Elle a craqué

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Assi dans son bureau, Chris se rongent les ongles, car il est incapable de se concentrer. D'une part,parce qu'il pensait à la sublime photo envoyée par Marie Jo, et d'autre part parce qu'il ne pouvait s'empêcher de regarder l'heure en anticipant la thérapie de couple à laquelle il devra participer dans les heures à venir. Il s'empresse de mettre en ordre le travail qu'il va devoir laisser à l'un de ses agents immobiliers pour ne pas se retrouver submergé par la charge à son retour. Il finit avec une heure d'avance qu'il prit pour aller rendre visite à Marie Jo.

Il se stationne devant la galerie d'art quelques minutes, observant à travers la vitre la jolie brune, élégamment vêtue et fièrement perchée sur ses chaussures de luxe. Elle semble faire l'inventaire avec ses employés, alors Chris choisit de ne pas la déranger. Il prend quelques instants pour l'observer attentivement, admirant les courbes de son corps et ses gestes raffinés. Il remarque la cascade de sa magnifique chevelure noire, soigneusement plaquée sur sa tête. Deux broches en argent, serties d'émeraudes, ornent ses cheveux. Chris connaît le goût luxueux de la galeriste et sait que ces bijoux coûtent une fortune. Un sourire se dessine sur le visage de Chris en la regardant, car sans pouvoir expliquer pourquoi, cette femme éveille en lui quelque chose de rafraîchissant. Malgré son désir ardent de s'approcher d'elle, Chris n'a pas le courage d'entrer dans la galerie. En consultant sa montre, il constate que le temps file à toute allure. De toute façon, comment aurait-il pu justifier sa présence ? Il se rend alors au cabinet du thérapeute, où il sait que Lydia l'attend, comme l'indiquait le message qu'elle lui avait envoyé quelques instants plus tôt. En réalité, cela l'arrangeait bien, car il n'avait aucune envie de faire des allers-retours, surtout pas en compagnie de Lydia. À ce moment-là, plus il est loin d'elle, mieux il se porte.

Sur la route, Chris est songeur et espère obtenir des réponses à ses questions avant la fin de la journée pour enfin avancer. Il se dit alors que si les problèmes sont moins importants que ce qu'il imagine, lui et sa femme pourraient progresser et passer à autre chose. Cela impliquerait bien sûr qu'il s'éloigne de Marie Jo. Pour être honnête, Chris espère qu'il y aura quelque chose d'insurmontable, sinon ce sera lui le fautif dans l'échec de son mariage. Arrivée au cabinet du thérapeute, Lydia n'était pas encore arrivée. Il faut dire que Christopher était en avance également. Alors, il lui envoie un texto :

« Ma chérie, je suis arrivé au cabinet du dr. Krammer. Tu arrives bientôt? »

Dix minutes plus tard, il n'avait toujours pas de réponse. L'heure approchait, et Lydia n'était toujours pas là. Il décida de l'appeler, mais elle ne répondait pas et inquiet de ne pas l'avoir arrivée à l'heure du rendez-vous, surtout sachant que Lydia est habituellement très assidue, il lui envoya un second texto :

« Lydia, si tu ne réponds ni à mon appel ni à mes texto, j'envoi la police à la maison. »

Deux minutes plus tard, Lydia lui répondit :

« Il y a une urgence à la maison, viens tout de suite. »

Chris : Qu'est-ce qui se passe ?

Après avoir lu le message, Chris attendit en vain une réponse de Lydia, ce qui l'incita à se hâter pour rentrer chez lui. Une multitude de pensées l'assaillirent : Lydia était-elle blessée ? Les enfants allaient-ils bien ? « Qu'est-ce qui se passe, bon sang ! » Le trajet qui d'habitude durait une heure fut accompli en 50 minutes, tant était grande son inquiétude. À son arrivée, Chris, négligent même de fermer sa portière, constata que la voiture de Lydia n'était pas garée dans l'entrée. Après être entré dans la maison, il l'appela, en vain. Seuls les employés de maison étaient présents, et la gouvernante lui remit une lettre laissée par madame Laurent. Bien que les pensées se bousculaient dans son esprit, Chris avait un pressentiment sur le contenu de la lettre. Il s'assit au pied de l'escalier, là où l'employé de maison lui avait donné l'enveloppe, et il la déchira pour en découvrir le contenu.

