57. Batcave

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La fin de la journée approcha à grand pas. Le MALP terminé, Annette était repartie tôt pour une soirée avec des amies. Geisha nous rejoignit à l’appartement.

— Il y a quelqu’un ?

Je sortis de l’atelier, elle passa ses bras derrière mon cou et m’embrassa :

— Tu m’as manqué, mon cœur.

Arcan s’avança, et elle lui fit la bise en lui demandant :

— Vous allez bien ?

— Très bien. Tu as l’air pétillante.

— Parce que Laëtitia fait mon bonheur. Sinon, c’était une journée de merde. Vendredi de soldes oblige. Je ne vous raconte pas comment je vais morfler demain. Et vous ?

— Le travail est terminé. Nous sommes déjà sur la semaine suivante, donc, je suis optimiste. Ça ira pour tenir le coup demain ?

— Deux Red Bull, deux cafés, et je fais la soirée complète. C’est dimanche que je serai amorphe si vous vous levez aussi tôt que la semaine dernière.

— Ma famille ne s’en vexera pas. Je ne suis moi-même pas au meilleur de ma forme le dimanche. Je vous propose d’ailleurs un deal. Nous faisons la représentation de samedi, le final avec l’Impératrice, et ensuite, nous nous reposerons. Nous pourrions partir quelque part, prendre le temps de nous connaître, tous les trois.

— Je suis partante, annonça Geisha. Mais on pourrait attendre septembre, pour profiter de toutes les soirées.

— Les soirées sont coûteuses pour qui ne gagne pas, répondit Arcan. Et gagner demande beaucoup de temps.

— Et d’imagination, précisai-je.

— Tout à fait, acquiesça le façonneur. Je propose de mettre de côté le sujet des vacances, et de rebondir sur cette très juste remarque, pour vérifier que l’accessoire de l’Impératrice vous ira bien.

— D’accord, répondîmes-nous en chœur.

— Je passe par la salle de bains, annonça Geisha.

— À tout de suite, ajoutai-je.

J’embrassai Arcan et suivis ma camarade jusqu’à la salle d’eau. Nous nous déshabillâmes, pliâmes nos vêtements pour ne pas que notre hôte eût l’envie plus tard de faire du rangement. Je lui dis :

— Tu ne l’as pas embrassé.

— J’y ai pensé, et au dernièrement moment, j’ai renoncé. Il est un peu intimidant.

J’attendis qu’elle eût plié ses chaussettes et l’embrassai délicatement en lui confiant :

— Je m’en fous. J’ai décidé de ne pas aller plus vite que le TGV.

— Ça s’est bien. Ça reste rapide quand même.

Après une brève toilette intime, j’ouvris la boîte d’ovules. Geisha m’observa avec un regard sceptique.

— C’est au cas où la soirée se finisse bien.

— Ça va fondre, ça va couler ou donner un goût bizarre quand je vais te lécher.

— Mais non.

Je léchai mon doigt pour qu’il glissât et enfonçai l’ovule au plus profond. Nous regagnâmes le salon en tenues d’Êve, main dans la main. Arcan était assis dans le canapé et lorsque je vis son regard nous parcourir l’une comme l’autre, il me donna la sensation d’être le roi. Même s’il ne jouissait pas entièrement de Geisha comme j’en avais le privilège, il pouvait se considérer comme un homme chanceux. Nous nous présentâmes, en attente d’un ordre et il s’adossa en posant son accessoire sur ses genoux.

— Embrassez-vous.

— Ça fait partie de l’essayage ? demanda Geisha

— Je l’ai lubrifié, répondit Arcan, mais je pense que vous préférez un peu d’aide de la nature.

