76. Domination (partie 2)

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Nous parvînmes à l’appartement ensemble. Plongée dans l’organisation de la soirée, je ne dis pas un mot. Je n’arrêtais pas de réfléchir à comment m’adapter selon ses réactions. J’avais de la peine pour Arcan qui opérait ce genre de calculs en permanence. J’entrai dans notre appartement du cinquième étage en première, ramassai la cravache, déboutonnai ma veste et me tournai vers eux :

— Bien. C’est ma soirée, désormais.

Il leva les sourcils, incapable de prédire ce qui se passait dans ma tête. Je savourai l’instabilité sur laquelle il reposait. Devant mon silence, il indiqua :

— Je suis à ta disposition, ma reine.

— Dans ce cas, je vous veux tous nus. Geisha, ton collier et ma laisse.

— Oui Maîtresse, sourit-il.

Je tournai les talons en direction de la machine à café. Je chaloupai un peu des hanches, espérant capter le regard d’Arcan, mais ne jetai par un regard dans sa direction, espérant le blesser par mon indifférence. Je mis du café à broyer, remplis le réceptacle et me fis couler une tasse. Lorsque je me tournai, il était entièrement nu, l’anneau constricteur serrant toujours sa verge recourbée.

Je gardai la tasse brûlante entre mes deux mains et attendis que Geisha fît son aller-retour depuis le passage secret. Lorsqu’elle revint, elle était entièrement nue, les cheveux noués hauts, et tenait son collier à la main. Elle s’avança à moi, souriante et sereine. Je caressai sa nuque gracile délicatement avec de refermer l’anneau d’inox autour. Elle me présenta le sac de chez Qui-est-bi, et j’y récupérai le masque de relaxation. Je l’ajustai sur ses yeux, j’accrochai la chaîne puis indiquai :

— Reste ici.

Je sortis les menottes en cuir et m’approchai d’Arcan. Il se laissa passer les mains dans le dos, et je ne lui octroyai aucune caresse, jugeant son sexe bien assez proche de l’explosion.

— Tu restes ici.

— Là ? demanda-t-il en faisant un pas de côté.

— Voilà. Et tu ne bouges pas.

Il esquissa un sourire poli, le regard presque insolent. Il n’avait aucune crainte, et le jeu lui plaisait. La tasse dans une main, la laisse dans l’autre, j’emmenai Geisha faire un tour d’appartement. Elle était électrisée par l’inconnu, et je lisais en elle le plaisir que j’éprouvais moi-même à l’anticipation d’un jeu. Je m’arrêtai près de la porte d’entrée et passai derrière elle. Je pétris sa poitrine et murmurai :

— Je n’oublie pas que tu m’as menti aussi.

Son corps se crispa d’anxiété, je plantai mes ongles dans ses seins et la griffai légèrement. Sa respiration s’approfondit. Je la tirai par la laisse et l’amenai jusqu’à Arcan. Je caressai du bout des doigts les sillons rouges sur ses seins et pinçai légèrement ses tétons. Elle inspira profondément, puis je ne lui laissai pas de répit en tirant sur la laisse. Elle trébucha et me suivit. Je m’assis sur la chaise en cuir devant l’ordinateur. N’ayant aucune idée de supplice, je lui ordonnai :

— Fais-moi plaisir.

Elle se pencha à l’aveugle, son visage rencontra le mien et sa bouche se saisit de ma bouche. Je la laissai m’embrasser langoureusement, et savourai ses doigts qui venaient sous ma veste. Elle caressa mes flancs, ma poitrine, puis sa bouche descendit sur mes seins. Je jetai un regard à Arcan qui restait patient, les mains entravées dans le dos. Il me donnait l’impression de gagner en satisfaction. Plus il était serein, moins j’appréciais l’instant. La vérité était que j’enviais Geisha qui n’avait qu’à se laisser commander. Lorsque ses doigts remontèrent mes cuisses, je l’interrompis.

— Non. Rien en dessous. Viens sur moi.

Elle grimpa à califourchon, je caressai son visage. Elle suivit ma paume du menton, en savourant ma douceur. Elle aimait le jeu à l’aveugle et j’adorais le lire sur ses lèvres entrouvertes. Je promenai ma bouche dans son cou et lui murmurai :

— Je n’arrive pas à t’en vouloir.

Elle posa des baisers sur mon visage, cherchant mes lèvres du bout de la langue.

