Antoine, Simone et leurs amis convient leurs familles à leur soirée festive.

Chacun vient avec un plat cuisiné. D'autres apportent des desserts et des boissons. Sur le principe, Antoine encourage tout le monde à participer à l'animation, en fonction de ses moyens, de ses capacités et de ses talents. Les œuvres de Simone s'exposent sur des portiques. Plusieurs lectures s'égrènent au cours de la soirée. On chante quelques chansons et l'on danse aussi.

Puis tous les jeunes et les petits montent sur la scène à l'invitation d'Antoine qui leur a composé un texte sur le bonheur. Alors le micro passe dans chaque main et chacun lit un bout.

— Le bonheur habite à deux pas.

— juste là, oui.

— Un peu plus bas.

— Quand on pose les mains croisées près du cœur.

— Juste au niveau de la poitrine.

— Ce bonheur-là réchauffe pour les jours de froid.

— Il habite dans les souvenirs.

— Les bons autant que les mauvais.

— Il rappelle aux êtres vivants

— Qu'ils sont vivants, à jamais...

Antoine et Simone écoutent les enfants, assis l'un à côté de l'autre. Ce bonheur qu'il partage, parle d'eux, de leurs familles, de leurs amis. Il évoque des personnes qu'ils n'oublieront pas car elles résident là, quelque part, depuis un lieu merveilleux, observent les vivants et veillent sur eux.

Ce bonheur si subtil vit dans le couple qu'il forme ensemble et même s'ils ne possèdent pas d'enfants pour le pérenniser, il durera jusqu'à leur dernier souffle. Il puise ses racines dans le Finistère et dans l'Yonne.

Depuis, il marche, pose des questions, obtient des réponses, pas toujours satisfaisantes, il tâtonne, il s'émerveille.

En grandissant, ce bonheur prend différentes formes en traversant la rébellion, la colère, les idées nouvelles et l'amour. Dans leurs têtes bien faites, il suscite de la curiosité et de la reconnaissance.

En ouvrant des cartons plein de souvenirs, Antoine et Simone ont retrouvé des petites mains imprimées dans de l'argile, des collages pour la fête des pères ou des mères, des "je t'aime" et des projets de vivre toujours ensemble.

Même s'ils tentent des expériences parfois difficiles, ils s'en relèvent.

Ce bonheur leur offre une récompense car il vit en eux.

En tombant amoureux, il s'amplifie, s'agrandit. Antoine et Simone le partage avec leurs collègues, leurs amis, dans un tournoi de Beaujolais, une maison de retraite ou dans des animations dont ils détiennent le secret.

Ce bonheur traverse les saisons. Il vient les saluer dès le printemps, se répand dans les flammes de la Saint-Jean et se prolonge en mille étincelles qui rejoignent les étoiles. Il se diffuse dans les soirées musicales alors que le soleil tarde à disparaître sur l'horizon. Et dans la neige bientôt, il blanchira les villages et leurs maisons.

Avec eux, ce bonheur danse, chante, oublie les soucis, les galères.

Certes il y a plus malheureux mais rien que pour ceux-là, ils se doivent de ne pas se plaindre. Ce bonheur se démultiplie en quelques miettes qui peuvent rendre les gens heureux.

Antoine récupère alors le micro et se tourne vers Simone. Dans ses yeux brillent des larmes de bonheur.

— Le bonheur est là quand je suis avec toi Simone. Quand tu me regardes et moi en retour. J'oublie alors tout ce qui nous entoure.

Sa voix se noue et ses yeux se noient dans son visage. Par la pensée, il glisse sa main sur la joue de sa compagne, caresse ses cheveux et plus rien d'autre ne compte que l'instant présent.

Simone se lève et prend à son tour le micro, alors que toutes les personnes présentes les applaudissent, elle lui répond.

— Mon bonheur se conjugue avec toi, Antoine.

Dans sa tête, ce bonheur parcourt le pays des Valois et bien au-delà, traverse les histoires, nourrit la sagesse populaire et les contes pour enfants. Il vit dans la forêt de Retz et tous ses occupants.

Il souffle dans le vent qui gémit et rafraichit, dans la pluie qui pleure et parfois les inonde. Il réside dans ce ciel d'automne et s'habille de ses couleurs extraordinaires.

— Mon bonheur se marie avec le tien, mon Antoine.

Le bonheur voyage par les sentiers de l'Automne.

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