Chapitre 15

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Ils traversèrent la ville au pas de course. Il n’y avait toujours aucun soldat d’Abésia en vue. Marie commençait à trouver cela suspect. S’il était venu pour arrêter Laurent et Iris, ils devraient arpenter le moindre recoin de la cité. A moins qu’ils ne soient venus pour tout autre chose, mais quoi ? Plus ils avançaient moins il y avait de monde dans les rues. Les rares personnes qu’ils croisèrent allaient dans le sens opposé, le pas pressé et l’air inquiet.

— J’ai un mauvais présentiment, dit Marie.

— Moi aussi, répondit Laurent.

Ils allaient enfin atteindre l’extrémité de la ville quand un régiment de soldats arrivait dans leur direction. L’un des gardes les interpela :

— Hé vous là !

Tous se crispèrent. Il quitta le groupe, les autres continuant leur chemin, et se rapprocha d’eux à toute vitesse. Ils se détendirent un peu en voyant qu’il s’agissait d’un soldat du royaume d’Allad.

— Le roi Salmon X exige que toute la population se regroupe sur la grande place.

— Nous n’habitons pas ici, répondit Marie, nous nous apprêtions justement à partir

— Le roi à préciser : tout le monde sans exception ! Vous partirez après.

— Mais nos amis nous attendent dehors, intervint Laurent.

Il eu à peine finit sa phrase que les Trikaya, entouré de plusieurs soldats entraient dans la ville. Le doyen menait la marche, suivit de près par Tessa qui tenait fermement Crystal par la main ainsi que par tous les autres membres de la tribu. L’inquiétude se lisait sur leur visage.

— Je crois que vos amis aussi on rendez-vous sur la grande place, reprit le garde.

Ils furent ensuite obligés de suivre le peuple de nomade et de revenir sur leur pas.

— Vous savez ce qu’il se passe ? demanda Tessa au bout d’un moment.

Laurent lui répondit par la négative. Ce n’était pas entièrement faux, néanmoins, Marie commençait à avoir une idée sur la question.

Quand ils arrivèrent sur la grande place, toute la population y était répartie en plusieurs files. Il n’y avait plus aucune trace des stands des marchands.

— Dites, quand nous sommes sortis de la bibliothèque, le marché était toujours là, non ? demanda Emilie.

— En effet, répondit Laurent.

Ils n’avaient pas quitté la place du marché depuis plus d’une demi-heure, la rapidité d’action des soldats du royaume d’Allad était remarquable. Les gardes les forcèrent à faire la queue derrière les autres. Marie patientait avec Tessa et Crystal. Laurent et Iris se trouvaient dans la rangée à sa gauche. Quant à Sarah et Emilie elle se trouvait à sa droite avec le doyen. Le reste des Trikaya avait été répartit dans les autres files.

Ils avançaient lentement. Quand enfin, il ne resta plus que quelques personnes devant elle, Marie comprit enfin la raison pour laquelle on les avait tous rassemblés ici. Comme elle l’avait deviné, les soldats du royaume d’Abésia étaient à la recherche de personnes ayant des cheveux roux. Ils inspectaient donc méthodiquement la chevelure de tout le monde, s’assurant que personne ne s’était teint les cheveux. Devant elle, Tessa commençait à regarder nerveusement autour d’elle. Elle serait la main de sa fille de plus en plus fort.

— Maman tu me fait mal, se plaignit la fillette.

— Je suis désolée ma chérie.

Elle s’accroupit pour se mettre à la même hauteur que Crystal et la serra dans ses bras.

— Je t’aime, l’entendit murmurer Marie avec tendresse.

