"J'ai des goûts de luxe. La preuve, j'ai des amies en or."

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"J'ai des goûts de luxe. La preuve, j'ai des amies en or."

Anonyme

 Après le départ d'Isobel, Mathilde et Odessa se rendirent au guichet de l'aéroport. Elle devait réserver une place dans le prochain vol pour l'un des territoires du royaume de la Lapanzie. Celui pour la Cambrésis décollant dans une vingtaine de minutes, c'est sur lui qu'elles jetèrent leur dévolu.

 Une fois leur siège en seconde classe acheté, la première étant déjà complète, elles s'empressèrent de monter à bord. L'hôtesse les guida jusqu'à leurs fauteuils respectifs qui étaient séparés l'un de l'autre, bien que sur la même rangée. Négociant avec leurs voisins, elles demandèrent chacune à être côté couloir. Par chance, ils acceptèrent.

 Se retrouvant désormais côte à côte, séparées par l'allée, elles purent bavarder la totalité du vol. Les autres passagers s'étant endormis rapidement ou isolés phoniquement à l'aide de leurs écouteurs vissés dans leurs oreilles, elles ne dérangèrent personne.

 « Alors Odessa, raconte-moi qui est ce fameux Adam dont vous parliez tout à l'heure !?

 — En fait, on parlait de deux Adam ! Le premier faisait référence au personnage principal d'une série littéraire, l'une des préférées d'Isobel. L'intrigue raconte l'histoire d'une jeune femme, Charlotte Laroche, qui va se retrouver fiancée à un membre d'une mafia un peu particulière. Et Isobel a choisi de prendre son identité.

 — Je vois, ça promet !!! Et ça finit bien ?

 — Evidemment ! Elle ne lit que des livres avec un Happy End.

 — Tant mieux, et l'autre Adam, qui est-ce ?

 — As-tu déjà entendu parler du monstre de Strania ?

 — Euh ... Non ? Je devrais ?

 — Son histoire a défrayé la chronique, il y a plusieurs années maintenant!

 — Ah ! Euh ... Non, ça ne me dit rien.

 — Bien. Adam Asarov est le chef de la branche la plus puissante de la mafia Stranienne. Il est impitoyable et l'on dit de lui qu'il a plus de points communs avec une horrible Bête qu'avec un être humain !

 — Et Isobel se jette droit dans ses bras, c'est bien ça ?

 — Malheureusement, oui. Elle s'est liée d'amitié avec son second et espère bénéficier de son secours le moment venu.

 — C'est extrêmement risqué !

 — Oui... Et je t'avoue être un peu inquiète. Mais raisonner Isobel est chose quasiment impossible ! Il faut dire qu'elle est terriblement têtue et semble persuadée que Sevastian est capable de l'aider ! Et après réflexion, il est préférable qu'elle entre dans le pays à ses côtés plutôt qu'elle le contacte après. C'est moins risqué.

 — Et bien ! Moi qui pensais que la vie de la haute noblesse était un petit monde tranquille et protégé, je commence presqu'à préférer ma vie banale.

 — Et tu as raison ! Entre intrigues, complots, responsabilités, convenances et autres, Isobel ne s'ennuie jamais. Mais elle estime que c'est le prix à payer pour s'occuper de ce que le royaume lui a confié : la fortune, les terres et les habitants qui y séjournent.

 — Mais, elle est tellement jeune !

 — Je te l'accorde. Mais sa grande tante, la précédente duchesse, l'a très bien formée et comme elle me le répète souvent, elle n'est pas seule. Son personnel est très compétent et l'aide énormément dans son travail.

 — Surtout Ferdinand, j'imagine.

 — Exactement ! Il est son secrétaire et son bras droit. Elle ne cesse de me dire qu'il agit comme un père avec elle. Ça l'agace en général, mais elle ne le renverrait pour rien au monde.

 — J'imagine !

 — Bon ! Assez papoté, on a une mission à accomplir. Il est temps de réfléchir à ce qu'on fera, une fois sur la terre ferme. »

 Elles établirent plusieurs scénarios, allant des plus sérieux au plus tordus. Elles choisirent d'en retenir un, le plus susceptible de réussir. Après tout se prendre pour des agents secrets, infiltrer un réseau criminel, devenir leur chef et mettre fin aux agissements de leurs ennemis n'avaient qu'une probabilité très faible d'aboutir - et entre nous, ça prendrait beaucoup trop de temps !