Geisha sourit, fit pivoter mon menton d’une main et m’embrassa langoureusement. Je me tournai vers elle, perdis mes mains entre ses omoplates et ses fesses. Je scrutai du coin de l’œil le façonneur que j’imaginais à chaque instant sortir son pénis pour se masturber, comme dans un mauvais porno. Si Arcan était à l’étroit dans son pantalon, il n’en fit rien voir. Geisha envoya une main sur mon pubis et écarta mes lèvres du majeur. Elle conclut :

— Ici, c’est prêt.

Me sentant un peu obligée, je l’imitai et enfonçai mes phalanges entre ses cuisses serrées. Je conclus :

— Ex-aequo.

— Sûres ? s’assura Arcan. Je vous présente le petit frère du récolteur.

Il présenta les deux sex-toy translucide parfaitement lisses, fixés chacun sur une roue d’engrenage. Arcan nous en expliqua la raison.

— Je n’ai pas fini le système. Lorsque vous ferez un mouvement d’avant en arrière, les deux parties phalliques viendront appuyer sur un ressort. Chaque fois qu’il se comprimera ou se décomprimera, il fera pivoter de quelques crans, et donc tourner les verges. Présentement, elles sont toutes les deux lisses, mais je vais placer quelques reliefs en inox pour leur donner un aspect plus industriel et une efficacité un peu plus éprouvée. Après la représentation, si le jouet vous plaît, je vous l’offrirai.

— Oui. Qu’en feriez-vous, de toute façon ? se moqua Geisha.

— Le vendre.

— Ah bah non, ça serait dommage.

— S’il est efficace, faudrait peut-être le breveter, dis-je.

— Déjà, je voudrais qu’il vous convienne. Prêtes ?

— Oui, dit Geisha.

— Dans ce cas, à genoux dos à dos. Laëtitia, veux-tu ton masque ?

Je secouai la tête et me plaçai dos à ma partenaire, les mains sur le parquet.

— Geisha est plus petite, il faut que tu écartes les genoux pour être plus basse. Encore un peu plus. Voilà. Prêtes ?

— Mais oui, on attend que ça, soupira Geisha.

— Ça tombe bien, je commence par toi.

Geisha aspira entre ses dents, puis la main d’Arcan se posa sur ma croupe. Je reculai lentement sur la verge, jusqu’à toucher les fesses de ma partenaire.

— C’est comment ?

— Ça rappelle des souvenirs à ma chatte, confia Geisha.

Elle bougea d’avant en arrière, le sex-toy s’appuya au fond de mon ventre.

— Doucement, lui dis-je.

Elle recommença plus lentement, mon ventre se détendit, accepta plus facilement le jouet. Je brûlais de désir et bougeai à mon tour. Geisha soupira :

— J’adore essayer les costumes chez vous.

— Ne bougez-plus, nous interrompit Arcan

Il partit en trottant et revint avec des outils. Il écarta nos fesses l’une de l’autre, passa une équerre entre nos cuisses. Il déroula en travers du gode jusqu’à atteindre l’équerre. Ses doigts se promenèrent à l’arrière de nos cuisses pour prendre des mesures.

— J’ai une idée qui vous plaira. Allez, je remballe.

Il retira le jouet de nos corps, nous laissant chacune dans une frustration extrême. J’ignorais s’il s’en rendait compte ou s’il en jouait. Il disparut et Geisha plaqua ses fesses contre les miennes pour tenter de s’y frotter. Je ris :

— Tu ne vas pas y arriver.

— Si, si je me décale sur ta cuisse et toi sur la mienne.

Arcan revint, alors je me relevai. Il passa sa main dans mes cheveux et m’embrassa sur la bouche.

— Quelle chance d’avoir des poupées aussi partantes.

— Quelle chance d’avoir un façonneur aussi inspiré, répondis-je.

Geisha dressée sur ses genoux, renchérit :

— C’est vrai qu’avec Yako, l’essayage des costumes, c’était plus soft.

— J’ai préparé une petite salade de légumes. Est-ce que vous restez nues pour le repas ?

Comprenant l’invitation, je répondis :

— C’est un défi à relever.

