"Les apparences sont souvent trompeuses"

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" Les apparences sont souvent trompeuses"

Proverbe Français.

 Isobel se tenait devant son armoire. Après avoir passé la journée de la veille à jouer les guides pour mafieux en vacances, elle se sentait particulièrement excitée. Elle avait l'impression d'être une agent secrète sous couverture, soutirant des informations à l'ennemi.

 Et quel ennemi ! Elle ignorait si son comportement était sincère ou s'il cherchait simplement à gagner sa confiance, mais elle le trouvait vraiment très charmant. Absolument pas le genre d'attitude qu'elle attendait d'un homme comme lui.

 S'arrachant à sa rêverie, elle se décida pour une robe bleue à poids blanc, qu'elle associa d'un noeud identique noué dans ses cheveux lâchés. Carmin sur les lèvres et trait noir sur les yeux, elle attrapa ses lunettes de soleil à verre large qu'elle chaussa sur son nez. Elle laça ensuite à ses pied des bottines bleues vernies. Elle avait vraiment hâte de le rejoindre.

 Tout en se rendant vers l'escalier qui menait à la salle à manger, elle réfléchissait à ce qu'elle allait lui proposer comme activité. Ils avaient été au musée d'art moderne la veille. Elle avait beaucoup aimé, d'autant qu'à sa grande surprise, son partenaire maîtrisait parfaitement le sujet et avait commenter à son adresse plusieurs oeuvres dont le concept lui échappait. Franchement, quel intérêt de poignarder une toile ou d'exposer ses excréments dans une boîte de conserves.

 Elle allait lui montrer les spécialités locales. Elle allait l'emmener au marché sur la place principal et lui faire ensuite visiter la ville pour finir aux jardins publics. Il bordait un grand lac et c'était le coin parfait pour y pic-niquer. Exceptée Odessa, qu'elle connaissait depuis le jardin d'enfant, elle n'avait pas d'amis. Elle espérait que c'était le genre d'activité qu'on faisait ensemble et que ça ne ressemblait pas trop à un rendez-vous amoureux.

 Haussant doucement ses épaules, elle choisit de ne pas s'en faire. Elle avait pour mission d'en apprendre plus sur son compagnon du jour. Elle devait découvrir si elle était en danger ou si la mafia avait d'autre projet la concernant. En plus, elle avait Bill et Germain qui la suivrait de loin pour la protéger en cas de danger. Donc excepté une éventuel méprise de la part de Sevastian, elle décida qu'elle ne risquait rien.

 Elle rejoignit son père qui lisait déjà son journal, une tasse de café fumante sur la table devant lui. À son approche, les domestiques s'empressèrent de lui préparer son repas. Elle leur sourit, reconnaissante. À penser pic-nique, la faim commençait à tirailler doucement son estomac. Elle était soulagée que ses sœurs ne soient pas là, elle n'avait aucune envie de les croiser aujourd'hui. De peur qu'elle n'entache sa si bonne humeur.

 S'asseyant à sa place habituelle, elle commença à manger le festin dressé devant elle. À peine avait elle avaler 3 cuillères de son porridge, que des bruits de pas se firent entendre. Maurice replia son journal, le posa sur la table et commença à boire son café. L'ayant observé du coin de l'oeil, sa fille se renfrogna. Il ne l'avait même pas saluer ce matin et il allait offrir toute son attention à ses sœurs aînées. Soufflant discrètement, elle s'exhorta à la patience.

 Les jumelles pénétrèrent en trombe dans la pièce et s'assirent à leur place après avoir un sourire vicieux à leur petite sœur. Isobel se raidit, se sourire là ne signifiait rien de bon pour elle. Heureusement, elle avait prévue de sortir, elle ne devrait donc pas les croiser beaucoup de la journée. Elle s'empressa de manger, salua discrètement son père avant de se lever. Mais ce dernier ne lui répondit même pas. Son attention complètement focalisée sur Jade et Laura.

******

 Des rumeurs circulaient à leur sujet. Le genre de rumeur qu'un père ne voudrait jamais entendre au sujet de ses enfants. Maurice les observait en silence et du se rendre à l'évidence. Ses filles n'étaient peut-être pas les anges qu'elles prétendaient être. Il douta même un instant de la bienveillance d'Isobel avant de l'écarter d'une pensée. Non, sa chère petite était une perle rare. Pour ce qui était des jumelles, rien n'était moins sûr.

 L'avenir de sa benjamine étant déjà tout tracé, grâce à sa grande tante, il avait souhaité que ses deux autres filles participent à la construction de leur propre héritage. Lemarchand & Co était en plein essor. La situation financière de l'entreprise était saine avec un rendement annuelle tout à fait raisonnable, bien que cela reste très en-dessous de la fortune des Galloway. Il leur avait donc proposé d'assumer des postes à responsabilités car il les pensait tout à fait capable.

