34. Bague pas de fiançailles

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Geisha avait du bon café. Cela m’aida à me réveiller, car sans aucune réponse d’Arcan à mon message, j’eus du mal à trouver la sérénité. Mon sommeil fut bref et discontinu.

Mon hôtesse stoppa sa Smart en plein trafic et me confia :

— J’ai envoyé un message à Yako. Dis à Arcan que j’accepte, même si Yako refuse.

— D’accord.

Voyant qu’elle attendait quelque chose, malgré le coup de klaxon pressant, je posai furtivement ma bouche sur la sienne avant de descendre.

— À ce soir.

— À ce soir.

Sa petite voiture repartit en trombe et j’arrivai sur le trottoir. Je textai à ma mère qu’elle n’avait pas besoin de venir me chercher ce soir, que je passerais tard récupérer quelques affaires, puis je poussai la lourde porte de l’immeuble. Je grimpai les escaliers en me disant à chaque grincement, que chaque marche gravie avait bouleversé ma vie. Je craignais la réaction d’Arcan, je craignais pour l’avenir de notre duo. Parler de couple était prématuré. Sur son palier, une chaise se trouvait à l’extérieur, comme le jour de mon recrutement. Amère, le cœur serré, je frappai à la porte. Lorsqu’il m’ouvrit, il avait des yeux rouges et cernés. Un sourire naturel trahit le bonheur sincère qu’il avait de me voir. Ce simple rictus fit fondre mes doutes. Je posai immédiatement ma bouche sur ses lèvres. Il ferma la porte, sans laisser le temps à ma langue de taquiner la sienne, puis il demanda :

— Bien dormi ?

— Mieux que vous, on dirait.

— J’ai œuvré toute la nuit.

— Vous avez trouvé des recrues ?

— Je t’attendais pour choisir les candidates.

Je fus charmée qu’il m’impliquât dans la sélection, mais je m’étonnai :

— Vous n’avez pas reçu ma vidéo ?

— J’ai coupé le Wi-Fi pour rester concentré. Café ?

Il se tourna vers le plan de cuisine tout en reconnectant son téléphone. Je ne répondis pas, car il connaissait ma réponse, et m’assis sur le canapé. J’entendis la rumeur de la vidéo, très vite couverte par le broyage des grains de cafés. Il fit couler nos deux tasses, puis posa le téléphone avant de revenir vers moi.

— C’est Geisha ?

— Oui.

Il posa sa tasse, ouvrit la porte, puis récupéra la chaise. Soulagée qu’il renonçât à recruter une remplaçante, je m’adossais, le cœur détendu. Lorsqu’il se rassit face à moi, je lui dis :

— Mais je n’embrasse qu’elle. Et je ne lui lèche pas la chatte.

— Je n’en demandais pas tant. Tu es vraiment sûre de vouloir ?

— Oui.

Il se releva, s’assit à côté de moi et murmura :

— Laëtitia. Je ne veux surtout pas que tu te forces. T’es pas sous un contrat qui t’oblige à faire ce genre de chose.

— Ça va. C’est cool.

Un long soupir s’échappa par ses narines, il sembla réfléchir à des contre-arguments que je m’empressai de contrer :

— Je ne me force pas. Il y a un bon feeling entre Geisha et moi. Et vous aviez raison à son sujet, elle a envoyé un message à Yako pour l’obliger à accepter. Et s’il refuse, elle le quitte.

Il sourit simplement. Ce n’était pas l’air vaniteux de celui qui avait eu raison, juste l’air satisfait de l’artiste qui allait pouvoir accomplir son œuvre. Il s’adossa sur le canapé et sa main s’évada dans mes cheveux. Mes paupières se fermèrent pour m’aider à mieux apprécier cette douceur. Nous finîmes nos cafés sans nous dire un mot. Le manque de sommeil s’en ressentait chez l’un comme chez l’autre, et il ne se leva que plusieurs minutes après que sa tasse fût vide.

— Allez ! Nous avons du travail. Moins que prévu, mais du travail quand-même.

