Née sous les néons d’un monde trop bruyant,
Les mains tremblantes, le souffle impatient.
Une larme, un cri, un cœur qui s’emballe,
Et c’est parti, t’es dans la salle.

T’as rien demandé, mais t’arrives quand même,
Toute nue, toute neuve, sans filtre, sans thème.
Des bras te portent, t’es l’univers,
Pour deux personnes au cœur à l’envers.

Trotteur, hochet, rires et bêtises,
Tout est mystère, tout est surprise.
Les murs sont vastes, les jours sont lents,
T’as tout le temps — enfin tu crois vraiment.

L’école t’ouvre un monde en béton,
Où t’apprends vite qu’il faut dire « bon ».
Premier ami, première claque,
Premier amour écrit en vrac.

T’as douze ans, tu crois savoir tout,
Tu portes des jeans bien trop fous.
Tu testes, tu chutes, tu cries justice,
Mais tu piges pas que la vie glisse.

Ado, t’en fais des tonnes pour rien,
T’aimes trop, tu t’aimes pas bien.
T’écris ton mal sur des carnets,
Et tu veux fuir, mais vers où, hé ?

Puis le bac sonne, c’est presque adulte,
Tu découvres que le monde est une bousculte.
Taf mal payé, appart en ruine,
Et tu fais genre que tout s’aligne.

Tu scrolls tes jours comme des stories,
Oublies de vivre entre deux crises.
Les potes s’éloignent, les rêves se taisent,
Le temps dévore sans malaise.

Un jour t’aimes fort, ça te renverse,
Tu dis « pour toujours », entre deux verses.
Un gosse arrive, surprise boom pow,
T’apprends à vivre avec moins de « moi ».

Les nuits sont courtes, les jours en boucle,
Le rythme est flou, mais ton cœur souffle.
Tu deviens fort, pas invincible,
Tu souris même quand tout est pénible.

Les années passent, tic-tac discret,
Tu dis « demain » mais demain fuit.
Le miroir parle avec franchise,
T’as vieilli sans même une crise.

Les enfants partent, la maison sonne,
Comme un vieux film qu’on abandonne.
Tu dis souvent « c’était mieux avant »,
Puis tu ris fort, comme un enfant.

Et puis un jour, le silence gagne,
Le cœur s’éteint sans faire campagne.
La vie ? Un clin d’œil, un battement,
Un fil trop court, mais bougrement vivant.