21. Expérimentations (partie 2)

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Il s’arrêta un peu avant midi.

— Bon, je pense que nous avons notre compte. Je vais faire à manger.

— Je vais changer mon truc, dis-je.

Je m’éloignai en longeant les murs de mes doigts et trouvai la salle d’eau. Amusée par le côté aveugle, le laissai mes doigts suivre les mobiliers jusqu’à la boîte d’éponge. Mes jambes heurtèrent la cuvette des WC, plus proches qu’attendue, et je m’installai. Je plongeai le majeur pour chercher l’éponge, et la retirai sans aucune difficulté. J’en plaçai une nouvelle, puis cherchai du pied la poubelle pour y laisser tomber celle gorgée de sang. Je n’eus aucun mal à trouver l’évier, mon gant, ma serviette. Une fois les mains propres, je rejoignis le salon à l’aveugle. Mes doigts gardèrent un contact avec le mur jusqu’au plan de travail, et j’humai l’odeur fraîche des légumes qu’Arcan découpait. Je trouvai son épaule, et me guidai contre son dos. Je posai mon menton dessus et m’amusai à deviner ses gestes.

Il me guida et m’assit sur la chaise :

— Reste ici, sois sage.

— Wouf ! plaisantai-je.

— Puisque tu me tentes.

Il tendit la chaîne et l’attacha au pied de la chaise. Je pinçai les lèvres de gourmandise.

Je dus attendre qu’il eût finit, puis ce fut à l’aveugle avec ma fourchette et mon couteau que je goûtai le veau, tendre et parfumé qu’il avait cuisiné. Ce fut la partie la moins aisée et nous parlâmes peu.

— Je suppose que tu veux un café. — J’acquiesçai du menton. — Tu peux parler.

— Je m’habitue à mon personnage.

— Je vois ça. Tu aimes être Muse, je me trompe ?

— Non. Enfin, oui, j’aime être Muse.

— As-tu aimé que le facteur te voie ?

— Non.

— Ça t’a déplu ?

— Ni chaud ni froid.

J’entendis sa chaise racler, et sa main se posa sur ma jambe.

— Avance-toi un peu et ouvre.

Mes fesses s’avancèrent sur le rebord et mes genoux s’écartèrent l’un de l’autre. La laisse m’obligea à garder les épaules en arrière.

— Plus grand.

Mes cuisses s’alignèrent. Ses doigts glissèrent sur ma peau, jusqu’à la limite de mon intimité. Il caressa la peau de mon entrecuisse, silencieusement et je tentais de garder le contrôle des frissons délicieux que cela déclenchait. Il écarta mes premières lèvres puis il déclara en se levant :

— Il est temps pour moi d’apprendre à te connaître.

Ses pas s’éloignèrent, mais je gardais ma position offerte. Trente secondes plus tard, le parquet m’indiqua son retour. Un couvercle métallique bruissa, la chaise racla devant la mienne. Ses doigts glissèrent sur ma vulve, enduits d’un produit lubrifiant. Ils aidèrent mes pétales à s’épanouir puis son majeur tourna inlassablement à l’entrée de mon vagin sans y pénétrer. J’ignorais ce qu’il recherchait, mais cette exploration aussi curieuse que délicate me rendait complètement humide. Ensuite, entre le pouce et l’index, il étudia mes nymphes, comme s’il voulait les lisser. Mes narines échappèrent un soupir malgré-moi. Son index tapota la capuche de mon clitoris, me faisant sursauter. Puis il reprit, longeant les pétales, jouant à l’orée de mon vagin, s’enfonçant entre mes muscles d’une phalange seulement. C’était aussi étrange qu’apaisant. Je n’avais pas envie de me poser la question de pourquoi il faisait comme ça ou de combien de temps cela allait durer. Je me laissais aller et ma respiration s’approfondit d’elle-même. Il fredonna d’une voix calme :

— Voilà, c’est bien.

Ses doigts poursuivirent cinq secondes, ils étirèrent le masque de mon clitoris pour le faire darder puis m’abandonnèrent. Frustrée, je pinçai les lèvres, sentant bien qu’Arcan m’observait, attendant en silence mes réactions. Mon corps réclamant que l’exploration se poursuivît, un frisson inattendu agita mes cuisses. Arcan s’en réjouit :

— Parfait.

Ses doigts glacés se posèrent sur mes tétons tendus, provoquant un chatouillement agréable. Mon ventre se serra, puis il s’arrêta. Son bras nu passa contre ma taille puis ses doigts glissèrent dans le creux de mon dos et remontèrent la colonne vertébrale. Cette unique caresse me déboussola complètement, et mes jambes se refermèrent légèrement. Il chantonna avec amusement :

— Non, on résiste.