Tout en le suivant, je lui dis :

— Je pars qu’à dix-neuf heures trente. Je dors chez Geisha.

— Là, j’avoue que tu me surprends.

— Je me suis un peu brouillé avec ma mère… Enfin… Je me suis brouillée toute seule, mais je ne supporte plus ses remarques.

— Il faut dire qu’elle est assez piquante, quand elle te parle.

— Un peu.

Nous arrivâmes à l’établi des accessoires. Il posa une barre en métal sur l’établis, tandis que j’observais avec curiosité l’évolution du plug anal que je croyais terminé. Il avait soudé deux demi-anneaux entre deux pièces cylindriques du plug qu’il avait disposé symétriquement de part et d’autre. De l’un deux, deux câbles noirs luisant de graisse en partaient et rejoignaient une bague striée, un peu plus grande qu’une alliance. Si ça devait être une horloge, un des câbles était fixé à 4h, l’autre à 8h. A 10h et 1h, deux autres câbles s’échappaient, ces derniers étaient entourés par une spirale d’un fil électrique très fin, chacun d’eux rejoignant une diode plaquée à l’intérieur de l’anneau. De l’extrémité des deux gaines, deux câbles en saillaient, comme des câbles de freins. Ils étaient accrochés à deux ergots séparés, plats et métalliques articulés avec un ressort. Quant aux deux câbles en spirales, ils rejoignent un même boîtier.

— C’est quoi ?

— Surprise du chef. C’est juste pour jouer tous les deux.

Rassurée qu’il ne me fît pas une surprise étrange pour la soirée, je portai ma main à l’ensemble. Il m’interrompit.

— Tu vas m’aider à le finir, mais d’abord, j’aurais besoin que tu fasses le grand écart.

— Maintenant ?

Il me regarda fixement en réponse, alors je déboutonnai mon Jeans. Une fois déchaussée, les chevilles débarrassées, je posai les mains au sol et allongeai doucement les jambes.

— Parfait.

Il s’accroupit et déroula son mètre d’une cheville à l’autre.

— Merci.

— Vous m’intriguez.

— C’est la même culotte qu’hier, éluda-t-il.

Il se releva avec un sourire malicieux. Je ne répondis pas, mal à l’aise avec la remarque et il désigna une bille noire aux reflets essence posée sur un réceptacle en bois.

— Je l’ai collée hier, est-ce que tu peux peindre la chaîne et le point de colle ?

Le pinceau et le petit pot de peinture à maquette état déjà disposés à côté, je répondis simplement :

— D’accord.

Nous commençâmes alors notre matinée. Je peignis méticuleusement la chaînette et le point de colle posé sur la perle, si bien qu’elles se confondirent parfaitement. Ensuite, je l’aidai avec son bâton. Il installa un système de câbles avec deux poignées de vélos centrales qu’il pouvait verrouiller. Les câbles longeaient des tubes soudés le long du bâton et ressortaient en formant deux boucles de part et d’autres. Au centre du bâton, il souda deux petits anneaux sur lequel il n’accrocha rien. Lorsque nous eûmes fini, il indiqua reporter la peinture à plus tard et vouloir commencer le costume de Geisha par deux bras d’armes sur lequel il souda des petits mousquetons de porte-clé qui se fermaient par simple mouvement de ressort.

Midi arriva d’un seul coup, malgré la frustration de ne pas savoir ce qu’il manigançait comme jeu. C’est lorsque nous eûmes déjeuné et fini notre café qu’il me dit :

— Je vais commencer le costume de Geisha, mais une troisième main me sera utile.

— Je ne suis là que pour ça.

— J’aimerais que ça soit Muse qui m’aide, si tu relèves le défi.

— D’accord.

