Chapitre 4

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Plusieurs heures s’étaient écoulées depuis que la calèche, ses passagers à son bord, avait quitté le palais. Laurent avait mal partout. Le chariot était tellement secoué qu’il ne cessait de se cogner. Les mains attachées dans le dos, il ne pouvait guerre sans servir pour amortir les chocs. S’ils ne s’arrêtaient pas bientôt, il allait être couvert de bleu. Il essaya de desserrer les liens qui lui entravait les poignets, pour se soulager un peu, mais rien ni fit. Les mercenaires avaient tellement serré le nœud que plus il se débattait, plus la corde lui entaillait la peau. Iris, assise en face de lui, souffrait aussi. Elle essayait de faire bonne figure mais son visage se crispait à chaque secousse.

La nuit commençait à tomber quand la calèche stoppa enfin. L’un des deux hommes qui les surveillait descendit pour discuter avec le cocher. Après quelque minute, il revint et ordonna d’une voix ferme :

— Descendez !

Comme les deux enfants ne réagissaient pas, l’homme, resté à l’intérieur, força Iris à se lever et à sortir du chariot. Quand elle fut dehors, il en fit de même avec Laurent. Poussé brusquement dans le dos, le jeune prince s’étala sur le sol en sortant de la calèche.

— Relève-toi, s’énerva l’un des mercenaires

Laurent grogna et se remit péniblement debout. Sans les mains, c’était plus facile à dire qu’à faire.

La calèche s’était arrêtée à l’entrée d’une forêt juste devant un petit sentier. Les mercenaires, s’y engagèrent en poussant les enfants devant eux. Laurent prit la tête du cortège. Il faisait de plus en plus sombre et Il n’y voyait presque rien. Il manqua d’ailleurs plusieurs fois de tomber en se prenant les pieds dans des racines ou des grosses branches, dans le noir c’était difficile à dire. Sa sœur ne s’en sortait guère mieux. Il l’entendait régulièrement perdre l’équilibre derrière lui.

Après plusieurs longues minutes d’une marche pénible, ils débouchèrent sur une petite cabane perdue au fond des bois. Les mercenaires y firent entrer les deux enfants. A l’intérieur, il y faisait si sombre qu’on distinguait à peine l’ameublement. Laurent et Iris furent installé contre le mur le plus éloigné de la porte d’entrée. L’un des trois hommes alla ensuite allumer quelques bougies pour éclairer un minimum la pièce. Pendant ce temps-là, un des deux mercenaires restants attacha les pieds des deux prisonniers. Quand ce fut fait, il leurs détacha les mains et leurs enleva le bâillon qu’ils avaient dans la bouche. Laurent se frotta immédiatement ses poignets endoloris pour se soulager. Iris l’imita.

A la faible lueur des minuscule flammes, l’intérieur de la cabane se dévoilait enfin. Elle ne comportait qu’une seule pièce avec seulement une table et trois chaises en son centre. Il n’y avait pas de fenêtre, ce qui en faisait une planque idéale.

Peu de temps après, on leurs servit quelques biscuits et un gobelet d’eau pour repas. C’était loin d’être le meilleur repas de sa vie, mais Laurent avait tellement faim qu’il s’en contenta. Une fois son repas avalé, il releva la tête et regarda ses trois geôliers assis autour de la table. Il prit une profonde inspiration, puis posa la question qui lui brulait les lèvres depuis ce qui lui semblait être une éternité maintenant.

— Pourquoi nous avez-vous enlevez ?

En entendant la question du prince, Les mercenaires, qui ne leurs prêtaient pas une attention particulière jusqu’ici, tournèrent la tête vers les deux enfants.

— Pourquoi devrait-on te répondre ? demanda l’un deux avec mépris.

— Parce que…

— Qu’aller vous faire de nous ? l’interrompit Iris d’une voix faussement assurée.

Elle essayait de le cacher mais elle était morte de peur. L’homme interrogea ses comparses du regard. Quand celui qui semblait être le chef fit un signe de tête approbateur, il répondit enfin.

— Pour faire simple, nous avons un petit service à demander à votre mère. Quand elle aura répondu à nos exigences, nous vous ramènerons sain et sauf au palais.