Sa main nous présenta la table. Geisha se releva et vint s’installer à côté de moi. Lorsqu’il eût rempli les assiettes, et qu’il fut assis, il dit à ma partenaire :

— J’ai invité Laëtitia à passer la soirée chez moi, mais j’ai cru comprendre que vous vous étiez officialisées.

— Exact, exact, fanfaronna Geisha.

— Dans ce cas, l’invitation vaut pour toi. Après tout, tu connais mon prénom, donc il serait saugrenu de te tenir éloigné de ma vie privée. J’ai une vie d’artiste, une vie personnelle que j’ai scindé sitôt que j’ai commencé à travailler pour les façonneurs, sur les conseils très avisés de l’un d’eux.

— J’allais dire ma mère, indiquai-je, mais elle ne connaît pas votre identité.

— Non. Cette personne ne façonne plus, ou a trouvé un autre accessoiriste. Et je n’ai jamais entendu sa voix dans les soirées auxquelles nous avons participé.

Il prit une fourchette, mâcha en nous observant puis ajouta :

— Bien, tu as donc compris que Bruce Wayne était Batman, car la langue de Catwoman a fourché, toutefois…

— On peut dire ça, sourit Geisha. Moi je suis qui ?

— Je l’ignore. Je m’apprête à faire découvrir un autre secret à Laëtitia, un secret partagé qu’avec Annette, et…

— Et vous hésitez ?

— Ce n’est pas tant montrer le chemin de la Batcave qui me questionne, c’est l’avenir un peu plus lointain. Qui sommes-nous l’un pour l’autre aujourd’hui et qui serons-nous demain ?

J’opinai moi-même à la place de Geisha tant ses paroles avaient de sens. Geisha prit son inspiration, leva les yeux à la recherche de ses mots et déclara :

— Si vous avez la certitude que Laëtitia ne vous trahira jamais, vous pouvez avoir la certitude que je ne la trahirai jamais. Mais ça c’était avant. Je veux dire, j’aime Laëtitia, mais depuis le début je sais qu’il faut que je fasse avec vous. Ce n’est pas dans le sens négatif du terme, ne le prenez-pas mal…

— Pas de souci.

— … Du coup, bref, Laëtitia vous respecte, je la respecte et après... Je veux dire, depuis que nous avons fait ces trucs… je vous dois de respecter vos secrets, au même titre que vous devez respecter les miens. Je veux dire, je ne voudrais pas que ma mère sache que nous faisons des trucs à trois, et encore moins que je suis une poupée. Donc, si nous nous engageons dans une relation au-delà du côté professionnel, c’est une sorte de consentement secret à respecter la confiance que nous nous donnons mutuellement.

Il opina doucement du regard tandis que je demeurais en partie blessée par le gouffre qui les séparait, comme deux généraux ennemis qui devaient s’arranger pour me partager. Pouvaient-ils me considérer comme leur moitié si en retour je ne les considérais que comme un tiers ? Ma position de reine était agréable, mais il fallait resserrer le cercle, les obliger à mieux s’apprécier. Peut-être le temps pouvait-il y aider, mais je savais qu’il y avait des barrières à faire tomber.

— Un dessert ? demanda-t-il.

Je secouai la tête.

— Je vous proposerai un café quand nous serons arrivés chez moi.

J’opinai du menton.

— Venez.

Nous nous levâmes et nous le suivîmes jusqu’au fond du couloir où trônait une étagère de livres sur les effets spéciaux, le cinéma et la mode. Il glissa la main sous l’une d’elle, un cliquetis libéra un verrou qu’il actionna en appuyant sur un livre. La porte dérobée s’ouvrit. Geisha s’exclama :

— Le truc de fou !

