Chapitre 21 : Maitre Sakuro

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En fin de journée, le groupe aperçu enfin sa destination. Les trois recrues restèrent sans voix face à la structure qui se dressait au milieu de l’océan. A côté se trouvait un grand porte-avion. Gin expliqua qu’il s’agissait de l’une des branches de Kuran, Krys-Society, dont les moyens semblaient autrement plus étendus que Goei.

-Ils sont sûrement là pour…

L’homme ne termina pas sa phrase. Krys Society ne regagnait que très rarement l’Hajiro, sauf si convocation du maitre. Le porte-avion avait sur son pont un certain nombre d’hélicoptères. Junker remarqua qu’ils portaient tous un blason différent.

-Ainsi, tout Kuran s’est rassemblé. Le vieil homme me devra quelques explications…

L’appareil de Goei se posa sur un emplacement réservé. Les deux humanoïdes enfilèrent leur déguisement.

-Allons-y, dit Gin en ouvrant la porte latérale. Junker, fait en sorte que Diamounder n’attire pas trop l’attention.

-J’y veillerai.

Ils mirent pied à terre et se dirigèrent vers le bâtiment dans lequel ils entrèrent. Quentin attrapa par réflexe la main de Junker. L’endroit se révéla rapidement plus accueillant. Alors qu’ils marchaient, ils croisèrent un groupe.

-Salut, Gin !

- Bonjour, Zack.

- Alors ce sont elles, tes nouvelles recrues ?

- Oui.

- Eh bien…

Ils discutèrent quelques minutes avant que chacun ne reprenne sa route. Gin semblait agacé.

-Le maitre a donc décidé de réunir tout Kuran. C’est pas vrai. Et moi qui voulait vous intégrer discrètement…

Ils descendirent des escaliers et se dirigèrent vers les quartier du chef de l’organisation.

-Excusez-moi, maitre Sakuro peut-il nous recevoir ?

- Vous êtes Goei ? Bien sûr, il vous attend dans son bureau, répondit une femme.

-Merci.

Le groupe se dirigea vers deux immenses portes. L’homme en costume frappa et entra, suivi des trois novices. Un individu d’âge avancé se tenait là, dans un grand fauteuil derrière son bureau.

-Ah, Gin, quel plaisir de te revoir.

- Moi de même, maitre. Si je suis ici, c’est pour vous présenter les jeunes gens que j’aimerai officiellement intégrer à Goei.

L’homme se recula dans son siège.

-Gin, voilà qui est bien étrange. D’habitude, tu ne me fais pas autant de manière. Surtout pour des gosses.

- Peut-être, mais il s’agit d’un cas particulier.

- Qu’ils ôtent d’abord leurs capes. Je n’aime pas les mystères.

Les trois jeunes gens se regardèrent, ne sachant quoi faire. Au bout de quelques secondes, Junker et Diamounder firent voler leur camouflage. Maitre Sakuro resta sans voix, ébahi.

-Je comprend mieux, maintenant… Tu veux intégrer des machines.

-Junker et Diamounder sont en fait des formes de vie biomech, expliqua Gin. Ils n’appartiennent pas à notre monde.

L’homme soupira.

-Ah, Gin… toi et tes surprises. Pour le garçon, je ne vois pas d’objection, mais les deux autres… Comprend bien que cela pose des questions du point de vue législatif.

- Comment-ça ? Demanda Diamounder.

- Il veut dire que puisque votre existence n’a pas été certifiée, vous n’êtes légalement pas des êtres vivants. Ou du moins, vous n’êtes pas des personnes.

Junker regarda Quentin.

-En soit, je me fiche bien qu’ils soient humains, robots ou cailloux, dit le maitre. Mais les autres ne risquent pas d’apprécier. La dernière mission de Goei a été une vraie réussite. Si l’existence de telles armes se répands…

- Nous ne sommes pas des armes, déclara soudainement le biomech orange. Nous sommes des êtres vivants, tout aussi conscients que vous. Nous ne sommes pas si différents des humains.

- Alors pourquoi te caches-tu, si tu es si semblable à ton compagnon ?

Quentin tourne la tête. Un silence pesant tombe sur la pièce.

-Parce que…

Junker serra les poings. Cet homme connaissait la réponse. Elle était évidente. Mais il voulait qu’elle sorte de sa bouche.

-Parce que nous ne venons pas de votre monde. Parce que les Hommes sont violents avec ce qu’ils ne connaissent pas.

-Alors comment pourrais-je accepter de vous intégrer à Kuran ? Je ne peux prendre des objets dans mon organisation.

