J'ai choisi ce passage, mais j'en ai bien d'autre dans d'autres manuscrits. J'affectionne ces personnages qui font frissonner:

Le jeune mage tremblant acquiesça en posant immédiatement ses doigts sur sa couronne. Après plusieurs tentatives infructueuses, une fissure apparut sous les yeux ravis de Calixte qui fit un signe à un de ses bourreaux. Le jeune fut mené à l’écart. Personne ne sut vraiment ce qui lui était arrivé. Son corps démembré avait été retrouvé bien plus tard, les yeux, les ongles arrachés, la langue transpercée à multiples reprises. Des centaines de ciselures parcouraient les restes abandonnés. On lui avait tranché les oreilles, haché les doigts et les orteils, broyé ses parties génitales. Son cœur et son cerveau n’ont jamais été retrouvés. Celui qui s’était acharné sur lui ne pouvait être qu’un démon.

Assis dans la poussière et encore sonnés par la déflagration, les trois mages se redressèrent et virent avec horreur trois Artificiels descendre droit sur eux. À présent, ils savaient que l’affrontement allait être un cauchemar. La silhouette de Calixte apparut, entourée de neuf sbires. Il n’y avait pas d’échappatoire, le tunnel s’était effondré. La tombe d’Aerouant, allait-elle être leur propre tombe ?

Les mains de Kevin tremblaient, car il savait pertinemment que c’était perdu d’avance. Ils avaient déjà engagé bien trop d’énergies pour affronter encore ces pantins automates. Il jeta un regard sur Lilia qui s’avançait, mais ses yeux s’arrêtèrent sur Mélissandre.

• Nous n’avons pas encore réveillé Aerouant, jeune homme ! lui dit-elle en lui donnant une tape sur l’épaule.

Elle prit le temps d’épousseter sa robe et s’avança, prête également, au combat. L’ultime combat. Une main bleue, recousue grossièrement, se posa sur les aspérités de la grotte.

• Alors les impolis… Vous ne m’avez pas attendu ?
• Repars d’où tu viens, Calixte, ou…
• Du calme Mélissandre, du calme. Il n’y aura pas de : ou ! Et je repartirai : qu’avec ce que vous m’avez volé.
• Aerouant ne t’appartiendra jamais. Répondit Kevin de sa voix caverneuse. Sois un homme et viens m’affronter au lieu d’envoyer tes esclaves. Couard que tu es et que resteras toute ta vie.

Calixte lui adressa un simple sourire avant de faire signe à ses hommes d’en faire de la charpie. Les Artificiels se présentèrent devant eux, laissant le champ libre aux chirurgiens qui s’étalèrent lentement autour d’eux.

• Ceux-là sont de la pire espèce. Souffla le vampire aux deux femmes. Restez toujours à bonne distance. Sachez qu’ils possèdent, dans leur dos, des cordes munies de crochet. Ils ne se serviront que de leurs armes à feu qu’en dernier recours. Ce sont des lambda, des fous que Calixte a soigneusement façonnés à son image.

Leurs visages témoignaient de leur monstruosité. Leurs regards de fous glaçaient les veines, bavant déjà devant leurs proies. Leurs doigts, d'où certains manquaient un ongle, parcouraient les multiples manches de bois de leurs couteaux finement affûtés. Ils attendaient, affichant une dentition approximativement brisée, patientant et épiant le moindre mouvement.

Le bal sanglant débuta.

Les mages étaient encerclés sous le rire sadique de Calixte qui prenait place sur un rocher, savourant sa victoire. Un des chirurgiens plongea son regard dans celui de Lilia.

• Je vais te faire… Bien mal, dit-il, psychopathe et dément, tout en lâchant une mousse de salive sur son menton. Et tu vas crier, hein ma jolie, tu vas crier bien fort ?