L'attaque (Pas chapitre 4)
Les araignées se comportent bizarrement. Elles n'essaient pas de nous dévorer. On dirait qu'elles tentent de nous faire fuir. Elles ne veulent pas que l'on reste. Elles protègent leur mère. Mais pourquoi ? Et que fait elle ? Je ne peux pas m'empêcher de regarder. Derrière les branchages du buisson je vois à peine, mais il y a quand même quelque chose qui cloche. Les petites araignées ne m'ont toujours pas vu, ce qui fait qu'elles sont occupées avec les hommes. Moi, ici, je regarde la mère. Elle est en position d'attaque, comme si elle essayait d'attraper quelque chose à manger. Elle donne des coups de pattes, des coups de pince. Tourne sur elle-même plusieurs fois en essayant d'attraper le vent. Ses feuillages qui tournent autour d'elle. Transportées par le vent qui doit être lui-même provoqué par les mouvements brusque de la bête. Serait-elle devenue folle. Serait-ce le seul moment pour pouvoir la tuer. Ces petites gardiennes ne m'ont toujours pas vu et je suis si proche d'elle. Pourtant, je reste là caché dans les buissons dénudés de leurs feuillages, plaquée contre le sol, hypnotisées par le balai des feuilles mortes. Ce mélange de poussières, de feuilles envolées est presque magique. Par moment j'ai comme l'impression d'y voir un visage, une forme humaine, quelque chose de vivant mais que l'on ne peut pas voir. Je reste hypnotisé comme ça un bon moment jusqu'à ce qu'Ana me fasse sursauter. Je ne l'avais pas vu ni entendu venir jusqu'à moi pour me demander pourquoi je restais là et que je ne venais pas me mettre à l'abri. Ne voulant pas qu'elle se fasse prendre par une de ces terribles bêtes, je rebrousse chemin avec elle, à plat ventre.
Nous avons rejoint les autres enfants. Évangeline me dispute aussitôt qu'elle me voit. Elle a peur de me perdre je la comprends. Et je ne peux pas lui répondre. Pourquoi j'ai pris tant de temps à venir ? Je ne sais pas je reste intriguée par ce que j'ai vu. Était-ce de la folie ? Pour l'araignée, ou pour moi ? Est-ce que l'ange qu'Ana dit avoir vu existe vraiment ? Se pourrait-il qu'il y ait une vie intelligente sur cette planète que nous n'avons pas vu car invisible à l'œil nu ? Tant de question et si peu de réponse. Je regarde derrière moi, intriguée et inquiète. Se pourrait-il que j’aie laissé un être vivant seul dans son désespoir face à ce monstre ? Cette dernière question tourne dans ma tête et me met mal à l'aise à tel point, que je blêmis. Cédric, que je n'ai pas vu arriver, me demande comment je vais, que j'ai l'air bizarre. Enfin, plus que d'habitude. Je tourne la tête et vois que tous les hommes sont ici avec nous.
— Ce n’est pas à nous qu'ils en veulent. On va s'enfuir avant que l'idée de nous manger leur vienne en tête, nous dit ??
— Ça va ? insiste Cédric.
— Je ne sais pas. Il y a quelque chose de bizarre, là-haut. L'araignée-mère, on aurait dit qu'elle voulait manger quelque chose, qu'elle essayait de l'attraper. Mais il n'y avait que du vent, des feuilles et de la poussière. Je ne comprends pas.
— Elle est devenu folle, c'est tout Même les bêtes indigènes ne supporte pas leur planète ! Il faut que l'on trouve cette base pour envoyer la demande de secours. Moi je ne reste pas ici. On y va ! nous cri ??
— Il a raison, allez viens !
Cédric me tire par le bras. Je le suis sans résister. Ils ont sûrement raison c'est moi qui deviens folle. Cette planète va bientôt avoir raison de moi. Nous nous mettons à courir, ?? toujours devant à ouvrir la piste. Les enfants au milieu entourés par nous autre, pour les protéger. Soudain, j'entends comme un cri. Je me retourne, ça vient des araignées. Surement encore un tour de mon esprit dérangé. Je commence à repartir, quand je vois Cédric, arrêté lui aussi. Je ne suis donc pas si folle que ça ? Lui aussi a entendu ce cri. On tend l'oreille. Tout le groupe est maintenant arrête et nous regarde inquiet. ?? se met à crier et demande ce qu'on attend ? Cédric lève le bras et d'un signe lui fait comprendre de se taire. Un deuxième cri. L'inquiétude se voit sur le visage des enfants qui se sont regroupés serrés. Ana tient fort Évangeline contre elle. Ses doigts son si crispé sur le bras de ma fille qu'elle en grimace. D'un geste du bras, Cédric nous demande de nous accroupir. Tout le monde est silencieux. ?? nous a rejoint et à voix basse nous dit que ça doit être le vent dans les branchages que l'on a entendu. Mais un troisième cri vient le contredire. Non, ce ne peut pas être le vent, c'est un cri, j'en suis sûre ! Il faut que j'aille voir, c'est plus fort que moi. Je dis aux enfants de rester là, avec Cédric et de ne pas faire de bruit, puis je cours dans le sens opposé. J'entends Cédric me demander d'attendre, mais je suis déjà partie.
