Chapitre 32 : dans l'avion

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La voiture arriva à l’aéroport. Le groupe mit pied à terre et se dirigea vers l’avion qui semblait les attendre, prêt à décoller. Ils montèrent et s’installèrent. Quentin et Junker choisirent une sorte de canapé et s’installèrent l’un contre l’autre. Diamounder regarda Gabriel.

-Ça veut dire que notre mission est terminée ?

- Encore quelques heures. Tant que nous sommes en présence de notre client.

- C’est bien dommage, lança Decker. Je commençai à vous apprécier, Goei. Surtout toi, Junker l’extraterrestre.

Un silence s’abattit sur le groupe. L’humanoïde regarda le président, puis Quentin, puis Diamounder, Gabriel et enfin Jérôme.

-Mais… de quoi parlez-vous ?

-Ne fais pas l’étonné. Une technologie aussi évoluée ne peut pas venir de notre monde.

L’intéressé soupira. Il retira sa capuche et abaissa son cache-cou.

-Pouvez-vous au moins promettre de ne pas en parler ? L’humanité… n’est pas prête à nous accueillir, Diamounder et moi.

Celle-ci se dévoila également. William Decker acquiesça avec un petit sourire fasciné. Il leur demanda quelques informations sur le monde d’origine mais ni l’un ni l’autre ne furent capable de répondre, expliquant qu’ils avaient très probablement vu le jour sur Terre.

-Mais si vous y êtes nés, où sont vos parents ?

- Aucune idée. Peut-être sont-ils retournés sur notre planète ou alors ils sont morts.

- Une chose est sûre, ils n’ont pas été vus par les Humains. On en aurait entendu parlé, sinon, dit Gabriel.

-On peut se demander comment se développe cette forme de vie, ajouta Jérôme. Y a-t-il procréation comme ici sur Terre ou un autre procédé est-il utilisé ?

- Junker est asexué, indiqua Quentin. Et bien que Diamounder soit de physique féminin, elle l’est très certainement aussi.

-Ou alors les appareils génitaux se développent à l’âge adulte, supposa Decker. Fascinant.

L’être orange semblait quelque peu gêné par la tournure de la discussion. Son compagnon eut un sourire.

-En tout cas, tu es exceptionnel pour m’avoir protégé aussi bien.

-Mes sens sont supérieurs aux vôtres, ce qui permet de détecter la plupart des menaces.

-Dis surtout que tu as un instinct protecteur, renchéri Gabriel. Quentin nous avait raconté comment tu arrivais toujours à le retrouver.

-Grand frère est le plus fort !

Le biomech regarda par le hublot.

-Quentin ? As-tu mangé, récemment ?

- Maintenant que tu le dis… depuis que j’ai vu que tu n’étais pas ton assiette, je mange plus grand-chose. Un fruit de temps en temps…

- J’aurai dû m’en rendre comptes plus tôt. Il faut que tu t’alimentes.

Sur ce, il se leva et quitta la cabine. Quentin esquissa un sourire. Junker semblait se reprendre. Celui-ci ne tarda pas à revenir avec un gateau.

-Où t’as trouvé ça ?

- Dans ce qui s’apparente à une cuisine mais que je qualifierai plus de garde-manger.

Grâce aux lames de ses ailes, il se débrouilla pour couper des parts. Il en prit une et la donna à Quentin. Celui-ci ouvrit la bouche et avala une bouchée, semblant se régaler.

-Et nous ? Demanda Jérôme.

-C’est pour tout le monde. Après cette dure semaine, une telle récompense s’impose.

-Tout à fait d’accord, dit Decker en se penchant.

Tout le monde se servit. Le gâteau était délicieux et seul Junker n’en prit pas une miette.

-Pourquoi tu te prives ? Demanda Quentin. Profites !

- Je t’ai négligé, uniquement préoccupé par le sort d’humains pour lesquels je ne pouvais pas faire grand-chose. Et cela constitue une faute grave pour laquelle je doit me racheter et m’infliger une punition.

- Te racheter, oui, mais te punir, pas question, répliqua le jeune homme.

Il attrapa une part et la présenta à l’Humanoïde.

-Nous en rediscuterons une fois rentrés, mais pour l’instant, tu vas me faire le plaisir d’ouvrir cette bouche et de profiter avec moi.

Junker le regarda dans les yeux. Il ne pouvait refuser devant un tel regard aussi attendrissant.

-Tu as gagné. Mais c’est uniquement pour te faire plaisir.

- Merci.