— J’aime bien être toi, soupira-t-elle.

— Tu veux savoir ce que ça fait d’être moi ?

Je fis signe à Arcan d’approcher, puis agrippai les fesses de Geisha. Je passai mes phalanges sur sa vulve, j’y pénétrai à deux doigts, y trouvant une humidité chaude et naissante. Elle gémit en embrassant mon front. Je trouvai son clitoris, jouai autour quelques secondes, puis dis à Arcan :

— Interdit de jouir avant elle.

Il opina du menton, et la pénétra lentement. La bouche ouverte de mon amante se figea, jusqu’à ce qu’il fût en place. Arcan battit la mesure, lentement, prudent avec elle. Alors j’ordonnai :

— Plus vite !

Il obéit et ses hanches claquèrent contre les fesses de Geisha. Elle gémit aussitôt. Je voulais tant voir son plaisir, que je lui arrachai son masque. Elle plongea ses yeux dans les miens, posa ses mains autour de mon cou tout en se laissant malmener. Je n’étais pas envieuse tant son plaisir semblait grand. Il n’y avait plus Arcan, c’était elle et moi. J’étais celle qui commandait, elle était celle qui recevait. Arcan aurait pu être mes doigts ou un jouet, ça n’avait pas d’importance.

Geisha couinait sans pudeur. Ses yeux hagards finirent par perdre mon regard, ses paupières se fermèrent. La cadence s’accéléra. Arcan devenait rouge, ses muscles se dessinaient, ses veines se tendaient. Geisha se figea soudain, le souffle court. Elle frissonna contre moi, son corps se tendit par à-coups, alors j’ordonnai :

— Stop !

Eugène s’interrompit. Je caressai le visage de ma belle. Elle sourit m’embrassa et se blottit contre moi :

— Merci.

Je fis signe à Eugène de reculer et il se retira, le sexe violet, le gland turgescent, les veines saillantes. Il n’avait pas joui, et il me brûlait l’envie de le glisser entre mes cuisses. Je caressai le creux du dos de Geisha qui s’apaisait et jetai un œil en direction de l’horloge de la cuisine. Je susurrai à mon amante :

— Je resterai bien des heures comme ça, mais nous ne faisons que commencer.

Elle se glissa sur ses deux pieds. Je me levai passai mon doigt sur la hampe poisseuse d’Arcan, déclenchant un soubresaut.

— Je t’ai arrêté à temps, on dirait.

— À ta disposition pour la suite.

— Geisha a passé un bon moment. Retourne à ta place.

J’avais tellement envie de son odeur, de son corps, que je ne pouvais pas le masquer. Je lui tournai le dos, repris la tasse que je n’avais pas finie. Le café était tiède, mais je l’avalai cul sec. Je posai la tasse, en observant mon amant, sans parvenir à trouver la suite de la soirée. Je ne parvenais pas à savoir comment le frustrer. Nous pouvions toujours nous arrêter là, rentrer, chez nous, mais ça aurait été moi la plus punie des trois. Je tirai la laisse de Geisha qui se lova contre moi.

— Tu te sens bien ?

— C’est sympa.

— Les yeux bandés ou la bite bandée ?

— Tout !

Sa bouche trouva la mienne. Nous nous embrassâmes, et le fauve nous regarda patiemment, comme tout prédateur. Je devinais son esprit regorgeant de mille idées. Mon ventre papillonnait à l’idée qu’il s’en servît pour se venger. Je voulais déjà qu’il masquât mes yeux, je rêvais qu’il me prît comme il venait de le faire avec notre amante. Incapable de trouver la moindre idée originale, j’emmenai Geisha jusqu’à lui et défis la boucle qui maintenait ses poignets. Je repassai devant lui et lui dis :

— Le spectacle m’a plu. Je pense qu’on peut reprendre nos rôles habituels.

Il entendit la résignation soumise dans ma voix. Ses canines de dévoilèrent dans un rictus de satisfaction, ses mains glissèrent sur mes hanches puis, épousèrent ma poitrine avant de retirer ma veste. Il défit ma jupe et ma culotte, ne me laissant que les chaussures, trop longues à délacer.

— À genou, alors.

J’obéis. Il ôta le masque de Geisha et lui dis :

— Fais-lui une tresse, s’il te plaît, avec le foulard. Tu le laisses dépasser du reste de sa longueur.