L'idée d'avoir laissé un être seul face à ces démons me terrifie. Moi, je n'ai pas su voir qu'une personne était en détresse. Une personne invisible, oui, mais une personne tout de même. Et si elle crie, c'est qu'elle a peur. Donc, elle est vivante. Et elle a besoin d'aide. Elle a besoin de mon aide. C'est plus fort que moi, je ne peux pas la laisser seule.
Proche d'arrivée, je ralentis, puis me mets à ramper vers les branchages que j'ai laissé tout à l'heure. Je me concentre sur mon souffle et mon corps à terre pour ne pas faire de bruit, être le moins visible possible. L'image que je vois une fois arrivée me choque. Les petites araignées se sont mises en rond autour de l'araignée-mère. Elle tape de leurs pattes avant sur le sol, et claque leurs pinces en même temps. Elles sont toutes synchronisées, comme si elles encourageaient leur reine. Celle-ci au milieu de l'arène est sur toutes ses pattes, en arrière. Ses pinces sont refermées dans le vide, pourtant elle à l'air de tirer quelque chose vers elle. Elle tire de toutes ses forces en arrière, les pinces en avant, toujours fermées, ne veulent pas suivre, comme si quelque chose résistait, ne voulait pas se faire manger.
— C'est étrange, me chuchote Cédric qui me fait sursauter.
— Qu'est-ce que tu fais là ? Tu devrais être avec les enfants !
— Ne t'inquiète pas. ?? et son groupe est parti avec eux au village. Il n'est plus très loin, maintenant. Les enfants ont besoin de se reposer.
— Je n'ai pas confiance en ??, tu aurais dû rester avec eux.
— Je commence à te connaître, tu sais. À chaque fois que tu réagis aussi bizarrement, et surtout instinctivement, il y a des enfants en danger. Je suis là pour t'aider. Arrête de m'engueuler, et regarde, dit-il en me pointant la scène.
— Oui, les bêtes ne font pas ça d'habitude. Et l'araignée-mère, on dirait qu'elle essaie de tirer un appât dans sa gueule, mais il n'y a rien.
— Non pas ça, ça !
Cédric me pointe les feuillages qui sont à terre, en dessous des pinces du monstre. Oui, en effet, étrange. Une petite flaque bleu clair, brillante, presque pétillante colore les feuilles et des gouttes pleuvent des pinces de la bête. Bizarre. Même si nous n'avons jamais réussi à tuer une des araignée-mère jusqu'ici, ni à même à en blesser une, il y a peu de chance d'un point de vue biologie que ces énormes bêtes aient un sang d'une couleur différente de leurs mâles. Mais alors d'où vient ce liquide. Est-ce du sang ? Je ferme les yeux. Il faut que je me calme, que je respire. Le boucan crée par les tam-tams des pattes et des pinces me tape dans la tête.
Allez Tary, concentre-toi. Tu dois garder l'esprit ouvert. Il y a quelque chose qui te dépasse, que tu ne vois pas. Garde l'esprit ouvert ! Vois-le.
J'ouvre les yeux, et je regarde. Et je vois. Je la vois. Une forme humaine, dessinée par le feuillage virevoltant. Ce feuillage que je pensais voler à cause des gestes brusques de la bête vole autour de la forme, autour de ses jambes prises au piège dans les pinces et d'où coule le sang, autour de son corps, de sa tête et enfin de ses bras tendus sur le sol.
— Oh non, dis-moi que je rêve. Regarde les feuilles.
— Oui, elles volent bizarrement. Mais c'est sûrement à cause de tous les gestes désordonnés de la bête.
— Non, regarde la forme que prend les feuilles dans leur ensemble. Je veux dire, regarde, c'est comme si elle tourne autour d'un corps. Tu vois ?
Cédric plisse les yeux, et regarde attentivement. Je me demande déjà qu'est ce que je ferais s'il ne voit pas comme moi. Est-ce que je me ferais confiance, et foncerais dans le tas, ou est-ce que je préfèrerais lui faire confiance ?
— Je ne sais pas, je ne... Là regarde !
Les araignées s'arrêtent de taper et se retournent vers nous. Mais pourquoi est-ce qu'il s'est levé !
— Cédric attention ! criais-je en embrochant avec ma lance la bête qui s'élançait vers lui. Mais que fais-tu ?
— Là regarde par terre, où il y a la forme des bras.
