Ô Elle que j’aime tant…

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Je la cherchais, Elle devait être là pourtant. Toutes les nuits Elle était là. Il me suffisait de lever les yeux, au bon endroit, au bon moment. Mais rien à faire, malgré la vue panoramique, rien. Alors je suis repartie, le regard vers le sol, sombre comme ce ciel sans Elle. Si je n’avais pas été éblouie par sa lumière, lorsque d'un mouvement Elle replaça sa capuche… Mon dieu, devrais-je dire ma Déesse. Évidemment je ne l’aurais su, mais qu’est-ce que ma vie aurait été differente.

-Est-ce toi ? Excuse-moi, je me permets de te tutoyer. Tu fais partie de ma vie depuis si longtemps. Le sourire que tu m’offres, ou parfois les larmes tant tu es belle. Sais-tu à quel point je t’aime ? Oh, si vous préférez que je vous vouvoie, n’hésitez pas. Pardon, je parles trop.

-Oh, jeune enfant, ton enthousiasme me touche. Ne reste pas là, viens donc t’asseoir au prés de moi.

-Mais avec joie, quel honneur vous me faites !

Je ne pu la quitter des yeux une seule seconde. J’avançais prudemment, jusqu’à me trouver à côté d’Elle. La sensation était étrange, comme une brise, alors qu’il n’y avait pas de vent. Il y avait une odeur aussi. Difficile à décrire, cela aurait pu être l’inverse de l’océan, de façon tout aussi grandiose, mais sombre, doux, éthéré. Tout comme le furent mes yeux, c’est à présent mon corps, qui se sentait magnétisé par Elle.

-Cela fait quelques années que je t’ai remarqué.

-Vous pouvez nous voir de là-haut ?

-Pas tous, mais certains oui.

Je perçus un sourire dans sa voix.

-Je pensais que nous ressemblions à des fourmis, même encore plus petit j’imagine, mais aucun mot de me vient à l’esprit.

-Sais-tu pourquoi je te vois, toi ?

-Oh, eh bien… surement parce que je viens vous admirer chaque soir, que même diurne, je ne peux m’empêcher de vous contempler. Que vous remplissez mon cœur d’un amour si pure…

-En partie oui, mais pas seulement, et tu te trompes dans l’ordre des choses. Quand je t’ai dis que je t’avais remarqué, tu ne t’ai pas gonflé d’orgueil, tu n’as pas demandé "pourquoi moi ?" Tu as pensé à tous. Tu as dit que je remplissais ton cœur d’un amour pur, mais c’est l’inverse. C’est la pureté de ton regard, de ton âme, de ce qui vit en toi, qui créer cet amour. Comprends-tu ?

-Oui je crois. Mais cela ne change pas grand chose après tout. Beaucoup vous aime avec autant de ferveur, certains vous connaissent mieux, vous étudient, vos cycles, vos phases, font des rituels, tout un tas de choses. Moi je vous admire simplement.

-Tu m’admires, tu me remercies, tu me souries, tu t’émeut, tu t’émerveilles. Sais-tu à quel point c’est plus puissant que tout ce que tu viens de citer ?

-Comment cela pourrait-il l’être ? Ça ne me demande rien, eux investissent beaucoup en eux même, en vous.

-Eux, me demandent. Toi, tu m’accueilles. Ils y en eu d’autres avant toi. Je suis venue les voir, je leurs est fait une proposition.

-Laquelle ?

-Repartir avec moi.

-Dans les cieux ?

-Oui, devenir une étoile. Ou plutôt, en rester une… Mais, ailleurs. Car si je peux te voir, c’est parce que ta lumière brille jusqu’à moi.

-Je suis une étoile ? Le soleil de son petit système ? Et tu me demandes de venir avec toi ? Mais qu’adviendra-t-il du système ?

-Ils ne t’écoutent pas. Ils te montrent du doigt. Ils traitent ta lumière comme une tare, ils font tout pour t’éteindre, et ils ont presque réussi. Pourquoi t’inquiéter pour eux ?

-Mais si je pars, ils resteront à jamais dans le noir.

-Pourquoi t’infliges tu ça ? Pourquoi penser à eux ? Avec moi tu pourras briller pleinement, plus encore qu’ici. Tu n’éblouira personne, tu n’auras qu’à être.

-Si toi, la Lune, le plus divin des astres, est descendu sur Terre pour m’annoncer que j’étais une étoile. Je ne pourrai me pardonner de partir.

-Te pardonner de quoi ? C’est ta place.

-Oui, et il y a une heure, je t’aurais suivis avec le plus grand des bonheur. Mais je ne peux plus, car maintenant je sais. Je dois rester, tu viens de m’offrir une raison d’être, un sens à mon existence.

-Ô enfant…

Le magnétisme se fit moins fort, mais la brise prit de l’ampleur. Je sentis une caresse sur ma joue, un léger goût iodé sur mes lèvres, déposé comme un baiser.

-Aussi longtemps que tu pourras lever les yeux pour me voir, l’offre tiendra. N’oublie jamais.

Et ainsi, Elle disparut.

Je l’observe toujours autant, parfois je sens son odeur qui se love autour de moi. Il m’est souvent arrivé de vouloir en finir, mais dès que je lève les yeux vers Elle… Tout me reviens, et je souri, les yeux brillants, le coeur lourd. Elle est devenue mon espoir de sortie, autant que ce qui me fait rester ici.

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