S’était à leur tour. Tessa se releva, balaya encore une fois la place du regard puis s’avança. Le soldat lui demanda de retirer son voile. Elle hésita un instant. L’homme répéta son ordre plus sèchement. Avec beaucoup de délicatesse, elle se décida finalement à retirer le bout de tissu, dévoilant de longs cheveux roux. Crystal imita sa mère. Lorsqu’elle eut enlevé l’étoffe qui retenait ses cheveux., de jolie petite boucle rousse se mirent à dégringoler sur ses épaules. Marie ne fut pas surprise. Même si la jeune femme lui avait expliqué porter un voile pour des raison de religion, elle ne l’avait pas crue. Elle ne supportait pas le mensonge mais dans le cas présent, elle comprenait pourquoi Tessa l’avait fait. Elle voulait avant tout protéger sa fille.

En voyant la couleur de leurs cheveux, le soldat appela les gardes qui circulaient entre les différentes files pour les faire arrêter. Tessa les suppliait d’épargner Crystal.

— Ce n’est qu’une enfant, disait-elle.

Mais aucun d’eux ne prêta attention aux supplications de la jeune femme. Les gardes leur mirent des fers aux poignets. Crystal qui ne comprenait rien à la situation s’était mise à pleurer. Un des soldats, ordonna à la mère de faire terre la fillette. Sous le regard menaçant de l’Homme, Tessa essaya tant bien que mal de calmer sa fille. Quand elle Crystal cessa enfin de pleurer, les gardes les poussèrent violement, les forçant à avancer. Devant tant de brutalité, Marie voulut intervenir mais un soldat l’en empêcha en lui barrant le passage. Elle regarda autour d’elle, essayant de trouver une solution. Sarah et Emile la regardait fixement elles étaient prêtes à obéir au moindre de ces ordres. Laurent, quant à lui, secoua la tête, lui faisant comprendre que ce n’était pas le bon moment pour agir. Il avait raison, les gardes étaient beaucoup trop nombreux, si elle tentait quelque chose, elle ne réussirait qu’à se faire arrêter. Elle regarda donc Tessa et sa fille s’éloigner, impuissante. Elle sera le point, résolue à tout faire pour leur venir en aide. Quand elle ne put plus les voire dans la foule, elle posa les yeux sur le doyen. Il avait regardé la scène sans broncher. Elle savait que les Trikaya était peuple pacifique mais tout de même, elles faisaient partie de leur tribu.

Le soldat au début de la file lui intima soudain d’avancer, lui rappelant que c’était désormais à son tour. Elle le laissa regarder sa chevelure. Il lui écartait brutalement les différentes mèches. Quand il eut fini son inspection, il la laissa s’en aller. A sa droite, Sarah et Emilie était également passée et l’attendait. A sa gauche, Laurent s’avançait devant le soldat, Iris derrière lui. Évidemment, le garde les reconnu immédiatement. Marie l’entendit dire :

— Je suis navré votre majesté mais j’ai ordre de vous arrêter, vous et votre sœur.

— Et pour quel motif ? demanda le prince.

— Vous avez été déclarer ennemi du royaume.

— Pour quelle raison, je vous prie ?

— Je l’ignore, répondit le soldat embêté, je ne fais qu’obéir aux ordres de Lord Phorus.

— Et depuis quand c’est lui qui prend ce genre de décision ?

Le soldat sembla hésité un moment. Il ne savait pas comment annoncer la nouvelle à son seigneur. Il finit tout de même par répondre :

— Depuis que votre mère lui a légué tous ses pouvoirs.

Laurent soupira et tendit ses bras devant lui. Iris l’imita. Ils se laissèrent ensuite guider par les gardes qui s’étaient déjà rassembler autour d’eux. Contrairement au traitement brutal qu’ils avaient infligé à Tessa et Crystal, les soldats les traitèrent avec toute la dignité qui convenait à leur rang. Toute la population rassemblée sur la grande place avait tourné la tête dans leur direction. Laurent marchait la tête haute

Pour ne pas attirer l’attention sur elles, Marie attrapa Sarah et Emilie par le bras et les entraina avec elle, le plus loin possible de toute cette agitation. Une fois qu’elle estima s’être suffisamment éloignée, elle lâcha les deux jeunes filles.