Son autre main glissa à l’intérieur de mes cuisses pour les ouvrir à nouveau. La première poursuivit sous mes omoplates, me volant des frissons délicieux. Je me cramponnai à la chaise et appuyai mes épaules sur le dossier en me cambrant. La main qui était dans mes cuisses caressa le cou que je lui offrais, descendit la courbe de mon sein. Ma bouche s’ouvrit à la recherche d’air. La main poursuivit sa descente et, du bout du doigt, il effleura mon clitoris. Mon corps entier se tendit sur la chaise, retenu par la laisse. Deux secondes et il s’arrêta. La main dans mon dos reprit sa quête de zones érogènes. Je ne souhaitais plus de préliminaire. Je voulais soit qu’il revint sur mon clitoris, soit qu’il me prît bestialement. Mon corps tremblait d’impatience, je me sentais brûlante. Lorsqu’enfin il revint sur mon clitoris, je me cabrai à me plier les vertèbres, m’étranglant avec le collier. Son doigt m’effleurait à peine, tournant autour de ma perle. Mon plaisir suintait, roulant jusque dans la raie de mes fesses.

— Petite pause, déclara-t-il.

Ses pas s’éloignèrent. Un couteau frappa une planche à découper. Mon esprit hagard sembla reconnaître le bruit d’un presse-agrume. Je gardai les jambes grandes ouvertes, avide qu’il poursuivît ce qu’il avait commencé. Et alors que le brasier de l’excitation tiédissait, le simple bruit de ses pas l’attisa.

— Tiens, des vitamines, c’est meilleur que le café.

Il posa le bord d’un verre sur mes lèvres et je bus doucement le jus d’orange qu’il venait de presser. Je me demandai s’il y avait dilué un aphrodisiaque avant de me dire que ça n’était pas nécessaire. J’hasardai une réponse :

— Merci.

— De rien. Moi je suis à l’eau.

Une goutte chaude tomba sur mon clitoris, me faisant sursauter. Puis une autre, et encore une autre, ruisselant entre mes nymphes et jusque dans le sillon de mes fesses. C’était divin ! Arcan poursuivit lentement, jusqu’à ce que mon corps se tendît. Sa chaise racla. Ses jambes nues glissèrent sous les miennes, puis son pénis se présenta. Je pinçai les lèvres pour savourer son retour en moi. Mes muscles fermés me donnaient la sensation de ne pas avoir été visitée depuis plusieurs jours. Il s’enfonça doucement, sans effort, jusqu’à ce que son bas ventre soit en contact avec mes fesses. Son pouce étira à nouveau la capuche de mon clitoris, et une nouvelle goutte d’eau chaude s’y écrasa. Je gémis alors que tout mon corps se contractait. Une nouvelle goutte, nouvelle torture d’extase, mon écrin étreignit son phallus. Encore une goutte, je gémis puis criai pour lutter contre l’effet dévastateur.

— Laisse-toi aller, mon cœur.

Le mot doux me fendit le cœur, la goutte qui suivit me foudroya. Je jetai ma tête en arrière, bouche bée pour respirer et les gouttes se suivirent en cascade. Mon corps entier tremblait. Il me laissa reprendre mon souffle et confia :

— T’es magnifique.

Son bassin recula, puis revint, m’arrachant un cri de volupté. Je le suppliai :

— Encore !

— Juste une fois.

Il sortit en entier, puis revint. Je criai et attendis qu’il décidât de la suite. Les perles d’eau reprirent. Je tremblai toute entière, en chevrotant, et alors que la houle de l’orgasme s’apprêtait à m’emporter, il s’arrêta. Un sourire dans sa voix me dit :

— Je crois que j’ai trouvé ta limite.

J’aurais pu prendre l’air de supplication que je voulais, mon masque l’avait déjà pour moi. Deux de ses doigts se positionnèrent et part et d’autre de mon clitoris et écrasèrent mes chairs pour le faire darder.

— Prête pour le final ?

— Oui, soupirai-je.

La cascade de goutte éclata sur mon rubis. Les vagues de plaisir déferlèrent, mon corps se banda par à-coups contre ma volonté, des orteils jusqu’aux oreilles autour du sexe de mon amant.

L’orgasme le plus dingue de ma vie !

Ses mains caressèrent avec légèreté ma poitrine gonflée de désir tandis que ses hanches allaient doucement pour le faire aller et venir en moi. C’était apaisant de langueur et il ne lui suffit que d’une minute avant de jouir. Son corps se tendit, ses caresses cessèrent, puis il se retira. Comme je ne bougeais pas, il murmura :

— Tu peux t’asseoir.

Je refermai mes jambes engourdies en ramenant mes fesses au fond de la chaise et il décrocha la laisse de mon collier. Il m’aida à me lever, posa un baiser sur mon épaule, puis me guida vers la salle d’eau. Un peu groggy, je me laissai déshabiller. Il termina par le masque. Je fermai les yeux pour ne pas être aveuglée et reculai sous la douche, invitée par son corps nu qui m’y poussait. Je ne savais pas comment décrire sans être vulgaire l’intensité de l’expérience qu’il venait de me faire vivre. Il laissa l’eau couler contre la vitre, alors je me blottis contre lui en écoutant le bruit de pluie qu’elle faisait. Lorsqu’elle fut chaude, il orienta la poire vers mon dos. Je restais lovée, remplie de gratitude. Il me recula, joignit mes mains et y versa du savon.