Geisha se plaça derrière moi et je fermai les yeux pour savourer les gestes dans ma chevelure. Arcan s’éloigna, et lorsqu’il revint, il appuya sur la télécommande pour faire descendre le lit. Dans une main, il tenait le harnais de visage. Il présenta la boule à ma bouche. Impatiente de connaître son plan, j’ouvris docilement la mâchoire et le laissai refermer, deux lanières passant devant mes carreaux de lunettes. Il passa derrière moi, plia mes bras l’un contre l’autre et enroula du foulard à mes poignets, m’obligeant à garder le menton relevé et les mains dans le dos. Il se plaça entre moi et le lit, et tira la laisse de Geisha pour l’amener à lui.

— Je trouve que tu as manqué d’imagination. Mais, c’est normal pour une jeune fille qui débute.

Il enleva le collier de Geisha et l’étreignit contre lui. Ils s’embrassèrent comme eux amants ivres l’un de l’autre. Ses doigts se promenèrent sur les fesses rondes de mon amante. En quelques secondes, je compris la leçon. Il lui donnait ce dont j’avais envie. J’étais obligée d’y assister en regardant de biais à côté des lanières, le ventre humide de désir, la bouche salivant à cause de la boule. Leurs caresses ne cessaient pas, leurs baisers revenaient sans cessent à leurs bouches. Le désir de Geisha n’était pas feint, sa respiration s’approfondissait.

Soudain, il la souleva et la jeta sur le lit de profil par rapport à moi. Elle ouvrit grand les cuisses, et je regardai, impuissante, leurs sexes fusionner. Il se pencha au-dessus d’elle, commença un va et vient lent, singeant ces accouplements parfaits de cinéma. Ils irradiaient de désir et de sentiments, s’embrassaient, se caressaient, tout en laissant leur corps danser langoureusement. Puis il cédant aux appels du bassin de Geisha, il posa ses bras de part et d’autre de ses épaules pour accélérer. Je n’étais pas jalouse, mais envieuse. La colère de ne pas être à sa place se dissolvait dans mes désirs. Mes battements de cœurs semblaient suivre ceux de Geisha qui me dévorait des yeux. Ses couinements nasillards me rendaient folle, mon ventre papillonnait d’une faim sexuelle incommensurable.

Soudain, il se retira, il grogna, empoigna son sexe et sa semence jaillit, par saccades qui ne semblaient plus en finir, recouvrant le corps de Geisha.

— Merde, je ne voulais pas toucher ton visage. Ne bouge pas.

Il marcha jusqu’à moi et s’accroupit pour me parler doucement :

— Si tu la nettoies bien, j’ai un cadeau pour toi.

J’opinai du menton. Il retira la boule de ma bouche. Sa main m’aida à me relever et m’accompagna jusqu’au lit. Je m’agenouillai à côté de Geisha et passai ma langue sur sa peau. Elle inspira profondément alors que j’enivrais de son odeur mêlée à celle du sperme. C’était un cocktail explosif pour mes sens. Je léchai sa joue, aspirai le suc, puis descendis en fur et à mesure sur sa poitrine. Petit à petit, je fis disparaître la semence particulièrement liquide. Arcan laissa ses doigts sur ma croupe, flattant mon entre cuisse d’effleurement distraits. Il me susurra :

— Si elle jouit, tu jouiras.

Les mots étaient aussi puissants que des caresses. C’étaient des promesses enivrantes, désinhibantes. Ma langue fendit le con de Geisha et j’aspirai son clitoris de toutes mes forces. Elle se figea, caressa mon échine pour me dicter ses envies, puis elle reprit ses couinements là où Arcan l’avait abandonnée.

Il ne fallut pas longtemps pour à son ventre pour danser la félicité. Ma joue sur son pubis, je l’écoutai vibrer avec plaisir. Arcan me prit par le bras et me conduisit au pied du lit. Il m’agenouilla et me dit :

— Maintenant, ça va être à toi.

Il retira mes lunettes, posa le masque de relaxation sur mes yeux, repositionna la boule dans ma bouche, resserra le harnais et murmura à mon oreille :

— Difficile d’articuler mygale, non ?

Je frissonnai, ignorant si c’était du sadisme ou de la plaisanterie. Il détacha mes mains, noua mes poignets devant moi et les tendit vers le crochet au plafond à l’autre bout de la pièce. Mon corps se trouva tiré en avant. Puis, plus rien.