Non sans se départir d’un sourire d’enfant, Arcan s’avança jusqu’à la barre de pompier qui descendait depuis l’étage supérieur. Les murs étaient tapissés de petites ailes en fer forgé. Il en souleva une et toutes les autres se déployèrent, formant un escalier en colimaçon qui se bloqua. Arcan nous précéda :

— En bon gentleman, je ne regarde pas sous les jupes.

Geisha et moi sourîmes en le suivant, nos pieds nus sur les marches inconfortables. Il déverrouilla la porte dérobée du cinquième étage, et je m’engouffrai à sa suite dans un appartement chaleureux. Les couleurs étaient à l’opposé de son atelier. D’une frappe sur un interrupteur, il fit replier toutes les marches, et il ferma la bibliothèque regorgeant de bandes dessinées de science-fiction et des comics allant de Star-Wars à Batman.

Le couloir était plus large qu’en bas, tout un mur était un prolongement de bandes dessinées et amenaient à un salon très vaste, puisqu’il réunissait l’espace gigantesque de l’atelier et du salon d’en bas. Les couleurs étaient chaudes et accueillantes. La grande baie vitrée donnait vue sur les lumières de la ville. La cuisine en bar formait une virgule au milieu. Le canapé faisait face à un immense téléviseur mural. Un sac de frappe pendait à l’opposé, à côté d’un rack d’haltères. Du reste, il n’y avait pas un grain de poussière et chaque élément était à sa place.

À l’instar de la salle d’exposition, la salle de bains n’était fermée que par un panneau de style maison japonaise. Elle se trouvait au-dessus de celle de l’atelier, avec une vaste baignoire d’angle enveloppé de carrelage couleur sable. Un panneau coulissant cachait le lave-linge et le sèche-linge.

— Trop bien ! souffla Geisha. Vous pouvez prendre votre bain et regarder par la vitre. Il n’y a pas de vis-à-vis.

Elle s’approcha nue de la vitre. Arcan lui répondit :

— La vue n’est pas magique, mais en effet, pas de vis-à-vis direct. J’ai dû faire quelques travaux quand j’ai acquis ces deux appartements. Je voulais transformer ces toutes petites pièces en quelque chose de spacieux.

— Il n’y a pas de chambre ? m’étonnai-je.

Il sourit, appuya sur son téléphone, et le bloc de plafonnier descendit au milieu du salon, dévoilant un immense lit. Geisha sautilla :

— Epousez Laëtitia, par pitié ! Je veux vivre ici !

— L’idée en faisant venir Laëtitia ici, c’était de ne plus dormir séparément. Mais si je dois t’accueillir également, il va falloir que j’aménage quelques placards.

— Le lit est assez grand, commentai-je.

— D’un abord moins matériel, j’ai adoré nos petits jeux à trois, et j’ai envisagé que ça continue. Mais je ne me suis pas préparé à un quotidien à trois.

— Je me ferai toute petite, promis.

— Laëtitia m’a décrit le rangement de ton appartement et la quantité innombrables de peluches.

— Faut acheter l’appartement d’à côté et faire un trou dans le mur, conclus-je.

— Avec un passage secret ! s’exclama Geisha.

Je me blottis contre Arcan. Je m’imaginais bien vivre avec lui, et j’étais certaine que Geisha serait moins bordélique si nous devions partager cet espace. Il proposa :

— On laisse passer l’été, et nous verrons.

J’étais meurtrie d’entendre la voix de la raison faire vibrer son torse contre moi. S’ils se tenaient toujours à distance l’un de l’autre, ça allait finir par ne pas se faire. Je tendis le bras vers Geisha pour qu’elle vînt partager le câlin. Elle l’accepta. Je murmurai :

— On est bien tous les trois.

— J’avoue, dit Geisha. Même s’il y en a un qui est habillé.

Je soulevai le t-shirt d’Arcan qui accepta de se laisser faire. Ma camarade lui défit le pantalon. Je lui baissai le boxer. Une fois ses pieds libérés, je me reblottis contre sa peau chaude. Geisha se rapprocha de moi et je la poussai vers lui. Il hasarda une main vers nos fesses à chacune. Geisha échangea un regard pétillant avec moi et me désigna du regard le pénis à demi-bandé.

