" Il n'y a pas de roses sans épines "

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" Il n'y a pas de roses sans épines "

Proverbe français

 Isobel se leva d'un bond, l'excitation pétillante dans ses veines. C'était aujourd'hui que son père revenait de son voyage d'affaires. Après deux semaines d'absence, le manque de sa présence commençait à se faire sentir. En plus de découvrir la forme que prendrait son cadeau, elle avait hâte qu'il lui parle du déroulé de son séjour. Car même si elle maîtrisait la langue de l'Empire, elle n'y avait jamais mis les pieds. Pour sûr ! Sa prochaine destination sera celle-ci.

 Se douchant en quatrième vitesse, elle s'habilla à la hâte. S'examinant dans le miroir, elle vérifia une dernière fois sa tenue. Robe vert pomme, bottines rouges, queue de cheval haute, maquillage - un smoky eyes et lèvre carmin - tout lui semblait parfait. Son regard passa un instant de son coffre à bijoux à son reflet avant qu'elle ne se décide à mettre son collier de perles écarlate avec les bracelets assortis.

 Le bruit du moteur de la Rolls se fit entendre dans le lointain. Elle se redressa d'un bond, attrapa son gilet qu'elle se hâta d'enfiler, puis courut rejoindre le majordome. Le vieil homme se tenait déjà devant la porte d'entrée, prêt à l'ouvrir. Il lui offrit un doux sourire en la voyant accourir.

 « Vous êtes bien matinale, Votre Grâce. »

 Elle ne manquerait l'arrivée de son père pour rien au monde. Après lui avoir rendu son sourire, elle remit un peu d'ordre dans sa tenue et sa coiffure. Quand elle fut prête, il ouvrit la porte pour laisser entrer Maurice et son sourire jovial. Elle se jeta à son cou et l'embrassa, laissant la trace carmin de ses lèvres sur la joue rebondie de son père. L'homme lui rendit son étreinte.

 Ce n'était pas vraiment digne d'une duchesse, mais après la discussion qu'ils avaient eu la dernière fois, elle avait décidé de faire des efforts et de se laisser un peu plus aller. Après tout, elle était Isobel Emmaline Lemarchand et non Meryl Elspeth Fairthchild. Bien qu'elle représente toutes deux l'image de la duchesse de Galloway, ce n'était pas si mal si elles étaient différentes, non ?

 « Ma fille chérie, comme tu m'as manqué !

 — Toi aussi, père ! Tout me semblait bien fade loin de toi. »

 Le rire de Maurice s'éleva dans le hall. Reposant sa fille par terre, il la dévisagea de la tête au pied pour en admirer la tenue. Il était chaque fois subjugué par son talent à assembler d'improbables couleurs dans un maelström parfaitement maîtrisé. Excepté cette fameuse robe de bal qu'elle avait si mal accordée. Il restait persuadé qu'elle avait fait exprès, bien que la raison lui échappe encore. Il se tourna ensuite vers Finn et le salua d'un signe de tête.

 « Jade et Laura, sont-elles déjà levées ?

 — Non, Monsieur, et je ne pense pas que nous les verrons avant dix heures ce matin.

 — Et toi, Belle, mon enfant, as-tu déjà mangé ? Ou bien accepterais-tu d'accompagner ton vieux père pour le déjeuner ?

 — Allons, papa, tu n'es pas encore vieux et je serais enchantée de me joindre à toi, je n'ai encore rien avalé. »

 Ravi, le petit homme lui donna son bras et l'entraîna jusqu'à la grande salle. Il la guida jusqu'à sa chaise, qu'il retira galamment et attendit qu'elle s'y assoie.

 « Comment s'est passé ton séjour ?

 — Épuisant, étrange par bien des égards mais surtout productif. J'ai pu signer le contrat que j'espérais ! »

 Isobel sourit. Elle était heureuse de voir son père de si bonne humeur.

 « En quoi était-il étrange ?

 — Et bien... Comme tu le sais, tu m'as demandé de t'offrir une rose. J'en ai parlé à mon nouvel associé. Je souhaitais savoir s'il ne savait pas où je pourrais en trouver une unique en son genre.

 — Et il t'a parlé de celle-ci ?

 — Au début, il semblait réticent et m'a demandé pour qui elle était destinée. Je lui ai dit qu'elle était pour toi et que cela devait être digne d'une duchesse, puisque tu en étais une. Il était vraiment très curieux d'en apprendre davantage. Une fois satisfait, il a passé quelques coups de fil et m'a fait savoir qu'il en possédait justement une. Il m'a affirmé qu'elle était unique et que sa beauté n'avait pas son égale.

 — Il a accepté de t'en parler seulement après avoir appris que j'étais titré !?