Je quittai aussitôt ma chaise pour la salle d’eau. Je m’y déshabillai, prenant soin de plier mes vêtements, puis je ne gardai que mes lunettes pour gagner l’atelier. Ses yeux me dessinèrent, puis il m’invita à m’asseoir. Il passa derrière-moi et commença par me coiffer. Sitôt la tignasse de chaînes emmêlée à ma chevelure, il apposa le masque. C’était la première fois qu’il procédait dans cet ordre, et j’appréciai. Sitôt aveugle, ne pouvant anticiper ses gestes, je savourais mieux chaque effleurement. Il peignit mes lèvres, puis mes ongles. Il ferma le collier, me ganta, enfin il me chaussa. Il m’invita avec une pointe d’autorité dans la voix.

— Mets-toi debout. Avance d’un pas.

Il referma la ceinture en chaîne de vélo sur mes hanches.

— Accroupis-toi.

Il posa les deux pagnes sur ma cuisse, s’agenouilla derrière-moi, puis ses mains caressèrent mes fesses quelques secondes. Je laissai un soupir s’échapper par mes narines pour lui dire combien j’appréciais qu’il s’égarât. Puis il présenta la pointe du plug. J’inspirai profondément puis il attendit mon expiration pour l’enfoncer.

— Si tu as un pincement, quelque chose qui te fait mal, tu me le dis.

Ma confiance aveugle me commanda de ne pas répondre. Arcan se plaça devant-moi récupéra les deux câbles noirs et les passa entre mes grandes lèvres et mes nymphes.

— J’ai fait trop long. Tu peux te relever pour le moment.

Je me redressai, et mes fesses se fermèrent autour du phare. Il se déplaça autour de moi, me fit tourner le dos à l’établi. Sa pince écourta les câbles d’un bruit sec, et le frémissement du fer à souder suivit. Il souffla dessus comme s’il pouvait accélérer l’union des deux éléments. Une vapeur métallique me chatouilla les narines.

— Voilà, je ne voudrais pas te brûler. Reprends la position.

Je m’accroupis, il replaça le pagne avant sur ma cuisse et positionna délicatement les fils. La bague vint se positionner à hauteur de mon clitoris, puis il tendit les câbles de freins en suspendant les ergots à ma chaîne de taille. Lorsque les ressors se tendirent, l’anneau écrasa le capuchon de mon rubis, l’obligeant à saillir en son centre. Pour achever son œuvre, Arcan accrocha le pendule dont j’avais peint la chaînette, laissant la bille au reflets essence rouler sur mon clitoris.

— Voilà. Il n’y a plus qu’à voir comment se passe l’après-midi.

Je me redressai à l’invitation de sa main sous mon bras, et le tissu léger retomba sur mes hanches Il ne cachait que partiellement les deux tendeurs dont on voyait les câbles se diriger vers le pubis.

— Attends, je prends une photo. Les diodes se voient à travers le pagne, y compris celles sur la bague, mais grâce à la bille, on ne peut rien voir de plus.

— C’est pour la soirée ?

— Non. Sauf si tu me le demandes. Mais attends de voir comment se passe l’après-midi. Viens, j’ai besoin d’accessoires du fond.

Il tira la laisse. Aussitôt que je le suivis, la bille vint sautiller contre mon rubis, m’obligeant à ralentir le pas pour qu’il n’en restât qu’une vibration légère. Tandis que le phare coincé entre mes fesses provoquait une sensation gênante, la bille m’offrait l’effet inverse.

L’après-midi fut une torture complète. Non seulement, je ne pouvais pas voir ce à quoi je participais, mais en plus, il me faisait aller et venir à chaque changement d’étape. Je soupçonnais bien que ces déplacements n’étaient pas utiles et qu’il se dégourdissait les jambes uniquement pour m’engourdir le bas ventre.

La perle avait un poids qui semblait calculé. Si pendant quelques minutes, je m’efforçais d’oublier sa présence, ses roulements et tressautements me ramenaient aussitôt à l’état d’excitation précédent. Aveugle, prisonnière de tous mes autres sens, chaque quart d’heure qui passait me rendrait plus fébrile. Mon clitoris tendait à être aussi dur que la bille, et mon vagin était humide comme jamais. Je n’avais plus seulement l’envie de jouir, j’en avais le besoin. Ma respiration était profonde, et je me retenais de ne pas jouer avec la perle.

Après trois heures, il conclut.

