Pour cette mission, seul le trio fut envoyé. Gin avait jugé qu’ils s’en sortiraient très bien tout seuls. Junker portait un magnifique costume noir et sa chevelure avait été retaillée pour être moins épaisse tout en gardant sa longueur. Il n’avait plus de gants et une cravate était nouée autour de son cou. Quentin était subjugué par le nouvel aspect de son compagnon qui ressemblait plus que jamais à un humain. Diamounder portait sa tenue de mission habituelle.

Une grosse berline noire luxueuse s’arrêta devant le bâtiment de Goei. Elle n’avait pas de roues et lévitait au-dessus du sol. Les trois amis attendaient là. Le chauffeur se dépêcha de venir leur ouvrir.

-Bonjour, dit Mikaëla depuis l’intérieur. Allez-y, entrez.

Tous trois s’exécutèrent. La jeune femme à la longue chevelure rousse resta sans voix en voyant Junker et Diamounder. Elle avait sous les yeux deux individus qu’elle avait l’impression de n’avoir jamais vu. Car si c’était le cas pour l’humanoïde bleue, Junker, lui, semblait bien plus adulte et était bien différent. La voiture parti après que le chauffeur ait mis la valise du trio dans le coffre arrière.

-Bonjour, dit finalement Quentin avec un sourire.

- Vous avez l’air en forme tous les deux. Qui es-tu, jeune fille ?

- Je suis Diamounder ! Et Junker est mon grand frère !

- Ah oui ?

- Grand frère adoptif, rectifia celui-ci. Elle est arrivée peu après notre retours de la première mission à vos côtés.

- Oh, je vois. Heureuse de te rencontrer, Diamounder.

- Moi de même, madame Mikaëla.

- Appelles-moi juste Mikaëla.

Diamounder hocha la tête et ôta sa capuche. La jeune femme se reporta sur le biomech orange. Il la regardait de ses yeux bleus qu’elle avait toujours du mal à déchiffrer.

-Tu as bien changé, Junker. La dernière fois, tu étais tout aussi grand que Quentin.

- J’ai rapidement grandit, oui.

- Je vois aussi que tu sembles avoir acquis de nouvelles facultés transformantes.

- Et ce n’est qu’une partie, lança Quentin. Dites-moi, Mikaëla, quel est l’objectif de ce voyage ?

- Je vais tenir des conférences dans certaines capitales de l’Europe. La première étape sera Paris, en France. Pour l’instant, une tournée mondiale est malheureusement inenvisageable à cause du faible impact que j’ai.

- Trop cool !

La jeune femme acquiesça avec un sourire.

-Alors ? Vous deux, c’est toujours…

Quentin prit un air gêné.

-Ça se fait, dit-il en lançant un regard au biomech à ses côtés. Junker ne cesse jamais de me surprendre. Il y a peu, il a dévoilé une nouvelle faculté.

- Ah oui ?

- Oui.

Quentin lui raconta comment l’humanoïde avait acquis la Forme Céleste, un pouvoir sans pareil qui n’était cependant accessible qu’à la pleine lune.

-Je n’ai jamais eu aussi peur de te perdre, intervint Junker en lui prenant les mains. S’ils t’avaient faits le moindre mal, je…

Ils se regardèrent dans les yeux. Quentin se senti rougir. Il n’y avait bien que Junker pour avoir un regard aussi expressif. Mais il voyait que quelque chose perturbait le biomech. Depuis son cauchemar d’il y a quelques jours, il était beaucoup plus alerte et ses vieilles habitudes étaient revenues. Il ne dormait presque pas. Mais il s’en inquiéterait plus tard.

-Je sais, dit-il. Tu aurais pu faire un massacre.

Mikaëla était attendrie par cette relation. Alors, la voiture s’arrêta.

-Que se passe-t-il ?

- On nous encercles, madame, dit le chauffeur.

En effet, des hommes et des femmes entouraient la voiture, juchés sur leurs vieilles motos. Junker se redressa.

-Diamounder, protèges-les, d’accord ?

- Oui !

Le biomech sorti du véhicule et referma la portière. Les brigands le regardèrent en ricanant. Le chef eut une mine dégoutée.

-T’es un de ces cyborgs pétés de thune ? Tes pièces nous rapporterons gros.

Junker les regarda de haut. Alors, son expression se mua. Il semblait presque furieux.

-Eh bien ? Qu’est-ce que t’as à nous regarder comme ça ?

Un homme tira alors mais le biomech esquiva. Il fit volteface et cracha son feu glacé.