 — Oui j'ai aussi été surpris par cela et j'ai trouvé ça un peu étrange, je t'avoue, mais quand mes yeux se sont posés sur la fleur... Quel qu'ait été le prix, Belle ma chérie, je te l'aurais achetée ! Mais heureusement, il m'a offert de me la vendre à un prix d'ami.

 — Mais vous n'êtes pas amis, papa ! Vous veniez seulement de vous rencontrer.

 — Il m'a assuré qu'il souhaitait considérer ce présent comme symbole de notre nouvelle alliance. Et il était heureux qu'elle revienne à une duchesse. Il a bien insisté qu'elle était seulement pour toi. »

 Les sourcils de la jeune fille se froncèrent légèrement et une sourde appréhension se logea doucement dans son estomac. « Seigneur, faites qu'à cause de moi, mon père ne soit pas en danger » pria-t-elle en silence. Maurice fit un signe aux domestiques et une grosse boîte rectangulaire se retrouva devant elle.

 Elle dénoua le nœud qui la scellait et les pans de l'emballage tombèrent pour laisser place à une cloche de verre. En-dessous se trouvait une magnifique rose d'or, d'émeraude et de rubis. Elle était délicatement posée sur un écrin de velours noir. Ses yeux s'écarquillèrent devant la splendeur de l'objet et sa bouche s'ouvrit dans une exclamation muette. Elle était vraiment magnifique !

 Elle releva les yeux vers son père et des larmes d'émotions perlèrent dans ses yeux.

 « Oh papa, c'est vraiment le plus beau des présents. Elle est tellement belle.

 — Aussi belle que ma petite Belle »

 Une nostalgie soudaine s'empara de lui, car c'était ce que sa femme disait tout le temps à Isobel. Sa fille lui prit la main et lui sourit tendrement. Tous deux gagnés par l'émotion, ils pleurèrent ensemble. Une fois les larmes passées, ils recommencèrent à manger.

 « Et sinon, qu'as-tu fait durant le reste de ton séjour ? As-tu pu visiter quelques merveilles.

 — Oh tu sais, il faisait vraiment très froid là-bas, et comme je ne maîtrise pas très bien la langue, je suis resté presque tout le temps dans mon hôtel, enchaînant les réunions avec le personnel de Mr Ivanov. Donc, je n'ai pas grand-chose à te raconter. »

 La stupeur marqua les traits de la jeune femme. Comment pouvait-on décemment rester enfermer dans un hôtel lorsqu'on se trouvait en territoire étranger !? Décidément, ce n'est pas de son père qu'elle avait hérité de son goût pour l'aventure.

 Une fois le repas terminé, ils se séparèrent chacun pour aller vaquer à leur activité.

******

 Assise derrière son bureau, Isobel observait son présent toujours niché dans son écrin de velours et bien protégée par la cloche de verre. Mesurant une dizaine de centimètres, sa tige était faite d'or, ses feuilles d'émeraude et ses pétales de rubis aussi rouge que le sang.

 Qui voudrait se séparer d'un objet pareil ? Ce n'était pas vraiment le genre de cadeau que l'on échange lors d'une signature de contrat. Même si son père devait l'avoir payé une forte somme, ce n'était pas normal.

 L'étudiant avec plus d'attention, elle remarqua une minuscule gravure. Prenant une loupe, elle la passa au-dessus et découvrit des caractères en cyrillique : Красная роза. « Krasnaya ... Roza ... Rose rouge ? » traduisit-elle. Elle se demanda avec curiosité pourquoi avoir écrit cela. Il était plutôt de coutume d'y faire graver le nom du propriétaire. Surtout que ce bijou devait valoir une fortune et semblait terriblement précieux.

 Un éclair de lucidité la foudroya soudainement et elle se redressa soudainement, frappée de stupeur. Elle commença à pâlir peu à peu tandis que ses jambes la lâchèrent brusquement, l'obligeant à se rassoir sur son siège. Pas krasnaya roza comme rose rouge, mais comme LA Krasnaya Roza, le nom de la plus grande mafia du grand empire de Strania.

 Dix ans plus tôt, l'emblème de leur puissance avait été dérobé lors d'un incendie criminel qui avait coûté la vie des membres de la famille de leur chef, Adam Azarov. Ce sujet avait défrayé la chronique de l'époque et elle avait retrouvé les coupures de journaux dans la bibliothèque de Galloway House. Elle les avait dévorés et s'était renseignée par la suite afin de savoir où l'affaire en était. Mais la rose restait toujours introuvable.