— Qu’allons-nous faire ? demanda Emilie, il faut sauver Laurent et Iris.

— Ainsi que Tessa et Crystal, ajouta Sarah.

— Je sais…

Marie réfléchissait déjà à un plan.

— La priorité c’est d’aider Tessa et Crystal, dit-elle finalement. Pour Laurent et Iris, nous verrons après.

— Pourquoi ? demanda Emilie

— Laurent et Iris vont sans doute être ramenés dans leur château au royaume d’Abésia, ce qui nous laisse un peu de temps. Mais pour Tessa et Crystal, ils risquent de les exécuter à tout moment.

— Moi je ne pense pas, intervint Sarah.

Marie se tourna vers la jeune fille et lui demanda de préciser sa pensée :

— Je pense qu’ils vont tous les emmener à Abésia. Nous avons déjà assisté à une arrestation de se genre. Tu te souviens Emilie ?

La jeune fille hocha la tête.

— L’un des gardes avait ordonner de conduire l’homme devant Lord Phorus qui se chargerait lui-même de son exécution, continua Sarah.

Marie ne répondit pas tout de suite. Si la jeune fille avait raison, elles pourraient sauver tout le monde en même temps.

— Tu es sûr de toi ? demanda-t-elle au bout d’un moment

Sarah regarda Marie droit dans les yeux avant de répondre avec assurance :

— Oui !

— Dans ce cas le meilleur endroit pour intervenir c’est dans la forêt du royaume d’Abésia.

Vu le nombre important de soldat, il était certains qu’ils mettraient un certain temps à quitter le royaumes d’Allad. Bien préparée, elles pouvaient largement arriver avant eux, mais pour ça elles allaient avoir besoin de vivre. Comme elles n’avaient pas d’argent, les trois jeunes filles seraient obligées de s’en procurer auprès des Trikayas. Marie n’avait pas envie de leur demander de les aider, surtout qu’ils en avaient déjà fait beaucoup, mais ils étaient les seuls à pouvoir leur venir en aide.

Quand Marie, Sarah et Emilie arrivèrent au campement, la plupart des nomades étaient déjà de retour. Elles se précipitèrent vers la hutte du doyen. Elles le trouvèrent assis devant l’entrée.

— Je me doutais que vous viendriez, leur dit-il. Ne vous excuser pas, je savais depuis longtemps que nous voyagions avec les enfants royaux.

Il sourit devant l’air étonné des trois jeunes filles.

— Tessa avait vu leur marque sur l’épaule gauche et elle m’en a tout de suite fait part.

— Nous sommes venus vous demander votre aide, demanda Marie une fois remise de sa surprise.

— Oui je sais, dit-il, mais je ne peux pas vous aider. Notre peuple est pacifique et si nous prenons les armes, ne serait-ce qu’une seule fois, nous ne pourrons plus nous considérer comme tel.

— Et nous comprenons parfaitement, répondit la jeune fille, Nous ne vous demandons pas de vous battre. Néanmoins Tessa nous a beaucoup aidé et Crystal n’est qu’une enfant. Nous voulons les aider. Tous ce que nous souhaitons ce sont des vivres et de l’eau fraiches pour traverser les terres arides.

Le doyen ne réfléchis pas une seconde avant de donner son accord. Il fit signe à trois nomades de rassemblé suffisamment d’eau et de nourriture pour une telle traversée. Marie détestait abuser de la bonté des gens mais dans le cas présent, elle n’avait pas d’autre solution, a part voler de la nourriture mais ça elle se refusait à le faire.

Quelques instants plus tard, les voilà toutes les trois prêtes à partir pour le royaume d’Abésia, chacune avec un lourd paquetage sur le dos.

— Faites bon voyage, leur lança le doyen alors qu’elles étaient déjà loin

Elles le remercièrent d’un geste de la main et se mirent en route.

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