L’être orange avala donc une bouchée en même temps que son compagnon. Effectivement, le gâteau était excellent et avoir un peu de douceur en bouche lui fit du bien.

-Tu vois ?

William Decker se pencha vers Jérôme et lui souffla ces mots :

-Ils forment un joli couple tous les deux.

Ayant parfaitement entendu, Junker ne releva pas pour autant, uniquement focalisé sur Quentin.

-Alors comme ça, Junker, tu te préoccupe du sort des humains ? Demanda le président.

- J’ai beaucoup d’admiration pour l’espèce humaine. Il s’agit d’un être des plus chaotiques qui peut être aussi cruel que bon. Certains ont un cœur aussi noir que le charbon, et d’autres sont aussi doux que Quentin. Mais à mon sens, il n’existe pas d’humains mauvais. Ils sont… différents, et appréhendent le monde de façon unique.

-Mais… et ce que tu as vu ?

- Avec du recul, je comprends qu’à chaque situation sa réaction. Les humains sont parfois amenés à faire des choses cruelles, mais certains ne sont pas mauvais pour autant. D’autres, effectivement, agissent ainsi parce que la société ne leur donne pas l’occasion de se conduire d’une autre façon. Le monde est ainsi. Il effectue son tri dès la naissance. Durant ce voyage, j’ai vu combien il était difficile de vivre à certains endroits. Les humains me surprennent toujours, de par leurs capacité d’adaptation. Il font partie de ces êtres vivants pour qui le changement perpétuel n’est qu’une épreuve parmi d’autres.

- Eh bien… tu es plus bavard qu’il n’y parait.

- L’humanité le fascine, dit Quentin.

- J’avais cru comprendre. Et dis-moi, si Diamounder peu voler et se transformer en dragon – oui ce détail ne m’a pas échappé – en es-tu capables ?

- Passer d’une forme humanoïde à animale, oui, voler, non.

- Pourtant, tu as des ailes.

Effectivement, on voyait les membranes sur ses membres supérieurs. Junker mit quelques secondes avant de répondre.

-Eh bien… c’est en parti à cause de ça.

Il se leva, laissa tomber sa cape et déploya sa queue, exhibant sa gouverne artificielle. William Decker resta sans voix devant le physique de l’humanoïde. Il baissa un instant le regard sur son entre-jambe dénué de tout organe.

-Perturbant. Et donc ? Quelle est l’autre raison ?

- Je n’ai jamais… Mes ailes ne peuvent pas me soutenir dans les aires. Peut-être parce que trop fragiles.

- Oui mais tu en as quatre, alors…

- Ecoutez, je n’en sais pas plus que vous. Tout ce que je peux vous dire, c’est que par conséquent, je suis un excellent planeur.

- J’suis d’accord, confirma Quentin. C'en est presque de l'acrobatie.

- Je vois. Je suis que tu vas me trouver un peu embêtant mais ma curiosité a été piquée. Pourriez-vous me montrer vos formes animales, Diamounder et toi ?

Celle-ci regarda son congénère et tous deux vinrent face à Decker avant de se transformer en dragons, tombant à quatre pattes. La créature bleue était plus petite et presque adorable.

-Waouh… génial.

Il se leva et Junker le laissa caresser ce qui ressemblait à une crinière. Sa queue se balançait, trahissant sa légère nervosité. Il ne tarda pas à se redresser pour retourner auprès de Quentin. Diamounder, elle, vint à côté de Gabriel et prit sa poupée. William Decker prit une autre part de gâteau. Le jeune homme enlaça alors Junker.

-Quentin ?

- Laisses-moi prendre un peu soin de toi, tu veux ? De nous tous, c’est toi qui a été le plus éprouvé par ce voyage.

Le biomech se détendit donc et se laissa câliner par son compagnon. Ce voyage avait effectivement été difficile car jamais il n’aurait cru les Hommes capables de telles cruautés. Mais a présent, il en était sûr. Les prochains voyages seront tout aussi éprouvants et il en apprendrait bien plus encore. Et à l’avenir, il ne devra plus laisser ses états d’âmes l’éloigner de ses objectifs, et encore moins de Quentin. Il poussa un soupire.

-ça ne va pas ? S’enquit le garçon aux yeux rouges.

- Si… je réfléchis juste.

Quentin esquissa un sourire, avisant l’air pensif de son ami. Son regard était d’un bleu s’y clair qu’il pourrait presque y nager.

-Alors ne réfléchis pas trop.

Junker ricana légèrement et ils se regardèrent. De tous les humains rencontrés jusqu’à présent, Quentin était de loin le plus beau.

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