— Je te laisse faire. Après, on prend un café.

Il posa sa bouche sur la mienne, puis nettoya son sexe à demi bandé avant de m’abandonner. Bien que l’envie de passer trois heures sous la douche me tentait, je nettoyai mon intimité, puis me fis violence. Séchée, je m’habillai, retrouvai mes lunettes, puis le rejoignis. Le parquet récemment nettoyé me laissa deviner sur quelle chaise j’avais été initiée. Il sourit en me voyant marcher doucement.

— Ça va ?

Je voulais être honnête et le remercier.

— J’ai… Je n’ai jamais fait ce genre de… Avec de l’eau et… enfin, c’était super. Je veux dire c’était une découverte. Je ne savais pas qu’on pouvait.

— Quand on a de l’imagination, il faut juste trouver la fille qui accepte d’essayer la nouveauté.

— Il y en a qui ont refusé ?

— La grande majorité. Les gens sont effrayés par le jeu.

— Je ne comprends pas pourquoi.

— Parce qu’il faut se laisser aller, faire confiance à l’autre, et que nous vivons dans un monde de méfiance et où la bienséance est la seule ligne de conduite. C’est notamment dû au fait que nos vies sont devenues publiques.

— Je ne vois pas le monde comme ça.

— Peut-être que je me fais vieux, ou que c’est ma génération. Internet est un outil fantastique, mais j’y croise beaucoup de haine et d’égocentrisme.

J’opinai car je ne pouvais pas lui donner tort. J’avais grandi avec, j’étais une joueuse en ligne, je savais ignorer la noirceur de la toile. Arcan me désigna le canapé et prépara les cafés. Il vint s’asseoir à côté de moi.

— J’ai appelé la première partie de mon dessert, le préliminaire inversé. L’idée c’est de ne solliciter les zones érogènes secondaires qu’après l’entrejambe. Ça me permet de les identifier plus facilement et d’observer les réactions physiques qui identifient le degré de plaisir. La seconde est le supplice de la goutte d’eau. Je ne l’avais encore essayé sur personne avant aujourd’hui.

— Très bonne trouvaille.

— As-tu déjà observé ton sexe lorsqu’il est excité ? Je parie que non.

— Non.

— Tu veux voir ?

Gênée d’avance mais curieuse, j’opinai du menton. Il déverrouilla son téléphone, puis me cacha l’écran pour choisir l’extrait. Il commença par ma poitrine. Sans surprise mes aréoles étaient plus colorées, plus petites et mes tétons avaient du relief. Je croisai les jambes, mal à l’aise de reconnaître mes seins. Il choisit un nouveau passage, et me montra mon sexe sur lequel ses doigts s’aventuraient depuis peu. J’avais déjà observé ma vulve par simple curiosité avec mon propre téléphone. Arcan avança dans la vidéo où ses pouces massaient mes nymphes. Elles s’étaient épaissies, elles étaient lisses et brillantes. Il me montra mon clitoris, que je n’avais jamais observé mis à nu. Puis il changea de vidéo et me fit découvrir le supplice de la goutte d’eau et mon joyau pourpre, rond, enflé de désir. Revoir la scène rappelait des souvenirs qui me rendaient humide à nouveau. Il éteignit son téléphone, alors je bus mon café en essayant de penser à des figures de corde-à-sauter pour chasser l’envie qui revenait. La malice formait des rides au coin de ses yeux. J’avais l’impression qu’il venait de me mettre une laisse invisible, comme par un dealer qui m’aurait fait goûter sa meilleure drogue. Comment pourrais-je trouvé un autre amant après une telle séance d’envoûtement ?

Le calme le fit sourire d’amusement :

— Ça va ?

— Oui. Je suis… ailleurs.

— Tu pourras attendre jeudi avant de revenir ?

— Pourquoi ?

Mon air désespéré le fit éclater de rire.

— Je vais travailler sur des commandes. Je n’ai pas envie de t’ennuyer.

— Mais je peux rester ici, je peux t’aider.

Je l’avais encore tutoyé. L’hésitation se lut sur sa bouche, mais il rejeta la proposition.

— C’est une proposition charmante, mais j’aime la paix de la solitude quand je cherche l’inspiration. Je veux dire : pour travailler. Ta présence me troublerait trop.

— Je comprends.

— Si tu veux, on se fait un restaurant demain soir, après ma journée.

— D’accord.

Je me levai, l’embrassai sur la bouche, puis quittai l’appartement.

— À demain soir.

— À demain, Laëtitia.

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