Chapitre 08 : les sentiments et les pulsions

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Junker et Quentin s’installèrent sous un abri de fortune. L’être de métal supposait qu’il s’agisse de son ancienne maison. Là-bas, il pouvait voir la ville et entendre tous ses bruits. Quentin s’était assis, regardant le cadre qu’il avait avec lui. Il s’agissait de ses grands-parents, à l’époque où il n’était encore qu’un gamin. Son ami, s’assurant qu’il était en sécurité, parti faire un tour de ronde, comme à son habitude. Il observa le marché noir et ne constata guère de changements. Il lui était déjà arrivé d’avoir recours à ses pouvoirs pour stopper des altercations qui arrivaient de temps à autre. Autrement, il ne se mêlait que très rarement des histoires humaines. Junker regarda le ciel. Mine de rien, beaucoup de choses avaient changées ces dernières années. Surtout depuis sa rencontre avec Quentin il y a peu. Il s’assit et regarda le ciel.

-Comme c’est beau…

Il resta ainsi quelques minutes avant de rentrer. Quentin lui sourit. Il semblait quelque peu ébranlé. L’être de métal abaissa son masque de bandes. Décidément, ce jeune homme était peu chanceux, à toujours être la cible de personnes mal attentionnées.

-Eh, ça va ?

- Ouais. Je me dis que si mes grands-parents étaient encore là… ils auraient peut-être su quoi faire.

- Malheureusement, certaines choses sont inévitables.

- Tu dois en avoir marre de me sauver en permanence.

Junker remarqua son air attristé.

-Quentin, tu es bien prof, n’est-ce pas ?

- Apprentis, plutôt.

- Cela t’ennuis-t-il quand tes élèves ont besoins de toi ? Es-tu lassé de les aider ?

Le jeune homme écarquilla les yeux. Il leva la tête, croisant le doux regard de l’humanoïde.

-Je… non.

- Pour moi, c’est pareil. Laisser un humain en danger est inconcevable pour moi.

Junker vint mettre le bout de ses griffes sous son menton, comme lorsqu’ils s’étaient rencontrés la première fois. Les positions étaient inversés. Alors, il esquissa un sourire.

-Quels que soient les dangers, je serai toujours là pour te protéger, Quentin. Parce que je t’aime.

- Tu… tu m’aimes ?

- Il faut croire.

L’humanoïde mit un genou au sol. Le soleil était en train de se coucher. Il lui empoigna la main. Quentin le regarda, incapable de se soustraire à ses yeux bleus si pures, si beaux. Sa peau de métal n’était pas aussi froide qu’il l’aurait cru. Non, elle était douce et agréablement tiède. Quentin se senti alors quelque peu à l’étroit dans son pantalon. Cependant, il ignora cela.

-Quand nos regards se sont croisés, j’ai senti quelque chose de nouveau.

- Moi aussi.

Lentement, Quentin, vint abaisser les bandes de son visage. Junker esquissait un petit sourire. Le jeune homme attarda son regard sur ses lèvres bleutées. Elles semblaient faites de chair. Puis ses yeux revinrent croiser ceux de l’humanoïde. Ils débordaient de vie, mais également d’une gentillesse que le jeune homme n’aurait pas pu quantifier.

-Tu… tu es magnifique.

Junker acquiesça. Quentin aussi était d’une beauté remarquable. Ses yeux rouges n’exprimaient aucune méchanceté ni cruauté. En lisant son regard, il n’arrivait pas à déceler la moindre arrière-pensée qui puisse être un tant soit peu hostile. Heureusement que l’être de métal était asexué. Quant à Quentin, le simple fait de plonger son regard dans celui du biomech le rendait fou. A l’heure actuelle, il aurait été capable de s’abandonner tout entier à Junker pour laisser libre court à sa passion. Mais alors, celui-ci tourna la tête, rompant le contact. Quentin cligna des yeux, surpris.

