Chapitre 6

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Laurent se réveilla, les muscles endoloris. Iris dormait encore, la tête toujours posée sur son épaule. Il remua doucement pour la réveiller. Elle ouvrit les yeux et bailla.

— Bien dormis ? lui demanda-t-il.

— Bof, répondit-elle en s’étirant comme elle pouvait malgré les liens qui la retenait. Ce n’est pas très confortable de dormir quand on est ligoté.

Laurent lui fit un sourire réconfortant que la jeune princesse lui rendit.

Dans la cabane, il ne restait qu’un mercenaire, Jack, pour surveiller les deux enfants. Il était assis sur une chaise et aiguisait son couteau. Un deuxième homme devait probablement monter la garde à l’extérieur mais où pouvait être le troisième ? Devant le regard interrogateur du prince, Jack dit :

— Jeff monte la garde devant la cabane et Igor est partit vous chercher à manger. D’ailleurs, il devrait déjà être de retour. Qu’est-ce qu’il fout bon sang ?

Sur l’entrefaite, la porte d’entrée s’ouvrit et les deux mercenaires pénétrèrent dans la cabane. L’un d’eux tenait fermement une jeune fille au long cheveux bruns qui ne cessait de se débattre.

— Nous l’avons trouvée dehors, elle nous espionnait.

— Combien de fois vais-je devoir le répéter, JE NE VOUS ESPIONNAIS PAS ! hurlait la jeune fille en continuant de se débattre.

— Jack, attache là avant qu’elle ne s’échappe encore une fois.

L’intéressé se dépêcha de prendre des cordes et tenta tant bien que mal de lui attacher les pieds. Mais elle bougeait tellement qu’il ne s’en sortit pas tout seul.

— Igor, vient m’aider, immobilise-lui les jambes.

Même à deux, les mercenaires eurent beaucoup de mal à ligoter la jeune fille. Quand se fut enfin fait, le troisième homme, qui devait être celui prénommé Jeff, installa la prisonnière à côté de Laurent. Il retourna ensuite monter la garde dehors.

— Que comptes-tu faire d’elle ? demanda alors Jack

Le prénommé Igor prit le temps de réfléchir avant de répondre :

— Je pense qu’on va la ramener au château en même temps que les deux autres. Lord Phorus décider de son sort.

— Mais il va la tuer c’est certain.

— Peut-être mais de toute façon elle en a trop vu, on ne peut pas la relâcher.

— Si tu le dis, capitula Jack.

Il regarda la jeune fille avec un air compatissant. Elle lui répondit par un regard assassin.

— Au fait, tu as ramené à manger pour les enfants ? demanda-t-il pour changer de sujet.

Igor lui tendit un panier remplit de mûres.

— Tiens mais ne détache pas la gamine, on a eu suffisamment de mal à l’attacher, je n’ai pas envie de recommencer.

Jack s’approcha des enfants, sortit son couteau et coupa les liens qui retenait les poignets de Laurent et d’Iris.

— Pas de bêtise, ordonna t’il en déposant le panier de baies devant eux.

Il alla ensuite s’assoir en face d’Igor. Et reprit l’aiguisage de son couteau.

Iris se jeta sur le panier. Laurent avait entendu son ventre gargouiller à plusieurs reprises. Elle devait commencer à avoir faim. Il prit une mûre également mais ne la mangea pas. Il la tendit plutôt à la jeune fille.

— Tu en veux ?

Pas de réponse.

— Tu es sûr ?

Toujours aucune réaction.

— Bon comme tu veux, finit-il par dire en mettant la baie dans sa bouche.

La jeune fille ne le regardait toujours pas. Elle était trop concentrée à défaire ses liens.

— Laisse tomber, chuchota-t-il, les nœuds sont trop serrés, si tu t’acharnes tu ne feras que t’entailler les poignets.

Cette fois la jeune fille réagit, elle tourna la tête et fusilla le prince du regard.

— Je ne sais pas toi, mais moi, je n’ai pas l’intention de rester ici.

Elle avait juste murmuré mais son ton était sec et cassant. Sans vraiment savoir pourquoi, le prince ressentit le besoin de s’expliquer.

— Moi non plus mais…

— Tais-toi, j’ai besoin de me concentrer, grogna-t-elle.

La jeune fille se reconcentra sur ses nœuds. Laurent décida de la laisser tranquille, mais il continua à l’observer. Cette fille l’intriguait au plus haut point. Dans son cas, bien d’autre aurait paniqué, mais pas elle. Elle était énervée certes mais elle gardait la maitrise d’elle-même.

Soudain, elle eut un sourire triomphal, elle venait de dégager ses mains.

— Comment as-tu fait ? demanda Laurent abasourdit.