- Junker et Diamounder ne sont pas des objets ! S’exclama Quentin.

L’homme le regarda, dubitatif.

-Ils ont un cœur, ils ont une âme ! Ils ont des émotions, des sentiments ! Ils n’obéissent pas à un programme. Si vous saviez de quoi est capable Junker… toute la souffrance qu’il endure parce qu’il ne pourra jamais s’intégrer au genre humain, alors votre avis serait tout autre. On s’en fiche qu’ils ne soient pas des Hommes. Les êtres qui se tiennent devant vous sont conscients de leur existence, et c’est suffisant. J’aime Junker du fond du cœur et je ne vous laisserai pas…

Alors, le maitre de Kuran se mit alors à rire. Personne ne compris sa réaction.

-Tu as du cran mon garçon, et j’aime ça ! C’est exactement ce que j’attendais. Eh bien soit ! Nous organiserons une cérémonie pour vous intégrer officiellement à Kuran.

- Vous voulez dire que… les dix autres organisations seront présentes ?

- Bien sûr. Je tiens à ce que tout Kuran ait connaissance de ses nouvelles recrues.

- Vieil homme…, dit Gin. Si possible, nous avons une faveur à vous demander.

- Une faveur ?

Le chef de Goei tourna la tête vers Junker. Aussitôt, celui-ci compris et se changea en dragon. Monsieur Sakuro se pencha, les yeux écarquillés. Quelle bête splendide. Jamais il n’avait vu pareille chose. Quentin prit alors la parole et expliqua que Junker avait besoin d’une prothèse. L’être de métal lui montra son gouvernail auquel il manquait une aile de queue.

-Junker est originalement incapable de voler pour des raisons qu’on ne comprend pas. Il est excellent planeur mais depuis son accident il y a un peu près trois ans, il n’a jamais pu quitter le sol.

-C’est fort embêtant, effectivement. Vous n’aurez qu’à vous rendre chez l’ingénieur, il pourra sûrement vous aider. Maintenant, je vous libère.

- Merci.

Tous quittèrent la pièce. Mais au dernier moment, maitre Sakuro appela Junker qui tourna la tête.

-Dis-moi, jeune biomech, c’est bien toi qui te tenait aux côtés de mademoiselle Von Aïna, durant son discours ?

- En effet. Je l’ai également sauvé d’une tentative de viol.

- As-tu tué ses agresseurs ?

- Non, je ne veux pas tuer les humains. Cela ferait de moi un monstre.

- Tu as l’esprit noble. Mais saches que tu ne pourras jamais protéger les tiens sans te salir les mains.

L’humanoïde le regarda de biais et parti, se drapant dans sa cape. L’homme derrière son bureau esquissa un sourire. Ces trois recrues avaient du potentiel, il en était certain. Surtout le fameux Junker duquel émanant une grande noblesse d’âme.

Monsieur Eko tournait autour des humanoïdes, fascinés. Il semblait aux anges. Si cela ne semblait pas déranger Diamounder, son congénère, lui, était nettement moins à l’aise.

-J’y crois pas ! C’est la première fois que je vois de telles formes de vie ! D’en dehors de notre atmosphère en plus !

- Et donc ? Vous pensez pouvoir faire quelque chose pour son gouvernail ? Demanda Quentin.

Eko avisa la queue de Junker sous son apparence draconique. Il prit un appareil et le scanna.

-Ça alors, sa biomechanique est d’une telle complexité ! Nous sommes loin d’avoir les prouesses techniques pour créer une telle beauté. Pour ce qui est de ce gouvernail…

Il attrapa le bout de la queue du dragon et joua un peu avec son ailette, la pliant et la dépliant.

-C’est fascinant… On dirait presque des écailles.

-Hum-hum, dit Quentin.

- Oui, pardon. Eh bien, pour être honnête, c’est un sacré travail mais je peux bien essayer.

- Merci ! Dit Quentin.

- De rien. Par contre, Junker, j’aurai besoin de toi. Je ne pourrai pas fabriquer ce gouvernail sans ta contribution. Cela ne vous dérange pas, monsieur Gin ?

La bête repris sa forme humanoïde et l’homme secoua la tête. Eko fit un petit bond de joie. Junker regarda autour de lui. Ils étaient dans ce qui semblait être un immense entrepôt avec des appareils en tout sens. Il sentit alors la main de Quentin se poser sur son épaule. Celui-ci eut un petit sourire qui rassura aussitôt son compagnon.

-Allez, venez, dit Gin. On remonte à l’air libre.

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