Chapitre 17

7 minutes de lecture

Marie, Sarah et Emilie étaient chacune perchées dans un arbre et attendaient le passage de l’armée. Contrairement au voyage aller, avec les Trikayas, qui avait duré un mois entier, elles n’avaient mis que deux semaines pour retourner au royaume d’Abésia. Leur endurance s’était grandement améliorée de jour en jour, si bien qu’elles n’avaient pas ressenti le besoin de faire de longue pose pour se reposer. Elles ne s’arrêtaient que pour dormir la nuit. Une fois arrivée au poste frontière, elles purent passer sans problème. Le doyen avait pensé à tout. Il avait fait glisser une petite bourse dans chaque paquetage. Elles n’eurent donc qu’à payer leur droit de passage. Dans les bois du royaume d’Abésia, elles installèrent leur campement et se mirent à réfléchir à un plan. A force de discussion, Marie en vint à la conclusion que le meilleur angle d’attaque était l’effet de surprise. Les soldats ne s’attendraient certainement pas à ce que trois jeunes filles n’attaquent leur convoie. Elle se postèrent donc dans des arbres à un endroit stratégique et attendirent leur arrivée.

— Tu es sûr qu’ils passeront par-ci ? demanda Emilie qui commençait à perdre patience.

— Oui ! lui répondit Marie. Cette route relie directement le poste frontière au château. C’est la voie la plus rapide. Il faut juste être patient.

Emilie la dévisageait, toujours pas convaincu. Marie ne s’en formalisa pas, elle avait raison, point. Non seulement c’était le chemin le plus court mais en plus, c’était la seule route à sa connaissance, sur laquelle une importante quantité de soldats pourraient passer. Elles n’eurent plus à attendre longtemps, elles entendirent des bruits au loin. Bientôt, l’armée passait en dessous de leur arbre. La jeune fille fit signe à ses compagnes de ne pas bouger. Elles étaient en infériorité numérique. Les attaquer maintenant serait suicidaire, ça n’avait d’ailleurs jamais été son intention. Elle avait choisi un point de vue en hauteur pour mieux les observer. Elle vit de nombreux enfants parmi eux. « Lord Phorus n’avait pas perdu de temps pour intégrer les nouvelles recrues à son armée » se dit-elle. Un chariot contenant les quatre prisonniers passa à son tour en-dessous d’elle. Au même moment, Laurent leva la tête et aperçut la jeune fille perchée sur sa branche. Elle mit un doigt devant sa bouche pour lui faire comprendre de garder le silence. Il lui répondu par un hochement de tête subtil. Dès que le convoi les eut complétement déplacés, elle descendit de son arbre, suivie par Sarah et Emilie.

— Que faisons-nous maintenant ? demanda Sarh

— Nous les suivons discrètement, répondit-elle.

Si elle avait vu juste, les soldats ne tarderaient pas s’arrêter. Et en effet, quand le soleil commença à se coucher, ils firent halte dans une clairière et montèrent le camp. Marie, Sarah et Emilie restèrent cachées sous le couvert des arbres et attendirent que les hommes s’endorment. Quand tout le campement fut devenu silencieux, les trois jeunes filles sortirent discrètement de leur cachette. Elles firent attention à ne pas se faire repérer par les quelques hommes qui montaient la garde et se rapprochèrent du chariot des prisonniers. Celui-ci avait été positionner au centre, non loin du feu de camp. En les voyant approché, Laurent leur dit à voix basse :

— C’est le capitaine de la garde qui a les clés.

— Il se trouve dans quelle tente ? demanda Marie

— C’est celle qui est la plus proche du chariot.

Marie regarda dans la direction que lui indiquait le prince et repéra la tente.

— Réveille les autres et tenez-vous prêts, lui dit-elle avant de s’éloignée avec Sarah et Emilie.

Elle demanda à ses deux compagnes de rester dehors et de faire le guet. Elle entra ensuite dans la tente. Elle commença à inspecter l’intérieur mais il faisait si sombre qu’elle ne vit pas grand-chose. Elle attendit que ses yeux se facent à l’obscurité. Quand elle put enfin distinguer se qu’y se trouvait devant elle, elle recommença à chercher les clés. Elle les aperçut enfin, accrochées à la taille du capitaine qui ronflait. Elle inspira profondément et s’avança à pas feutrer pour ne pas le réveiller. Une fois à sa hauteur, elle tendit le bras et, avec délicatesse, elle se saisit du trousseau. Au même moment, il poussa un grognement. Marie se figea et retint sa respiration. Quand l’homme se remit à ronfler, elle se détendit et recommença à respirer. Elle détacha les clés avec douceur et sortit rapidement de la tente. Elle fit signe à Sarah et Emilie qu’elle les avait et se dépêcha de retourner au chariot. Sans remarquer que les deux jeunes filles ne la suivaient pas, elle se mit à chercher la bonne clé. Quand enfin elle l’eut trouvée, elle l’inséra dans la serrure du cadenas.

— Marie ! Attention, derrière toi ! lui cria soudain Laurent

Mais la jeune fille s’était déjà retournée, alertée par l’apparition d’une ombre. Elle se retrouva face à sa cousine qui tenait une épée dans sa main.

— Alizée ! s’étonna-t-elle.

Marie scruta les alentours s’attendant à apercevoir d’autre soldats mais elle ne vit qu’elle. Du coin de l’œil, elle remarqua que Sarah et Emilie gisaient, inconsciente, près de la tente du capitaine. La jeune fille fut impressionnée. Elle avait agi avec rapidité et précision. Jamais elle n’aurait cru sa cousine capable de faire une chose pareille. En seulement quelques semaines, Alyzée avait beaucoup appris au contact de l’armée. Avec un peu d’entrainement, elle ferait une guerrière redoutable.

