41. Trio noir (préparation)

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Arcan m’accueillit, il portait son jeans, son t-shirt et son tablier, mais sa peau était déjà peinte d’effet de suie et de sueur. Une estafilade entravait son menton.

— Vous vous êtes blessé ?

— Non, c’est une fausse.

Je posai ma bouche sur la sienne. Il demanda :

— Prête ?

— Avec vous, toujours.

— Alors, on se retrouve à l’atelier, douchée et en tenue d’Êve.

Je passai par la salle d’eau, pris une douche rapide, puis traversai le couloir pour me rendre à l’atelier.

— On va commencer par les traces de coups. Mets-toi là.

Son timbre indiquait qu’il n’avait pas de temps à perdre. Il humidifia du papier toilette, puis colla deux longues bandelettes sur mon ventre. Dans la psyché, je regardai évoluer son travail minutieux. Il frotta délicatement le centre des bandelettes, pour créer un sillon. Noyant l’intérieur d’encre rouge, assombrissant au verni à ongle rouge les plaies profondes, fortifiant à la laque en spray le rendu, appliquant du fond de teint et du maquillage successivement il créa deux grandes lacérations au niveau de mon ventre. Parce que le réalisme était dans le détail, il ajouta une estafilade de quelques centimètres sur ma fesse droite, une d’un centimètre sur mon sein gauche. Puis, en prenant garde à sa création récente, il aspergea ma peau de peinture noire avant de procéder à l’éponge pour transformer ma peau claire en un halage de suie huileuse. Les yeux clos, je savourais ce contact qui me rappelaient ma première soirée, et l’émoi qui l’avait accompagnée. Au pinceau, il procéda avec la même minutie et fondit les fausses cicatrices dans l’ensemble. C’était la partie la plus longue de la préparation et aussi la plus agréable. J’étais amoureuse du pinceau, de l’odeur de solvant et des caresses qu’il prodiguait.

Après une heure, il terminait le noir à lèvres et à ongles. Il m’habilla de mes gants et me chaussa de mes talons. Maintenant que je ressemblais, le masque en moins, à la Muse d’origine, je devinais qu’il était venu le temps d’enrichir le costume. Je posai mes mains sur l’établi sans qu’il ne me le demandât, écartai les pieds et sa main caressa mes reins. Son pouce massa mon anus.

— Prête ?

— Oui.

D’une main ferme, il inséra le plug enrobé de lubrifiant entre mes fesses. Ses mains disposèrent délicatement les deux câbles entre mes grandes et mes petites lèvres, puis après avoir fermé la chaîne qui tenait le pagne, il plaça l’anneau clitoridien. Il fit tendre les ressors, la perle retomba devant mon joyau, et le tissu aux reflets argent glissa devant mes cuisses.

— Il n’y a plus que le masque. On le mettra quand nous serons arrivés à la voiture, et nous allumerons les diodes que là-bas.

— Comment on va faire en voiture ?

— Pour ?

— Pour que Geisha entre ?

— J’ai loué une voiture.

Tout en me répondant, il plaçait des écouteurs sur mes oreilles. L’interphone sonna. Il grommela :

— Juste à l’heure. Reste ici.

Il s’éloigna à grand pas. J’entendis Geisha le saluer et il ordonna sèchement :

— Douche, très rapide, et pas les cheveux. Ensuite l’atelier, toute nue.

Il revint et s’arrêta dans l’encadrement. Il m’observa de loin, puis son menton dessina un sourire doux de satisfaction.

— L’impératrice avait raison. La peinture de la semaine dernière était… décevante.

Il s’approcha de moi et posa ses mains sur mes cuisses pour poser sa bouche sur la mienne.

— De toi à moi, si nous ne gagnons pas, ce n’est pas grave. Je suis comblé de cette semaine passée avec toi.

— Moi aussi.

— Et puis, si le projet te va, nous sommes certains de gagner la prochaine. On en discutera demain.

Je posai un baiser sur sa bouche. Il passa les pouces sur mes tétons, provoquant un chatouillement qui me fit reculer. La perle me surprit en rebondissant contre mon clitoris. Arcan esquissa un sourire rusé, comme s’il avait deviné le frisson qui m’avait traversée.

