Le vaisseau Astra-Lux reposait sur une plateforme d’envol suspendue au-dessus de l’océan Pacifique réhabilité, encerclée par un dôme énergétique vibrant de lumière. Il n’avait jamais quitté l’atmosphère. Jamais été testé en dehors des simulations. Et pourtant, c’était lui, leur unique navire.

Alisra fixait la mer. Elle n’avait jamais quitté la Terre. Pas vraiment. Pas au-delà des stations basses où l’apesanteur n’était qu’un jeu de laboratoire. Là, c’était différent.

Elle allait s’en aller pour de vrai.

Son sac contenait quelques effets : un vieux médaillon en forme de satellite, un carnet à spirales holographique, et un enregistrement audio qu’elle n’avait jamais osé écouter… il avait appartenu à sa mère. Elle ne savait rien d’elle. Juste un prénom : Lyra.

Kael arriva en silence derrière elle. Il portait l’uniforme gris cendré de la mission. Elle sentit sa présence sans même se retourner. Il rayonnait une sorte de chaleur glacée, comme une étoile morte.

– "Tu as peur ?"
– "De l’espace, non. De toi, un peu."
– "Bonne réponse."

Un sourire en coin. Pas un rire moqueur. Un vrai sourire. Elle l’ignora, bien qu’un battement de cœur lui échappa.

L’Astra-Lux s’éleva.
L’accélération leur plaqua le corps au siège. Les vibrations étaient plus puissantes qu’elle ne l’aurait cru. Ses doigts tremblaient. Son cœur aussi.

– "Phase d’entrée gravitationnelle dans 3… 2… 1…"

Un éclair blanc. Puis le silence. L’espace.

Alisra regarda à travers le hublot principal. Des milliards d’étoiles. Le vide. L’éternité.

Kael, lui, pilotait en silence. Concentré.
Mais dans un rare moment de vulnérabilité, il murmura :

– "C’est beau. Avec toi ici, c’est encore plus réel."

Elle ne répondit pas. Parce qu’elle ne savait pas si elle voulait le croire… ou si elle voulait l’embrasser.