 Des gouttelettes de sueurs froides glissèrent dans son dos et la peur lui tordit soudain l'estomac. Si le cadeau de son père était bel et bien celui qu'elle craignait, ils allaient au devant de gros ennuis. La KR n'était pas réputée pour sa clémence. Surtout qu'elle avait entendu qu'ils cherchaient à retrouver leur bien avec la ténacité d'un limier.

 Une fois la panique passée, Isobel s'exhorta à réfléchir. Elle n'était, pour l'instant, sûre de rien, inutile donc de paniquer. Elle se leva pour se diriger vers son coffre-fort, composa la combinaison du code et l'ouvrit. Prenant délicatement le cadeau de son père, elle le plaça dedans et referma la porte. Tant qu'elle n'aurait pas de réponse, il était préférable de la garder cachée.

 D'autant que ses sœurs n'allaient pas tarder à se réveiller et elle ne souhaitait pas qu'elles posent leurs yeux dessus. Elle soupira d'exaspération. Elle avait aperçu les deux malles remplies de robes et de bijoux qu'Emma leur avait achetées. Les jumelles allaient se pavaner comme des paons toute la semaine. Au moins, elles seront suffisamment occupées pour la laisser en paix.

******

 Bien décidée à résoudre le mystère de la rose, elle partit à la recherche de Ferdinand. Avant d'entrer à son service, il travaillait à Galloway House. Elle s'était tellement attachée au personnel qu'elle les avait suppliés de l'accompagner à son retour chez elle. Ils avaient tous accepté, à une seule condition. Deux fois par an, ils retournaient tous aux châteaux pour y faire un grand ménage complet.

 Isobel avait délégué la maintenance aux quelques hommes de confiance de l'ancienne propriétaire. Elle accompagnait parfois le convoi pour s'entretenir avec les hommes de lois et s'assurer que les affaires tournent bien. En tant que propriétaire terrienne, elle aimait aussi faire le tour de ses propriétés afin de déterminer de visu si tout se passait bien.

 Ferdinand avait été, dans sa jeunesse, un espion au service de sa majesté. Enfin, c'est ce qu'il se disait, Isobel n'en avait jamais eu la confirmation. Elle ignorait même s'il officiait encore pour elle. Toujours est-il qu'il était redoutablement efficace quand il fallait se renseigner sur quelque chose. Et il lui était totalement loyal.

 Lorsqu'elle le trouva assis derrière son bureau, elle toqua discrètement et entra sans attendre de réponse. Elle referma soigneusement le battant et regarda dans les yeux l'homme qui s'était relevé à son arrivée.

 « Ferdinand, j'ai besoin d'un service.

 — Le contraire m'aurait étonné, Votre grâce.

 — Je voudrais que tu te renseignes au sujet de la rose que mon père m'a offerte.

 — Que voulez-vous savoir ?

 — Quelque chose me paraît louche dans toute cette histoire. Essaie de trouver le nom du nouvel associé de père et d'en savoir un peu plus sur lui. Et ce n'est pas tout...

 — Je vous écoute.

 — J'ai de bonnes raisons de croire qu'il s'agit en réalité d'un bijou volé...

 — D'où vous vient cette assurance ?

 — As-tu entendu parler de l'affaire de la Krasnaya Roza qui avait fait la une des journaux, il y a dix ans environ ?

 — Évidemment, tout le monde ne parlait que de ça et d'un bijou fait d'or, de rubis et d'émer... »

 Comprenant soudain, le visage de l'homme s'assombrit et il pâlit légèrement.

 « Votre Grâce, comment en êtes-vous arrivée à cette conclusion ?

 — Il y a une gravure le long de la tige. Elle est si petite que je ne l'aurais sans doute pas remarqué si je n'y avais pas prêté attention. C'est rédigé en cyrillique, mais, ayant appris l'alphabet, je peux t'affirmer qu'il y est écrit "Krasnaya Roza" dessus. Je n'ai pas fait le lien immédiatement jusqu'à ce que je me fasse la réflexion qu'on écrivait en général le nom du propriétaire et non ce qu'il représentait.

 — Si vous avez raison, et je n'ai malheureusement aucune raison de vous contredire, avez-vous conscience de ce que cela impliquerait ?

 — Oui. Et je pense que le fait qu'elle ait été envoyée à une duchesse ne soit pas un hasard, non plus. J'y ai beaucoup réfléchi et si je venais à être blessée, la Lapanzie serait en droit de déclarer la guerre à l'empire. Mais je ne crois pas qu'ils prendront ce risque. Je pense que le but des voleurs étaient de la placer dans un endroit inatteignable afin de faire un pied de nez à la KR.

 — Ce n'est pas vraiment rassurant pour nous qui nous trouvons au milieu.