-Un problème ?

L’humanoïde se redressa.

-Une altercation au marché noir. Je reviens dans une minute.

Et il fila a quatre pattes, bondissant entre les immeubles. Quentin resta quelque peu surpris, abandonné avec son entre-jambe serré par son pantalon. Le fait que Junker l’ai laissé ne l’irritait pas le moins du monde. Après tout, il s’était donné pour mission d’aider les Humains et d’en apprendre plus sur eux. Le jeune homme ne parvint pourtant pas à calmer son excitation, bien au contraire. Le fait que Junker l’ai laissé pour quelques minutes le rendait fou. Et s’il ne revenait pas vite, il craignait d’offrir un spectacle peu ragoutant à son ami. Quentin se mit à faire les sens pas, le visage rouge et la bosse au pantalon.

-Allez…, murmura-t-il. Essai de te calmer… Tu n’as que quinze ans… il est trop tôt pour ça.

Mais impossible de s’en convaincre. Son excitation avait atteint un point de non-retour. Quentin s’appuya sur l’un des poteaux de l’abris et se mordit un bout de lèvre en serrant les jambes. Malgré lui, il lâcha un faible gémissement. Si cela continuait, il allait devenir fou furieux. Il commença à taper du talon, preuve de son impatience. Laisser quelqu’un dans cet état était impardonnable. Quentin respirait fort, incapable de se calmer. La chaleur qui le parcourait était si intense qu’il avait l’impression de brûler de l’intérieur.

Junker bondit sur le toit. Il s’avança, retirant son masque. La nuit était tombée.

-Quentin, ça y est, j’ai…

Mais il ne termina pas sa phrase que l’intéressé courut a lui. Il vint coller ses lèvres sur celles de l’humanoïde qui tomba en arrière sous la force de l’impact. Mais plutôt que de se débattre, sa surprise laissa bientôt place au bonheur. Les ardeurs passionnées de Quentin étaient accompagnées d’un amour sans fin qu’il décelait sans problème. Son corps se détendit, profitant de cet instant qui dura quelques minutes. Ce baiser était doux, sincère et passionné. Finalement, Quentin le libéra et tous deux se regardèrent.

-La prochaine fois… m’abandonne pas, ok ? Dit-il entre deux souffles. Tu m’as laissé dans une situation embarrassante !

-J’vois ça.

Quentin senti alors quelque chose de chaud et visqueux dans son pantalon. Aussitôt, il se redressa en poussant un petit cri et se retourna.

-Oh merde ! J’suis pas doué !

Junker eut un léger rire amusé. Il se redressa.

-J’suis désolé, s’excusa le jeune métis. Qui aurait cru que tu me fasse autant d’effet.

- Est-ce que c’est donc ça, que les humains appellent « faire l’amour » ?

Quentin tourna la tête, surpris par la question.

-Euh… pas exactement. Ce qu’on vient de faire… c’était les préliminaires, et encore.

Junker eut une petite mine dégoutée.

-Ne m’explique pas. Je crois deviner la suite…

Un silence tomba.

-En tout cas, c’est une étape de franchis.

L’humanoïde cornu acquiesça. Quentin le regarda, un air rêveur au visage. Il aurait voulu l’embrasser pour l’éternité. Après tout, Junker avait beau être un robot, il était plus humains que certaines personnes. C’est alors qu’un obstacle se présenta entre les deux êtres. Une barrière à laquelle Quentin n’avait jamais prêté attention. En regardant Junker, il comprenait une chose : si la société était déjà très peu tolérante envers les relations LGBT, alors elle le serait encore moins face à la leur. Mais au final, cela importait peu.

