Chapitre Neuf : La boucle du Papillon écrit par Le Lombric Lubrique

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Chapitre Neuf : La boucle du Papillon écrit par Le Lombric Lubrique

Alors qu’elle se précipite vers les deux portes en fuyant les hommes de mains du casino, le garde lui demande à nouveau son ticket. Cette fois Noémie le lui présente, une fois validé elle se rue vers la porte, l’ouvre et… Elle déboule dans une sorte d’aéroport, si ce n’est que les passagers n’ont rien d’humains.

Il y a des animaux bipèdes, des créatures fantastiques, des… choses qu’elle n’arrive pas à décrire. L’endroit est bruyant, des enseignes publicitaires projettent des images bariolées dans le plafond. Avec horreur Noémie découvre un terminal sur lequel elle est incapable de lire quoi que ce soit. Elle ne comprend rien, elle est complètement perdue, son instinct lui hurle de fuir cet endroit. Elle recule de quelques pas pour percuter quelqu’un.

Quand elle se retourne elle découvre un genre d’homme papillon, très séduisant. Il porte un long manteau épais, par-dessus une combinaison de survie ainsi qu’un pantalon en treillis, le tout dans des couleurs sombres. Mais ses ailes son chatoyantes, presque miroitantes. Il est beau, charmant même, il a deux adorables antennes sur le front, juste au dessus d’une paire de lunette de protection. Il lui sourit en s’exclamant : « Noémie ?! » Comme s’il la connaissait. Elle écarquille les yeux en bredouillant :

-Euh… je… Oui… » Il l’enlace avec affection :

-Comme c’est bon de te revoir ! Comment vas-tu ma belle ?! » L’homme-papillon est vraiment enjoué, la jeune femme remarque même des larmes aux coins de ses yeux.

Ils sont interrompus quand les poursuivants de Noémie ouvrent avec fracas la porte par laquelle elle vient d’arriver. Son interlocuteur la regarde, il remarque la peur dans ses yeux : « Est-ce que tout va bien ? » La jeune femme lui fait signe que non. Il l’attrape délicatement et l’entraîne sans se presser plus avant dans l’aéroport : « Où est-ce que tu vas ? » Elle cligne des yeux sans comprendre, il insiste : « Ton voyage ? Ta destination ? » Elle bafouille :

-Coloris ! » L’homme papillon fronce les sourcils :

-Ah bon ? Tu… » Il a l’air de réaliser quelque chose : « Oh je comprends. D’accord. » Tout en marchant il la mène jusqu’à un vaisseau étrange, genre de gros patatoïde. Il continue : « Ça fait une trotte à partir d’ici, impossible d’avoir un aller simple, mais je peux te rapprocher. » Il s’arrête devant une échelle de corde qui mène à l’appareil pour réfléchir : « Et si… Je te laissais à Teint ? À partir de là tu auras encore un sacré voyage mais tu seras déjà bien plus proche. » Elle hésite, mais lorsqu’elle voit les deux brutes fendre la foule à sa recherche elle accepte en hochant la tête. L’homme-papillon la libère pour monter dans l’engin en disant : « Alors c’est décidé ! Direction Teint ! Ça tombe bien, j’avais une livraison à y faire ! » Noémie le suit.

L’intérieur est encore plus étrange, comme fait de toile et de plantes. Son conducteur traverse un couloir sans problème tandis qu’elle a l’impression de marcher sur un trampoline. Ils terminent leur parcours dans un cockpit mais une fois de plus c’est encore bien loin de ce qu’elle avait imaginé. L’homme-papillon s’installe dans un siège pendu au plafond par de la soie pour faire face à… une sorte de toile d’araignée. Mais cet entrelacs fascine Noémie, il scintille comme parcouru de paillettes, elle s’approche, tend la main et le pilote l’arrête en attrapant délicatement sa main : « Dis donc ! Certes tu peux faire comme chez toi, mais laisse les systèmes tranquilles. » Il l’écarte gentiment en souriant, il n’a pas l’air fâché.

