Été 2023 – 25 ans

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Aujourd’hui est un grand jour : je change enfin de nom de famille, je lie officiellement ma vie à la sienne.
Comme toujours, même pour un moment aussi personnel et exceptionnel, j’ai tout minutieusement calculé.
Pas dans l’organisation — là, je suis toujours dépassée — mais dans ma vision de la vie.

Pour moi, avoir un métier, fonder une famille, se marier, acheter une maison, ce sont des cases à cocher. La vie ressemble à un jeu vidéo, une aventure avec des quêtes à accomplir pour avancer.
Et pour chaque quête, une date limite. Selon moi, la vie se joue avant 25 ans.
C’est une vision sans doute réductrice, peut-être triste, mais c’est ce qui me guide.

Alors aujourd’hui, à l’été de mes 25 ans, je suis prête à cocher une nouvelle case : je me marie.

Bien sûr, je devrais être remplie de joie, heureuse à l’idée de l’épouser. Mais le bonheur, c’est compliqué. Je le comprends plus rationnellement : le mariage est censé rendre heureux, donc je dois être heureuse aujourd’hui.

Je n’oublie pas que le mariage lie deux vies. Depuis qu’on vit ensemble, je ne cesse de me demander pourquoi ça marche.
Je suis compliquée, parfois brisée. Et pourtant, il est toujours là.

Encore une fois, ma vision est peut-être morbide, mais je vois le mariage comme une assurance : celle de ne plus jamais être seule.
Je n’arrive pas à expliquer pourquoi je l’aime ni pourquoi il m’aime, mais je refuse que notre histoire s’arrête.

La journée a filé trop vite.
Je n’en garde presque aucun souvenir, trop occupée à gérer les invités, à être partout à la fois, du matin au soir.

Moi, qui me souviens de chaque mot d’une dispute, qui connais presque toutes les chansons françaises des années 80, qui devine les maux mieux que Gregory House,
moi, qui me plains sans cesse de ma mémoire, je ne me rappelle presque rien de mon propre mariage.

Pire : ce sont surtout les moments négatifs qui me hantent.

Le discours que j’ai dû faire devant tout le monde. Le malaise quand j’ai répondu « tout pareil » aux remerciements de mon mari. La première danse que j’ai détestée. Le bafouillage pendant l’échange des vœux. La concentration constante pour surveiller les invités qui risquaient de déraper.

En somme, je retiens surtout le pire, comme toujours, pour oublier le magique.

Les seuls souvenirs tangibles restent compilés dans un album photo.

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