Chapitre 18 : après l’effort, ...

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Quatre jours s’étaient écoulé depuis notre descente dans les égouts. À de nombreuses reprises, nous ressentîmes le besoin de parler de ce que nous avions vécu. Le nombre de morts, ce combat dantesque, tout ça avait de quoi vous secouer un homme. En discuter ouvertement était sans doute plus sain que de laisser des visions d’horreur imprimer notre subconscient, avec les conséquences à long terme que cela peut entraîner. Ce matin, je me décidai enfin à confirmer la clôture du dossier Neskol’Tov. Notre commanditaire n’avait pas besoin de connaître les détails. Un message et une photo de macchabée feraient l’affaire. Après quoi, j’avais recommencé à fouiller les annonces en ligne. D’abord à la recherche de signes pouvant laisser paraître que d’autres disparitions avaient pu avoir lieu récemment. Je ne trouvais rien de tel, pour mon plus grand bonheur. Un coup d’œil rapide au cadre de Nicole accroché au mur de mon bureau me fit sourire. Puis, je me mis à la recherche de notre prochain dossier, pensant qu’une affaire un peu plus normale nous ferait du bien à tous. Un peu avant midi, Érika vint me voir dans mon bureau.


— On vient de recevoir un versement de 50.000 queenmarks d’un compte masqué. J’imagine que c’est pour...

— Oui, coupai-je.

— Parfait. On a aussi reçu un message. Je te l’ai envoyé sur ta messagerie privée.


Elle ferma la porte au moment où j’ouvris la page de mes messages. Un message anonyme, sans objet, bref et concis.

— Félicitations La seconde moitié de votre paiement vous attend dès aujourd’hui. Soyez prêts à vivre un week-end inoubliable.


Je secouai la tête en souriant. Je n’avais pas oublié cette partie du contrat, mais je me souvins que je n’en avais dit mot à personne. Ils allaient être surpris. Lorsque j’arrivai dans la salle de repos, ils étaient tous là. Tobias, Joanna et Angus jouaient aux cartes. Érika se préparait un thé dans la kitchenette et Maret bouquinait. Je me raclai bruyamment la gorge, réclamant leur attention.

— On part en week-end. Alors allez prendre une douche, rasez-vous là où il faut, mettez des sous-vêtements propres et rendez-vous dans le hall dans une heure.

— On va où ? demanda Joanna.

— Vous verrez bien. Ça va vous plaire. Allez, bougez-vous le train.

Une fois prêts, nous sortîmes sans oublier de fermer à clé. Le vent glacial et le ciel dégagé annonçait des gelées. Qu’importe. Le froid ne serait pas un problème pour nous dans les jours qui viennent. Nous hélâmes deux autofiacres qui nous emmenèrent en direction du Red Square. Bientôt, nous nous retrouvâmes en face du portail derrière lequel les roses synthétiques dansaient au gré des bourrasques. En descendant des véhicules automatisés, mes agents comprirent alors la nature de ce fameux week-end.

— On apprécie tous que tu veuilles nous gâter comme ça, dit Érika. Mais tu es sûr de vouloir dépenser les 50.000 de cette façon ?

— C’est offert en bonus, répondis-je.

— Vraiment ? demanda Tobias.

— Vraiment. On est V.I.P pour tout le week-end, aux frais de Madame. Alors pensez bien à dire merci et ne foutez pas le bordel, c’est clair ?


Tous jugèrent solennellement en levant la main droite. Les vigiles nous ouvrirent les portes avec révérence. L’hôtesse d’accueil nous fit un grand sourire et, d’un geste élégant de la main, nous invita à pénétrer plus avant. Madame Rose arriva promptement, suivie d’une cohorte de jeunes femmes et jeunes hommes dont les tenues laissaient peu de place à l’imagination.

— Soyez les bienvenus, dit-elle sur un ton théâtral. Considérez cette maison comme la vôtre au cours des cinquante prochaines heures, mes chers invités. Toutes nos activités vont seront accessibles librement et vous aurez la possibilité de choisir deux de nos employés afin d’assouvir le moindre de vos désirs. Honneur aux dames. Mesdemoiselles, je vous en prie.

Joanna et Érika s’approchèrent et lorgnèrent avec appétit le buffet de chair fraîche qui s’offraient à elles. Elles échangèrent un regard complice.

