L'acceptation, ou l'asservissement consenti

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Le lendemain, Margot se réveilla douloureusement dans un lit douillet. Elle se trouvait dans une chambre et la chaleur qui régnait sous les draps lui fit comprendre qu’elle n’avait sûrement pas dormi seule. Dès son premier mouvement, elle grimaça de douleur. Elle passa ses doigts sur les marques qui striaient sa peau et remarqua qu’on lui avait passé de la pommade.

Elle n’arrivait pas à faire le tri dans sa tête. Encore et toujours, Madame Solange lui faisait ressentir des sentiments antinomiques, discordants. Mais cette fois, la joie semblait prédominer.

Car sa nouvelle réalité était sortie, par deux fois, de la bouche de sa Maîtresse : Margot était de retour. Une autre Margot, qui n’avait plus rien à voir avec celle qui s’était mariée avec Thomas. Il y aurait un avant et un après, une nouvelle Margot qui ne se laisserait plus influencer par les normes d’une société qui l’aurait bouffée jusqu’à la moelle en l’enclavant dans un rôle de femme docile. Elle aurait sûrement fini par quitter son travail, dès sa première grossesse, aurait vécu en faisant semblant d’être épanouie, comme ces femmes qui affirment que leurs enfants suffisent à leur bonheur. Et peut-être même qu’elle aurait fini par y croire elle-même. Tout ceci était aujourd’hui impossible, impensable. Cette Margot-là était morte.

Mais il y avait de nouveau une Margot. Une Margot plus belle, plus forte, plus indépendante, plus résistante. Une Margot qui savait exactement ce qu’elle voulait. Pourquoi elle le voulait ? Là était la grande question à laquelle elle répondrait un jour. Mais Margot n’avait jamais été aussi sûre d’elle.

La porte s’ouvrit doucement alors que ça ne faisait que quelques minutes qu’elle s’était réveillée. Aussitôt, une agréable odeur de café chaud et de pain grillé envahit la chambre.

La silhouette de Madame Solange portant un plateau s’engouffra dans la chambre. Sans un mot, elle le déposa aux pieds de Margot et alla tirer un peu le rideau, pour éclairer la pièce en gardant une ambiance tamisée.

-- Bonjour, ma belle, lui fit-elle. Je crois que tu as bien mérité un petit-déjeuner au lit.

Margot la regarda sans rien répondre. Il lui fallait attendre un peu pour réaliser que tout ceci était vrai.

-- Bonjour Maîtresse, lui répondit-elle.

Madame Solange lui sourit et l’aida à s’asseoir, avant de placer le plateau pour qu’elles puissent manger ensemble. Ce qu’elles firent sans un mot, se souriant mutuellement, un peu gênées parfois.

-- Madame Solange est morte dans les flammes hier soir, lui dit-elle enfin. À partir d’aujourd’hui, je suis Suzanne. Suzanne Lemoirier.

-- Enchantée, lui répondit Margot en ricanant. Maîtresse Suzanne, donc ?

Suzanne lui sourit tendrement et posa sa main sur la joue de Margot.

-- Ce soir, je quitterai le pays. Tout est prêt en Suisse, pour moi. Il y a quelques temps de ça, je t’ai dit qu’une fois tout ça terminé, tu aurais une décision à prendre. Je ne te laisse que peu de temps, je le sais. Mais si tu le souhaites, tu peux venir avec moi.

Margot lui sourit, pencha la tête pour mieux sentir la main de sa Maîtresse contre sa joue. Puis elle lui la prit dans les siennes, y posa un bisou.

-- Vous m’avez dit hier soir que j’étais libre, alors je vais vous parler comme une femme libre. Je n’oublierai jamais dans quelles conditions je suis devenue votre soumise. J’ai vécu un enfer. Mais je suis fière de la femme que je suis devenue. La Margot qui a été amenée de force dans votre bureau est aussi morte que Madame Solange, aujourd’hui. Celle que je suis aujourd’hui n’a rien à envier à celle que j’étais. Sans vous, cette Margot d’aujourd’hui serait restée un fantasme pour la Margot d’hier. Et malgré les circonstances, malgré tout, je ne reviendrai pas sur ce que je vous ai dit hier soir. Je vous aime. Et vous suivrai partout où vous irez… Maîtresse Suzanne.

Pour la première fois, Margot vit les yeux de sa Maîtresse s’embrumer. La joie faisait naître des larmes qui coulèrent abondamment alors qu’elle ricanait nerveusement. Elle joignit sa deuxième à celles de Margot et les embrassa tendrement avant de lui répondre, visiblement émue :

-- Nous sommes deux nouvelles femmes. Solange avait une raison bien précise de t’avoir à ses côtés, dictée par un plan qu’elle avait construit de longue date. Suzanne, elle… Je dois t’avouer qu’il s’agit de ma vraie identité. Suzanne te désire à ses côtés uniquement pour ce que tu es. Il n’est plus question que tu sois nommée Esclave ou Servante. Tu es simplement ma soumise, parce que cette fois, c’est ton choix. Maîtresse Suzanne et sa soumise Margot… qu’y a-t-il ? demanda-t-elle, entre surprise et légèrement vexée de voir sa soumise se mordre les lèvres pour s’empêcher de rire, dans un tel moment.

-- Veuillez m’excuser, Maîtresse… Mais je viens de réaliser alors que vous le disiez… Suzanne et Margot… Ça fait S et M… SM…

Suzanne ricana à son tour, Margot laissa sortir le rire qu’elle couvait. Suzanne replaça une mèche de cheveux de Margot derrière son oreille.

-- Je trouve ça parfait. Tu es parfaite, jusqu’à ton nom, tu vois ? Mais ne nous reposons pas sur nos lauriers. Si tu me suis dans cette nouvelle aventure, tu vas devoir préparer ton départ. Prévenir ta famille, tes amis…

-- C’est à moi de le faire, cette fois ?

-- Bien sûr, Margot. Tu es seulement soumise, maintenant. Je ne vais pas devenir ta secrétaire ! Allez hop ! Oh ! Avant que je n’oublie !

Suzanne se leva d’un bond, toute légère, visiblement transportée par la réponse de Margot. Elle sortit de la chambre et y revint rapidement, portant un bol qu’elle tendit à Margot.

-- Il y a certaines habitudes qui resteront, tout de même, lui dit-elle alors que Margot reconnaissait le liquide matinal de sa Maîtresse.

-- Celles du soir aussi ? demanda-t-elle.

-- Surtout celles-ci…

Margot trouva que le goût de l’urine de sa Maîtresse avait changé. Ou peut-être était simplement elle. Elle but le contenu du bol sans aucune grimace, souriant même à sa Maîtresse, à qui elle rendit enfin le bol vide.

-- Maintenant, au boulot, Margot. Nous n’avons pas de temps à perdre. Dans huit heures, nous devons être sur la route !

La journée passa à une vitesse folle. Margot n’avait pas grand-monde à prévenir. Ses parents furent ravis pour elle d’apprendre que la proposition d’un travail en Suisse avait abouti. Elle appela aussi Brigitte, ce fut un peu plus long. À elle, elle avoua que son Maître était une Maîtresse et qu’elle allait s’installer avec elle. Brigitte eut bien un petit moment de blocage en apprenant le fait que Margot était attirée par les femmes, mais cela passa très vite, et cela la rendit heureuse. Au moins une personne à qui elle n’aurait pas à mentir sur toute la ligne.

Le midi, Suzanne posa quelques feuilles près de l’assiette de Margot, qui mangeait toujours aux pieds de sa Maîtresse. Cela lui rappelait un peu ce qu’elle avait eu à apprendre par cœur pendant sa formation, mais cette fois, ce qu’elle avait à emmagasiner, c’était l’histoire de leur rencontre. Qui était finalement assez proche de la réalité.

Margot et Suzanne s’étaient rencontrées pendant une soirée, à un moment où le couple de Margot battait de l’aile. Suzanne, qui était tombée sous son charme, lui avait présenté des amis qui, tous, pratiquaient la Domination/soumission, le Bdsm. Et de fil en aiguille, Margot avait à son tour succombé aux charmes de Suzanne, découvert la soumise en elle, et quitté son mari.

Bien entendu, Suzanne avait pensé à tout et avait même ajouté quelques anecdotes qu’elles pourraient raconter à leurs futurs amis en Suisse. Elle lui précisa aussi qu’elle avait déjà quelques connaissances là-bas, des amis, justement, qui baignent dans le milieu Bdsm.

-- Tu ne dois jamais parler de ta formation à ces gens-là. Ce que tu as vécu est loin de la manière dont ils pratiquent tout cela, même si ça peut parfois paraître assez proche.

-- Bien sûr, Maîtresse. Vous pouvez compter sur moi.

-- Tu ne feras pas simplement de ton mieux ? demanda Suzanne en se moquant un peu d’elle.

-- Non, Maîtresse. Je ne suis plus Servante M. Vous pouvez compter sur moi.

Dans l’après-midi, elle put aider sa Maîtresse à certaines taches. Et elle put donc surprendre la discussion qu’elle eut avec Maximilien Jamal.

-- Excusez-moi de vous déranger, je… Oui… Oui, j’en ai entendu parler, bien sûr… Oui, bien sûr, allez-y… … J’avoue que j’en avais vaguement entendu parler, plus comme des rumeurs. Mais vous comprendrez que rumeur ou pas, je n’avais aucune envie d’en apprendre plus. Et si j’avais ne serait-ce que soupçonné un de nos membres en faire partie, il aurait été exclu aussi sec. D’ailleurs… je suppose que vous ne pourrez pas satisfaire à ma demande, mais j’aimerais une liste des personnes arrêtées, afin de m’assurer qu’il n’y a là aucun membre de notre club… ou ne serait-ce que des proches… Il va sans dire qu’il est hors de question que notre groupe soit mêlé à ce genre de scandale… … hum… Bien entendu… Deux jours ? Ce serait parfait ! Je ne m’attendais pas à recevoir cela aussi vite, je vous en remercie… Oui ! (elle ricana) En tout cas, merci énormément ! Oh ! Avant que j’oublie ! Je vais devoir m’absenter un moment, pour le travail. Au moins quelques mois… N’ayez crainte, cela arrive régulièrement. Mon amie Laura devrait vous contacter demain… Oui, bien sûr, je comprends… Je lui dirai d’attendre la semaine prochaine, que les choses se calment de votre côté… … Merci beaucoup, à vous aussi. Bon courage avec cette sordide affaire.