— Il penche vers moi.

Je pris délicatement sa main et la posai sur le torse imberbe et musclé d’Arcan. Je glissai mes doigts dans ses cheveux détachés, attirai son visage et l’embrassai langoureusement. Le sexe d’Arcan entre nos deux ventres se redressa davantage, alors je guidai le visage de ma partenaire vers celui de mon amant. Elle dit simplement :

— OK.

Arcan attrapa ses lèvres et je gardai ma main dans les cheveux de Geisha jusqu’à ce que leurs langues fissent connaissance. Enfin, je ne me sentais plus l’unique cheval à tirer la diligence de nos vies. C’était ainsi que j’envisageais nos vies : comme un partage équilibré des uns et des autres. Mon corps se réchauffait, et refermant mon poing autour de ses cheveux d’ébène, je les séparai pour embrasser Arcan à mon tour. Je jouai ainsi, l’attirant ensuite à moi, la renvoyant à lui, reprenant ma place. J’embrassai Geisha une dernière fois, étourdie par l’excitation. Ma main glissa de ses cheveux sur sa joue et je lui demandai :

— Y a pas de problème ?

Elle le regarda et cacha de la main un mamelon d’Arcan.

— Il lui manque des cheveux, mais il est très inspirant.

— Merci, répondit Arcan.

Il la prit par les hanches, la souleva et la posa à genoux sur les draps avant de revenir vers moi. Il prit délicatement mes mains me guida vers le lit. Il s’assit, m’invita sur ses genoux, embrassa ma poitrine, puis s’allongea en tirant la cuisse de Geisha par-dessus son visage. Elle se plaça face à moi avec un sourire gourmand, et m’embrassa langoureusement. Geisha s’appuya sur moi et ferma les yeux au premier coup de langue qui fendit son sexe. Les mains d’Arcan caressèrent mes cuisses, comme une invitation. Je guidai son sexe en moi et m’abaissai lentement avec appétit, savourant la sensation d’union complète.

Je jouai lentement du bassin, enlacée par ma camarade. J’enlevai mes lunettes et blottis mon visage près du sien. C’était loin d’être désagréable de n’avoir ni masque ni chaîne, et d’en profiter tous les trois. Je rêvais déjà à tout ce qui se ferait dans cet appartement, du lit à la baignoire, dans toutes les situations démultipliées qu’un trio pouvait permettre.

Geisha couina près de mon oreille, puis se figea dans mes bras. Son plaisir vibra contre ma poitrine, puis Arcan la poussa sur le côté. Il essuya son visage trempé sur les draps, puis me souleva, sans nous désunir. Il me reposa sur le dos sans douceur. Geisha attrapa mes pieds pour ramener mes genoux contre ma propre poitrine. Ses cheveux tombèrent sur mon visage, elle échangea un baiser avant de se reculer. Arcan me surplomba, en appuie sur mes cuisses et se mit à balancer des coups de reins agressifs et violents qui démultiplièrent ma libido. Je ne pus retenir mes gémissements, préférant couvrir moi-même le clapotis gênant de mon intimité. Les vas et viens dans mon corps provoquaient une sensation inouïe. Chaque fois que son corps percutait le mien, l’onde de plaisir me chamboulait le cerveau. Moins, je respirais, plus il accélérait. Et finalement, il se figea. Son corps se durcit et sa semence me remplit.

Interrompue sur ma lancée, une idée dégueulasse mais excitante me traversa. Je haletai à l’attention de Geisha :

— Assis-toi sur mes jambes.

— Comment ?

— Oui, comme ça.