 — Non, en effet, mais j'ai bien l'intention de régler cette histoire avec toute la diplomatie dont le duché de Galloway est capable.

 — Je vous reconnais bien là, Votre grâce !

 — C'est pour cela que j'ai besoin que tu te renseignes sur ce fameux partenaire. Je veux savoir s'il a un lien, même minime, avec Smirnov et sa clique. Si oui, je pense que nous devrons alors contacter cet Adam Azarov ou l'un de ses avoués pour l'informer de la nouvelle.

 — Et prier pour qu'il croie en notre innocence...

 — Ne sois pas si pessimiste Ferdinand ! Toutefois, par mesure de sécurité, je voudrais que tu engages des gardes du corps pour chaque membre de ma famille et que tu informes le personnel d'une menace potentielle.

 — Même pour vos deux sœurs ?

 — Ferdinand !

 — Bien, Votre grâce. Je vais faire de cette affaire ma priorité, soyez en rassurée. »

 Il estimait beaucoup la jeune lady, car elle considérait tous ses employés avec beaucoup de bienveillance contrairement à ses grandes sœurs. À vrai dire, tout le monde la respectait et l'appréciait et si ce n'était pas pour elle, cela ferait longtemps qu'ils auraient quitté cette demeure, pour retourner à Galloway House.

******

 Satisfaite, Isobel repartit vers ses quartiers. Elle croisa les jumelles qui venaient de se réveiller et voyant qu'elles harcelaient déjà les domestiques, se rendit dans leur direction. Elle pensait qu'elles les harcelaient par simple jalousie envers elle. Et s'il y avait sans doute une part de vérité en cela, leur désir premier était ailleurs. Elles aimaient simplement être supérieures aux autres et appréciaient le faire savoir.

 Arrivant à leur hauteur, Isobel ordonna à ses gens de vaquer à leurs occupations. Puis se tournant vers ses sœurs, elle leur sourit avec condescendance.

 « La nature ne vous a-t-elle pas dotée de deux bras et de deux jambes ? Je ne pense pas qu'ils soient là pour décorer, mais bien pour être utilisés. Tenez-vous bien et soyez polies avec mes employés.

 — Ou sinon quoi ? »

 L'insolence dans la voix de Jade horripila Isobel. Leur rappeler qu'elles devaient la traiter avec le respect qui lui était dû, en raison de son rang plus élevé, était inutile puisqu'elles n'en tiendront pas rigueur. Et elles savaient très bien que, même si cela était son droit, elle ne les ferait jamais arrêter pour cela. Sa maudite conscience l'en empêchait. Elle trouvait cela ... méchant, puéril et ridicule. Il ne lui restait que le chantage comme arme pour espérer tempérer leur tempérament et leurs manières déplacées.

 « Je les ramène à Galloway House et vous devrez vous débrouiller toutes seules.

 — Et bien je t'en prie, pars ! Ne vois-tu pas que nous n'attendons que ça ! Tu n'es qu'une sale égoïste. Ne comprends-tu pas que tout ça est de ta faute ! Que si tu n'avais pas été là maman ne serait pas morte aujourd'hui ! Au lieu de cela, elle est partie et nous, on doit s'encombrer d'une vache aussi énorme qu'inutile ! Tu te crois maligne avec ton héritage, mais si tu étais morte, ce jour-là, c'est nous qui aurions eu tout ça ! On le méritait autant que toi !

 — Oui va-t'en ! Papa nous achètera d'autres domestiques ! On s'est bien débrouillé sans toi, quand tu nous as abandonnés la première fois, maintenant qu'on est riche, on ne te retient pas. »

 Chaque mot que Jade et Laura prononcèrent fit mouche dans le cœur d'Isobel. Elle aurait voulu trouver quelque chose à dire pour rétorquer, mais aucun mot ne semblait vouloir passer la barrière de ses lèvres. Elle se tenait devant elles, figée dans sa stupeur. Elle avait beau se répéter qu'elles étaient simplement jalouses et que tout cela n'était que des mensonges, leurs dires prenaient des accents de vérité à ses oreilles. Elle ne pouvait s'empêcher d'être d'accord avec elle. Leur mère était morte, elle non.

 Le cœur lourd de tristesse, enchaîné par la culpabilité qui la tiraillait, elle remonta lentement l'escalier pour retourner s'enfermer dans sa chambre. Comme un automate, déconnecté de la réalité, elle s'étala de tout son long sur son lit et éclata en sanglots. Sa mère lui manquait terriblement. Il ne restait d'elle qu'une photo qui se trouvait sur sa table de nuit. Tournant la tête vers elle, elle laissa libre cours à son chagrin. Elle finit par s'endormir, épuisée par ses pleurs.

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