La dernière chance

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Je suis au bout de ma vie, celle-ci n’a pas été tendre avec moi ces quinze dernières années : perte d’emploi, perte de mes rares amis, décès de mon père annoncé par ma tante alors que je séjournais dans un hôpital de jour, ce fut un choc assez retentissant pour que l’on m’expédie en hôpital psychiatrique, ce n’était ni mon premier ni mon dernier séjour là-bas… Je ne vais pas m’attarder sur les problèmes d’argent, dans ma situation c’est presque inévitable. Ceci n'est qu'un résumé, partiel de mes galères, ah si j’avais une machine à remonter le temps, combien de fois me suis-je répété cette phrase ! Mais il faut se battre contre les coups de pute de la vie, sinon on est bon pour être jeté au fond d’un trou ou réduit en cendres, que des mains négligentes disperseront.

J’ai souvent pensé au suicide même si je viens de dire qu’il faut lutter, j’y ai juste pensé, mais l’envie était forte. Des événements bien plus traumatisants me sont arrivés et ont fracassé ma tête comme un mannequin de crash test. Comprenez mon envie d’en finir.

Je sors peu de chez moi, je n’enfile mes baskets que pour aller faire des courses. Au magasin LIDL, ils ont des arrivages d’un peu de tout et de n’importe quoi : des vêtements, des perceuses, des minis-fours… Je ne m’attarde jamais sur ces choses-là en général, mais cette fois, en passant dans un de ces rayons, mon regard a été attiré par une drôle de combinaison, sur l’étiquette j’ai lu machine à remonter le temps. J’ai d’abord cru à une plaisanterie, un vendeur m’a affirmé qu’il s’agissait bien d’une telle machine et que c’était la dernière en vente. J’ai demandé quel était son prix, il m’a dit 500 euros, normalement c’est 5000 euros, mais celle-ci était défaillante et ne permettait pas de revenir dans le temps. Un sourire me traversa le visage et même si j’avais à peine cette somme, je l’ai achetée.

De retour à mon domicile, je me suis jetté sur la « machine » qui ressemblait plus à un vieux scaphandre pas très élégant. Contrairement à ce que j’avais pu croire, la notice n’était pas plus longue que celles que l’on peut trouver dans les boites d’iPhones, c’est dire la concision des informations… Comme dans le film « Retour vers le futur », il suffisait d’entrer la date de destination temporelle et d’appuyer sur un bouton, restait à se faufiler dans la combinaison, ce qui n’était pas chose facile. Une fois installé dans cette espèce de cercueil, j’entrais les informations temporelles, et cela m’a pris un temps fou pour bien choisir car je n’aurai pas d’autre chance.

Mon choix s’est porté sur une période antérieure à la rencontre avec mon ex-compagne. J’estime qu’une bonne partie de mes malheurs sont de son fait. Je me reconstruirai une vie dans mon passé, et empêcherai mon moi de cette époque de rencontrer celle qui deviendra sa petite amie, une harpie qui le fera souffrir de multiples manières et le placera dans des situations peu enviables.

Avant de faire tout ça, j’ai dû traverser la France pour rejoindre ma région où il fait si bon vivre, et c’est à proximité de l’appartement de mon autre moi que je ferai le voyage aussi déterminant que définitif, l’ultime et unique manière de retourner dans une époque que je ne savais pas apprécier à sa juste valeur.

Je me demande ce que ce changement va engendrer dans le futur, je m’en contrefiche à vrai dire, ce futur est derrière moi.

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