Lorsqu’elle raccrocha, elle vit Margot qui avait arrêté son activité pour écouter.

-- Vilaine curieuse ! s’exclama-t-elle.

-- Pardon Maîtresse…

-- Tu n’as pas à t’inquiéter. Cette affaire ne nous rattrapera jamais.

-- S’ils n’ont pas votre identité, ils auront tout de même votre description…

-- Bien entendu ! C’est d’ailleurs pour ça que je dois te laisser !

Sans rien révéler à sa soumise de ce qu’elle partait faire, elle lui donna quelques ordres et s’en alla.

Margot n’eut pas pour bien longtemps à terminer ses taches et ne put s’empêcher d’allumer la télé pour avoir des infos sur ce qui s’était passé la veille au soir. Il lui fallut zapper sans cesse, avant de tomber sur une chaîne d’info qui en parlait. Elle resta d’abord abasourdie par les images des bâtiments en feu. D’après ce qu’elle voyait, seuls ceux de Madame Solange avaient été touchés, mais tout ou presque avait été ravagé par les flammes. Puis vinrent les images des rescapés et elle n’en crut pas ses yeux, ni ses oreilles. L’ensemble des clients et invités (en tout cas ceux et celles qui n’avaient pas réussi à s’échapper) se faisaient embarquer par les forces de l’ordre. La commentatrice expliquait que les Esclaves et prostituées avaient immédiatement été prises en charges par des associations. D’après elle, l’incendie n’avait fait qu’une seule victime : celle que l’on nommait Madame Solange et qui était à la tête de ce réseau local d’esclavagisme sexuel. Le scandale était d’autant plus explosif que la plupart des personnes mises en examen pour, dit-elle, « complicité de traite d’humains et exploitation sexuelle de personnes en situation d’esclavage, encourant donc jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle », sont des personnes à hautes responsabilités au niveau local et national.

Margot en fut bouleversée, prise entre l’effroi d’avoir été une des victimes, et la joie de savoir tous ces gens derrière les barreaux. Comme disait sa Maîtresse, elle ne faisait pas les choses à moitié !

Pendant quelques minutes, elle eut presque envie d’envoyer un message à Thomas, le rassurer, lui dire qu’elle allait bien. Mais elle décida que ce serait partie intégrante de sa punition, voulut à nouveau lui envoyer un message et s’énerva contre elle-même d’être aussi gentil avec ce moins que rien.

Heureusement, elle fut interrompue dans ses tergiversations par la porte qui s’ouvrit. Margot se pressa vers sa Maîtresse et s’agenouilla devant elle avant même de se rendre des changements qu’elle avait opérés. Elle avait coupé ses longs cheveux en un carré qui amincissait son visage et les avait frisés et colorés en noir. Elle portait des lentilles qui lui donnaient un regard sombre. Le maquillage lui donnait un teint bien halé, au moins qu’elle pouvait passer pour une métisse. Quelques rides avaient soigneusement été camouflées et on ne lui donnait plus son âge. Des lunettes rondes venaient parfaire le changement. Elle était méconnaissable.

Margot se dit qu’elle n’avait pas à faire tant d’efforts puisque tout le monde pensait que Madame Solange avait péri dans l’incendie. Elle n’osa pas, d’ailleurs, poser la question qui était survenue : si ce n’était pas Madame Solange, à qui appartenait le corps retrouvé ? Mais elle savait aussi que Suzanne ne laissait rien au hasard. La police finirait sûrement par comprendre qu’il ne s’agissait pas d’elle, et aussitôt elle se mettrait à sa recherche. Si tel était déjà le cas, elle avait pris les devants.

En attendant, Margot fut éblouie par la nouvelle beauté de sa Maîtresse. Elle lui sourit de toutes ses dents et lui dit à quel point elle la trouvait délicieuse.

-- Habille-toi, lui répondit Suzanne avec une caresse. Léger. Et descends toutes nos affaires dans la voiture. Nous allons pouvoir partir un peu plus tôt.

La route était longue, ennuyeuse. Les marques dans son dos la démangeaient par moments. Les heures passaient, Suzanne se refusait à prendre l’autoroute. Elles devaient être deux amoureuses qui partaient en vacances. Ainsi, Margot n’était pas, pour une fois, attachée à la poignée de peur. Elle savait que ce ne serait que provisoire. Une fois passé la frontière, elles redeviendraient une Maîtresse et sa soumise.

Il faisait déjà nuit lorsqu’elles la traversèrent, sans aucun souci. Tous les papiers étaient en règle, la fouille fut un peu longue mais effectuée dans une ambiance plutôt bon enfant. Il faut dire qu’à cette heure, il y avait moins de passage. Les douaniers restaient sur le qui-vive, mais avec elles, ils furent plutôt agréables.

Elles repartirent en souriant. Leur objectif était atteint. Mais à peine quelques kilomètres plus loin, Suzanne s’arrêta. Elle sortit la laisse et attacha Margot en lui souriant.

-- Nous allons rouler un peu sur l’autoroute. Nous ferons une pause à la prochaine station, et nous sortirons un peu plus loin pour rejoindre notre nouvelle maison.

-- J’ai hâte d’y être, Maîtresse ! s’exclama Margot.

Comme prévu, elles s’arrêtèrent à la première aire de repos. Suzanne se gara et elles allèrent ensemble chercher un café, Margot tenue en laisse. D’abord, elle fut timide, les yeux rivés au sol, suivant sa Maîtresse à petits pas discrets. Mais Suzanne la reprit :

-- Tu as consenti, Margot. Assume-le et sois en fière.

Alors elle releva la tête. Elle vit d’abord le petit sourire de sa Maîtresse, ce qui l’aida à aller jusqu’à bomber un peu le torse et commencer à rouler du cul avec une légère exagération. Malgré l’heure tardive, il y avait du monde, ici, et ça n’avait rien d’étonnant. On était dans la première aire de repos après la frontière, où tout le monde avait dû prendre son mal en patience. Une petite pause faisait du bien. Margot regardait autour d’elle en faisant la queue pour commander les cafés, pendant que Suzanne tapotait sur son téléphone. Les réactions étaient diverses et variées. Il y avait les personnes choquées, qui posaient sur elle des yeux noirs, les gens étonnés qui pouffaient de rire mais montraient une certaine curiosité. Puis il y avait les regards lascifs. Sa petite robe d’été légèrement échancrée qui ne descendait qu’à la moitié de ses cuisses n’y était pas pour rien. D’ailleurs, le serveur qui s’occupa d’elles ne se priva pas pour la reluquer, provoquant sûrement ce petit geste de sa Maîtresse, après avoir réglé les consommations. Une main posée sur sa fesse, relevant juste assez sa robe pour que les mateurs de derrière remarquent qu’elle ne portait rien en-dessous, elle lui intima de porter les tasses, avant de la mener jusqu’à une table libre, où elle s’assit, laissant Margot boire son café à genoux près d’elle.

-- À partir de maintenant, nous n’avons plus rien à cacher, lui dit Suzanne, si ce n’est le passé. Mais ce que nous sommes ne doit être un secret pour personne, ici. Aujourd’hui, j’ai des devoirs envers toi. Et je veux que tu puisses t’épanouir dans ta vie de soumise, au vu et au su de tous.

-- C’est déstabilisant, Maîtresse, lui avoua Margot en posant sa tête sur sa cuisse. Mais aussi très excitant.

Suzanne lui sourit, et caressa ses cheveux en silence tout en terminant son café. Elles retournèrent à la voiture, mais avant que Margot ne puisse monter dans l’habitacle, Suzanne l’arrêta :

-- Retire ta robe, lui dit-elle.

Margot fut surprise, mais agréablement. Elle eut toutefois une petite pointe d’appréhension, se remémorant la fois où elles s’étaient arrêtées dans un tel endroit. Pendant qu’elle s’exécutait, Suzanne fouillait dans un sac, dans le coffre. Elle revint vers elle avec un pot de pommade, puis la tira jusqu’à l’avant de la voiture. Là où elles s’étaient garées, elles n’étaient que très peu éclairées. Suzanne lui intima de poser les mains sur le capot, d’écarter les jambes, comme pour une fouille, puis elle commença à passer de la pommade sur les blessures de sa soumise. Dans cette position, Margot ne put que remarquer les personnes qui s’approchaient. D’abord un couple qui les zieuta jusqu’à rentrer dans leur voiture, ensuite un camionneur qui rejoignait son véhicule et leur fit un signe en souriant, avant de disparaître. Suzanne prenait tout son temps, elle le savait, et cela l’excitait énormément. Ce qui ne passa pas inaperçu auprès de sa Maîtresse.

Elle sentit sa main se poser sur sa vulve et se crispa de plaisir, tendit sa croupe vers elle. Elle reçut de douces caresses, qu’elle accompagna d’ondulations sensuelles et de gémissements lascifs.

-- Ma magnifique petite chienne en chaleur, susurra Suzanne en se concentrant sur son clitoris. Tu dégoulines déjà… tu repenses à cette fois-là, hein ?

-- Oui, Maîtresse, j’avoue…

-- Tu aimerais recommencer, hein ?

-- J’adorerais, Maîtresse, si cela vous comblait…

Mais Suzanne retira sa main, lui claqua la fesse et ricana.

-- Malheureusement, nous avons encore un peu de route, et je suis exténuée ! j’ai trop hâte de rentrer. Pas besoin de te rhabiller, Margot.