Elle enjamba mon visage, maintenant mes jambes contre mes épaules. Arcan l’embrassa avant de se retirer lentement de mon écrin. Je lui ordonnai :

— Lèche-moi. — Geisha marqua l’hésitation. — Fais-moi jouir.

Je savais que ces derniers mots sonneraient comme un challenge. Je mordillai l’intérieur de sa cuisse pour lui donner du courage et elle trempa alors la bouche contre ma vulve souillée de sperme. Cela m’excitait, car ça bouclait la chute des barrières qui pouvaient exister entre elle et lui. L’orgasme qui résultat de cette expérience fut instantané et délicieux. Je tremblai sous ses cuisses.

Désireuse de récompenser sa hardiesse, j’approchai son entrecuisse de mon visage mais elle se leva au moment où je tendis la langue. J’allongeai mes jambes. Arcan quitta son rôle d’observateur et dit : je vais mettre à couler un bain et faire du café. Il s’éloigna vers le panneau de carré blancs. Geisha me regarda et murmura :

— T’as cru que je n’allais pas le faire ?

— T’as hésité.

Elle s’assit à califourchon sur mes jambes et entremêla ses doigts aux miens. Elle expira lentement sur mon visage. Je la provoquai :

— Tu sens un peu lui, ça me plaît.

— Le bain des reines est bientôt prêt, nous interrompit la voix d’Arcan.

Elle me libéra et je la suivis jusqu’à la baignoire d’angle qui se remplissait. Elle enjamba le rebord, goûta la température de l’orteil puis s’y installa. Je m’assis à côté d’elle, exagérai le confort d’un soupir d’aisance. Geisha sculpta du regard notre façonneur qui nous tournait le dos depuis sa machine à café. Je n’en voyais qu’une silhouette floue. Elle me dit :

— Ma vie est dingue depuis que je t’ai rencontrée.

— Petite joueuse. T’étais déjà poupée. Moi, en deux semaines, je suis devenue soumise, bisexuelle et j’ai déménagé.

Le niveau d’eau continua à monter, et Arcan revint avec les deux premières tasses.

— Mes reines.

— Merci mon brave, plaisanta Geisha.

— Bienvenue dans le bain de Cléopâtre, commentai-je.

— Je ne me souviens pas que le lion de Cléopâtre se faisait couler un café, rit Geisha.

— Je ne me souviens pas non plus que Cléopâtre baisait avec son lion.

Elle éclata de rire.

— La révélation ! Tu viens de briser mon enfance !

— Pourtant, tout le monde le sait. Jules César étant occupé par le petit village d’irréductibles Gaulois, Cléopâtre se tapait son lion domestique et sa servante.

Arcan revint vers nous avec sa tasse. Il s’assit à côté de moi et commenta notre bonne humeur :

— Vous êtes trash entre vous mais pas rancunières.

— On vous a choqué ? se moqua Geisha.

— Disons que je ne m’y attendais pas.

— Laëtitia veut que nous apprenions à nous connaître davantage.

— Le goût fait partie des cinq sens, je comprends.

— C’est un vrai café ? réalisa brutalement Geisha.

— Je ne fais jamais de déca.

— Putain ! Je ne vais pas dormir de la nuit ! Demain, je vais… Va me falloir de la cocaïne pour tenir.

— Je n’ai pas ça dans les placards.

— Je blaguais. Je ne sais même pas ce que ça fait.

— T’aurais pu. Tu fréquentes les façonneurs depuis un moment, c’est un milieu assez aisé qui y a facilement accès.

Il coupa l’eau et j’en profitai pour m’adosser à l’épaule d’Arcan. Je fredonnai en fermant les yeux :

— Continuez à faire connaissance.

— Je suis Sagittaire, indiqua Geisha.

— Bélier, dis-je.

— Ça, tu n’avais pas besoin de me le dire, répondit-elle. Je te connais assez pour deviner ton signe. T’as le caractère d’un bélier. Et vous, je suis certaine que vous êtes Balance.