 Elles s'étaient empressées d'accepter a son plus grand bonheur. Mais voilà que depuis deux semaines, un mystérieux détournement de fonds avait été détecté. Après une enquête rondement mené par son équipe, les auteurs se trouvaient attablés à la même table que lui. Maurice ne savait pas comment réagir. Comme il aurait aimé qu'Elspeth soit encore de ce monde, elle, elle aurait sut quoi faire.

 Il réfléchit encore plusieurs minutes avant qu'une idée ne germe dans son esprit. Il allait leur laisser une chance de se rattraper. Décidant de croire qu'il ne s'était pas trompé sur leur honnêteté et qu'il devait s'agir d'un simple malentendu passager, il se contentera de faire passer un communiqué en interne.

 Ce dernier stipulera qu'un détournement de fond avait été observé et qu'il priait le ou les auteurs de bien vouloir se dénoncer. Si elles venaient à lui, il pourra leur pardonner et passer à autre chose. Dans le cas contraire, et bien, il allait devoir sévir. Et cela ne lui plaisait pas du tout.

 Ragaillardit par cette idée, il reporta son attention sur l'instant présent et découvrit avec tristesse qu'Isobel était déjà partie. Il s'intéressa donc à la discussion de ses voisines de tables et savoura son repas en silence.

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 Isobel se rendit dans la cuisine commander un panier repas au cuisinier. Elle aimait tellement l'ambiance de folie qui y régnait. Les employés mettait souvent de la musique et on pouvait les entendre chanter à tue-tête pendant que mijotaient les plats dans les grandes casseroles de cuivres. Elle souriait chaque fois qu'elle s'y rendait. Et passait de bons moments à leur côtés quand elle arrivait à convaincre Cookie, la chef, qu'une duchesse avait le droit de faire de la pâtisserie.

 Une fois sa demande prise en compte, elle pris la direction du bureau de Ferdinand afin de s'informer de l'avancé de l'enquête et lui apprendre ce qu'elle entreprenait de faire. Le regard sévère que lui lança son secrétaire personnel lui indiqua qu'il était déjà au courant.

 « Votre grâce, permettez moi de vous demander si vous connaissez l'identité de l'homme avec qui vous étiez hier ? »

 Elle afficha un sourire plein d'innocence sur son visage.

 « Tu veux parler de Sevastian ? Tu me demande si je sais s'il appartient à l'une des mafias de l'empire de Strania ?

 — Ainsi donc vous le saviez ... C'est bien ce que je craignais. Puis-je savoir quelle folie vous a prise d'agir de la sorte avec lui ?

 — Je mène l'enquête.

 — N'était-ce pas ce que j'étais censé faire ?

 — Tout à fait, mais rien n'indique que je ne puisse pas me renseigner de mon côté.

 — Le bon sens peut-être ? La prudence ? Vous connaissez pourtant parfaitement le sens de ces termes, Votre grâce. Auriez-vous l'amabilité de m'indiquez pourquoi vous avez choisit de faire fit de tout cela et sauter les pieds joints dans une aussi dangereuse entreprise ? »

 Isobel grimaça. Elle n'aimait vraiment pas voir Ferdinand en colère. C'était quelque chose d'extrêmement terrifiant. Malgré son calme apparent et sa parfaite maîtrise de sois, chaque centimètre carré de son corps transpirait d'une fureur dissimuler. Ses épaules s'affaissèrent et elle perdit de sa superbe.

 « Je suis désolé d'avoir agit avec spontanéité et de ne pas t'avoir parlé de mon projet avant. Le fait est, qu'hier, il est passé à la librairie et après avoir discuter quelques minutes avec lui, j'ai compris qui il était. Je voulais me rapprocher de lui pour connaître ses intentions. Il semble plutôt amical et ...

 — C'est un tueur Isobel ! Un chasseur professionnel et tu es sa proie ! Evidemment qu'il va tenter de te charmer pour que tu baisses ta garde avec lui et obtenir ainsi ce qu'il souhaite. »

 Pas de doute, son secrétaire était vraiment en rogne. Mais elle n'allait pas lâcher l'affaire aussi facilement. Elle était persuadé d'avoir de bons instincts et hier, elle savait qu'elle ne risquait rien.

 « Et quel mal y a-t-il à ce qu'il sache ! Je veux dire, s'il veut savoir si la rose est ici afin de la récupérer...

 — Votre grâce ! Ce ne sont pas des enfants de cœur, vous pensez vraiment qu'ils vont nous demander gentiment "excusez-nous, vous n'auriez pas vu notre bijou ? Celui qu'on cherche depuis 10 ans, dont la disparition a fait de nous la risée et pour lequel nous sommes prêt à tuer tous ceux qui se mettront sur notre route ?" Êtes-vous à ce point si naïve ?