Mon cher Mari adoré, Tu avais raison.

Les difficultés que nous rencontrons actuellement ne peuvent être surmontées avec une aide extérieure. Nous avons partagé de merveilleuses années de bonheur, nous soutenant mutuellement. L'amour n'est pas un conte de fées ; il se construit jour après jour. Bien que j'aie toujours su que notre mariage était dû à la pression exercée par tes parents à cause de ma grossesse, je t'ai aimé davantage. Tu as su assumer tes responsabilités sans jamais remettre en question la paternité de notre fils, malgré les circonstances de notre début de relation. C'est de cette façon que tu as conquis mon cœur et que je savais que tu serais un mari et un papa exceptionnel.

Pendant toutes ces années, j'ai été heureuse avec toi jusqu'à récemment, quand j'ai rencontré le chef Marlon Williams dans la galerie d'art de Marie Jo. C'est ce même jour qu'elle et moi sommes liés d'amitié. Ce jour-là, le chef Marlon et moi avons discuté de tout et de rien, ravis de nous retrouver après tant d'années. Nous avons évoqué nos voyages et nos réalisations depuis notre séparation. Nous avions tant à nous dire qu'il m'a proposé de prendre un verre ce même soir. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai pas refusé. Je lui devais cela après tout, surtout après la manière dont je l'ai quitté. Je lui devais des explications, même si ce n'était pas par amour, mais par respect pour lui.

Ce soir-là, nous avons dîné et discuté de nos vies respectives. Il m'a ouvert son cœur au sujet de ses deux mariages ratés et m'a confié qu'il n'avait jamais retrouvé confiance en l'amour. Je me suis sentie tellement coupable de lui avoir infligé cela. Nous nous sommes ensuite revus plusieurs soirs, partageant notre passion pour l'art et la cuisine. Pendant que je me rapprochais de lui, physiquement, je m'éloignais de toi. Peut-être était-ce par honte de mes actions, ou peut-être que j'étais simplement confuse.

J'ai franchi une limite que je ne m'étais jamais mise en tête de franchir. Je me suis retrouvée dans des situations dans lesquelles une femme mariée ne devrait pas se trouver. À ce moment, je me sentais si seule. Bien que cela n'excuse en rien mes agissements, il m'offrait l'amour et l'attention que tu ne me donnais plus.

J'ai alors réalisé que les années passaient, que j'approchais de la trentaine et j'ai paniqué. J'avais peur que tu finisses par me repousser et que je me retrouve seule, sans amour ni personne à aimer. Il m'offrait cette sécurité, cette promesse d'être toujours là pour moi. Ces mêmes promesses que tes obligations professionnelles te poussent à faire fi. Alors, sous cette vague d'amour venant chez le chef William, j'ai faibli. Je répétais le même schéma d'infidélité que j'avais avec toi dans le passé. Je me suis dit tellement de fois qu'au lieu de te repousser, j'aurais dû m'asseoir avec toi et t'exprimer mes craintes. J'ai plutôt choisi la facilité. J'ai abandonné notre mariage et lorsque j'ai enfin réalisé que c'était toi et notre vie que je voulais, Marlon s'était déjà attaché à moi. Il avait cette idée qui le trottait dans la tête : ... Et si notre premier-né était son fils. J'ai essayé de l'en dissuader, mais il insistait, allant jusqu'à m'envoyer des documents légaux pour un test de paternité. Depuis ce jour, je souffre de cette erreur.

Pour aggraver les choses, tu me mettais sous pression, exigeant la vérité et de son côté, Marlon en faisait autant. Vous exigiez de moi une vérité qui aurait pu détruire notre famille. Cette pression m'enlevait toute envie de vivre. Je voulais juste en finir et arrêter de souffrir. Mais cette douleur était avant que je te surprenne hier dans la ruelle du restaurant, partageant des moments intimes avec une autre femme. Au fond, tu es toujours le même. Tu resteras toujours ce Chris que j'ai rencontré pour la première fois, assis autour d'une table avec des fils de riches, à rire aux éclats de vos exploits sexuels. Tu m'as fait culpabiliser pendant des semaines pour mes actes, pourtant, tu t'envoyais en l'air sans crainte et sans gêne. La façon dont tu la baisais laisse clairement entendre que ce n'était pas la première fois avec elle. Comment as-tu osé faire cela sous mon nez alors que je t'attendais à notre table?

