— Billet 11

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On a décidé de faire un jardin, en plein cœur de l’automne.

Ce n’est pas que le jardin n’existait pas jusque-là, évidemment il existe.

Ce n’est plus le terrain en friche des premiers jours. On l’a débarrassé de  ces objets pêle-mêle.  Pour les plus imposants : deux arrosoirs, une brouette, une vieille poupée, un râteau à deux dents, des journaux détrempées, un broc de faïence sans aucun défaut, un pneu, une grille à faire cuire, un fer à cheval, un tonneau à demi enfoui, un cheval à bascule et un vieux banc.

Aussi d’infimes traces, des vies passées. On en trouve au hasard, au fil du temps. On en trouvera encore, sûrement. Vis et clous rouillés, éclats de verre polis, bobine sans plus de fil, on ne s’y attarde pas trop.

On a discipliné les ronces, ce qui grimpait, courait,  piquait un peu trop. Coupé les herbes juste assez pour redessiner l’allée qui mène à la maison et apercevoir la route depuis nos fenêtres. Redressé les piquets blancs, poncé, peints, vernis nos petites flèche, dressées fières maintenant. Pour la façade de la maison et les dalles qui l’entourent, juste de l’eau à haute pression. À vau-l’eau, les algues, les mousses.

On a gardé le banc, le broc de faïence, le tonneau, la brouette, les arrosoirs, remisés sous l’appentis. Le reste à la déchetterie. Aussi les grandes herbes, les branches, les feuilles, les brindilles qu’on ne peut plus faire brûler.

Elle dit, je comprends cela, oui, mais il me manque cette odeur d’enfance, quand mon père brûlait les grandes herbes, et préparait le jardin au sommeil de l’automne, l’odeur de bois, de feu, de suie, et celle particulière de la terre retournée. Ce mélange qui nous restait, à ma sœur et à moi, et empestait délicieusement nos vêtements et nos cheveux.

Le soir, fourbus, on a rusé. On fait un feu dans la cheminée.

Elle parle de recherches qu’elle a faites, que dans certaines cultures, on donne un nom à sa maison et c’est comme lui donner une âme, pour d’autres on enterre une pièce, un petit objet, du riz, du sel, comme un porte bonheur, une protection, d’autres encore, on marque les murs, on brûle de l’encens. Qu’elle trouve tout cela curieux et fascinant à la fois.

Puis avec un clin d’œil, elle ajoute encore, nous on a gratté, retourné la terre, elle respire à nouveau, et le feu, lui, réchauffe les murs. On va faire un jardin.

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