Les deux amis s’endormirent sous l’abri de fortune. Junker était roulé en boule sous sa forme dragon et Quentin s’appuyait sur lui. Etrangement, sa peau de métal n’était pas aussi dure qu’on pourrait le croire. Le jeune homme dormait paisiblement, mais pas son ami cornu. Celui-ci réfléchissait. Par gêne, il ne s’était jamais vraiment posé de questions sur la sexualité des Hommes. Mais après ce qui s’était passé, peut-être devrait-il oser. Après tout, il devait analyser le phénomène dont Quentin avait été victime pour assouvir sa curiosité. Il leva les yeux vers le ciel. Alors, aussi doucement que possible, il se dégagea et s’avança vers le bord du toit. La créature au corps parcouru de striures bleues regarda la grande ville, là-bas. Junker tendit le cou, comme s’il voulait s’en rapprocher. Il lâcha un petit gémissement plaintif.

Quentin ouvrit un œil, réveillé par les quelques bruits. Il aperçu son ami a quatre pattes qui observait les immeubles qui scintillaient d’une lueur bleue et blanche. Il déploya ses ailes dorsales et se cabra légèrement. Il semblait vouloir bondir. Quentin fut touché par cette scène. Il avisa son gouvernail abîmé qui se balançait.

-Junker…

La créature poussa un souffle roque accompagné d’un grondement. Alors, elle tourna la tête, le regardant. Le jeune homme eut le cœur serré en voyant la tristesse dans son regard. Et ce fut en trainant des pattes que le dragon orange revint sous l’abris, posant sa tête prêt de celle de Quentin qui vint le gratouiller.

-T’inquiètes, on va trouver ce qu’il faut pour toi.

Junker souffla et ferma les yeux. Quentin regarda le plafond. S’ils étaient pris chez Goei, il pourra demander les pièces nécessaires. Il fut alors couvert d’une aile protectrice. Il eut un petit sourire, heureux. Il avait enfin pu libérer ce baiser dont il gardait l’envie depuis leur rencontre.

Le lendemain, Junker se chargea de lui trouver de la nourriture. Il chercha également à lui procurer des vêtements plus chauds. Mais cela fut plus ardue qu’il ne l’aurait cru. Il eu grand mal à trouver un manteau d’hiver. Lorsqu’il rentra, il cracha un petit jet de glace brûlante dans un sceau, la transformant rapidement en eau chaude. Quentin s’en approcha, se réchauffant avec la vapeur. Junker le couvrit du vieux manteau qu’il s’était procuré. Il lui déposa aussi le peu d’aliments trouvés.

-Décidément, t’es trop gentil, dit le jeune homme. La vache j’ai froid.

- Je ne fais que mon devoir envers toi.

- N’empêche, un jour… je te rendrai la pareille.

Junker esquissa un petit sourire et s’agenouilla derrière lui, l’enveloppant légèrement de ses quatre ailes pour concentrer la chaleur. Quentin eu un soupire rêveur. Son ami était parfait. Gentil, prévenant, toujours à l’écoute et beau à en tomber. Ce qu’il préférait chez l’être de métal était sans aucun doute ses yeux. Un beau regard d’un bleu scintillant à la pureté inégalée. Alors, il senti Junker passer ses bras autour de lui, le couvrant de ses ailes. Son visage n’étant pas loin non plus. Quentin lutta contre l’excitation montante. Malgré qu’il soit un robot, le jeune homme sentait son souffle. Il n’avait qu’une envie : faire volteface, le faire tomber au sol et l’embrasser. Mais il préféra profiter de cet instant de tranquillité et se détendit. Peu lui importait qu’il soit serré dans son pantalon. Il souhaitait que cet instant dure toujours et ne s’arrête jamais.

-Dis-moi, que dirais-tu d’un bon bain pour te réchauffer ?

Quentin tourna la tête, étonné par cette proposition. Junker sourit et lui désigna un énorme bac en fer qu’il s’était procuré. Il avait confectionné des battants de tissus pour l’intimité ainsi qu’un petit toit. Le jeune homme soupira. Décidément, Junker pensait toujours à tout.

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