 Il leur fallait donc être raisonnable et opter pour la sécurité. Elles allaient donc faire profil bas quelque temps et profiter tranquillement de leurs vacances. C'était, certes, beaucoup moins stimulant, mais bien plus sûr !

 Arrivées à destination, elles se rendirent dans un vieux motel, qui ne payait pas de mine, pour procéder à une nouvelle transformation. Elles l'avaient surtout choisi pour l'absence évidente de caméra de surveillance et le centre commercial à proximité qui rendait l'endroit particulièrement fréquenté - un atout pour qui souhaitait se fondre dans la masse.

 Une fois dans leur chambre, Mathilde retira sa perruque et pris sa douche pour enlever les résidus de produit qui se trouvaient dans ses cheveux. Elle se changea ensuite pour revêtir des vêtements plus classiques : un jean sombre, un T-shirt large de son groupe préféré et un sweater à capuche passe-partout. Elle laça aux pieds ses vieilles baskets en toile légèrement déchirées à force d'avoir été portées.

 Pendant ce temps, Odessa se rendit rapidement dans la galerie marchande voisine pour acheter une teinture brune et des ciseaux aiguisés. De retour dans la chambre, elle s'enferma à son tour dans la salle de bain. Elle promit un soin à sa chevelure avant de commencer sa métamorphose.

 Elle les teint en marron, les lissa et les coupa légèrement pour supprimer toutes fourches visibles. Elle se rhabilla ensuite d'un large sweater à capuche orange et d'un legging noir. Des baskets montantes et en tissu orange aux pieds, elle rejoignit son amie dans la chambre.

 Elles étaient restées dans la ville une journée et une nuit. Elles firent quelques boutiques pour s'acheter d'autres tenues. Munies de la nouvelle carte de crédit qu'Isobel avait donné à Odessa, elles n'hésitèrent pas devant les boutiques de luxe et se composèrent une petite garde-robe haute gamme.

 De retour dans le motel, elles réservèrent un vol en première classe pour Kotabes, la capitale de Bumi. Ce pays, perdu au fin fond de l'océan, était réputé pour les beaux garçons, le surf et le soleil. Synonyme de fête et de soirée sur la plage, elles n'avaient pas hésité longtemps pour faire leur choix. Elles comptaient y rester quelques semaines avant de s'envoler pour une nouvelle destination.

 Au réveil, toujours vêtues de leurs vêtements sobres, elles se rendirent à la gare routière pour prendre un bus qui rejoindra l'aéroport d'où partira leur prochain avion. Avant de monter dedans, Mathilde réinitialisa le téléphone d'Isobel, retira la carte et le glissa discrètement dans la première soute qu'elles croisèrent.

 Se rendant à plusieurs centaines de kilomètres plus au Sud, elles y restèrent près de vingt-quatre heures à bord. Elles comptaient sur ce détour et la perte du téléphone, pour effacer toutes traces de la duchesse de Galloway. Ayant dormi assises et de la plus inconfortable des manières, elles sautèrent de joie à leur arrivée. Localisant des bains publics, elles s'y rendirent pour se laver et se changer.

 Elles enfilèrent ensuite leurs nouveaux vêtements de luxe, choisis pour être confortables et tape à l'œil, bouclèrent leurs valises et attendirent l'arrivée du chauffeur délivré par la compagnie aérienne. Elles avaient hâte de monter à bord. Le programme détaillé par le site vendait du rêve et après les dernières vingt-quatre heures qu'elles venaient de passer, elles n'avaient qu'une hâte : tester le service première classe.

 Le chauffeur les conduisit directement au pied de l'avion où elles montèrent à bord après un bref contrôle. Deux hôtesses les accueillirent d'un sourire de convenance.

 « Bienvenue à bord mesdemoiselles, être un hôte de la Première, c'est bénéficier à chaque instant de l'attention particulière du personnel d'AirMade et d'un service sur-mesure. Je m'appelle Sarah et voici Emily ma collègue. Nous sommes à votre service pour répondre à toutes vos demandes. Voici Whilem Fitzwilliam le chef de bord et son copilote Emmanuel Grandger. Nous espérons que vous passerez un agréable voyage en notre compagnie. Nous allons maintenant vous montrer votre suite.»