Tu n'as donc plus aucun respect envers moi, en as-tu même éprouvé un jour du respect à mon égard ? Alors, cette femme est la raison pour laquelle tu ne me touches plus ?

Tu pensais vraiment que je n'avais pas remarqué que la tache que tu tentais de dissimuler était une tache de vos fluides corporels ? Je t'ai regardé droit dans les yeux en espérant apercevoir une parcelle de regret, mais il n'y avait que du mépris à mon égard.

Tu veux la vérité ? Je vais te la donner, la vérité. Sache, mon très cher et grand amour, que notre aîné n'est probablement pas ton fils. Actuellement, je suis enceinte, et celui-ci non plus n'est peut-être pas le tien. Puisque tu aimes tant me menacer pour te faire entendre, lis bien ceci.

1- À la naissance de cet enfant que je porte, tu devras signer les documents afin que l'enfant soit officiellement reconnu comme un Laurent

2- À l'heure actuelle, j'ai déménagé ailleurs avec les enfants. Si tu tentes quoi que ce soit contre moi ou pour les récupérer, je divulguerai ces photos à tous les médias du pays, même aux tabloïds les plus sensationnalistes.

3- Je te laisse deux mois pour réfléchir. Pendant cette période, nous maintiendrons les apparences, même si cela nécessite de mentir à notre entourage.

Aussi répugnante que tu puisses me trouver en lisant ces mots, souviens-toi que tu es tout aussi dégoutant dans tes actions.

Elle signa,

Lydia Élisabeth Laurent.

Chris ouvrit la petite enveloppe à part, sur laquelle était écrit : « Toi aussi, tu fais des erreurs ! » À l'intérieur, il découvrit des photos de lui assis dans les escaliers de la ruelle, avec une femme dont le haut du corps était complètement nu, installée sur lui. Les images suggestives, prises sous différents angles, ne laissaient aucune place au doute sur ce qui se passait.

Sous le choc, Chris se leva brusquement, les deux mains sur la tête, faisant ainsi tomber la lettre et les photos au sol. Son cerveau tentait de traiter l'information qu'il venait d'enregistrer. Une colère incontrôlable l'envahit, le poussant à saccager une bonne partie des objets dans le séjour, sous les yeux incrédules des employés de maison. Une fois qu'il n'y eut plus rien à briser, il finit par se calmer et éclata en sanglots, totalement dévasté.

Au même moment, son téléphone se mit à sonner, mais il ne répondit pas, ne prenant même pas la peine de regarder qui appelait. À cet instant, même l'appel du président n'aurait pas pu le faire décrocher son téléphone. Cependant, après l'insistance de l'appelant, il décrocha sans même jeter un coup d'œil à l'écran. C'était Marie Jo.

__Chris, ta femme a complètement perdu la tête. Elle a saccagé tout ce qu'il y avait dans mon penthouse. Il y en a pour au moins 1 million de dollars de dégâts.

Chris, incrédule, répondit : « Quoi !? »

__Je vais appeler la police, elle a perdu la tête, ajouta Marie Jo, extrêmement en colère.

Chris : Non, Marie Jo, ne fais pas ça, s'il te plaît. J'arrive tout de suite. Envoie-moi ton adresse. Est-elle toujours là ? ajouta-t-il en dissimulant la tristesse dans sa voix.

__Non, cette folle s'est sauvée, répondit Marie Jo. Je t'envoie l'adresse,

Chris partit rapidement, ne prenant même pas le temps de changer de chemise, sur laquelle il y avait des éclaboussures de sang dues aux coups donnés dans les vases et sur les murs. Alors qu'il quittait la maison, Chris ne remarqua pas Lydia, tapie dans une BMW noire non loin de l'entrée de leur grande demeure, attendant que Chris sorte pour le suivre.

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