Chapitre 27 : le président Decker

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Le bateau arrivait enfin à New-York. Junker, Quentin et Diamounder n’en revenaient pas. La ville avait en partie gardée son architecture originale à laquelle se mélangeait des bâtiments plus récents, produisant un important contraste. Le biomech était sidéré.

-Eh bien, ça à l’air de vous plaire, dit Gabriel.

- Trop, approuva la petite humanoïde bleue.

- Venez vous préparer, on ne va pas tarder à accoster.

Ils retournèrent malgré eux dans les entrailles du cargo. Junker et Diamounder enfilèrent leur nouveau camouflage. Junker portait une tenue noire. Le haut de son corps était couvert d’une sorte de cape qui était fermée sur l’avant et la capuche était suffisamment ample pour cacher ses cornes. Diamounder avait une large cape qui couvrait seulement son dos. Ses vêtements étaient un peu plus banales.

Le camion débarqua sur le quai et se mit aussitôt en route pour l’aéroport. Les trois jeunes gens observaient l’environnement, fascinés. Certaines voitures dataient du vingt-et-unième siècle, mais elles se faisaient rares. Ils arrivèrent bientôt à destination et ils purent entrer sur le tarmac. Ils se dirigèrent vers un grand avion bleu. A ses pieds attendaient un groupe de personnes en vêtements chics.

-Eh bien, dit Quentin.

Le camion vint s’arrêter et tout le monde descendit. Il reparti aussitôt. Un homme se distinguait. Il était grand avec un visage un peu rond et barbu. Il était brun avec des yeux noisettes et des lunettes. Il semblait sympathique et plutôt jeune.

-Président William Decker, nous sommes l’organisation dont vous avez demandés les services.

-Ainsi c’est vous, Goei, dit-il avec un sourire. Je suis ravis de vous rencontrer !

Il tendit la main et Jérôme la lui serra. L’homme d’Etat tourna la tête et salua les trois jeunes. Il fut quelque peu surpris de leur accoutrement mais n’en demanda pas la raison.

-Monsieur le président, dit un individu. Il est l’heure.

- Bien. Tout le monde à bord, nous partons !

Bientôt, l’appareil fut prêt à décoller. Junker, Quentin et Diamounder ne savaient pas à où s’installer.

-Asseyez-vous, jeunes gens, dit le président. Le voyage sera long.

Ils s’exécutèrent. L’avion décolla peu après. Surpris, Quentin attrapa la main de Junker.

-Première fois ?

- Oui.

L’homme en costume sourit et porta son attention sur l’humanoïde. Il parut sceptique face à ses yeux bleus scintillants.

-Alors jeune homme ? Apparemment, tu as beaucoup aidé cette jeune indépendantiste, Mikaëla Von Aïna. Peux-tu m’en dire plus ?

- Je n’ai fait qu’accomplir ma mission, à savoir la protéger si nécessaire. Mais j’admets effectivement lui avoir permis d’accroitre ses connaissances sur le sujet qu’elle défendait.

- Bien, tu m’as l’air intéressant. Ôtez donc vos capes, vous allez avoir chaud.

Diamounder et Junker se regardèrent et refusèrent poliment. Le plus grand prétexta des blessures qu’ils ne souhaitaient pas montrer. Une fois de plus, le président resta perplexe mais ne chercha pas plus d’explications. Il se tourna donc vers les deux hommes.

-C’est étrange que Goei n’est déployé qu’une équipe de cinq. Pouvez-vous m’en expliquer les raisons ?

-Une équipe réduite est plus efficace. De plus, nous avons les moyens de vous protéger, indiqua Gabriel.

- Espérons que vous disiez vrai. Aujourd’hui, le Congo est un État dangereux. Mon arrivée risque fortement d’embraser la poudre.

- Président Decker, ne serait-il pas plus simple d’y envoyer un ambassadeur ? Demanda Junker. Je trouve cela dangereux pour vous d’avoir décidé de vous déplacer en personne. Et vos gardes du corps ne suffiraient pas à vous protéger contre les malfrats.

-C’est justement pour ça que je vous ai engagé. La réputation de Goei était déjà excellente, mais depuis l’intervention de Von Aïna, cela s’est accentué. Bien que vous soyez une organisation mafieuse, vos actions sont légales et pacifiques.

- Goei n’est pas une organisation militaire, déclara Jérôme. Escortes et livraisons sont nos missions. Cela concerne très rarement le ravitaillement armé ou le transfert de livraisons douteuses.

-J’en suis ravis.

Junker regarda l’homme plus attentivement. Son odorat ne lui apportait aucune odeur liée aux phéromones masculines. Il prit son ancien carnet qu’il avait toujours sur lui et commença à chercher. Depuis, il avait ajouté des informations sur les pages « sexualité ».