— T’es plutôt vanille ou chocolat, toi ? demanda mon administratrice.

— Mmmh... Les deux ?

— Les deux ?

— Les deux !

— T’as raison.


Joanna choisit une jeune femme au teint hâlé et aux longs cheveux noirs, ainsi qu’un jeune homme incroyablement musclé et couvert de tatouages. Érika, quant à elle, porta son dévolu sur une jeune rousse qui ne devait pas avoir plus de vingt ans, accompagné d’un homme qui pourrait presque avoir l’âge d’être son père, quoique que très bien conservé. Toutes deux, désormais fort bien escortées, se dirigèrent vers le bar. Après quoi, Rose prit la main de Tobias, Maret et Angus et les invita à choisir à leur tour. Maret choisit deux jeunes femmes asiatiques. Tobias offrit ses gros bras à deux demoiselles en combinaison de latex. Angus, enfin, fit un baise-main tout à fait chevaleresque à une petite blonde rondouillette aux formes généreuses et une milf à l’air autoritaire. Je me retrouvai donc seul. Rose tapa dans les mains et le reste des prétendant(e)s s’en alla. Elle s’approcha de moi en me fixant de ses deux perles bleu acier.

— Quant à vous, patron, j’ai une surprise en réserve rien que pour vous.

Je haussai un sourcil, jouant son jeu.

— Quand j’ai parlé à cette personne de ce petit cadeau que je vous faisais, elle a insisté comme une folle pour être réservée pour vous.


Amanda Barber surgit alors à ma gauche. Elle portait une fine nuisette d’un blanc immaculé, presque translucide. Sa chevelure blonde et son maquillage lui donnait un air presque angélique.

— J’espère que vous êtes d’accord, monsieur Heldmann.

— Ce sera avec joie, acquiescai-je en lui offrant mon bras gauche.

— Merveilleux, s’exclama Rose. Quant à moi, ...

Elle se saisit de mon bras droit et se joignis à nous.

— ... Il est hors de question que je passe à côté de ta visite. J’ai pris mes dispositions et je suis toute à toi. De plus, notre nouvelle recrue a encore besoin de se familiariser avec son nouvel environnement. Je suis sûr que nous pouvons l’y aider.


J’éclatai de rire et laissai Rose nous guider jusqu’à notre suite où nous attendaient champagne, lit king size, draps en soie et tout le nécessaire. Ce week-end fut le moment de détente et de relâchement dont nous avions tous besoin. Chacun en profita au maximum. Le bar, le spa, le donjon, les shows de pole-dance et de strip-tease, tout y passa. Je ne croisai mes employés que rarement. Les seuls moments où nous fûmes tous réunis furent les repas du soir. Nous dînions tous ensemble dans le petit restaurant juste en face, parfois accompagnés de Rose. La bière coulait à flot et les rires résonnaient. C’est entre deux tournées que Maret, passablement éméché, me tira la manche.

— Dis, Lothar, je sais que c’est pas trop l’ambiance pour parler de ça, mais si jamais y avait... enfin, tu sais, si y en avait d’autres ? Si on avait pas tué le seul représentant ?

— Alors on les affrontera et on les détruira exactement pareil. On sait comment faire maintenant. Cette histoire nous a fait plongé dans un sacré trou de lapin. Je me dis que tout est possible, depuis qu’on a vu ce qu’on a vu. Je crois que... rien sera plus pareil, maintenant, Eugène. Mais on fera face. Y a rien d’autre à faire ,de toute façon.

Je le pensais sincèrement. Lorsque l’inexplicable ou l’inattendu se révélait à vous, cela changeait tout. Plus jamais il ne nous serait possible de traiter un dossier ou régler un problème sans penser que le surnaturel ne puisse s’inviter à la fête. Nous vivions des temps sombres, bien plus sombres que je ne le pensais. Mais comme tout ceux qui vivaient des heures aussi dures, la seule chose que nous devions décider était quoi faire du temps qui nous était imparti. Je levai ma choppe en pensant à l’homme qui avait écrit ses lignes et à qui je devais tant. Si la H.V.A devait ajouter la chasse au monstre dans son catalogue d’activités, et bien qu’il en soit ainsi. Nous pouvions le faire. Nous l’avions fait. Et nous le referons si nécessaire.

FIN.

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