— Je déteste quand quelqu’un devine mon signe d’après mon caractère, dit-il, car je ne crois pas en l’astrologie. Mais du coup, est-ce que ces trois signes peuvent cohabiter ?

— La cohabitation, oui, s’il y a des règles, tous les signes peuvent cohabiter.

— Parlons utile alors. Si je dois laisser entrer une Sagittaire dans mon lit, que dois-je savoir ?

— Elle donne des coups de pieds, pouffai-je.

— C’est pour ça que tu dormiras au milieu, répondit Arcan.

— Je dors avec une robe en plaid, il me faut au moins une peluche, je m’enrhume deux fois par ans, je cuisine un peu, je me douche le matin, j’ai un shampooing spécifique et un lait de corps. Je ne me parfume pas, je ne me maquille que pour jouer à la poupée. Je déteste porter des strings, et j’aime le rose.

— Non ! protestai-je.

— Ton style vestimentaire n’impacte pas notre communion, lui dit Arcan.

— Non, mais c’est pour pas que vous attendiez quelque chose de moi.

— T’es la petite amie de Laëtitia, pas la mienne.

— Après, je sais m’adapter.

— Des allergies alimentaires ?

— Non.

— Des prescriptions médicales ?

— Non. Et je prends une pilule pour pas avoir de règles, donc aucun risque de baby bump surprise.

— Et sexuellement, des règles, non ? rappelai-je.

— Rien dans mon cul. Il est à sens unique.

Arcan pouffa, faisant vibrer mon corps sous son torse. Il conclut

— Si ça se résume à ça, la cohabitation ne va pas être compliquée. Nous verrons bien au quotidien. J’ai un savon doux, si tu veux pour ce soir.

Il désigna le flacon, et elle se dressa hors de l’eau, versa une noix dans sa main avec un air de connaisseur. Elle fit une moue satisfaite, et l’appliqua sur sa peau en restant tournée vers nous. Le sexe d’Arcan glissa sous ma cuisse. Au moins, lui, j’étais certaine qu’il appréciait le partage. Geisha me tendit le flacon, alors je me dressai près d’elle. Elle remplit sa main et me savonna la poitrine, les cuisses et le pubis consciencieusement. Il sourit :

— J’entrevois les avantages de la cohabitation.

— Après-vous.

Il leva un sourcil étonné, et il redressa sur ses jambes, le sexe tendu à l’horizontal. Elle reprit du savon et passa ses mains sur ses épaules.

— Il faut que vous soyez propre avant que vous ne retourniez à l’intérieur de ma chérie.

Elle descendit ses mains sur son pénis, enveloppa le gland de mousse. Arcan l’observait, semblant même oublier ma présence. Son excitation renforça la courbure de son sexe. Geisha me regarda avec malice, m’obligeant à ravaler ma jalousie. Je saisis le pommeau de douche et proposai de nous rincer.

Arcan nous trouva à chacune une serviette et n’ayant aucun pyjama sous la main, c’est en tenues d’Adam et Êve que nous nous allongeâmes, moi au milieu. Il appuya sur la télécommande. Les lumières s’éteignirent, les volets se fermèrent. Geisha posa sa main sur ma poitrine, Arcan sur ma cuisse. Ma chérie chantonna :

— Bonne nuit mon cœur, bonne nuit Eugène.

— Bonne nuit Anh, bonne nuit ma reine.

— Bonne nuit, répondis-je.

Geisha et Arcan se tolérait bien au-delà de ce que pouvait espérer une fille normale. Je maintins la main de Geisha sur ma peau, puis descendis de quelques centimètres dans le lit pour pouvoir me tourner vers Arcan et poser mon visage sur son torse. Je n’avais jamais pu profiter de son odeur sans que la peinture s’y mêlât. Geisha se rapprocha d’un coup de rein, caressa mes cheveux. Voilà, j’étais la plus heureuse des filles sur terre.

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