Alors qu’elle ouvrait la porte pour rejoindre sa Maîtresse dans l’habitacle, deux jeunes hommes passaient sur le parking, au niveau de leur véhicule. Margot leur offrit un regard de braise prit tout son temps pour reprendre sa place, bomba le torse pour eux, pour qu’ils puissent bien imprimer dans leur mémoire l’image de cette jeune femme nue, la laisse dorée pendant entre ses seins. Elle les aguicha, même, en caressant subrepticement son clitoris, puis s’engouffra finalement dans la voiture. À peine assise, elle reçut une claque sur le sein gauche :

-- Tu es intenable quand tu es excitée ! Une vraie salope ! s’exclama Suzanne en ricanant avant de la rattacher à la poignée de peur.

-- Je croyais que vous aimiez ça, Maîtresse, lui répondit-elle sur un ton qui montrait que la claque n’avait en rien calmé ses ardeurs.

-- C’est exact, Margot. Ce n‘est pas une raison pour en abuser à la moindre occasion. Tu vas devoir apprendre à te tenir.

-- J’apprendrai, Maîtresse. J’apprendrai tout ce qui pourra vous rendre heureuse.

Suzanne lui sourit, lui asséna une nouvelle gifle sur le sein en ricanant, puis démarra la voiture.

Après avoir quitté les routes les plus fréquentées, elles roulèrent pendant deux bonnes heures dans la campagne suisse, se dirigeant vers des collines de plus en plus hautes et de moins en moins habitées. Margot finit par se calmer, et même s’assoupir. Elle fut réveillée par Suzanne et découvrit qu’elles étaient garées dans une cour boisée. Devant elles se dressait un chalet. Mais ce chalet-là n’en avait que l’allure, car il était énorme.

-- Wow ! s’exclama-t-elle avant que Suzanne n’éteigne les phares.

-- Bienvenue chez nous, ma chère Margot.

À peine eurent-elles le temps de sortir de la voiture qu’une lumière s’alluma, la porte s’ouvrit sur un homme d’une quarantaine d’années, visiblement musclé sous son costume, qui se précipita vers elles.

-- Bonsoir Madame. Vous avez bien roulé, nous ne vous attendions pas avant une bonne vingtaine de minutes.

Ce fut à peine s’il eut un regard pour Margot, malgré sa nudité. Dans les hauteurs et en pleine nuit, il faisait bien plus frais, et elle grelotait déjà. Suzanne salua Gabriel et le laissa s’occuper de leurs bagages, puis tira Margot par la laisse jusque dans la maison.

Rapidement, Margot en oublia le froid, et même sa nudité.

Le rez-de-chaussée était complètement ouvert, tel un loft. Elles étaient entrées par la porte du milieu, et après un petit sas où Suzanne déposa sa veste et leurs chaussures, elles étaient arrivées dans un grand espace. Devant elles, un grand salon avec canapés et fauteuils, qui pouvait bien accueillir une vingtaine de personnes. Il y avait là un énorme écran plat, qui trônait entre des étagères remplies de livres. Sur la droite, derrière un mur en pierre, elle devina la cuisine, de grande taille aussi. Il y avait de la lumière et une odeur de légumes s’en dégageait. Quelqu’un leur faisait la cuisine ! Sur la gauche, la table à manger, longue et solide, entourée de nombreux sièges. De ce côté-là aussi, elle vit un couloir qui menait à différentes pièces. Chambres d’amis et commodités, sûrement.

Margot n’en revenait pas. Elle savait que Suzanne était riche, très riche. Mais ce qui l’étonnait le plus, au fond, c’était qu’elle soit attirée par autant de luxe. Chaque décoration, chaque babiole semblait être d’un prix exorbitant, bien que choisi avec soin. Elle fut coupée dans son observation par une femme, à peu près de l’âge de Suzanne, mais plus ronde, habillée en tailleur.

-- Suzanne ! s’exclama-t-elle, enjouée. Comme je suis heureuse de te revoir ! Et en belle compagnie… Il s’agit de Margot ?

-- C’est exact, répondit Suzanne en ouvrant les bras pour embrasser la cuisinière. Margot, je te présente Emma, mon intendante. Lorsque tu ne seras pas prise par moi, tu l’assisteras dans tout ce qu’elle te dira de faire. Tu apprendras beaucoup auprès d’elle.

-- Je vous monte vos bagages dans votre chambre, les coupa Gabriel. Où dois-je mettre les siens ? demanda-t-il en regardant enfin Margot, mais sans lueur particulière dans le regard.

-- Dans ma chambre aussi, répondit Suzanne. Et vous monterez le panier, s’il vous plaît.

-- Bien Madame.

Et l’homme s’en fut, laissant les trois femmes ensemble. Pendant ce temps, Emma reluquait Margot. Elle la fit tourner un peu sur elle-même, passa un doigt sur une ou deux cicatrices, puis finit par lui sourire.

-- Elle semble résistante. Tant mieux ! Je n’aime pas les soumises aux airs de princesse.

Suzanne ricana, alors que Margot se sentait un peu mal à l’aise.

-- Tu sais que je n’installerais pas n’importe qui dans ma chambre, Emma. Crois-moi, elle te sera d’une grande aide. Bien que les premiers jours, nous serons pas mal prises.

-- J’imagine, oui ! Alice n’arrête pas de m’envoyer des messages. Elle veut absolument connaître mes premières impressions sur ta nouvelle soumise.

-- Quelle vilaine curieuse ! Tu la feras mariner. Elle se fera elle-même son idée demain.

-- Comme tu voudras. J’avoue que jouer avec ses nerfs ne me dérangera pas !

Puis elle se tourna vers Margot, qui commençait à se sentir de trop entre les deux femmes qui avaient visiblement plus une relation d’amies que de patronne à employée.

-- Ta Maîtresse nous fait rarement le plaisir de venir nous voir accompagnée d’une soumise. Il lui est arrivé d’emprunter une soumise pour venir ici, mais c’était chose rare. Une soumise à elle… c’est un événement, pour nous ! Tu dois avoir quelque chose de spécial, et tout le monde meurt d’envie de savoir ce que c’est !

Margot la regardait, entre étonnée et timide. Suzanne vint alors à sa rescousse.

-- Emma est mon employée, ici, Margot. Mais elle d’abord une amie, qui fait partie du cercle dont je t’ai parlé. Tu n’as pas à être soumise avec elle, ici. Tu la vouvoieras, bien entendu, mais lorsque tu l’aideras dans les tâches, elle sera simplement comme ta supérieure. Comme Gabriel, d’ailleurs. Lui, il est un employé comme les autres, ici. Avec une petite particularité que tu dois connaître. Il a été chimiquement castré, après de nombreux viols. Il l’a lui-même choisi pour avoir une remise de peine. Il n’a plus aucun désir sexuel. Il y a aussi Johann et Luca, qui s’occupent, eux, du terrain. Les seules fois où tu devras les aider, ce sera les fois où je t’y autoriserai, rajouta-t-elle avec un sourire en coin que Margot comprit très bien. Gabriel est d’abord un chauffeur. Quand je serai absente, tu seras donc soit seule, soit avec Emma, qui ne profitera pas de toi ici. Elle en aura bien l’occasion ailleurs.

-- Et je m’en réjouis d’avance ! s’exclama Emma, visiblement joyeuse. Mais trêve de bavardages ! Vous devez être affamées, et le voyage a dû vous fatiguer ! Venez donc manger un petit morceau avant de vous coucher !

Elles suivirent donc Emma jusqu’à la cuisine, juste après que Margot ait vu Gabriel entrer dans le couloir de l’autre côté de la grande pièce, et ouvrir une porte qui semblait mener à une cave souterraine. Elle en eut un petit sourire, se souvenant de la maison où elle avait subi sa formation accélérée. Il y avait forcément une cave dans ce chalet aussi.

Une assiette avait déjà été préparée au sol pour elle. Emma connaissait visiblement les habitudes de Suzanne. Elle avala rapidement les légumes préparés par Emma en les laissant papoter. De ce qu’elle comprit, Emma n’était au courant de rien sur les activités de Suzanne de l’autre côté de la frontière. Elle apprit aussi qu’Emma venait aussi de France, mais vivait ici depuis maintenant une quinzaine d’années. Elles reparlèrent de cette Alice, qui s’avérait être la présidente du cercle fermé dont faisaient partie Suzanne et Emma. Mais si elle avait bien suivi, sa Maîtresse était une dominatrice très respectée, même auprès d’Alice. Et elle en ressentit autant de fierté que d’appréhension.

Puis Suzanne conduit Margot à leur chambre après avoir serré une dernière fois Emma dans ses bras. Gabriel vivait, lui, dans un petit chalet un peu plus loin, sur la propriété de Suzanne. Il lui avait été facile de comprendre que Suzanne l’avait embauché, sûrement à moindre coût, parce qu’il ne pouvait trouver de travail ailleurs, après ce qu’il avait fait. Un tel employé saurait tenir sa langue sur les mœurs de sa patronne. Si des ragots devaient prendre naissance, ce ne serait jamais par lui. Mais il la mettait mal à l’aise, il semblait errer, comme si en lui retirant tout désir sexuel, on lui avait aussi retiré toute énergie vitale par la même occasion.

L’étage du chalet tout aussi impressionnant. Les escaliers menaient à un couloir central. Il y avait là plusieurs pièces fermées, et Suzanne la tira jusqu’à celle du fond. La chambre était énorme, faisait tout la largeur de la maison. En entrant, Margot vit d’abord le lit, king size, puis, sur sa droite, un dressing à faire pâlir d’envie son amie Brigitte qui aimait tant les vêtements que son mari avait dû rogner sur son bureau pour lui en construire un. Les rideaux étaient tirés, masquant un paysage que Margot imaginait déjà grandiose. Un petit salon avec une table basse et deux fauteuils avait été installé devant eux. Sur la gauche, la salle de bain. Celle-ci n’était pourtant pas séparée de la chambre. Il n’y avait qu’une vitre qui démarquait le passage de la chambre à cette salle. Gabriel avait installé le panier de Margot au pied du lit. Il n’avait pourtant rien à voir avec celui où elle avait couché il y avait peu de temps. Dans celui-ci, elle pouvait tenir allongée !

Sur la structure du lit, il y avait un crochet et une chaîne. Margot y fut attachée, Suzanne lui désigna un pot de chambre qui avait été glissé sous le lit, et l’embrassa et alla se coucher.

