Kimi... je suis désolé de venir comme ça... mais j'ai essayé de t'appeler plusieurs fois, et tu ne m'as pas répondu, alors j'étais vraiment très inquiet... je sais que tu ne veux pas de visite mais...

Je le prends soudainement dans mes bras.

Eden ne bouge plus.

Il est comme pétrifié, sur place.

Je le serre de plus en plus fort, et me remets à pleurer.

 - Ki... Kimi...

Je suis hors de contrôle, je n'arrive plus à cacher ma souffrance.

Il me prend alors dans ses bras, et passe une main derrière ma tête. Il me tient fortement contre lui, et caresse mes cheveux.

 - J'en... j'en peux plus... Eden... j'en... peux plus...

Il ne répond pas, et continue de me serrer contre lui. Je peux sentir son cœur tambouriner à toute vitesse dans sa poitrine.

A cet instant, j'ai vraiment besoin de réconfort... et sentir ses bras contre moi me fait beaucoup de bien. Nous restons un long moment, comme ça, sans rien dire. Juste lui, et moi.

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