— Geisha tu m’aides ?

— Yep.

Un son d’appareil électrique vibra.

— Tu marques ? proposa-t-il.

— Ça ne va pas être trop gros ?

— Non. Regarde.

— Si vous le dîtes, moi je n’y connais rien.

— Les voisins sont en vacances, heureusement.

Le bruit soudain d’une perceuse vibra dans mes tympans. Arcan perça quatre trous. Geisha rit quand ce fut fini :

— Je n’aurais jamais cru que je ferai un jour du bricolage toute nue.

Le marteau frappa les murs. Le calme revint, agité de vas et viens feutrés. Puis Geisha revint près de moi. Sans m’avoir déchaussée, ils enroulèrent les mollets, puis les tirèrent vers ce que je devinais être de nouveaux points d’accroche. Je me retrouvai suspendue au-dessus du vide, les poignets vers le plafond, les cuisses à la limite du grand écart, tirées vers des murs opposés. Arcan parla à nouveau :

— Installe-toi sur un cousin, et fait comme ça. Juste pour réveiller, pas pour faire mal.

Inquiète, je traquai le son de Geisha, derrière moi, malgré ses pieds nus. Soudain, une lame en plastique me frappa la vulve. Je sursautai en criant, plus par surprise que douleur. Arcan caressa mon échine courbée tandis que Geisha poursuivait à cadence régulière. Au début, la sensation de fourmillement me parut très mécanique. Mais très vite, mon pubis me semblait gonflé tant il bourdonnait, mon clitoris était dur et ma cyprine abondait.

— Comment ça se passe ? demanda Arcan.

Elle s’interrompit.

— C’est rouge.

— Mmm. Apaise-la un peu.

Geisha étala ma mouille avec ses doigts dans un mouvement apaisant. Son index et son majeur se glissèrent sans un effort dans mon vagin. Ma respiration s’approfondit tant le plaisir grimpa.

— Ne la fais pas jouir, suggéra Arcan. Juste ce qu’il faut.

Ses caresses suivirent mes nymphes, jouèrent autour de mon clitoris, puis elle reprit soudainement les frappes sèches. Je criai de surprise à la première. Mon corps en tremblait, mes pensées n’existaient plus, dissoutes dans l’instant. Geisha s’arrêta après une ou deux minutes. J’appréciai l’effet reposant, et sa langue passa de mon clitoris à mon périnée. Je frissonnai de bien-être. Elle recommença une fois elle reprit les frappes, me délaissant dans un abîme de frustration. Je voulais jouir, j’étais à deux doigts de l’orgasme. Les petits claquements secs qui s’accéléraient semblait à la fois ralentir le processus vers le septième-ciel, et m’y amener. Arcan caressa ma poitrine, longea mon flanc, puis interrompit Geisha. Elle se leva, m’abandonnant dans l’ébullition de ma libido.

Sa vigueur revenue, Arcan se plaça derrière moi, agrippa fermement mes cuisses et me pénétra lentement. Je lâchai un cri de soulagement malgré mon bâillon. Il semblait me remplir plus que d’ordinaires. Tous mes muscles se contractèrent autour de sa verge pour rendre la pénétration encore plus douce. Puis Arcan s’élança, violent, bestial, sauvage. Ses testicules s’écrasaient contre mon clitoris et son gland frappait au fond de mon ventre. Plus question de pudeur ou de tenue. Je gémissais à chaque coup de rein, laissant la bave glisser sur mon menton et me chatouiller jusqu’à la poitrine. Geisha se glissa sous moi et sa bouche saisit mes seins tendus un à un. Mais c’était à peine si je la sentais. Tout ce qui vibrait en moi, c’était les coups de béliers. L’orgasme m’échappa, soudain, presque imprévisible de rapidité. Je hurlai en le sentant déferler. Arcan se figea. Alors les vagues se propagèrent à travers tout mon corps, me faisant trembler au-dessus du vide.

La bouche de Geisha se perdit en générosité sur mon ventre, celle d’Arcan sur mon dos. Je ne pouvais pas le remercier à cause du bâillon, mais mes pensées allaient vers eux. Il n’était plus question de mensonge, de manipulation ou de domination. La seule vérité, c’est que je voulais que cette soirée durât une éternité.

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