Dans cette grande chambre où tout était ouvert, Margot put l’admirer à souhait pendant qu’elle se préparait, se déshabillait, se démaquillait. Mais elle tomba rapidement de sommeil à son tour, une fois que Suzanne éteignit la lumière.

Le lendemain, elle se réveilla détachée. Sa Maîtresse était visiblement déjà levée et l’avait laissé dormir. Elle prit quelques secondes pour s’étirer, étonnée d’avoir si bien dormi dans un panier de soumise, puis elle chercha le mécanisme pour ouvrir les rideaux. Elle fut complètement abasourdie par la vue qu’elle avait à travers les fenêtres qui étaient plus des murs translucides. En effet, tous les rideaux faisaient le tour de la chambre, mis à part le côté qui menait au couloir. Elle avait une vue panoramique sur les alentours. À gauche, un bois de chênes, de hêtres et de pins ; en face, des collines et vallées à perte de vue ; à droite, la même chose, avec une petite ville en contrebas. Lorsqu’elle sortit de la chambre pour rejoindre sa Maîtresse, Emma était déjà là, aussi. Elle sourit à Margot alors qu’elle descendait les marches, vêtue uniquement de son collier de soumise qui commençait à faire partie d’elle.

-- Ta Maîtresse est allée se promener un peu dans le parc avec Gabriel. Tu peux manger un peu, et puis tu viendras me voir dans mon bureau. Suzanne m’a demandé de te parler de deux-trois choses. C’est la troisième porte à gauche, lui précisa-t-elle en désignant le couloir où elle avait vu Gabriel descendre à la cave.

-- Bien, Madame, merci, lui répondit-elle un peu timidement.

Arrivée dans la cuisine, Margot trouva un bol d’urine de sa Maîtresse, qu’elle ingurgita rapidement, puis un petit-déjeuner consistant qui termina de la réveiller et la mit de bonne humeur. Elle rejoignit le plus rapidement possible Emma dans son bureau. Il s’agissait d’une petite pièce, bien rangée, plutôt sombre, contrairement au reste du chalet. Margot devina qu’elle n’y passait sûrement pas beaucoup de temps.

-- Prends place, l’invita celle-ci.

Margot vit d’abord un fauteuil, et elle se dirigea vers celui-ci. Mais au sol, elle remarqua un coussin, juste à côté et un peu en retrait. Sa Maîtresse lui avait dit qu’elle n’avait pas à être soumise avec Emma, mais elle se dit qu’il serait tout de même mieux vu qu’elle s’agenouille sur le coussin. Ce qu’elle fit sous un large sourire d’Emma.

-- Tu n’es pas soumise depuis très longtemps, n’est-ce pas ? lui demanda-t-elle.

-- Non, en effet, Madame Emma. Tout est allé si vite, en fait…

-- Suzanne nous racontera tout ça rapidement, ne t’en fais pas. Mais je vois que tu prends déjà les bonnes décisions. Tu sembles avoir vite appris où était ta place, ajouta-t-elle avec un index pointé vers le bas, pour lui faire comprendre que sa place était au sol, en-dessous du niveau des autres. Suzanne m’a demandé de te dire exactement ce que je fais ici. C’est assez simple, en fait. Elle n’est pas une patronne très exigeante. J’arrive tôt le matin, pour préparer le petit-déjeuner. Il pourra arriver, sur ordre de ta Maîtresse, que tu doives m’aider. Par la suite, je donne une liste de courses à Gabriel, qui va dès potron minet acheter tout ce dont il y a besoin. Uniquement des produits frais. Il n’y a quasiment jamais aucune réserve, ici. On achète au jour le jour, suivant les besoins. Gabriel revient des courses avant le réveil de Suzanne. Pendant ce temps, je mets un peu d’ordre dans la maison. Ensuite, je tiens compagnie à Suzanne pendant qu’elle mange, avant de me mettre au ménage. Je suis souvent en petite tenue, pour ça. Une lubie de ma part, et Suzanne ne m’en empêche pas. Et je dois t’avouer que les regards de Johann et Luca m’émoustillent. Comme tu l’as remarqué, le chalet est ouvert de tous les côtés ou presque. Le midi, Suzanne ne fait que grignoter, comme tu dois le savoir. Je lui prépare souvent simplement une petite salade et je rejoins ma famille. J’habite à quelques kilomètres d’ici, sur la route d’Asglio, la petite ville qui se trouve dans la vallée. L’après-midi, je reviens pour préparer le dîner. Comme tu le vois, j’ai un travail plutôt tranquille. Mais dès que vous serez… enfin… dès que tu seras acceptée en tant que soumise dans notre cercle, nous aurons des invités à gérer, régulièrement. Parfois à la dernière minute. Je devrai donc faire en sorte que tout soit prêt à temps, et que tout soit parfait. Il peut m’arriver de faire appel à une aide-cuisine ou une femme de ménage externe. À partir d’aujourd’hui, ce sera toi. Tu apprendras donc tout ce qu’aime Suzanne, comment elle l’aime. De la même façon, je t’apprendrai à faire le service, pour que les amis de Suzanne comprennent que sa soumise n’est pas qu’une soumise résistante et volontaire, mais qu’elle est aussi raffinée et intelligente. Dans le cercle, tu seras utilisée sexuellement, physiquement. En dehors de ces soirées, tu devras faire rayonner ta Maîtresse. Encore plus que ce qu’elle ne rayonne déjà seule, j’entends. Crois-tu être capable d’apprendre tout cela, Margot ?

Elle l’avait écouté sans bouger, sans broncher, attentive à chaque mot, comme elle avait appris à l’être lors des soirées organisées par sa Maîtresse. Au-delà des tâches qui incombaient à Emma, elle avait compris beaucoup plus de choses. Emma devait être une femme plutôt soumise à son mari. Elle n’était pas une pure dominante, même si elle pouvait en avoir l’air par moments. Son côté exhibitionniste lui venait sûrement de son mari, qui devait la prêter volontiers à des amis, voire des clients, suivant son activité professionnelle. Malgré cela, elle avait sympathisé avec Suzanne et celle-ci lui avait offert ce poste, sûrement pour lui donner un peu de liberté financière que sa position ne lui permettait pas. Le mari avait sûrement accepté parce que Suzanne n’était pas souvent là, et sa femme, par la même occasion, très peu prise par son travail. Margot se demanda ce que cela allait impliquer dans son couple, maintenant que sa Maîtresse avait décidé de s’installer ici pour de bon. De plus, Emma semblait admirer Suzanne, un peu plus que de raison. Elle soupçonnait Emma de vouloir, peut-être inconsciemment, être la soumise de Suzanne. Ou peut-être l’avait-elle déjà été le temps d’une séance autorisée par son mari ? Et cette expérience aura sûrement été inoubliable pour elle.

Elle hocha donc la tête à la question.

-- Bien sûr, Madame Emma. J’apprendrai tout ce qu’il faudra pour faire le bonheur de ma Maîtresse.

-- Qui sera aussi le tien, ajouta Emma avec un sourire. Tu as déjà tout ce qu’il faut en toi pour ça. Je n’ai jamais vu Suzanne aussi lumineuse. Mais tu dois savoir une chose, sur ce cercle. Tu vas y entrer en tant que curiosité. Beaucoup de soumis et de soumises ont rêvé d’être celle attitrée de Suzanne. Même certaines dominantes ! Tu ressentiras peut-être un peu de jalousie de la part des soumises, et beaucoup des dominants tenteront de te pousser dans tes retranchements. Ils le font souvent avec les nouvelles, c’est un fait. Mais ils le feront encore plus avec toi, comme pour essayer de prouver que Suzanne n’a pas la meilleure soumise. Il te sera difficile d’être respectée là-bas…

-- J’y ai été préparée, Madame Emma, lui répondit Margot avec aplomb. Je veux dire… physiquement préparée. Ma Maîtresse ne m’a pas choisie à la légère, et j’ai subi bien des souffrances avant qu’elle ne me prenne comme soumise. Et dans les moments où je pourrais penser que le pire est derrière moi, Maîtresse sait me rappeler qu’on peut toujours subir pire, dit-elle en caressant une de ses traces sur la peau, qui ne lui faisaient quasiment plus mal, maintenant.

-- Je vois qu’en effet, tu as été préparée. Je crois que je commence à comprendre ce qui a fait chavirer le cœur de Suzanne. Parce que tu dois savoir que personne. Jamais. Personne ne dort dans sa chambre. Même après une partie de jambes en l’air, elle renverra l’homme ou la femme et dormira seule. Tu es la seule à savoir si elle ronfle ou pas !

Margot ricana, mais sans répondre à la question sous-entendue. Sur ces mots, Emma renvoya Margot, lui précisant qu’elle devait se choisir une robe dans le dressing de Suzanne, et d’être prête à son retour.

Margot remonta dans la chambre. Elle prit une douche, longue et chaude, s’assit un moment dans un fauteuil, nue, à admirer la vue. Johann et Luca étaient arrivés et travaillaient dans les parterres de fleurs magnifiques. Ils ne l’avaient pas remarquée et cela lui allait. Ils étaient tous les deux assez jeunes, moins de trente ans, et étaient bien bâtis, comme des jeunes hommes habitués à travailler de leurs mains en plein air.

Au loin, elle vit la silhouette de sa Maîtresse sortir des bois, accompagnée de Gabriel. Ils emblaient se balader comme deux amis. Pourtant, elle avait bien remarqué que leur relation n’avait rien à voir avec celle que sa Maîtresse partageait avec Emma. Elle se dépêcha donc de choisir une robe, légère, fleurie, laissant deviner ses formes qu’elle-même trouvait de plus en plus appétissantes. Puis elle descendit et s’agenouilla face à la porte d’entrée.