Il place ses doigts dans la toile, entame une sorte de danse avec ses mains, le vaisseau décolle dans un silence presque inquiétant. Elle s’installe dans le fauteuil d’à côté puis demande : « Qui êtes-vous ? Comment connaissez-vous mon nom ? » L’homme-papillon se tourne vers elle en écarquillant ses beaux yeux noirs dans lequel l’iris pourpre se mélange. Il se frappe le front :

-Oh mais bien sûr ! » Il hoche la tête : « Je suis le capitaine Papyon, bienvenue dans la Chrysalide ! » Il désigne son vaisseau, il se tourne ensuite sur son siège pour chercher quelque chose : « Et je te connais, parce que l’on s’est déjà rencontré. » Noémie s’apprête à répondre qu’elle est à peu près certaine de ne jamais avoir croisé l’homme-papillon ; quand ce dernier lui tend une sorte de coupe en plastique. L’objet est couvert d’écritures aliens dans des couleurs très flash, il y a un dessin de nourriture, enfin elle pense que c’est ça. Il secoue le contenant devant elle : « Tiens, tu m’as dis qu’à notre prochaine rencontre tu allais être affamée. Je t’ai gardé ça pour l’occasion, tes préférés. » Noémie attrape le bol en répondant :

-Je… je n’ai jamais mangé ces… trucs… » Papyon a l’air surpris :

-Ça alors. Tu m’as pourtant dis que c’était ton plat préféré, soupe de boulettes de Grurroo. » Noémie est méfiante, elle s’apprête à refuser le plat quand l’homme-papillon tire sur une ficelle sous la coupe. L’opercule s’ouvre puis une odeur fantastique se dégage du bol, mettant l’eau à la bouche de la jeune femme. Papyon lui donne deux baguettes, elle commence à manger mais se fige quand il explique : « Les voyages dans le temps, c’est de la folie hein ? » Noémie commence saisir :

-Je vais vous rencontrer dans le passé… C’est ça ? » Il hoche la tête :

-Il y a deux semaines ! Tu étais… tellement différente. Je ne sais pas ce qu’il t’est arrivé… Enfin ce qu’il va t’arriver. Mais tu étais sereine, sûre de toi. » Elle commence à manger cette soupe et instantanément elle comprend pourquoi elle est tombée amoureuse du plat. Tout y est, toutes les saveurs, mais jamais mélangées. Les légumes sont fondants, sucrés, puis leur cœur craquant est mentholé. Le bouillon est légèrement salé, un peu acide. Les épices juste ce qu’il faut d’amertume. Et les boulettes de Grurroo… Croustillantes comme frits à l’extérieur, salé avec un goût de crevette. Fondante et juteuse à cœur, un délicieux arôme de poulet qui explose dans sa bouche. Elle pousse un râle de plaisir en dévorant la nourriture. Papyon s’égaye : « Ah tu vois ? Je ne t’avais pas menti. » Noémie lui demande la bouche pleine :

-Il y a deux semaines… J’ai dis où je me rendais ?

-Alors oui… Mais… tu m’as interdit de t’en parler. » Elle fronce les sourcils, il ajoute : « J’ai des informations à te donner, mais surtout pas celle-là. C’est juste que, maintenant que tu as mentionné Coloris, je comprends mieux. » Il a l’air amusé, il attrape le sac farfouille dedans : « Alors, avant que j’oublie, je dois te donner ça. » Il lui tend une sorte de petite pyramide en pierre sombre, elle demande :

-À quoi ça sert ?

-Aucune idée. Tu me l’as laissé en me faisant promettre de te le rendre à notre prochaine rencontre. Tu m’as bien dit que c’était très important. Il faut aussi que je te fasse retenir quelque chose.

-Quoi donc ?

-Quand tu trouveras le cerf rouge, laisse-le te guider mais ne lui fais pas confiance. » Noémie cligne des yeux :

-Qu’est-ce que ça signifie ?