— Je n’ai pas l’intention de me battre contre toi, lui dit-elle

L’intéressée la menaça de son arme.

— Et moi, je ne te laisserai pas libérer les prisonniers !

Sur ces mots, elle attaqua Marie. La jeune fille n’eut que le temps de faire un pas de côté afin d’éviter le coup. Elle avait toutefois, eu le temps de déverrouiller le cadenas. Elle continua donc de se déplacer pour détourner l’attention d’Alizée.

— Je ne sais pas ce que l’on t’a dit mais… commença-t-elle

— Je m’en fou ! la coupa Alizée. J’obéis aux ordres c’est tout.

Marie reconnaissait bien là sa cousine. Elle avait toujours obéi aveuglément sans se poser de question. Elle s’étonnait juste qu’Alizée n’ai pas encore sonné l’alarme.

— Tu ne donnes pas l’alerte ? demanda-elle pour continuer à la distraire

— Pas besoin je suis capable de vous arrêter à moi seul, répondit la jeune fille avec suffisance. Et puis je me suis déjà occupée de tes deux copines.

Alizée tournait désormais le dos au chariot. Laurent en profita pour ouvrir la porte de la cage et faire sortir tout le monde. Ils se dépêchèrent ensuite de quitter le camp. L’épée de sa cousine toujours pointée vers elle, Marie se mit à reculer et se rapprocha imperceptiblement de Sarah et Emilie. Attirée par un bruit, Alizée détourna le regard des trois jeunes filles. Marie en profita pour s’accroupir pour vérifier que ses deux compagnes étaient toujours vivantes. Heureusement, elles n’étaient qu’assommées. D’ailleurs, elles reprenaient déjà connaissance. Quand elle reporta son attention sur sa cousine, elle vit qu’elle se dirigeait droit sur Crystal qui était tombée et tentait de se relever. Marie se précipita pour la stopper mais c’était trop tard, elle brandissait déjà son épée et s’apprêtait à l’abattre sur la fillette. Dans un cri, Tessa s’interposa et prit le coup à la place de sa fille. Elle s’écroula au sol. Iris voulu éloigner Crystal d’Alizée mais ne réussi qu’à se prendre un coup d’épée elle aussi.

Alors que Laurent accourait pour secourir sa sœur, Marie saisit le bras sa cousine et la força à lâcher son arme. Elle tenta ensuite de l’éloigner des deux blessées mais la jeune fille se défendait avec tellement de force qu’elle ne réussit qu’a l’entrainé au sol avec elle. Alizée fut la première à se relever. Marie n’eut pas le temps de se remettre debout, sa cousine avait déjà ramassé son épée. Elle l’a brandi au-dessus de sa tête, mais elle s’effondra avant d’avoir eu le temps de frapper. Médusée, Marie se releva. Un homme se tenait face à elle. Elle dégaina son poignard, prête à l’attaquer.

— Attend ! dit Laurent.

Marie dévisagea le prince sans comprendre. Il se rapprocha d’elle et d’une légère pression sur son bras lui demanda de baissa son couteau.

— Vous ferriez bien de partir, dit l’homme, tout se vacarme a probablement réveiller tous les soldats.

Des voix ne tardèrent pas à se faire entendre. Alors que Sarah et Emilie arrivait dans leur direction, toujours un peu sonnées, Marie et Laurent se dépêchèrent de retourner auprès des deux blessées. Iris avait une méchante entaille sur la cuisse mais elle s’en remettrait. Tessa en revanche, était plus sévèrement touchée. Elle peinait à respirer, elle n’en avait plus pour longtemps. Crystal était à son chevait en pleure. Marie attrapa la fillette par le bras et la força à se lever.

— Prends soins… de ma fille, lui demanda au même moment Tessa, d’une voix à peine audible.

Marie le lui promis. Un peu plus loin, Laurent, qui maintenait Iris debout, l’attendait avec Sarah et Emilie.

— Partez ! leur répéta l’homme. Je vais les retenir.

— Merci capitaine, dit le prince en le saluant de la tête.

Ils s’éloignèrent en abandonnant Tessa qui venait de rendre son dernier souffle. Crystal criait et se débattait.

— Non ! je veux restez avec ma maman.

— Allez viens, dit Marie en la tirant par le bras, tu ne peux plus rien pour elle.

Péniblement, elle réussit à l’éloigner de sa mère. Des soldats commençaient à arriver de toute part, les enfants n’eurent que le temps de se cacher dans l’ombre d’une tente. Marie mit sa main devant la bouche de Crystal pour l’empêcher de faire du bruit.

— Par ici, je les ai vu s’enfuir de ce côté après avoir assommé cette novice, dit le capitaine en pointant la direction opposée à la leur.

Tous les soldats suivirent les indications de leur chef. Les enfants profitèrent de cette diversion pour se mettre à l’abri dans la forêt. Une fois suffisamment éloignée du campement, Marie retira sa main de la bouche de la fillette. Elle ne criait plus, mais des larmes coulaient toujours sur ses joues.

— Tout ça c’est de votre faute, les accusa-t-elle, en pleure.

— Je suis désolée, s’excusa Marie el la serrant dans ces bras.

Crystal hésita quelques seconde avant de lui rendre son étreinte. Elles restèrent ainsi de longue minute, hors du temps.

— Iris ?

La voix de Laurent fit revenir Marie et Crystal à la réalité. La jeune princesse s’était évanouie dans les bras de son frère.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Tamara O'neill ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0