Suzanne entra seule dans le chalet. Elle n’eut pas un mot, à peine une caresse sur la joue de Margot avant de lui passer la laisse et de la relever. Elle semblait préoccupée, alors Margot ne lui demanda rien. Elle savait qu’elle finirait par lui parler, elle le faisait toujours. Elle n’avait qu’à attendre patiemment le moment. Elle la sortit, après lui avoir intimé de passer des chaussures, et attendit quelques secondes dans la cour avant que Gabriel ne les rejoigne avec la voiture. Il ne s’agissait pas celle avec laquelle elles étaient arrivées. Cette voiture était bien plus spacieuse, rutilante, aux vitres teintées. Décidément, Margot n’était pas au bout de ses surprises ! Elles montèrent à l’arrière et Suzanne referma la vitre qui les séparait de Gabriel.

-- Emma t’a parlé un peu du cercle, lui dit alors Suzanne, sans que ce ne soit une question. Ce qui va se passer aujourd’hui est l’épreuve que toutes les soumises passent. En tant que dominatrice, j’ai fait mes preuves. À toi de les faire à présent, pour que nous puissions toutes deux être acceptées.

-- Que se passerait-il si j’échouais, Maîtresse ?

-- Je pourrais toujours m’y rendre sans toi. Mais ce n’est pas notre but, n’est-ce pas ?

-- Oh non, Maîtresse ! Je vous ferai honneur comme il se doit.

-- Je le sais, Margot. Mais tu dois savoir une chose, tout de même. Afin d’assurer notre sécurité ici, tu devras les époustoufler. Contrairement aux gens que l’on côtoyait en France, ce sont des gens bien, sous presque tout rapport. Ce ne sont pas de gros poissons, financièrement parlant, même s’ils sont à l’abri du besoin pour plusieurs générations. Mais ils ont une certaine influence. Je suis leur amie, et de longue date. Ils me protègeraient en cas de besoin. Il faut qu’il en soit de même pour toi. Tu comprends ?

-- Je comprends, Maîtresse. Je devrai me surpasser afin qu’ils veuillent me garder près d’eux à tout prix… au cas où le passé referait surface.

Sa Maîtresse lui sourit enfin. Elle posa sa main sur sa joue et l’embrassa avec tendresse.

-- Ça risque d’être rude, mais tu as vécu pire. Repense à ta formation.

-- Elle est ancrée en moi, Maîtresse. Aussi difficile que cela a pu être, chaque instant reste gravé en moi.

Elles se rendirent dans la ville de la vallée. Un peu à l’écart se trouvait le manoir Felbert. Suzanne expliqua brièvement à Margot que c’était la résidence d’Alice, la présidente du cercle, et de son mari Albert. Elles allaient être reçues par Alice, et sûrement cinq ou six des femmes du cercle. Les hommes ne seraient vus que le soir.

Encore une fois, Margot fut impressionnée par tant de luxe. Mais ce manoir dépassait tout, faisant même passer le chalet de sa Maîtresse pour une bicoque en mauvais état. Et pour cause, lorsqu’elle aperçut ce qui servait de remise de jardin au fond de celui-ci, il lui semblait presque aussi grand que la maison de Suzanne.

Elles furent accompagnées à l’intérieur par un homme de grande prestance. Le majordome, en conclut Margot. Le temps de se rendre au « salon vert » (sous-entendu par là qu’il y en avait plusieurs dans la demeure), Margot compta déjà neuf employés. Une dixième se trouvait dans un coin du salon vert, prête à répondre à toute attente des femmes qui prenaient le thé.

Alice se leva la première pour accueillir Margot et Suzanne. Elle sembla chaleureuse avec sa Maîtresse, ainsi que toutes les autres. Personne ne salua Margot. Elle se sentit comme une petite chienne de compagnie que l’on préfère silencieuse. Elle suivait Suzanne qui allait d’une femme à l’autre, et retint les prénoms : Béatrice, Marianne, Félicity, Sofia et Olivia. À part Béatrice, elles étaient toutes plus jeunes que sa Maîtresse et Alice. Et toutes étaient belles. Margot eut un petit faible pour Félicity, avec son mignon accent et sa chevelure blonde qui tombait sur un décolleté des plus affriolants.

Une fois Suzanne et Margot gentiment agenouillée près d’elle, la servante arriva et lui remplit une tasse de thé. Pendant tout ce temps, les six femmes dévisageaient Margot. Elle baissait le regard, à la fois parce qu’elle imaginait qu’elle le devait, et à cause de la gêne qu’elle ressentait.

-- Tu as donc une soumise, Suzy, lui dit Alice une fois la servante retournée dans son coin.

-- Tout arrive, lui répondit Suzanne.

-- J’espère pour elle que tu ne t’es pas trop adoucie.

Margot lâcha un ricanement nerveux. Avant qu’une seconde ne soit passée, son sein gauche la brûlait.

-- On peut savoir ce que tu trouves drôle, ma chienne ?

-- Veuillez m’excuser, Maîtresse, Mesdames. Je… C’est juste que je me disais que si vous vous êtes adoucie, je n’ose même pas imaginer ce que c’était avant.

Suzanne ricana à son tour, puis sourit de toutes ses dents à Alice et aux autres.

-- Tu as ta réponse, on dirait !

-- Oh ! Tu me connais, Suzy ! Je suis comme Saint Thomas ! Je ne crois que ce que je vois… Je vous propose qu’on procède ici pour la première étape. Il fait beau et le vert m’inspire.

-- Une délicieuse idée, Alice, s’enquit Félicity. Nous nous demandions, juste avant ton arrivée si tu étais aussi partageuse avec une attitrée qu’avec une autre, Suzy…

-- Vous savez que c’est mon péché mignon, les filles…

Ravie de la réponse de Suzanne, Alice se leva et fit signe à la servante. Toutes les autres femmes se levèrent à leur tour et Margot resta agenouillée, aux pieds de sa Maîtresse.

-- Tu resteras à quatre pattes tout le long du test, Margot, lui précisa Alice.

-- Bien Madame, comme vous voudrez.

Elle vit la servante approcher avec un plateau. Il n’y avait qu’un objet dessus, que Margot reconnut bien vite : une baguette de bambou, avec une poignée en cuir. On demanda à Margot de monter sur la table basse, sans rien renverser. Ce ne fut pas une mince affaire, mais elle réussit, obligée pourtant à bien écarter les jambes. Sa robe fut relevée et elle sentit sa croupe caressée par Alice, pendant que sa Maîtresse était devant elle, tenant sa laisse et lui lançant un regard d’encouragement.

-- Nous avons plusieurs niveaux de soumises, ici, Margot. De ce que nous appelons des débutantes, même si elles ont déjà pas mal d’expérience, aux plus endurcies. Le test du bambou déterminera à quelle place tu tenteras de faire des premiers pas parmi nous. Nous arrêterons à ton premier cri. Le nombre de coups reçus avant celui-ci déterminera donc les étapes suivantes. As-tu bien compris ?

-- Oui, Madame, je suis prête, Madame.

La surprise et la virulence du premier coup faillirent lui faire lâcher un cri, qu’elle retint au dernier moment. Alice enchaîna sur une petite série pendant laquelle Margot serra les dents, les yeux rivés sur sa Maîtresse qui lui souriait, visiblement sûre d’elle. Ce qui l’encouragea. La deuxième prit le bambou. Mais avant de la frapper, elle lui caressa la croupe, déjà chauffée, et joua un peu avec ses lèvres.

-- On dirait qu’on est tombé sur une vraie maso, les filles. Elle mouille déjà.

Le sourire de Suzanne s’agrandit encore. Il semblait à Margot qu’elle narguait les femmes et lorsque la femme, Olivia, au son de sa voix, abattit le bambou, Margot était prête à encaisser. Ainsi, elle reçut la deuxième volée sans broncher, même si ses jambes et ses bras commençaient à donner des signes de faiblesse. Par la suite, Béatrice et Marianne ne laissèrent pas le temps à Margot de s’en remettre, si bien qu’elle termina la tête entre ses bras, mordant son poignet pour ne pas crier. Vint alors Félicity. Celle-ci commença par caresser sa vulve. L’humidité était présente, moins qu’au début, mais toujours présente. Elle y glissa un doigt, Margot se cambra. Elle sentit le doigt venir presser directement le point le plus sensible de son vagin. Elle mordit son poignet, tout en tendant sa croupe vers la femme que cela semblait amuser.

La série de coups commença alors qu’elle avait encore son doigt en elle. Les coups étaient certes moins appuyés, mais elle dut se mordre fort pour ne pas crier. Ses fesses brûlaient littéralement, chaque mouvement devenait une torture. Et ce n’était que le début du test. Heureusement, Sofia prit son temps, elle. Margot reprenait son souffle, cherchait du courage dans le regard de sa Maîtresse, malgré les larmes qui coulaient.

Elle ne reçut qu’un coup de celle-ci. Margot hurla, ne pouvant plus retenir lorsque la douleur fut si intense. Sofia avait claqué le bambou. Elle n’avait pas donné du bras, mais plié la baguette le plus possible, avant de relâcher. Pile sur sa vulve. Elle lâcha un hurlement qui fut aussitôt suivi de rires. Margot laissa cette fois ses larmes couler, cherchant sa Maîtresse du bout des doigts.

-- Je suis désolée, Maîtresse…

-- Ne le sois pas, Margot ! s’exclama Alice. Tu vas passer le test des soumises les plus dures, les plus aguerries ! Tu viens d’établir un nouveau record ! 48 coups sans un cri… M’est avis que celui-ci va durer un moment !

Suzanne l’aida à se relever et les femmes se rassirent. La servante servit des thés, puis un grand verre d’eau à Margot, qui fut autorisée à retirer sa robe pour éviter que le tissu ne frotte sur ses fesses. Ce n’est qu’alors qu’elles virent les marques de fouet. Félicity vint les caresser, visiblement attirée par celles-ci, mais reprochant à Suzanne, sur le ton de l’humour, d’avoir dopé sa soumise avant le test du bambou.