Cette fille venait de réussir en quelques minutes ce que lui n’avait pas su faire en une journée.

— Quand on a la technique ce n’est pas bien compliqué, ironisa-t-elle.

Le prince tourna un regard interrogateur vers sa sœur, qui lui répondit en haussant les épaules.

— C’est quoi ton plan pour nous sortir de là ? demanda-t-il dans un souffle juste après s’être assurer que les mercenaires ne leurs prêtaient pas attention.

La jeune fille ne répondit pas, elle détacha ses pieds mais prit garde de laisser la corde en place. Pour ne pas attirer l’attention. Elle remit ensuite ses mains dans le dos et fit semblant d’être encore attachée.

Laurent voulu l’imiter mais n’en eut pas l’occasion. Jack s’était levé de sa chaise et s’approchait d’eux. Il ne prêta aucune attention à la jeune fille et vint rattacher les mains des deux enfants royaux. Quand il repassa devant elle, elle lui prit le couteau attaché à sa ceinture avec une telle vivacité qu’il ne s’en rendit pas compte. Elle lui frappa ensuite violement sur la tempe avec le manche de l’arme. Il s’écroula lourdement sur le sol assommé.

Tout c’était passé tellement vite qu’Igor n’eut pas le temps de réagir. La jeune fille se dirigeait déjà vers lui. Il voulut dégainer son épée mais il était trop tard. Elle lui avait déjà donné un coup de poing magistral dans le nez. Elle y avait mis une telle violence qu’il s’évanouit également.

En entendant tout le vacarme à l’intérieur, Jeff entra.

— Qu’est-ce qui se passe ici ?

Mais la jeune fille l’attendait de pied ferme et, comme pour les deux autres, elle l’assomma.

— Mais comment as-tu fais ça ? demanda le prince épaté.

— Je n’en sais trop rien…

Elle se tenait debout l’air hagard, surprise par sa propre rapidité d’action. Elle se ressaisit rapidement et entreprit de retirer les armes que portaient les mercenaires avant de les ligoter. Elle confectionna des baillons en déchirant les vêtements des trois hommes et les bâillonna. Quand elle eu finis, elle revint enfin vers Laurent et sa sœur et les détacha.

— Merci, fit Laurent avec un franc sourire

— Oui merci beaucoup, dit également Iris

La jeune fille n’accorda aucun intérêt pour les remerciements des deux enfants. Elle accrocha le couteau, qu’elle avait pris à Jack, à sa taille et se dirigea vers la sortie. Elle resta un moment dans l’entrebâillement de la porte, hésitante. Finalement, elle se retourna et demanda :

— Ils vous voulaient quoi exactement ces hommes ?

Le ton de sa voix obligea Laurent à dire la vérité. Il aurait préféré omettre certains détails mais il en était tout bonnement incapable. Les mots sortaient tout seul sans qu’il ait le contrôle sur ce qu’il disait.

— Ces hommes nous ont kidnappé sous les ordres de Lord Phorus pour faire chanter notre mère. En fait, il veut son trône.

— Enfin, c’est ce qu’on suppose, précisa Iris

— Vous êtes les enfants royaux ?

La jeune fille fit des yeux ronds comme des billes. Voilà, c’était exactement ce qu’il voulait éviter, mais il était trop tard maintenant.

— C’est exact ! acquiesça Laurent, je…

Mais il n’eut pas le temps de terminer sa phrase, la jeune fille était déjà sortie de la cabane avec précipitation. Il la suivit, Iris sur ces talons.

— Attends-tu vas où ?

Mais encore une fois, il n’obtient pas de réponse. Elle s’enfonçait déjà dans la forêt. Mais où courait-elle comme ça ? Et puis, pourquoi avait-elle fait en apprenant qui ils étaient, Iris et lui ? Intrigué, Laurent décida de partir à sa suite.

— Laurent, où vas-tu comme ça ?

— Vient, on va la suivre.

La jeune fille avait déjà pris pas mal de distance.

— Elle n’a pas l’air d’avoir envie qu’on l’accompagne

— Je sais mais elle m’intrigue, je veux savoir qui elle est.

— Comme tu veux… céda la princesse

Les deux enfants se mirent donc à courir dans la direction qu’avait prise la jeune fille. Il ne la voyait déjà plus mais Laurent ne s’inquiétait pas. Lors des parties de chasse auquel il était obligé de participer, il avait appris à pister le gibier. Il n’aimait pas vraiment ça, mais, avec le temps il était devenu assez doué. Il prenait un malin plaisir à mettre les soldats sur de fausse piste. Un être humain, ce n’était pas bien différent d’un animal. Il retrouverait sa trace, il avait aucun doute.

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