-Je n’en sais rien, tu te le demanderas quand tu te verras. » Il pouffe de rire. La jeune femme est confuse, elle remarque une sorte de projection holographique de Papyon avec quelqu’un dans ses bras :

-Qui est-ce ? » L’homme-papillon la regarde avec surprise :

-Bah, c’est Lepi, ma chérie. Tu ne te souviens pas… ? » Il semble réaliser quelque chose, souffle dans un murmure : « Oh je comprends… » Il fait signe que ce n’est rien : « Laisse tomber. » Noémie hausse les épaules :

-Est-ce que j’ai parlé de quoi que ce soit d’autre ? » Papyon rit à moitié :

-Ohla oui… Tu m’as tout raconté. Ta découverte du Prisme, ta capacité à voyager dans le temps, le fait que tu sois poursuivie par un tyran ou je ne sais quoi. » Il hoche la tête : « Tu avais l’air d’avoir traversé beaucoup de choses, mais… Tu t’en étais bien sortie.

-Je m’étais débarrassée du Prisme ?

-Tu ne m’en as pas parlé. » Noémie baille, maintenant que son estomac est plein, la fatigue la rattrape. Papyon lui sourit :

-Tu peux te reposer, on n’arrivera pas avant quelques heures. » Elle le remercie puis s’installe confortablement dans le siège.

Dans ses songes, elle voit des évènements auxquels elle n’a jamais participé. Des lieux qu’elle n’a jamais visités. Sont-ce là des souvenirs du Prisme ? Impossible de savoir.

Lorsqu’elle rouvre les yeux, Papyon est lui aussi en train de dormir. Son joli visage paisible alors qu’il est emmitouflé dans son gros manteau. Ses ailes frémissent doucement, Noémie essaye de les caresser, ce qui réveille l’homme-papillon. Il s’étire en baillant alors qu’elle s’excuse : « Désolée… Je… Elles sont tellement belles. » L’homme-papillon lui sourit :

-Je te remercie. Il n’y a pas si longtemps je les trouvais hideuses…

-Pourquoi ? » Il hausse les épaules :

-Tu me l’as déjà demandé, je ne sais pas. Mais depuis notre dernière discussion, j’ai réfléchis. Tes mots ont raisonnés en moi.

-Mes mots ? » Il hoche la tête :

-Tu as su me réconforter comme personne ne l’avait fait auparavant. » Noémie devient écarlate en imaginant ce qu’elle allait pouvoir faire. Papyon se met à rire à gorge déployé : « Non ! Non excuse-moi, je ne parlais pas de ça. J’ai mal choisi mes mots. » Il inspire : « Même si… je n’aurais pas refusé. » La jeune femme est assez mal à l’aise, l’homme-papillon lui plaît énormément. Elle bafouille :

-Tu… je… Pareil pour moi. » Papyon la regarde avec un sourire affectueux :

-Dommage que j’ai Lepi dans ce cas. Peut-être que si nous nous étions rencontrés dans d’autres circonstances. » Un petit bruit cristallin attire l’attention du pilote : « Oh ? Déjà arrivés ? » Il manipule sa toile d’araignée en hochant la tête : « Ouais, destination A-Teint ! » Il pouffe tout seul tandis qu’il entame la descente, il pose la Chrysalide puis souffle : « Bon… Nous y voilà. » Il se lève lentement comme à regret : « Dommage que nous n’ayons pas plus de temps. » Noémie sourit :

-Une chance que nous nous recroisions plus tard alors. » L’homme-papillon hoche la tête :

-Ne m’en veux pas si je ne me souviens pas de toi. » Elle l’enlace à sa grande surprise, mais il lui rend son étreinte : « Bonne chance dans ton voyage. Garde le sac, il est à toi après tout. » Elle le remercie encore, ils descendent du vaisseau. Sur le tarmac l’homme-papillon lui dit : « Garde bien la petite pyramide, souviens toi du cerf rouge et à bien… bien plus tôt ? Je ne sais pas ! » Il pouffe avant de lui faire un au revoir de la main alors qu’elle s’éloigne en lui rendant son geste.

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