La suite des tests préparés par les femmes s’enchaîna directement, sans même que qui que ce soit ne soit prévenu. Elles commencèrent par complimenter le corps de Margot maintenant totalement nue. Par réflexe, elle bomba un peu le torse, sans exagérer, afin qu’elles puissent admirer toutes ses rondeurs. Mais rapidement, les compliments furent remplacés par d’autres qualificatifs moins flatteurs. « Ça manque quand même de fermeté, au niveau des fesses… Vous avez vu les vagues que provoquait le bambou ? » « Moi, je te raserais cette crinière dont elle paraît être si fière ! Ainsi, elle saurait qu’elle n’est qu’un jouet ! » « Et puis cette manière, là… désolée Maîtresse, alors qu’elle pulvérise un record… les soumises avec de la fausse modestie, ce sont les pires qui soient ! » « Je ne serais pas étonnée qu’en dehors d’encaisser les coups et ouvrir ses cuisses à toutes les queues qu’elle croise, elle ne soit pas bonne à grand-chose… Vous avez vu ses mains ? On voit bien que sa Maîtresse ne la fait pas travailler convenablement ! » « Un soumise qui se prend pour une princesse ! On aura tout vu ! » « Au fond, ce n’est qu’une petite salope de plus… »

Margot baissait les yeux, recevait chaque commentaire comme une insulte à son dévouement pour sa Maîtresse, et comme une insulte pour sa Maîtresse elle-même. Elle prenait sur elle pour ne pas donner le plaisir aux femmes de se plaindre, et il lui fallait encore plus d’énergie pour ne pas leur répondre. Mais elle sentait qu’elle allait finir par craquer sur ce dernier point, que pour ne pas pleurer, elle allait devoir agir et leur dire le fond de sa pensée : qu’elles toutes réunies ne valaient pas le quart de la moitié de sa Maîtresse, et que tout ce qu’elles disaient n’était dicté que par la jalousie.

Ce fut pourtant sa Maîtresse qui la sauva de cette grossière erreur.

-- Vous savez, les filles… Si nous n’avions pas été dans la phase où on fait chacune connaissance de l’autre, je serais venue seule. Mais pour le moment, elle a besoin de ma présence et je me dois de la forger à ma convenance. Alors tant qu’à être là, je me suis dit qu’elle apprendrait beaucoup, mais vous avez raison : pour l’instant, ce n’est qu’une salope parmi tant d’autres…

Sans relever le regard, Margot ouvrit de grands yeux ronds sous la surprise de cette réponse. Comment pouvait-elle dire ça alors que c’était elle qui lui avait demandé de la suivre ? Bien heureusement, Margot avait conscience que lorsque sa Maîtresse disait quelque chose, c’était toujours réfléchi. Il y avait bien sûr l’histoire qu’elles devaient raconter, afin de cacher les activités de Suzanne de l’autre côté de la frontière. Mais elle comprit seulement alors que cela faisait partie du test. Elle devait rester de marbre devant les insultes. L’humiliation faisait partie intégrante de ce que les femmes lui feraient subir dans ce cercle. Elle devait leur montrer qu’elle pouvait y faire face. Elle releva alors la tête, quelques secondes après l’intervention de sa Maîtresse, pour ne pas qu’elles puissent comprendre que Suzanne avait parlé à dessein.

Cela dura encore de longues minutes, jusqu’à ce qu’Alice se lève sans rien dire de plus que le fait qu’elles allaient passer dans une autre pièce, pour tester son service.

Margot suivit sa Maîtresse. Cette partie-là, elle la connaissait plutôt bien, pour l’avoir pratiqué de nombreuses fois lors des soirées de Madame Solange. Ce à quoi elle ne s’attendait, c’est l’attirail qui accompagnait le test.

Elles entrèrent dans un autre salon, bleu, celui-là. Les couleurs déplurent à Margot mais elle n’en dit rien, bien entendu. Il était assez semblable au salon vert, si ce n’est qu’il n’y avait aucune fenêtre dans celui-ci.

-- Viens par ici, lui dit Alice en ouvrant une grande armoire dans le fond.

Margot s’y rendit en découvrant avec une certaine stupeur ce que contenait l’armoire : tous les ustensiles adéquats pour torturer une soumise de diverses façons. Il y avait de quoi lui faire mal, lui faire du bien, mais aussi tout un assortiment d’objets de contraintes.

Elle ouvrit d’abord un tiroir et en sortit un petit étui qu’elle tendit à Suzanne, lui intimant de passer ça à Margot. Suzanne ouvrit le petit paquet et sourit en voyant un plug anal, plutôt conséquent. Sachant qu’Alice n’aurait plus aucune patience dans ce test (elle savait son amie intransigeante sur le service, et dès qu’il était question de cela, elle devenait une véritable peste), elle s’empressa de pencher sa soumise, imbiba le jouet de beaucoup de salive, et cracha à plusieurs reprises sur l’anus de Margot, qui écartait elle-même ses fesses.

Il leur fallut moins d’une minute pour que le plug soit insérer dans le petit trou de Margot, qui se sentit d’un coup bien remplie. Malgré le fait qu’elle avait retenu des gémissements pendant l’intrusion de l’objet dans son séant, elle n’en sentait pas moins le plaisir puissant qui accompagnait toujours les caresses de sa Maîtresse sur sa peau.

Alice s’impatientait déjà, une paire de menottes à la main, digne d’un donjon du XIVème Siècle. Elles étaient lourdes, avec d’épaisses chaînes. Alice les lui passa, bloquant ses mains dans son dos. Margot ne dit rien, se laissant faire comme elle se devait de le faire, mais réfléchissait déjà à une manière de combler l’utilisation de ses mains. Elle pourrait peut-être servir verre après verre ? D’un rapide regard, elle vit la table où se trouvaient les verres et les bouteilles, une machine à café, une théière fumante. Avec un peu de dextérité, elle pourrait sûrement réussir à s’en sortir, proposant les verres de dos, en présentant son cul rond et strié de marques aux femmes.

C’était bien sans compter sur le sadisme légendaire d’Alice. Celle-ci lui passa une pince à chaque téton. Les deux pinces étaient reliées par une jolie chaînette, bien que très simple. Enfin, avec un large sourire, elle sortit un objet que Margot n’avait encore jamais vu. Ou plutôt, qu’elle n’avait jamais vu comme ça.

Lors de son entraînement auprès de Madame Solange, elle avait passé de longs moments avec ce genre de gag. Au lieu d’une boule, il y avait un bout de cuir, auquel était accroché une sorte de petit gode qui vous rentrait dans la bouche et vous obstruait la gorge comme une queue. On devait alors respirer par le nez, alors sa gorge semblait écartée par l’objet. Celui-ci semblait plus petit, par contre. Peut-être n’allait-il pas jusqu’à la gorge ? Ce qu’elle ne comprit pas tout de suite, c’était le petit rond qui avait été ajouté.

Mais lorsque l’objet lui fut mis, elle n’eut plus aucun doute. Non seulement le petit gode ne lui obstruait pas la gorge (bien qu’il gênait par sa largeur et obligeait Margot à garder la bouche assez grande ouverte), mais le petit rond qui semblait sortir de sa bouche était un plateau de service. Il n’y avait de la place que pour un verre, ou une tasse. En une seconde, elle comprit ce que serait son test : servir les femmes, en ne se trompant pas dans l’ordre, une par une, avec ce plateau. Elle comprit mieux la présence de la servante qui attendait près de la table aux boissons.

-- Bien ! s’exclama Alice, visiblement satisfaite de l’accoutrement de Margot. Allons nous asseoir, Suzanne. Cette petite salope va venir prendre notre commande et nous servir !

Margot les regarda s’éloigner. Une fois qu’elles furent toutes assises, elle s’élança à son tour. Dès les premiers pas, ses jambes défaillirent. Le plug semblait être tellement large qu’elle le sentait jusque dans son vagin. La dizaine de pas qu’elle fit jusqu’aux femmes la fit déjà mouiller un peu plus.

Elle se présenta donc devant elles avec une vulve reluisante, dont elle leur offrit la vue quelques secondes, avant de s’agenouiller le temps que chacune lui dise ce qu’elle souhaitait boire. Sachant qu’elle devrait se mettre à genoux pour chacune d’elles, avec le verre posé sur le plateau, elle profita de ce moment pour s’exercer à s’agenouiller très doucement, la tête bien droite et le plateau le plus horizontal possible. C’était un exercice intense, qui durait de longues secondes. Sept fois, elle devrait ainsi faire le trajet depuis l’autre bout de la pièce, et s’agenouiller, sans rien renverser. L’entreprise lui semblait juste impossible, et un instant, elle se sentit découragée. Alors qu’elle pensait réussir le test du service haut la main, c’est là qu’elle allait échouer et faire honte sa Maîtresse. Mais les femmes commencèrent à commander ce qu’elles souhaitaient. Flûte de champagne, verre d’eau avec trois glaçons, un martini-citron, un expresso, un rosé, un porto, « et une tisane pour ta Maîtresse » ajouta Alice avec un sourire en coin.

Margot hocha la tête et se releva. C’était plus simple que la descente, mais sollicitait ses pectoraux d’une manière intense. Heureusement qu’elle avait subi cet entraînement intensif il y avait peu de temps ! Elle se dirigea jusqu’à la table, trouvant une manière de marcher qui lui stimulait moins le bas-ventre, et commença par la boisson de leur hôte, Alice. En se penchant au-dessus de la table, elle désigna à la servante la bouteille de champagne qui trempait dans son seau de glaçons. Elle le regarda couler dans la flûte et se prépara à la recevoir. La servante sourit à Margot, visiblement compatissante et lui murmura :

-- Serre bien les dents, sinon, ça va tomber tout de suite…

Ce que fit Margot immédiatement en se disant que décidément, ce test allait être long. La servante posa délicatement le verre sur le plateau, et le relâcha doucement, s’assurant que Margot était bien stable. Doucement, elle fit demi-tour. Elle comprit alors qu’Alice avait demandé cela pour une bonne raison : avec sa hauteur, le verre était sensible à chaque mouvement. Le simple de se retourner avait fait trembler le verre et elle était persuadée qu’il allait tomber. Elle ne bougea plus, attendant que le liquide se stabilise dans le verre. Puis elle fit un pas. Et elle se rendit compte à quel point Alice était sadique. Et qu’elle devait très bien connaître les sensations que procurait un plug de cette taille !