— J’ai terminé.

Je ne pus retenir un sourire. Il passa ses doigts sur ma cuisse et dit :

— Tu as l’air fiévreuse.

Je passai ma langue sur mes lèvres desséchées, électrisée par le simple contact sur ma peau. Il posa la main sur le front de mon masque et conclut :

— On devrait peut-être te refroidir.

J’opinai du menton. Il tira délicatement la chaîne et je le suivis jusque dans le salon. La perle tressauta, provoquant des frémissements incontrôlés. Mes pas se firent hasardeux. Arcan me murmura d’une voix douce.

— On va essayer mon petit jeu. T’es prête ?

Je hochai du menton. Il passa derrière moi et mit mes mains dans mon dos. Il enferma mes avant-bras dans les bras d’armes qu’il avait scellé l’un contre l’autre. À la fois inquiète et impatiente, soupçonneuse et curieuse, je m’en remis à lui.

— Vas-y, assieds-toi.

Je suivis ses mains jusqu’à ce que mes fesses se posent sur le parquet. Je m’allongeai sur le dos, passai mes bras sous mes fesses. Alors il plaça délicatement mes pieds jusqu’à ce que je fusse en grand écart, le bassin en rétroversion. Il glissa mes talons dans les anneaux qu’il avait fixé à chaque extrémité du bâton. Il verrouilla les bras d’armes au centre de la hampe, m’immobilisant totalement. Il souleva mon pagne, glissa sur la peau détrempée de mon entrecuisse. Je frissonnai, faisant trembloter malgré moi la perle. Je couinai et il décrocha la perle

— Pas trop inconfortable ?

— Je ne sais pas.

— La suite, tu la connais.

Il s’éloigna de moi. À quoi faisait-il référence ? Je cherchai, complètement déboussolé, et c’est alors que la première goutte d’eau tiède percuta mon clitoris. Je gémis malgré-moi, mon ventre se serra, mes fesses étreignirent le plug. Le rythme de goutte s’accéléra, comme une pluie incessante uniquement ciblée. Je me cambrai toute entière, appelant à moi l’orgasme. Et moins d’une minute suffit. Mon corps tout entier se contracta et je laissai le plaisir déferler.

Arcan s’assit à côté de moi, caressa de façon apaisante ma poitrine enflé de désir, puis mon ventre. Puis il déverrouilla le piège autour de mes talons. Je pliai mes jambes, les muscles adducteurs endoloris. Il souleva mes épaules, je m’assis et retirai mes mains du bras d’arme.

— Merci.

— J’imagine qu’après trois heures, ça a été comme une libération.

— Oui.

— Je vais t’aider.

Il me releva et je me blottis contre lui. Je humai son parfum et trouvai sous ma cuisse son sexe bandé qui ne demandait lui aussi qu’à être libéré. Mes doigts partirent à sa rescousse. Il me laissa ouvrir son pantalon puis me tira délicatement vers la chambre. Il se coucha sur le lit. À l’aveugle, je retirai son jeans, ôtai son t-shirt, puis m’assis sur ses jambes. Mes lèvres se promenèrent sur ses pectoraux, gouttèrent chacun de ses tétons, puis je me redressai. Mon envie de sexe n’était pas diminuée, mais je voulais lui offrir autre chose. Je voulais, à mon tour, avoir la sensation de maîtriser son plaisir. Mes doigts se refermèrent sur sa tige courbée entamèrent un va-et-vient lent et suave. Sous les cuisses, je sentais se raidir régulièrement ses jambes. De l’autre main, je contrôlais sa respiration. Il ne me fallut pas longtemps pour que tout son corps se tétanisât. Au troisième et dernier spasme, son sperme retomba sur ma main.

Je m’allongeais contre lui, toujours envahie par le désir charnel. Je n’avais qu’à attendre que la vigueur lui revînt. J’étais heureuse, d’être contre lui, heureuse d’être le jouet de son imaginaire. À cet instant, il était la plus belle rencontre de ma vie. Ironiquement, je devais remercier ma génitrice lubrique.

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