 Les deux jeunes filles suivirent les hôtesses sans prononcer le moindre mot, trop éblouies par le luxe environnant. Leur suite était en réalité une cabine où l'élégance des matières suintaient l'élégance et le luxe : cuirs, suède, tissus aux accents tweed, finitions métalliques, nuances boisées. Cette association d'éléments mettait l'accent sur le confort et la qualité. Dans leur espace privatif, tout était pensé pour faire de cet endroit un cocon de bien-être et d'évasion.

 Emily se tourna vers elles et reprit le discours commercial.

 « Ici, vous êtes le chef d'orchestre de votre séjour à bord. Recréez votre univers en plein ciel, tout en profitant des nombreux services mis à votre disposition. Vous pouvez voir derrière-moi votre vestiaire individuel avec ses rangements et le kit confort intégré. Il est composé de tenues en coton de haute qualité avec des chaussons et des chaussettes. Afin de vous assurer un sommeil de qualité, votre fauteuil à l'assise accueillante, devient un lit de plus de deux mètres de long et de soixante-sept centimètres de large. Il est équipé d'un matelas à mémoire de forme, d'un oreiller et d'une couette aux dimensions généreuses. Vous pourrez retrouver ainsi la plénitude d'une nuit réparatrice dans un confort digne des plus grands hôtels. Une petite lampe de chevet se trouve juste à côté pour vous éviter tout déplacement inutile. »

 Sarah pendant ce temps se chargeait d'illustrer les propos de sa collègue en montrant les rangements, dépliant le lit et appuyant sur le bouton de ladite lumière.

 « De votre arrivée à bord jusqu'à votre destination, c'est vous qui prenez les commandes. Si vous le souhaitez, un système de divertissement de toute dernière génération se trouve devant vous. Tactile et intuitive, l'interface de navigation, associée d'une télécommande, existe en douze langues. Profitez des films, émissions de télévision, documentaires, musique, relaxation, et autres longs-métrages qui vous sont proposés en haute-définition. Votre écran vingt-quatre pouces devient alors un écran de cinéma. »

 Les deux filles étaient déjà perdues depuis la vue des fauteuils magiques. Elles pensaient que cela s'arrêterait ici, mais Sarah leur tendit une petite trousse bleue marine.

 « Élégante et fonctionnelle, la trousse AirMade contient l'essentiel pour votre mise en beauté. À l'intérieur, vous retrouvez votre gamme de quatre soins professionnel visage et corps Chery ainsi que de nombreuses attentions pour votre plus grand confort : un peigne, un masque de nuit, des bouchons d'oreilles, des protections pour vos écouteurs ainsi qu'un stylo orné du Pégase, l'emblème de notre compagnie. Nous espérons que vous profiterez bien de ce refuge de douceur en plein ciel.»

 Leur message transmis, elles les laissèrent s'installer et prendre leur marque. Odessa et Mathilde posèrent leur affaire dans le dressing avant d'enfiler les tenues fournies.

 Elles prirent place ensuite dans leur fauteuil respectif. Si le paradis existait sur terre, elles venaient d'y mettre les pieds. Profitant du confort de leur environnement, elles rattrapèrent leur sommeil en retard en dormant de tout leur saoul.

 Quand on leur indiqua que l'avion entamait sa descente et le discours de bienvenue habituel qui l'accompagnait, elles étaient reposées, détendues et dans un état d'allégresse rarement ressentie. Prenant grand soin de glisser tous les petits cadeaux de la compagnie dans leurs bagages, elles se tenaient prêtes avant même le contact avec le macadam.

 Un chauffeur les attendait à nouveau pour les conduire à leur hôtel. Dès la distribution de leur chambre, elles observèrent la vue par la fenêtre. L'imposante bâtisse donnait sur la mer. Elles pouvaient voir les beaux garçons se pavaner sur le sable chauffé par un grand soleil.

 C'était décidé ! En premier lieu, elles allaient conquérir la plage ! Elles se changèrent rapidement et revêtirent leur tenue de bain. Attention à vous messieurs, mais surtout mesdames, les envoyées de la duchesse de Galloway entrent dans la place !

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