Quand il se tut, Iris poussa un soupir de soulagement. Laurent aussi se sentait plus serein, même s’il n’était pas persuadé de la véracité des dires du mercenaire. Pour lui, dés que la reine accepterait les thermes de ce chantage, les trois hommes n’aurait plus aucune raison de les garder en vie. Par contre, pour le moment, ils étaient plus utiles vivant que mort, ce qui leurs laissait le temps de trouver un moyen de s’évader.

Laurent voulu poser une nouvelle question, mais l’un des trois hommes le devança :

— Jack rattache les et va monter la garde dehors, tu prends le premier tour.

— Compris, répondit l’intéressé.

Le prénommé Jack rattacha donc aussitôt les mains des deux prisonniers. Puis, il leurs désigna le bâillon et dit :

— Pas un bruit sinon je vous remets ça compris ?

Les deux enfants acquiescèrent de la tête, ni l’un ni l’autre n’avait envie qu’on leurs remette ce bout de tissu répugnant dans la bouche. Jack sorti ensuite de la cabane pour prendre son tour de garde. Les deux autres hommes s’étaient déjà endormis dans un coin de la pièce.

Laurent avait beau essayer, il n’arrivait pas à fermer l’œil. Les évènements de la journée lui revenaient sans cesse en mémoire, l’empêchant de dormir. A ses côtés, Iris s’agitait. Elle non plus n’arrivait pas à s’endormir. Un bruit se fit entendre et elle sursauta.

— Ce n’est rien, la rassura-t-il

— Désolée…

Il regarda sa sœur avec compassion. Elle avait beau être courageuse, ce genre de situation, ce genre de situation effrayerait beaucoup de monde. Après un long silence, elle demanda :

— À ton avis, qu’est-ce qu’ils attendent de maman ?

Le prince s’assura que les deux mercenaires dormaient profondément, puis il lui murmura à l’oreille :

— Je suis persuadé que c’est un coup de Lord Phorus pour prendre le pouvoir.

— Tu penses ? répondit-elle d’une voix presque audible.

— Plus j’y réfléchis, plus ça me semble logique.

Iris se tut un moment, réfléchissant à l’hypothèse de son frère. Son visage s’illumina soudain, elle venait de comprendre.

— C’était nous les derniers préparatifs ! s’exclama-t-elle

— Chut, moins fort, fit Laurent

Il tourna la tête en direction des deux hommes, de peur que le bruit les ait réveillés. Ces derniers dormaient toujours à point fermé.

— Et donc tu penses qu’il va la faire chanter pour qu’elle abdique, reprit-elle en baissant d’un ton.

— J’en suis presque certains.

Plus il y songeait, plus cette hypothèse s’imposait comme une évidence. Tout s’emboitait à la perfection, la discussion qu’ils avaient surpris depuis les souterrains et la mains mise de Lord Phorus sur le pouvoir décisionnel. Depuis un bon moment, il avait l’impression que c’était lui qui prenait les décisions et non sa mère. A la réflexion, il avait déjà quasiment les pleins pouvoirs. Pour avoir le contrôle absolu sur le royaume, il ne lui manquait plus que le trône. Trône que la reine n’était pas prête à abandonner si ce n’est pour sauver la vie de ses enfants.

Laurent gigota un peu pour essayer de trouver une position plus confortable, il commençait à avoir des fourmis dans les jambes.

— Il faut qu’on trouve un moyen pour s’évader, chuchota-il au bout d’un moment

— Tu as une idée ?

— Non pas vraiment. Ils nous ont trop bien attaché. J’ai essayé de défaire mes liens mais pas moyen, c’est peine perdue.

Iris soupira de désespoir. Des larmes commençaient à couler sur ses joues.

— Ne t’inquiète pas, je trouverai un moyen de nous sortir de là, dit-il en l’embrassant sur le front. En attendant, essaye de dormir.

La jeune fille posa la tête sur l’épaule de son frère et ferma les yeux. Petit à petit, ses sanglots se calmèrent et elle finit par réussir à s’endormir.

Laurent posa un regard tendre sur sa petite sœur assoupie. Il devait la protéger coûte que coûte. Il bailla. Lui aussi avait besoin de dormir. Il réfléchirait à un plan d’évasion demain. Pour l’heure, un peu de repos lui ferait le plus grand bien. Il ferma les yeux et s’endormit presque immédiatement.

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