Geisha nous rejoignit en tenue d’Êve. Ses yeux me balayèrent de bas en haut.

— Whaou ! Moi aussi je vais avoir des cicatrices ?

— Beaucoup plus, lui dit Arcan. Il faut que t’aies l’air de la guerrière et qu’on mette en valeur la lacération de ta cotte de maille. Place-toi ici.

Geisha s’exécuta et Arcan s’accroupit pour commencer par les fausses blessures. Elle avait encore la peau humide, le papier toilette colla aussitôt. Arcan dessina des lacérations sous le sternum, comme si des griffes avait arraché sa tunique métallique. Il en fit sur le bassin, les bras et la joue. Incapable de l’aider, j’observais l’artiste se hâter sans perdre la précision de ses gestes. De temps en temps, Geisha partageait un regard avec moi et au fur et à mesure que ses estafilades devenaient réelles. On aurait dit une fillette quelques heures avant Noël.

— Cache tes yeux, retiens ta respiration.

Arcan l’aspergea de peinture, tandis qu’elle gardait ses doigts sur les paupières

— Tu peux retirer tes mains.

Il termina de noircir le corps, puis commença à l’enlever à l’éponge pour donner l’impression que Geisha nous avait accompagné dans la fournaise. Je ressentis une petite jalousie. Lorsque le chiffon lui passa entre les cuisses, elle me regarda avec complicité en frottant sa lèvre supérieure du bout de la langue. Il procéda avec minutie avec le solvant, pour créer des effets de coulures, estomper les bords trop nets. Il lui peignit les ongles et les lèvres. Ensuite, elle se laissa ensuite mettre les épaulières avec la cotte de maille et le chapeau déjà accroché. Elle enfila les coudières et les mitaines en câbles, puis elle glissa ses jambes unes à unes dans les cuissardes. Comme si l’idée venait de le traverser, Arcan termina par un petit écrou avec un point de colle qu’il plaça dans son nombril. Il lui mit les écouteurs, coiffa son masque, regarda sa montre, puis déclara :

— Dépêchons.

Il s’éloigna au fond de l’atelier pour enfiler son propre costume. Geisha se mira de profil dans la psyché.

— Trop la classe ! Ça me change des tenues de Yako.

— J’imagine, répondis-je.

— Dommage qu’on ne voit pas mes seins, non ?

— On les verra bien à un certain moment.

— Je suis trop impatiente ! Tu te sens prête ?

— Ouais, ça va. T’as l’air de péter le feu.

— J’ai bu deux Red Bull sur la route.

— Ça t’aide à tenir toute la soirée ?

— Ça m’aide à tenir jusqu’à ce que j’y sois. Après, il y a les défilés, les jeux, ça me maintient éveillée. Par contre, après minuit, mon seul objectif c’est de ne pas bâiller. Ça la fout mal pour une geisha.

— On ne t’en voudra pas ce soir, t’es une guerrière qui a bravé mille dangers pour me capturer.

Arcan arriva dans sa tenue de guerrier, bâton à la main et manteaux de l’autre. Nous enfilâmes les grandes vestes. Il appuya sur la ceinture de sa tunique et murmura :

— Test.

J’entendis sa voix clairement dans mes oreilles. Je lui fis signe du pouce et Geisha lui répondit :

— Je vous entends très bien.

— Allons-y.

Nous quittâmes l’atelier et la perle commença à rouler sur mon clitoris. Je passai une main entre deux boutons du manteau et la maintins entre mes doigts le temps de descendre les escaliers. Geisha demanda avec un sourire malicieux :

— C’est désagréable ou trop agréable ?

— C’est… perturbant.

Dehors, nous croisâmes un couple de jeunes qui nous dévisagèrent. Nous marchâmes jusqu’à une petite 208 grise. Je ne fis aucun commentaire sur la différence avec son habituelle Lotus. Je m’installai à l’arrière et le siège fit pression sur le plug. Arcan m’ordonna :

— Bande les yeux de Geisha, et mets ton masque.

Je passai le foulard qu’il me tendait autour du masque de ma partenaire, puis je coiffai mon propre masque avant de m’assoir sur le haut de mes fesses, le bassin loin en avant sur le rebord du siège.

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