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Un mois passa ainsi. Enfin, il réapparut ! Entré le premier, il fit quelques pas, dévoilant son accompagnateur. Leur comportement ne laissait aucun doute sur leur proximité sentimentale et physique. Le monde s’écroula. Il retrouva immédiatement ses vieilles habitudes, se terrant dans son coin en attendant Antoine. Ce soir, il but plus que mesure. Sa vessie finit par lui lancer des alertes. Un peu abruti, il se dirigeait vers les toilettes, bousculant des danseurs. Il se soulageait, alors que les bruits racontaient des tumultes dans les cabines. Tout cela était immonde. Il se reboutonnait quand il apparut à côté de lui. Son cœur s’emballa, alors que ses doigts se coinçaient dans sa fermeture. Pourquoi avait-il tant bu ? Comment… L’ange se tourna vers lui, l’obligeant à lever son regard, à le croiser. Un soleil illumina ce visage adoré. Il était perdu. Que dire ? Que faire ? L’autre secoua son sexe, le rangea et partit, sans aucune parole. Il referma son pantalon. Avait-il rêvé ?

Il remonta dans le tintamarre de la salle, se fraya un passage entre ces corps en sueur, ces torses dénudés, ces couples enlacés. L’odeur forte l’incommodait. Plus jamais…

Encore lui, seul dans de langoureux mouvements. Où est le bellâtre idiot avec lequel il était entré ? Il se faufila, mais l’ange lui bloquait le passage. Il s’énervait quand ses yeux croisèrent les siens. Des bras s’ouvrirent. Il se blottit dedans, le temps de ce slow.

La musique palpitante reprit. Les bras ne se desserraient pas. Ils étaient ensemble, ailleurs. Il fut libéré doucement. Son partenaire lui tourna le dos et partit dans une danse endiablée face au bellâtre réapparu par enchantement. Il retrouva sa table. Antoine était accompagné. Il comprit qu’il devait rentrer seul. Il se retrouva dans la rue. Les vapeurs des boissons embrouillaient encore son esprit, incertain des événements de cette soirée. Cette douceur, cette plénitude provenaient forcément d’une réalité, trop brève, trop floue. Il ne savait même pas son nom.

Il se retrouva chez lui, s’affala sur le lit. Un mauvais sommeil entrecoupé de remontées acides.

Le lendemain, à pas d’heure, on frappa à sa porte. Antoine. Il venait prendre de ses nouvelles, s’excuser. Il n’avait pas pu s’empêcher, une vieille relation. Un coup foireux… Tout ça sur le palier, car il ne pensait même pas à l’inviter à entrer, l’esprit encore confus.

Antoine lui posa la main sur l’épaule pour l’écarter et se faufiler dans l’appartement.

Un désordre régnait. À quoi bon, puisque personne ne venait jamais.

Ils se tenaient face à face, lui le regard abattu. Antoine tentait de comprendre ce qui s’était passé, se sentant responsable par son lâchage. Il ramassa quelques affaires sales. Devant le mutisme et l’immobilité de son compagnon, il lui tendit le petit sac qu’il avait apporté : ses sous-vêtements et le gode. Il reposa sa main sur l’épaule, essayant d’y mettre un peu de chaleur et de sympathie. L’absence de réactions l’obligea à partir.

Il restait seul, prostré au milieu de son capharnaüm, le sac à la main. Il le laissa tomber puis se vautra sur le lit, l’esprit toujours vide. Il replongea dans de mauvais rêves.

Il oscillait entre cette poignée de secondes de bonheur absolu et son impossibilité. Il s’était fait jeter à la fin, ignorer. Il n’y avait pas d’avenir possible. De toute façon, c’était un mec. Or, il n’était pas homosexuel. Même ce qu’il avait fait avec Antoine, le pénétrer ou se laisser pénétrer, était sans conséquence. Il n’en était pas fier. Il avait aimé. Cela avait été de beaux orgasmes, mais pas plus que ses masturbations finalement. Cela avait été de la mécanique, comme avec le gode. Cela ne voulait rien dire. Il ne pouvait pas être homosexuel. Ses parents, son frère et sa sœur, il serait souillé à tout jamais. Ses maigres connaissances le mépriseraient. Socialement, il n’existait pas. Perdre ces filaments de relation le jetterait dans la solitude absolue. Tout ceci n’avait aucun sens.

Le lundi, Antoine se montra très proche, interrogateur silencieux de cette soudaine distance. François en profita pour repartir dans ses injures odieuses. Il le rembarra violemment. Ces conneries étaient inutiles. François se froissa. Voilà, déjà un de perdu ! Décidément, il n’était pas fait pour être heureux, même qu’un tout petit peu.

Toute la semaine, il ressassa cette soirée, imaginant des raisons pour les absences du mois passé, sa relation avec cet imbécile, sa venue la semaine suivante, vêtu de blanc, l’invitant les bras ouverts sous les acclamations de la salle.

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