Le pas que Margot avait fait pour éviter de trop sentir le plug en elle avait fait tomber le verre. Il termina aux pieds d’une Margot désespérée et la servante s’empressa de le ramasser.

-- C’est normal, lui fit-elle toujours en murmurant en reversant du champagne dans le verre, alors qu’à l’autre bout, les femmes ricanaient. Respire, tiens-toi droite, et subis le plug.

Margot offrit un regard plein de gratitude à la servante et fit demi-tour à nouveau. Cette fois, tout se passa bien. Très doucement, elle fit son premier pas. Le verre ne bougea pas. Le champagne, lui, s’ébrouait, et elle savait que rien que cela pouvait faire basculer le verre. Elle continua prudemment, surveillant à la fois son chemin et le champagne dans le verre, qui menaçait à chaque instant de déborder. Dans son cul, c’était comme si le plug roulait en elle. Une chaleur incontrôlable montait déjà petit à petit, ainsi qu’une gêne assez proportionnelle à la taille de l’objet. Fière d’elle, elle réussit à arriver jusqu’à l’endroit où étaient réunies les dominatrices sans faire tomber le verre.

-- Quand même, souffla Alice. On n’a pas toute la journée, non plus…

La méchanceté de son ton aida Margot à mordre dans le silicone encore plus fort. La partie la plus critique allait commencer. Elle prit un petit instant pour se préparer et entama sa descente. Arrivée à la moitié, le verre se mit à trembler, le liquide s’affolait à l’intérieur. Elle hésita entre rester ainsi le temps que ça se calme et se dépêcher de descendre à genoux en espérant que cela tienne. Et le verre tomba aux pieds d’Alice, sans l’arroser heureusement.

La réaction fut aussi rapide que fulgurante. Margot reçut une magistrale gifle et Alice attrapa la chaîne qui reliait les pinces à ses tétons. Elle la tira ainsi vers le haut et lui intima de recommencer alors que Margot geignait de douleur. Déjà, la servante était là et ramassait le verre à nouveau. Elle épongea grossièrement la moquette et entraina Margot à sa suite, une main posée sur le bas de son dos.

Toutefois, elle avait réussi à croiser le regard de sa Maîtresse. Celle-ci ne semblait pas avoir honte. Ce furtif échange, comme si souvent, n’avait pas été complètement vide de sens. La raideur dans son corps, et la rigueur dans son regard ne voulaient dire qu’une chose pour Margot : tiens le coup, persévère. La servante y ajouta sa touche, lui murmurant doucement :

-- La dernière en avait fait tomber trois avant d’essayer de s’agenouiller.

Derrière elles, la voix cinglante d’Alice retentit :

-- Qui t’a dit que tu pouvais lui parler, petite garce ?

Aussitôt, la servante baissa la tête et se tut. Elle servit un nouveau verre et encouragea Margot d’un regard. Une nouvelle fois, elle dut serrer les dents, subir les assauts du plug, sentir sa chatte réagir à cette friction interne, tout en se concentrant sur chaque geste. Elle arriva de nouveau sans encombre jusqu’à Madame Alice. Encore plus doucement que la première fois, elle descendit. La sueur commençait déjà à perler sur ses tempes. Elle eut envie de regarder sa Maîtresse, trouver encore du courage dans ce contact, mais elle s’y interdit.

Quel soulagement ce fut lorsque son premier genou toucha la moquette. Elle faillit, le temps d’une microseconde, se relâcher en pensant le travail accompli, mais un sursaut en elle, comme un instinct de survie, la garda concentrée jusqu’au bout. Elle se mit à genou, présentant sa boisson à Alice, la poitrine en avant, le regard le plus neutre possible, alors que soufflait en elle un ouragan de fierté. La dominatrice prit sa boisson comme si de rien n’était, continuant de discuter avec ses amies, et tapota le haut du crâne de Margot pour la remercier.

À peine Margot eut-elle le temps de prendre une seconde de repos qu’Alice se tourna vers elle :

-- Et alors ? Les autres vont attendre une heure que la petite princesse se repose ?

Margot bondit presque sur ses pieds, tout en tournant la tête vers sa Maîtresse. Elle aurait pensé la voir la féliciter d’une manière ou d’une autre, mais la raideur ne l’avait pas quittée : Margot devait continuer de se concentrer.

Les autres boissons avaient été plus simples, parce que plus stables sur le petit plateau. Toutefois, la fatigue se faisait ressentir, particulièrement au moment de la mise à genou. Margot fit tomber quatre autres boissons, recevant des gifles et ayant les tétons tirés à chaque fois. Mais les gestes de remerciements étaient différents pour chacune : une joue caressée tendrement, un sein peloté, le clitoris branlé rapidement (ce qui lui valut quelques moqueries lorsque Sofia remarqua que son sexe dégoulinait littéralement), une fesse tapotée, et même un petit bisou sur son nez suintant de sueur de la part de Félicity.

Lorsqu’elle vint chercher la tasse de sa Maîtresse, Margot était exténuée. La séance de bambou, puis celle du service avait épuisé ses forces. La servante, la prévint en s’assurant qu’Alice ne la verrait pas :

-- Ça va être très lourd… et là, tu n’as pas le droit à l’erreur, car si ça tombe sur toi, tu es bonne pour l’hosto, tellement c’est brûlant… Ou pire, sur ta Maîtresse, ajouta-t-elle pour motiver Margot.

Ce qui eut l’effet escompté. Margot puisa dans ses dernières forces. Elle n’avait besoin que de quelques minutes de plus. La respiration devenue de plus en plus difficile, elle sentait pourtant sa tête commencer à tourner légèrement. Son corps réagissait de plus en plus aux frictions du plug, la bave dégoulinait sur ses seins depuis les commissures de ses lèvres et son corps entier reluisait de sueur. Elle dut faire trois pauses avant d’arriver devant sa Maîtresse. Un instant, elle ne se sentit pas capable de se mettre une dernière fois à genou, et c’est dans les yeux de sa Maîtresse qu’elle en trouva la force.

Suzanne n’attendit pas pour s’emparer de la tasse fumante qui tremblait sur le petit plateau, suivant les tremblements de Margot elle-même, arrivée visiblement à bout de force. Ainsi, elle mit enfin un terme à ce test.

-- Ce n’est pas un record, mais félicitations, déclara alors Alice. Tu peux libérer ta soumise, Suzanne.

Suzanne posa délicatement sa tasse sur la table basse et retira le gag-plateau de la bouche de Margot. Un long filet de salive dégoulina entre ses seins, alors qu’elle prenait une grande bouffée d’air.

-- Merci Maîtresse, dit-elle d’une voix qui trahissait son épuisement.

Ses mains furent alors libérées, et elle les frotta l’une contre l’autre, tout en remuant ses poignets. Enfin, Suzanne la pencha en avant. Elle tomba presque, le visage contre la moquette, avant de tendre sa croupe vers sa Maîtresse. Celle-ci attrapa le plug et tira doucement dessus, arrachant quelques gémissements à Margot, accompagnés des rires des autres femmes qui la traitèrent encore de salope, ou de chienne en chaleur. Elle ne sut dire vraiment ce qui lui procura le plus de plaisir. Son anus écarté par le jouet lorsqu’il fut sorti, ou la sensation de vide entre ses fesses.

À contre cœur et avec beaucoup de difficulté, Margot se remit à genoux aux pieds de sa Maîtresse, les épaules plus basses que d’habitude, lorsqu’Alice enchaina avec la suite, faisant naître une frayeur froide en Margot à l’idée de continuer :

-- Le dernier test est le plus facile pour toi, Margot. En fait, nous vous testons toutes les deux, avec celui-là. Nous avons demandé à Suzanne de nous ramener une preuve que tu vailles le coup que nous vous présentions ensemble au reste de notre club. Nous sommes dominatrices, et il y en a d’autres encore. Mais il y a aussi des hommes, et tu n’es pas sans savoir que ceux-ci ont un appétit pour la chose sexuelle bien développé. La plupart de ces dominateurs sont nos maris respectifs. Tu comprendras donc que nous ne voulions pas mettre à leur disposition n’importe qui. Apparemment, ta Maîtresse a décidé d’en faire la preuve par une vidéo.

D’un signe à la servante, celle-ci se mit en mouvement et fit descendre un écran blanc le long du mur. Margot sourit à sa Maîtresse, qui lui offrit une caresse dans la nuque, y faisant naître un frisson qui descendit tout le long de sa colonne vertébrale, jusqu’à son anus encore dilaté. Encore une fois, sa Maîtresse avait eu 10 coups d’avance. La vidéo n’était pas destinée aux invités de ses soirées, mais bien à ce moment précis. Comment prouver à ces femmes que Margot pourrait satisfaire l’appétit sexuel de leurs hommes de meilleure façon qu’avec cette vidéo, où Margot faisait jouir vingt-sept hommes plein de vigueur. La présence de sa Maîtresse sur la vidéo leur montrerait le plaisir qu’elle ressentait à voir sa soumise utilisée de la sorte.

La servante tamisa un peu la lumière et lança le film. Margot ne regarda pas réellement. Elle somnolait dans la pénombre, bercée par les caresses de plus en plus appuyées de Suzanne sur sa nuque, puis sur ses seins. Tout le long, Margot reposa sa tête sur les cuisses de sa Maîtresse, les yeux rivés sur l’écran, se voyant encore une fois subir les assauts répétés et violents de ces hommes.

Lorsque le film fut terminé et que la servante remit les lumières, les femmes restèrent muettes un instant. Toutes regardaient Margot et Suzanne, les yeux brillant d’un mélange de surprise et de désir. Particulièrement Félicity, remarqua Margot. Assise face à elle, celle-ci n’eut aucune gêne à lui montrer qu’elle ne portait pas de culotte sous sa jupe. Et pour cause : le string blanc de la dame avait été jeté négligemment sur le sol.