Il me prend par le bras et me tire vers lui de toutes ses forces et me met derrière lui afin de me protéger de ce monstre qui, derrière moi, avait sauté afin de m'attraper. Tout ce qu'il a pu avoir c'est son corps transpercer par la lame de Cédric. Il le posa a terre et le tenant d'un pied, retira la lame de sa chair. Un liquide orange en dégoulinait. La bête, sur le dos, pattes recroquevillées, est morte sur le coup. Tant mieux. Ses copines arrivent sur nous, Elles sont nombreuses. Elles nous entourent. Cédric et moi, maintenant dos à dos, tentons de les éloigner, mais sans grand succès. Le cercle se referme, les pinces cliquetantes, sont proches de nous atteindre les jambes, nous avons à peine le temps de les éviter et nous bousculons l'un l'autre en le faisant.
J'embroche une autre de ces merdes, mais mon bâton qui me sert de lance reste coincé dans le sol. Oh non, ça va bientôt en être finis de moi, de nous. Et tout ça pourquoi ? Une intuition ? Un être vivant que je ne peux même pas voir, que je ne connais pas. Pourquoi est-ce que j'ai recommencé ? Quand est-ce que je vais apprendre de mes erreurs ? J'ai déjà perdu ma petite Amaya, comme ça. Tout ça parce que je ne peux pas contrôler ces sentiments qui me traverse. Tout ça parce que je ne peux pas m'empêcher d'aller aider quelqu'un ou quelque chose que je ne connais même pas. Oh, pardon Évangeline. Pardon Tony. Je crois bien que vous allez devoir vous débrouillez seuls mes amours.
Une bête s'élance sur moi et me fait tomber à terre. J'ai juste le temps d'attraper les pinces. Cet horrible monstre à califourchon sur moi, tente à la fois de me percer avec ses pattes pointues et de me mordre la tête tout en poussant sur ses pinces. Si je lâche prise c'est perdu pour moi. L'une de ses pattes me transperce la cuisse. Avec un cri de douleur, mes bras flagellent. J'ai juste le temps de tourner assez la tête pour ne pas me faire sonner par un coup de pince, signant mon arrêt de mort. J'essaie de la repousser le plus loin possible de mon visage, alors que ses pattes tentent de me transpercer à nouveau. Je chercher du regard Cédric, l'appelant par mes yeux larmoyant à l'aide, mais il est lui-même mal pris, entouré par les bêtes. Soudain, alors que je continuais à soulever ces pinces pour empêcher les dents de mon ennemi atteindre mon visage, une flèche lui traversa la gueule et ressortie par son œil droit. Elle tomba instantanément sur le côté, me laissant un moment de répit.
Un court moment de répit. Sur ma droite, une autre araignée fonce sur moi. Je roule sur le cadavre de sa copine, en arrache la flèche et me sert de son corps comme bouclier lorsque la bête se lance sur moi pinces grandes ouvertes. Sous la charge de la bête et du nombre incalculable de coup de pince et de pates, mon bouclier est sur le point de céder. Je jette un coup d'œil à droite, Cédric maintenant rejoins par ses fidèles compagnons sont toujours aux prises avec une dizaine de bêtes. À ma gauche, l'araignée mère toujours en train de se débattre avec sa proie invisible. Je vois soudainement des traces de griffures dans la terre. C'est surement ça que Cédric a vu lorsqu'il s'est levé. Les grandes lignes longitudinales et parallèles trace un chemin jusqu'à une petite branches toute tendue et tirée vers le ciel, elle-même sur le point de céder. La petite chose presqu'invisible s'accrochait à cette branche comme étant sa dernière chance de survie alors que la grosse bête se dressait sur ses pattes arrières dans un ultime espoir de dévorer sa proie. J'en profite pour rouler sur moi-même suivie par ma prédatrice, jusqu'à arriver en dessous du ventre de sa mère. Elle n'a pas pu aller jusque-là et à exploser sous les pattes retombées à terre de sa mère. À ce moment, son ventre est assez proche de moi pour que je lui enfonce la flèche en plein cœur.
La bête se mit à hurler, à reculer en se recroquevillant et à lâcher sa prise. Je rampe jusqu'à la branche tendue redevenue souple où les feuillages qui tournait autour d'elle, comme une protection, se mit à tomber. Là, j'ai pu voir une petite fille étendue, évanouie, dont le corps est d'un blanc très pâle, presque translucide. Mais je n'ai pas le temps de vraiment la regarder que la horde de petites araignées fonce sur nous. Non, je ne la leur laisserai pas. Je ne sais pas ce qu'elle a de spéciale pour qu'ils la veulent elle, mais ils ne l'auront pas. Je la prends dans mes bras et tentent de m'enfuir dans la forêt. Mais une terrible douleur me fait trébucher toujours la petite dans mes bras, je tombe lourdement sur le sol froid tapissé de feuille. J'avais oublié cette saloperie de blessure ! J'ai juste eu le temps de me mettre un peu sur le côté pour ne pas écraser complétement la petite. En tentant de me relever, je vois l'horreur en face de moi : les petites bêtes et leur mère foncent sur nous. Je n'ai le temps de rien, à part rouler en boule sur la petite pour la protéger. Un cri s'échappe de moi. NON !
Olmi laük : Merci ?
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