 — Bien sûr que non ... c'est juste que ...

 — Juste que quoi ? Vous avez été charmée par le fait qu'un bel homme vous montre enfin un semblant d'intérêt et vous vous êtes prise tout d'un coup pour une détective chevronnée ? Redescendez sur terre Votre grâce, les hommes ne s'intéresseront jamais à vous sans un intérêt derrière. »

 Elle pâlit sous l'insulte et des larmes lui montèrent aux yeux. Ferdinand se rendit compte de ce qu'il venait de dire et tenta de se rattraper.

 « Ce n'est pas ce que je voulais dire ...

 — Ah non ! C'est à la foi très insultant pour moi et très régressif pour la gente masculine. Je vous prie de m'excuser Monsieur, mais je ne me sens pas très bien. Je vais devoir me retirer.

 — Votre grâce, attendez ! »

 Mais elle était déjà trop loin. Et seul l'échos de ses pas précipité lui répondit dans le silence du couloir.

******

 Ferdinand jura tout bas et shoota dans son armoire, remplis d'amertume contre lui-même. Quand il avait appris à quel jeu Isobel se livrait, l'inquiétude avait obscurcie son jugement et la peur avait fait place à la fureur. Il fourragea rageusement sa main dans ses cheveux et souffla d'exaspération. Pourquoi ne pouvait-elle tout simplement lui faire confiance ?

 Il n'avait jamais eut la chance d'avoir d'enfants et la jeune duchesse était pour lui ce qui s'en rapprochait le plus. Il se rappelait encore de ses yeux vides de vie à son arrivée au château. Elle s'était pliée à chacune des exigences de sa grande tante, sans broncher, sans même émettre le moindre son.

 Méryl qui se souvenait d'une enfant enjouée et spontanée avait été attristée de la voir ainsi. Elle avait usée de toute sorte de stratagèmes pour lui faire quitter son mutisme et avait ordonné à l'homme d'assurer sa sécurité. Et quand elle avait découvert le potentiel que la petite renfermait, elle avait décidé de la former pour en faire son héritière.

 Au début, les trois filles Lemarchand devait avoir leur part. Mais quand Ferdinand lui avait révélé que les plus grandes avaient dilapidé l'héritage maternel avec cupidité, sans rien laissé à leur benjamine, elle avait changé d'avis. Il aurait aimé qu'un avenant soit rédigé qui stipule que son époux ne pourrait rien toucher. Elle aurait été épargné par la cour assidue de Gaston.

 Elle méritait bien mieux comme mari que ce don Juan arrogant et sans scrupule. Il souhaitait pour elle le meilleur. Et soudain l'énormité de ce qu'il lui avait craché à la figure lui apparut. Il pâlit et du s'assoir dans son fauteuil car ses jambes le lâchèrent. Mais comment avait-il pu être aussi méchant ?

 Il oubliait trop souvent qu'elle était autrefois une enfant seule et mal dans sa peau. Elle semblait tellement forte et pleine d'énergie qu'elle rayonnait d'un charme unique - mélange de prestance, d'intelligence et de gentillesse. Mais elle ne connaissait rien à l'amour, et pour cause, les hommes de son âge étaient malheureusement trop sensible au physique et aucun n'avait souhaité en apprendre d'avantage sur elle.

 En ce sens, il l'avait non seulement insulté en disant qu'elle n'était pas suffisamment séduisante pour plaire à un homme, qu'elle avait besoin pour se faire de l'appui de son héritage. Mais qu'en plus, elle était naïve de croire qu'un homme s'intéresserait un jour à elle. Par le tout puissant, qu'avait-il fait ! Impuissant, il se rejeta en arrière et songea aux différentes options qui s'offraient à lui.

******

 Isobel était verte de rage. Elle aimait énormément son secrétaire mais son comportement avait dépasser toutes mesures. Elle savait qu'elle n'était pas conforme aux standards de beauté de son temps, elle savait qu'elle était naïve de croire en l'existence du prince charmant. Mais c'était terriblement offensant qu'un homme qu'elle respectait et admirait le lui fasse remarqué et la pense suffisamment désespérée pour tomber aussi bas.

 Oui, elle avait été séduite par Sevastian. Oui elle n'aurait pas été contre une quelconque relation entre eux, mais non, elle ne céderait pas alors qu'elle savait que tout ceci n'était qu'un charme, une illusion dans le seul but d'obtenir des informations. Ferdinand la pensait trop naïve pour tomber sous le charme du premier péquenaud venu. Très bien, elle allait lui prouver qu'elle maîtrisait parfaitement la situation

 Elle téléphona à son nouvel ami, et lui donna rendez-vous devant la fontaine de la place principale. Car si l'homme était un chasseur, rien n'interdisait à la proie de le devenir à son tour !

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