-Excusez-moi cette question indiscrète, monsieur le président, mais ne seriez-vous pas originalement une femme ?

L’homme le regarda, quelque peu déconcerté. Il hésita à donner sa réponse.

-Effectivement, j’étais autrefois une femme.

-Vous êtes donc transsexuel ?

- Oui.

Quentin regarda Junker, sans comprendre comment il avait pu le deviner. Après tout, depuis le vingt-et-unième siècle, les processus de transition d’un sexe à l’autre avaient évolués et permettaient de fait une métamorphose presque parfaite, à l’instar de certains animaux.

-Ma fois, je ne sais pas comment tu as fait, jeune homme. Très peu de personnes sont au courant. Cette information n’est présente sur aucune de mes fiches d’identité.

-Disons que certains détails m’ont mis la puce à l’oreille.

-Tu m’intrigue de plus en plus.

-Et… vous êtes marié ? Demanda Diamounder.

- Oui. Mais iel ne m’accompagne que très peu.

- Iel ? S’étonna Quentin.

- C’est un pronom non genré, expliqua Gabriel. Pour designer une personne ni homme ni femme. On les appelle non-binaire.

Junker se dépêcha de prendre note. Le président Decker le regarda faire. Cet étrange individu attisait sa curiosité de plus en plus. Il remarqua alors les pointes au sommet de sa tête. Sa capuche semblait anormalement grande, de même pour la petite fille aux yeux verts. Tous deux avaient le regard luisant.

-Monsieur le président ? Demanda un homme de main. Est-il judicieux de dévoiler ces infos personnelles ? Goei pourrait…

- Vous nous prenez pour qui ? Le coupa Jérôme. Les infos détenues par Goei restent à Goei. Ce ne sont pas nos ognons.

- On est votre escorte, point barre, ajouta Gabriel.

Le président Decker se pencha en avant. Junker soutint son regard. L’homme voyait qu’ils étaient sincères.

-Bien. Je ne peux que vous faire confiance. Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, j’ai un rendez-vous téléphonique.

Il se leva et quitta la cabine, laissant les membres de l’organisation seul. Diamounder ôta sa capuche.

-C’est trop bien cette mission ! S’exclama-t-elle.

- Il faut reconnaitre que cet homme est assez charismatique malgré son jeune âge, dit Quentin. Mais pas aussi mignon que toi, Junker.

- Personnellement, je le trouve encore un peu enfantin. Malgré tout son sérieux, il ne semble pas vraiment connaitre l’entièreté de son rôle.

- Parce que tu en sais quelque chose ? Demanda Gabriel.

- Non, mais ça se voit. Je peux comprendre les micro-signes que lancent un corps. Ce voyage ne le met pas à l’aise.

- Après, il n’est au pouvoir que depuis six mois, indiqua Jérôme.

- Tout s’explique. Il est jeune et inexpérimenté. Il faudra lui enseigner deux-trois trucs.

- Tu veux apprendre son boulot à un président ? S’étonna Quentin.

- Malheureusement non. Mais il ne semble pas vraiment conscient du danger qui le guettera dès la première roue de l’avion posée au sol.

-C’est sûr…

Diamounder s’approcha et tira le vêtement de Junker.

-Grand frère, je peux aller voler dehors ?

-Si tu veux tous nous tuer, pourquoi pas, rétorqua Jérôme. Un avion vol à plus de sept-cent kilomètres-heures, alors tu n’as aucune chance.

Elle se rassit donc et entreprit de coiffer sa poupée. Inévitablement, Gabriel tomba sous le charme de la scène. Quant à Quentin et Junker, ils observaient une mer de nuage à travers un hublot. Jamais l’humanoïde n’aurait pensé se trouver là, à des dizaines de kilomètres au-dessus du sol dans un engin humain. D’ailleurs, qui aurait cru qu’il les côtoierait d’aussi près.

-C’est beau, dit-il.

- Je trouve aussi.

On leur apporta quelques en-cas. Les voyages en avion ouvraient visiblement l’appétit. Quentin ne refusa pas quelques cacahuètes, les partageant avec son compagnon. Il était évident que ces deux-là formaient un magnifique couple.

Lorsque le président Decker revint, il trouva le jeune métis endormi dans les bras de Junker, assis sur ses genoux et enlacé par derrière en position légèrement inclinée en arrière. L’individu capé, en revanche, était bien réveillé. Ses vieilles habitudes allaient mettre du temps à disparaitre. Diamounder aussi s’octroyait une sieste, allongée de tout son long sur les jambes de Gabriel. La scène fit glousser le président.

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