Margot se pinça les lèvres pour étouffer le ricanement qui allait sortir de sa bouche, puis Alice reprit la parole, de façon solennelle :

-- Avec toi, Suzanne, on ne sait jamais à quoi s’attendre. Tu nous présentes une soumise… magnifique. Rien d’étonnant à cela, te connaissant. Elle s’avère résistante à la douleur. On s’y attendait aussi. Ta fierté semblait se transmettre à elle. Pourtant, elle n’a pas bronché à la petite séance d’humiliation. Mais la persévérance dont elle a fait preuve dans le service, je dois avouer que j’ai été bluffée. Elle ne vaut pas ma Rubis, bien sûr…

Ce disant, elle claqua des doigts. Margot vit ladite Rubis arriver, totalement nue. Elle reconnut la servante et sourit, amusée et plutôt heureuse d’avoir partagé ce moment avec elle. Elle s’installa à genou, aux pieds de sa Maîtresse qui se mit à lui caresser la nuque, presque de la même manière que Suzanne le faisait avec elle.

-- Rubis n’avait renversé qu’un verre lors de son test. Et c’est son record de coups de bambou que tu as pulvérisé, Margot. Mais tu as été bluffante, je dois avouer.

Elle marqua une pause, le temps que son regard s’accroche à Suzanne. Alors, son sourire grandit, ses yeux s’adoucirent, se mirent à briller :

-- Mais cette preuve-là, Suzanne… Je n’ai même pas réussi à compter combien ils étaient !

-- Vingt-sept, répondit Félicity en se mordillant la lèvre inférieure.

-- Putain de merde, si vous me permettez ! s’exclama Alice en partant d’un rire nerveux. Suzanne, Margot… je suis tellement heureuse de vous compter parmi nous… Sers du champagne à tout le monde, ajouta-t-elle à l’intention de Rubis en lui claquant la fesse pour qu’elle se relève.

Rubis échangea un regard avec Margot. Elle semblait visiblement ravie du dénouement de ce test. Suzanne joua gentiment avec les pinces sur les seins de Margot qu’elle avait laissées en la félicitant, et Margot remercia chaque dominante. Félicity, elle, la regarda avec un désir brûlant. Elle comprit à quel point elle avait tapé dans l’œil de la femme, et la petite gêne qu’elle fit un peu semblant de ressentir était un message qu’elle lui transmettait : le désir était partagé et elle serait ravie de la revoir dans des circonstances plus… délurées.

De retour dans leur chalet, Suzanne proposa une petite sieste à Margot, que celle-ci accepta volontiers en remerciant sa Maîtresse. Une fois dans la chambre, Suzanne fit signe à Margot de venir s’asseoir près d’elle, sur le lit.

Margot hésita une seconde, mais finit par obéir et s’assit, un peu gênée.

-- Te rends-tu compte de ce qui s’est passé aujourd’hui ?

-- Au-delà du fait que nous les avons épatées, vous voulez dire ?

-- Bien sûr ! s’exclama Suzanne en ricanant. Ça, c’était le minimum.

Margot ricana à son tour, comprenant pourtant que ce qui avait semblé être une tâche presque insurmontable pour elle, qui lui avait demandé de puiser dans ses réserves, était seulement « le minimum » pour sa Maîtresse. Elle perdit son sourire et un silence s’ensuivit, qu’elle brisa d’une voix sérieuse :

-- Je suis officiellement votre soumise. Il n’y a plus de retour en arrière.

Elle reconnut cet éclat de fierté dans le regard de sa Maîtresse, qui aimait tant voir que sa soumise comprenait tout aussi rapidement qu’elle. Pourtant, Margot voulut en dire plus.

-- Je suis à vous, Maîtresse. Nous sommes liées comme rarement deux personnes ont pu l’être. Je vous aime… Je… vous appartiens, dit-elle en baissant un peu les yeux.

Toutefois, elle les remonta rapidement pour planter son regard dans celui de Suzanne.

-- Cette fois, c’est moi qui choisis mon enchainement.

Pour la première fois, ce fut Suzanne qui baissa le regard. Tout ce temps, elle s’était bercée d’illusions en se disant que pour chacune des filles qui étaient passées par chez elle, elle leur avait préparé une vie meilleure pour la suite. Mais aujourd’hui que tout cela était terminé, elle ne pouvait plus faire autrement que regarder la réalité en face : elle avait torturé toutes ces femmes, les avait abaissées à l’état d’objets sexuels. Certes, du côté bordel, il y avait certaines femmes qui étaient venues d’elles-mêmes. Mais combien avaient été achetées à des réseaux de l’Europe de l’est ? Combien avaient été passées à tabac après avoir tenté de s’enfuir ?

Margot posa une main douce sur sa cuisse. Elle releva les yeux sur elle et fut transportée par l’amour qu’elle y lut :

-- Maîtresse… J’ai longtemps espéré vous voir morte, ou au moins derrière les barreaux. Mais vous me l’avez fait remarquer vous-même : lorsque j’en ai eu l’occasion, je ne l’ai pas fait. C’est alors que j’ai compris : la pire qui soit arrivée dans ma vie s’est révélée être aussi la meilleure. Et cette chose-là, c’est vous, Maîtresse. Je suis et serai à vous pour toujours.

-- Je suis tellement désolée, Margot…

Ensemble, elles se mirent à pleurer. Des larmes où se mêlaient la douleur, la joie, la honte, le soulagement, l’amour, et l’espoir d’un avenir radieux… ensemble.

Alors qu’elles s’étreignaient toutes les deux avec une force que jamais aucune d’elles ne s’était permis, Suzanne embrassa Margot. Celle-ci en fut d’abord surprise. Mais aussi rapidement, son corps répondit à ce nouveau contact. Car ce n’était pas l’un de ces bisous que sa Maîtresse lui offrait de temps à autre pour lui exprimer son attachement. Celui-ci était peint de désir, d’une flamme nouvelle qui envahit chaque parcelle du corps et de l’âme de Margot. Elles s’embrassèrent un long moment, leurs langues dansant ensemble à l’intérieur ou l’extérieur de leurs bouches.

Avec empressement, Suzanne retira la fine robe de Margot. Même ça, c’était différent. Les gestes de sa Maîtresse avaient perdu leur autorité. Ils n’étaient plus guidés que par la sensualité et le bouillonnement qui triturait ses tripes. Pour la première fois depuis qu’elle l’avait rencontrée, Margot se rendit compte que Suzanne agissait sans calcul, suivant simplement ses désirs.

Margot la déshabilla à son tour, jusqu’à ce qu’elle ne porte plus rien, transportée par le sourire qui illuminait le visage de sa Maîtresse. Elle la coucha sur le lit, l’embrassa partout (enfin !), découvrit le goût de sa peau, ses endroits un peu plus flasques que d’autres. Pendant de longues minutes, elle parcourut son corps entier, par devant et par derrière, bercée par les gémissements de Suzanne beaucoup moins retenus que d’habitude.

Lorsqu’elle plongea entre ses cuisses, Suzanne jouit presque aussitôt. Rarement elle avait vu sa Maîtresse aussi dégoulinante. Elle n’hésita pas un instant et se reput de sa liqueur, jusqu’à jouir avec elle lorsque Suzanne se tendit cette fois pour de bon dans un orgasme fulgurant, laissant libre court à ses cris de joie.

Ce que Margot n’attendit pas se produisit pourtant. À son tour, Suzanne s’occupa d’elle. Elle embrassa ses seins, lécha sa peau, descendit rapidement jusqu’à son entre-jambe débordant de cyprine. La surprise mêlée au plaisir fit oublier toute décence à Margot.

-- Oh oui, Maîtresse ! Bouffez-moi la chatte ! Enfin !

Et au lieu de subir les réprimandes de celle-ci, Margot la sentit accéder à sa demande. Elle se fit littéralement dévorée, Margot accrochée aux draps, la chatte tendue vers cette langue agile, douce, qui savait exactement ce dont elle avait besoin au moment où elle en avait besoin.

L’explosion fut intense, incontrôlable. Margot s’agrippa violemment aux cheveux de sa Maîtresse et remua le bassin au rythme des saccades que la jouissance lui imprimait. Une petite partie d’elle se rendit compte qu’elle était de se branler contre le visage de sa Maîtresse comme si les rôles étaient inversés, mais elle n’avait plus aucun contrôle sur son corps.

Lorsque Suzanne réussit à se défaire de ses doigts crispés, elle ne laissa aucun repos à Margot. Allongée sur le lit face à Margot, elle croisa ses jambes avec els siennes et vint plaquer sa vulve palpitante contre celle dégoulinante de Margot.

-- Ensemble, lui dit-elle, avec ce ton autoritaire qui semblait revenir.

-- Pour toujours, Maîtresse, répondit Margot.

Dans le jardin, Johann et Luca s’octroyaient une pause, après que Luca ait fait remarquer à son collègue ce qui se passait dans la chambre de la patronne.

-- Ben merde, elles y vont à cœur joie, murmura Johann à Luca comme si elles pouvaient les entendre.

-- On a beau savoir avec qui elle traîne, c’est pas rien de la voir en pleine action… surtout avec une soumise pareille !

De loin, ils assistèrent sans se douter à ce qui marqua le début d’une longue histoire d’amour entre les deux femmes. Ils ne se doutaient pas de ce qui passait par la tête de leur patronne alors qu’elle jouissait à nouveau de concert avec sa soumise. Ils n’avaient aucune idée que dans son cerveau inondé de plaisir, se mêlaient des images de Margot en robe blanche, de rose qui transperce la peau, de deux sangs mêlés pour toujours. Ils pouvaient encore moins se douter que la soumise, elle, vivait cet orgasme comme une véritable délivrance, comme le point d’arrivée d’un marathon que l’on aurait dû recommencer à plusieurs reprises pour s’être perdu en chemin. Johann et Luca reprirent leur travail lorsque les deux femmes s’allongèrent à nouveau, enlacées sur les draps froissés du lit de la patronne des lieux.

Margot regardait sa Maîtresse somnoler, un fin sourire aux lèvres. Elle sourit à son tour et posa sa tête sur l’oreiller, la bouche de l’oreille de Suzanne, à qui elle murmura :

-- En vous choisissant, Maîtresse, je m’accepte enfin.

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