-Butez-le !

Tous se jetèrent sur lui. Le style de combat de Junker avait bien changé. A présent, il esquivait sans mal et se contentait de les frapper avec un minimum de force pour les mettre à terre. Il bougeait agilement et son visage restait impassible.

-Incroyable, dit Mikaëla.

- En ayant acquis une nouvelle apparence, Junker agit de façon moins brutale, lança Quentin. Il est magnifique.

- Grand frère est le plus fort !

Le Biomech cracha sur le chef, l’emprisonnant dans un bloc de glace. Il n’y avait plus aucune menace.

-Obstacle éliminé, dit-il. On peut repartir.

Il monta dans la voiture qui repris sa route vers l’aéroport. Mikaëla était agréablement surprise de celui qu’était devenu Junker.

-Ce style gentleman te va à ravir, dit-elle.

- Ce costume entrave mes mouvements les plus larges, répliqua le biomech sans intérêt. Je fais donc comme je peux.

- En tout cas, bravo, le félicita Quentin. Tu es formidable, comme toujours.

Junker esquissa un petit sourire. Lorsqu’ils arrivèrent à l’aéroport, ils ne furent pas long à embarquer. Diamounder demanda en quoi consistait la mission de Mikaëla. Celle-ci lui expliqua qu’elle défendait corps et âme les populations des quartiers défavorisés en périphérie des grandes villes. L’avion décolla peu après.

-Waouh !

- Et c’est Junker qui m’a apporté beaucoup d’informations, dit la rouquine. Grâce à lui, j’ai pu étendre mes connaissances.

- Et ce que vous connaissez est un véritable paradis face à certaines villes africaines, répliqua le biomech.

Mikaëla le regarda, intriguée. Junker sorti donc son livret d’une poche et le tendit à la jeune femme. Celle-ci en lu quelques lignes. Ses yeux s’écarquillèrent et elle plaqua une main sur sa bouche. Elle ne prononça pas la moindre parole tandis qu’elle passait les pages. Au bout de quelques minutes, elle ferma l’ouvrage. Elle ferma les yeux et soupira.

-Je compatie à ta souffrance, Junker, dit-elle finalement. Ça n’a pas dû être facile ce voyage.

- Sans Quentin, j’en aurai souffert pour l’éternité. J’y ai vu des choses que même vous seriez incapable d’imaginer.

Sentant sa détresse, Quentin l’enveloppa de ses bras tout en lui frictionnant doucement une épaule.

-Tout va bien, ok ? Murmura-t-il. C’est derrière nous.

Diamounder se joignit à eux. Quant à Mikaëla, elle ne pouvait que comprendre que Junker ait beaucoup souffert. Elle savait qu’il portait les humains en haute estime et qu’il avait un grand cœur. Sûrement le plus grand de tous.

-J’ai été obligé… de mettre fin à sa vie…, murmura presque Junker.

- Chut, dit Quentin.

- Je m’en veux, vous savez. Je suis un monstre…

- Non. Tu es loin d’être un monstre.

Mikaëla écoutait sans un mot. Quentin lui expliqua toutes les horribles choses auxquelles ils avaient faits face.

-C’est terrible, en effet.

Le temps s’écoula sans qu’aucune autre parole ne fut prononcée. Quentin et Diamounder enserraient toujours l’humanoïde orange. Finalement, il se repris.

-Excusez-moi, dit-il.

- Ce n’est rien. Je comprends qu’y penser soit douloureux, pour toi. Tu portes un tel amour à l’espèce humaines et tu te dévoue corps et âme à protéger les faibles.

Junker acquiesça et regarda Quentin. Celui-ci essuya la petite larme qui perlait au coin de son œil. Alors, il l’embrassa. Les plumes dans la nuque du biomech s’ébouriffèrent et il ferma les yeux, savourant ce doux baisé qui lui était offert. Lorsqu’ils s’arrêtèrent, Junker esquissa un petit sourire.

-Toi, tu sais comment me remonter le moral.

- C’est bien pour ça qu’on s’aime, non ?

Quentin eut un petit ricanement. Soudain, Junker tourna la tête. Il plissa les yeux. Le biomech émit un grondement. Il entendait un tic-tac de plus en plus rapide. Soudain, son costume se déchira et il déploya ses ailes et sa queue. Il enveloppa Quentin et tourna la tête.

-Diamounder ! Protège Mikaëla ! Vite !

Celle-ci s’exécuta et vint envelopper la révolutionnaire. L’avion explosa alors.